Lettrede Demande de remboursement en cas de retard à l'arrivée pour Algérie Ferries. Adresse d'envoi : Algérie Ferries - 27, boulevard des Dames, 13002 Marseille. Les indemnisations en cas de retard du ferry sont régies par le règlement européen n° 1177/2010 concernant les droits des passagers voyageant par mer ou par voie de navigation intérieure.
Horaires des traversées Marseille Alger Les horaires de ferry Marseille Alger pour ce mois sont affichées ci-dessous s'il y a des traversées ce mois-ci. Pour réserver un ferry Marseille Alger en ligne avec ou pour comparer avec les alternatives, veuillez sélectionner la traversée dans le menu à gauche. Horaires des traversées Marseille Alger avec Corsica Linea Horaires des traversées Marseille Alger avec Algerie Ferries
Lenouveau joyau est arrivé ce jeudi 5 août au port d’Alger. En effet, tant attendu par les Algériens, le nouveau bateau baptisé Bordj Badji Mokhtar lll est enfin arrivé en Algérie. L’Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs a reçu ce jeudi 5 août 2021 son nouveau ferry. L’œuvre du constructeur naval chinois
Alger - Marseille est l'une de nos traversées les plus demandées - les ferries sont régulièrement complets en période d'affluence. Conseil n’attendez pas qu’il soit trop tard ! Consultez le calendrier des traversées et réservez dès maintenant. La traversée d'Alger Marseille connecte l'Algérie avec la France, elle est actuellement opérée par 2 compagnies de ferry. Le service d'Algerie Ferries fonctionne 2 fois par semaine avec une traversée d'une durée d'environ 21 heures tandis que le service Corsica Linea fonctionne 1 fois par semaine et les traversées les plus rapides prennent 25 heures. Vous disposez donc de 3 traversées proposées par semaine sur la traversée Alger Marseille entre l'Algérie et la France. Comparez-les en ligne dès maintenant et obtenez le meilleur tarif à l'horaire auquel vous souhaitez voyager. Alger - Marseille Alternatives Pourquoi voyager avec Direct Ferries? 3325 routes à partir de 764 ports dans le monde entier Plus de 2,5 millions de clients nous font confiance Nous organisons plus de 1,2 millions de traversées chaque année Pour nos clients, nous vérifions jusqu'à 1 million de prix chaque jour Commentaires Ferry Alger Marseille "Très belle compagnie " Un très grand et beau bateau, bien propre service impeccable à recommander . '' travelled on En savoir plus En résumé "Le départ " Je veux commenter juste pour le départ 11h de retard 'Danielle Casanova' travelled on Danielle Casanova En savoir plus En résumé "Prfaite traversée" Mis a part le retard de presque 2h causé au port d'alger, la traversé c'est tres bien passé. Chambres propres ainsi que le rete de bateau personnel accueillant et polit, la restauration est de qualité a part la viande et les prix. Merci et a un prochaine fois. '' travelled on En savoir plus En résumé "Faussement heureux " Bonjour, dans un premier temps aucun voyage n’a été effectué par moi avec direct ferries car gros accident de voiture pendant que j’allais au port d’Alger. J’avais pris une assurance risque ou quelque chose du genre au cas où j’aurais un problème, pour que je puisse au moins être remboursé mais malheureusement elle a été enlevé juste avant le paiement, autrement dit on me la mise à l’envers. Merci direct ferries. 'Danielle Casanova' travelled on Danielle Casanova En savoir plus En résumé Guide d'Alger La capitale et la plus grande ville d’Algérie, Alger, se trouve au nord du pays. Située à l’ouest d'un golfe de méditerranéen, Alger, avec ses deux ports artificiels, est un port important. La ville d'Alger est formée d’une partie moderne construite au niveau de la mer et d’une ville ancienne, située sur la colline abrupte qui se trouve derrière la nouvelle ville. En raison des récents problèmes de violence, peu de voyageurs se rendent en Algérie. Pourtant, sa capitale, Alger, que l’on surnomme la dame blanche de l’Afrique, possède une beauté qui dépasse toute violence. L’histoire agitée de la ville a laissé des traces. Entre les mosquées mauresques, les palais de style ottoman et les Kasbah avec leurs fortifications berbères et leurs boulevards coloniaux enchanteront les amateurs de culture, d’architecture, d’art et de littérature. La promenade est le lieu où tous les Algérois se rendent pour se détendre. C’est également un endroit merveilleux pour rencontrer les locaux. Promenez-vous autour des ruines des maisons de pêcheurs et voyez où ils vivaient autrefois, près de la mer. Guide de Marseille Marseille, située dans le sud de la France, est la deuxième plus grande ville de France. Elle est connue pour son magnifique littoral et pour son port. En second après Paris sur différents points, Marseille est parmi la plupart des villes historiques, attrayants et populaires de France. Cependant, Marseille a une grande différence, elle accueille un certain nombre de magnifiques plages de sable ensoleillées, bordées de corniches et de nombreuses attractions côtières. En vous promenant vous tomberez sur beaucoup de quartiers charmants, où bazars animés, en particulier autour du vieux port. Les touristes visitant Marseille seront comblés par les attractions historiques qu'offre la ville, comme la Basilique Notre Dame de La Garde, située sur le côté sud du Vieux Port; Château d'If, célèbre pour son apparition dans le roman très acclamé Le comte de Monte-Cristo, Centre de la Vieille Charité, un grand centre d'exposition situé dans le quartier du Panier de Marseille, datant du 17ème siècle, La Cathédrale de la Nouvelle Major construite avec vue sur la mer; et enfin, le Palais du Pharo qui est un grand palais, une fois la résidence de bord de mer de Napoléon III et qui abrite aujourd'hui de nombreuses expositions saisonnières. Visitez notre page Service client pour obtenir des informations utiles sur les voyages en ferry, prendre connaissance des QFP et pour toute aide concernant votre réservation.
Leshoraires du bateau Marseille Oran sont classés par date, par mois et par année. La durée moyenne d’une traversée est 28h, le temps d’embarquement check-in : 3h. 1 traversées en bateau Marseille Oran programmées dans les 7 prochains jours. Vous retrouvez également dans le programme des horaires du bateau Marseille Oran: le nom du
Algérie/France – passagers ont embarqué d’Alger pour Marseille à bord du Danielle Casanova » de la compagnie maritime Corsica Linea. Cette opération survenue aujourd’hui lundi 1 juin entre dans le cadre du rapatriement des français; binationaux et résidents légaux en France bloqués en s’agit de la toute première traversée de rapatriement reliant la France à l’Algérie; depuis la rupture des liaisons entre les deux pays; rapporte ce 1er juin 2020 l’Agence France Presse – AFP. Le ferry est parti de la capitale algérienne en milieu de l’après-midi. Son départ a eu lieu après avoir passé toutes les heures précédentes depuis le début de la matinée à charger les voyageurs concernés par le retour en France. J’attends ici dans l’espoir de pouvoir monter à bord », a confié à lAFP un franco-algérien qui patientait avant l’embarcation. Les billets se vendent en sous-main », a-t-il noté avec regret. A côté du millier de personnes transportées, des centaines de véhicules ont été toujours l’agence de presse, le navire en question atteindra la ville côtière Marseille demain, mardi 2 juin. Ce sera vers les coups de midi, d’après les mêmes propos. Les expatriés français et les titulaires de cartes de séjour à l’Hexagone à bord; seront les premiers en provenance d’Algérie à avoir regagné le sol français; par voie maritime. Cela depuis le début du Algérie – France Une seconde opération dans quelques joursLa première moitié du mois de juin connaîtra la mise en place d’une deuxième opération de rapatriement par bateau; de l’Algérie vers l’Hexagone. C’est toujours la même compagnie spécialisé dans le transport maritime qui sera aux voyageurs qui ont raté l’embarquement d’aujourd’hui, 1er juin, auront l’opportunité de se dire que la prochaine fois serait la bonne. C’est en tout cas ce qu’ont indiqué les instances consulaires françaises en Algérie. On peut assez facilement deviner le degré d’impatience; qu’éprouve nombre des ressortissants français et Algériens résidant en France. En conclusion, levons le regard vers le ciel; car les compagnies aériennes accroissent la fréquence de leurs vols. Les appareils du groupe aérien Air France-KLM et ceux de la filiale pour la France du groupe irlandais ASL Airlines; intensifient leur trafic entre la France et l’Algérie; pour ramener chez eux les ressortissants coincés derrière nos
Rechercherl'état du vol de TU788 ? Vérifiez l'arrivée vol Tunisair Bruxelles aujourd'hui avec les outils de suivi des vols et de flight tracker fournis par Trip.com, et obtenez des informations sur les heures d'arrivée et de départ des vols, les retards de l'aéroport et les informations sur l'aéroport. Trouvez et réservez des billets d'avion de TU788 sur des remises et
Consultez en temps réel le calendrier des bateaux Marseille Alger du mois de août 2022 et de l’année 2022 0. 4 départs sont programmés en août 2022. Et 30 départs en 2022. En plus des heures de départ et d’arrivée du bateau, vous retrouvez dans le calendrier des traversées Marseille Alger des ferries Algérie Ferries, Corsica Linea, le port de départ et d'arrivée, le nom de la compagnie de ferry, Le nom du bateau, le jour et l’heure de départ, le jour et l’heure d’arrivée, ainsi que la durée de la traversée en bateau. Pour savoir si le bateau est direct et sans escale, faites une recherche de prix dans notre moteur de recherche. Calendrier des départs du bateau Marseille Alger 2022 Le calendrier de départ des bateaux Marseille Alger par mois au cours de l'année 2022 avec les ferries Algérie Ferries, Corsica Linea, août 2022 4 départs septembre 2022 11 départs octobre 2022 5 départs novembre 2022 5 départs décembre 2022 4 départs janvier 2023 1 départs février 2023 Informations non disponibles départs mars 2023 Informations non disponibles départs avril 2023 Informations non disponibles départs mai 2023 Informations non disponibles départs Calendrier des départs du bateau Marseille Alger août 2022 Le calendrier de départ des bateaux Marseille Alger du mois de août 2022 avec les ferries Algérie Ferries, Corsica Linea, Le premier départ prévu en août 2022 VEN 26/08/2022 1000 Le dernier départ prévu en août 2022 MAR 30/08/2022 2000 Départ Heure Arrivée Heure Durée Ferry VEN 26/08/2022 1000 SAM 27/08/2022 0800 22hr Corsica Linea Méditerranée SAM 27/08/2022 1300 DIM 28/08/2022 0800 19hr Algérie Ferries BADJI MOKHTAR III DIM 28/08/2022 1500 LUN 29/08/2022 1300 22hr Corsica Linea Méditerranée MAR 30/08/2022 2000 MER 31/08/2022 1800 22hr Corsica Linea Méditerranée Informations importantes Questions fréquentes Le calendrier de bateau Marseille Alger peut-il être changé?Comment connaitre les dates de voyage disponibles du calendrier Marseille Alger? Le calendrier du bateau Marseille Alger Agence de voyage Calendrier des bateaux Horaire des bateaux Durée de voyage Itinéraire vers le port Animaux Véhicule Hôtel, Location à proximitè Calendrier des bateaux Informations utiles Vous voulez en savoir plus sur 'Le calendrier du bateau Marseille Alger' ? Nous avons rassemblé ici les réponses aux questions les plus posées par nos clients Le calendrier de bateau Marseille Alger peut-il être changé? Comment connaitre les dates de voyage disponibles du calendrier Marseille Alger?
Leguide est arrivé tard au port pour nous chercher et nous avions pensé que nous avions été laissés pour compte. Big ups pour obtenir votre guide pour entrer en contact avec nous et nous assurer de rejoindre le groupe. La visite en elle-même était très belle et en valait la peine. Visiter Marseille sur 2 roues est un incontournable
Skikda - Marseille est l'une de nos traversées les plus demandées - les ferries sont régulièrement complets en période d'affluence. Conseil n’attendez pas qu’il soit trop tard ! Consultez le calendrier des traversées et réservez dès maintenant. La traversée en ferry de Skikda Marseille connecte l'Algérie avec la France. Actuellement il y a seulement 1 compagnie de ferry qui opère ce service, Algerie Ferries. La traversée est effectuée jusqu'à 1 fois semaine avec un temps de traversée de 21 heures pour les plus rapides. Le temps de traversée de Skikda Marseille et la fréquence peuvent varier selon la saison. Nous vous conseillons de vérifier en ligne les dernières informations disponibles. Skikda - Marseille Alternatives Pourquoi voyager avec Direct Ferries? 3325 routes à partir de 764 ports dans le monde entier Plus de 2,5 millions de clients nous font confiance Nous organisons plus de 1,2 millions de traversées chaque année Pour nos clients, nous vérifions jusqu'à 1 million de prix chaque jour Guide de Skikda Skikda est une ville portuaire située au nord-est de l’Algérie, dans le golfe de Stora. Elle compte un peu plus de 160 000 habitants. Jusqu’à la fin de la guerre d’indépendance en 1962, Skikda s’appelait Phillipeville. Son environnement est vallonné et boisé, avec de hautes crêtes à l’ouest et à l’est de la ville. Son climat méditerranéen et ses nombreuses plages la rendent populaire auprès des touristes. Skikda est le troisième port commercial d’Algérie, après ses voisins Algiers et Oran. Guide de Marseille Marseille, située dans le sud de la France, est la deuxième plus grande ville de France. Elle est connue pour son magnifique littoral et pour son port. En second après Paris sur différents points, Marseille est parmi la plupart des villes historiques, attrayants et populaires de France. Cependant, Marseille a une grande différence, elle accueille un certain nombre de magnifiques plages de sable ensoleillées, bordées de corniches et de nombreuses attractions côtières. En vous promenant vous tomberez sur beaucoup de quartiers charmants, où bazars animés, en particulier autour du vieux port. Les touristes visitant Marseille seront comblés par les attractions historiques qu'offre la ville, comme la Basilique Notre Dame de La Garde, située sur le côté sud du Vieux Port; Château d'If, célèbre pour son apparition dans le roman très acclamé Le comte de Monte-Cristo, Centre de la Vieille Charité, un grand centre d'exposition situé dans le quartier du Panier de Marseille, datant du 17ème siècle, La Cathédrale de la Nouvelle Major construite avec vue sur la mer; et enfin, le Palais du Pharo qui est un grand palais, une fois la résidence de bord de mer de Napoléon III et qui abrite aujourd'hui de nombreuses expositions saisonnières. Visitez notre page Service client pour obtenir des informations utiles sur les voyages en ferry, prendre connaissance des QFP et pour toute aide concernant votre réservation.
Lesheures de départ et les heures d’arrivée du bateau Marseille Alger disponible sur notre site web sont des informations fournies par les ferries en temps réel. Ces informations ne prennent pas en compte les retards enregistrés par les bateaux. Le temps de la traversée Marseille Alger en 19hh en moyen.
"32 articles publiés au 7 février 2022" c​​​​​​ 1954 – du mercredi 7 juillet au lundi 13 décembre Contingent 54/ … Camille Chevrel Qui c'est l'andouille qui vous a déclaré apte ... Je suis appelé à l’activité le 7 juillet 1954 et c’est Gustave Chapon, mon cousin, qui m’emmène à la gare de Châteaubriant. Je prends le train et je me rends à la caserne Desjardin à Angers où je rencontre d'autres jeunes recrues. Nous passons la nuit au casernement et, le lendemain, nous recevons notre paquetage et reprenons un train se dirigeant sur Marseille. Après deux jours d’attente au camp Sainte-Marthe, nous embarquons à bord d’un bateau qui va nous conduire au Maroc. Sur le pont, je fais connaissance d’un certain Victor, originaire du Maine-et-Loire. Comme moi, il est fils d’agriculteur. L'embarcation longe la côte jusqu’au détroit de Gibraltar et, après avoir navigué durant une semaine, elle accoste à Tanger, cité communément appelée "ville internationale". Le 13 juillet, j'arrive à Casablanca. je suis affecté à la 11ème section d’infirmiers militaires la 11ème SIM, dans un régiment de tirailleurs sénégalais. Aussitôt, je suis muté 240 km plus bas pour la durée de mes classes mais je reste au bord de l’océan atlantique. La caserne se situe près du port de pêche de Safi et la température avoisine les 50°. Victor, mon copain du Maine-et-Loire, est toujours avec moi. Nous suivons une formation pour devenir infirmiers militaires. Un jour, lors d’une manœuvre, je suis près de notre bivouac et je me mets à crier. Je viens d’être mordu au poitrail par un scorpion. Le sergent, infirmier de métier, vient à ma rescousse avec deux secouristes. Tous les trois, ils ont déjà vécu ce genre de situation. Ils me débarrassent de ma tenue de combat et, dans la doublure de ma veste, ils dégotent le crapaud de mer qui vient de me mordre et dont l’abdomen se termine par une aiguille venimeuse. J'entends le sergent dire à ses deux assistants C’est foutu, on ne pourra rien faire ». Il essaie quand-même de tout mettre en œuvre pour tenter de me sauver. Avec un canif bien affuté, il me fait une entaille à vif sur sept à huit centimètres là où j’ai été mordu par cette bestiole enragée. Pendant de longues minutes, avec sa bouche, il mord ma blessure et suce le sang en le recrachant d'emblée. Lorsque cet exercice douloureux est terminé, il ordonne à un conducteur de camion benne de me prendre en charge dans sa cabine et de me conduire à l’hospice de Safi. Le lendemain, je suis transféré à l’hôpital de Casablanca. Je présente le certificat que m’a fait le docteur Ricaud de Janzé avant ma mobilisation, certificat attestant que j’ai eu une insolation et que je suis resté huit dans le coma en mai de l’année dernière. Le capitaine est présent et il s’exaspère Qui c’est l’andouille qui vous déclaré apte à effectuer un service militaire au Maroc ? ». Le 19 novembre 1954, je suis réformé définitif et rayé du corps de l'armée active. J’écris à mes parents. Je leur annonce que je ne suis plus soldat mais que je revenu à la vie civile. Un certain Guilloux, cousin de la famille au second degré côté Bertheux originaire de Tresbœuf et au même échelon que moi avec Odette, Hilaire et Roger Gaulay des Cours-Luniaux est installé près de Rabat depuis de nombreuses années et il devait passer me voir à la caserne. Finalement, comme je suis réformé, il vient me chercher avec sa voiture et m'emmène chez lui. Arrivé à son domicile, il me raconte qu'il exploitait une ferme d’une quinzaine d’hectares lorsqu'il est arrivé ici et qu’il dormait dans une petite cabane qu’il avait construit lui-même avec des parpaings en terre cuite. Aujourd'hui, il cultive environ six-cents hectares et emploie dix-huit salariés. Il me met une 2 CV à disposition et je me déplace selon mon bon vouloir. Je visite le secteur en m'autorisant à aller voir comment ses immenses parcelles sont exploitées. Je séjourne trois semaines dans son corps de ferme et le soir il m’emmène régulièrement avec lui chasser le sanglier dans la forêt de Rabat, laquelle jouxte son exploitation. Etant sur le point de faire valoir ses droits à la retraite, il me propose de reprendre ses terres mais, vu les hostilités et compte tenu que la France est en guerre avec l’Algérie depuis maintenant cinq semaines, je fais le choix de retourner sur mes terres natales. Le 8 décembre 1954, je reviens en autocar à la caserne de Casablanca pour récupérer les documents attestant que je suis rayé des contrôles de l’armée puis, après avoir rejoint le port de Tanger, je reprends le bateau mais pour Bordeaux cette fois. Lors de la traversée, tous les passagers que nous sommes, nous essuyons une énorme tempête. À la radio, nous apprenons qu’un chalutier vient de faire naufrage. Le 12 décembre, en remettant les pieds sur le sol français, je constate que la température est glaciale, à l'opposé de celle que j'ai connue au Maroc. [Camille Chevrel 88 ans – le 4 février 2022] CC33 35012 À Safi, au Maroc Camille Chevrel, un copain du Maine-et-Loire, le Sergent de la section 1955-1957 – du mardi 15 février 1955 au lundi 6 mai 1957 Contingent 55/1A Romain Prunault Trente mois à l’armée sans aucune permission La guerre d’Algérie est déclarée depuis trois mois et demi lorsque, le 15 février 1955, je pars de La Haute-Bosse. Appelé du contingent, je rejoins le corps du 8ème Régiment de Cuirassiers au camp militaire de La Valbonne, dans l’Ain. Le 12 juin, je suis muté à Donaueschingen, en Allemagne. Je suis employé à faire des rodages de voitures et camions de l’armée, ce qui me permet de partir fréquemment en déplacement loin de la caserne et ça me plaît. Nous circulons en convoi et dormons dans des fermes, quelquefois sous la toile de tente, mais plus souvent sur le la paille dans des hangars. Comme je suis régulièrement sur la route, je monte rarement la garde. À la fin de la troisième semaine d’août 1955, avec mon régiment, je pars pour l’Algérie. Nous prenons le train à la gare d’Offenbourg. Après avoir chargé des chars de combat AMX sur les wagons et nous partons direction Marseille où nous devons attendre une semaine, au quartier Sainte-Marthe, avant d’avoir un bateau. Nous embarquons le 1er septembre sur le Ville d’Oran ». Le 3 septembre, en débarquant au port d’Oran, je prends les commandes d’un char et un de mes camarades s’installe dans la tourelle. Nous parcourons une petite centaine de kilomètres puis nous faisons une halte à Mostaganem. Au bout de quelques jours, nous repartons direction de Sidi Bel Abbès et c’est là que nous stationnons. Les conditions de vie ne sont différentes de celles de l’Allemagne. Nous partons très souvent en opération et toujours avec la légion étrangère. Trois mois après notre arrivée sur le territoire algérien, nous recevons des nouveaux chars de combat, plus modernes que ceux que nous avons. Ce sont des Engins Blindés de Reconnaissance EBR à huit roues, avec pilotage avant et pilotage arrière. Ils sont performants mais, très vite, nous devons les abandonner car des combattants partisans de l’Algérie indépendante creusent des tranchées un peu partout pour nous empêcher d’avancer. Le 15 décembre 1955, nous déménageons. Je prends place au volant d’un GMC et le lendemain nous installons notre campement à Oujda, au Maroc. Pour ne rien changer dans nos habitudes, nous continuons à faire des opérations, souvent à une soixantaine de kilomètres, dans le secteur de Saïdia, sur la côte, près de la frontière algérienne. Nous ne partons jamais sans être escortés par des légionnaires. Début 1956, nous arrivons face à une mechta lorsque, par une petite lucarne, les occupants nous tirent dessus. Deux de mes meilleurs copains avec lesquels j'ai fait mes classes à La Valbonne sont abattus. J'attrape le lieutenant par l'épaule et, au moment où nous nous allongeons au sol, je reçois une balle à la jambe gauche. Après une courte période à Oujda, nous reprenons nos jeeps équipées de mitraillettes et poursuivons notre route direction Fès, Rabat, puis nous descendons à Agadir. De là , nous nous rendons sur les hauts plateaux dans les environs de Marrakech et nous allons à la chasse à la gazelle avec nos gradés capitaine, lieutenant…. Le Maroc étant devenu officiellement indépendant en mars 1956, nous revenons en Algérie le 1er août suivant. Le Poste de Commandement du 8ème Régiment d’Infanterie Motorisée 8ème RIM auquel nous appartenons séjourne à Saïda, soixante-dix kilomètres au sud de Mascara. Nous y restons à peu près deux mois et, régulièrement, nous accompagnons des administrateurs civils et militaires dans les douars pour vérifier l’identité des fellaghas que nous rencontrons et s’assurer qu’ils ne sont pas étrangers au village que nous contrôlons. Nous participons à l’opération d’envergure Amirouche » en Kabylie. J’assure le transport d’un groupe de militaires avec mon GMC. Lors d’un arrêt sur un sentier retiré en pleine brousse, en sautant de chaque côté du camion, mes camarades se trouvent nez à nez avec des rebelles surgissant des buissons. Enfin, nous stationnons à Colomb Béchar et nous rayonnons dans le désert environnant en restant toujours opérationnels. En encerclant une mechta, nous sommes pris en étau dans une embuscade. Le gars de Laval installe à nouveau son fusil mitrailleur sur le trépied et lance une rafale de balles sur les rebelles qui viennent de nous attaquer. Par son action courageuse et spontanée, il sauve la vie du capitaine et la mienne mais, quelques jours plus tard, ce sera l’Adjudant qui recevra une citation alors qu’il est resté à l’abri au campement de la Compagnie. C’est à Colomb Béchar que mon service militaire s’achève. J’ai enfin la quille ! Nous sommes une dizaine dans mon cas. Nous rejoignons Oran en voyageant dans un train à bestiaux. Là encore, en nous écartant de la fenêtre du wagon, nous échappons de peu à une attaque. Les rebelles circulant sur la piste longeant la ligne de chemin de fer pourraient nous zigouiller facilement car, sur les dix que nous sommes, nous n’avons qu’un fusil pour assurer notre défense. Après trente mois d’armée sans rentrer dans ma famille, le 4 mai 1957 je prends le bateau Ville d’Oran » et le lendemain je suis en France. Je rentre au foyer familial le 6 mai avec cinquante-six jours de permission libérable, si bien que je rends mon paquetage à la gendarmerie du Sel seulement à la fin du mois de juin. En souvenir, je garde mon tic-tac. [Raconté par Romain Prunault 85 ans – le 4 septembre 2019] RP34 35131 ***** Bernard Aulnette se souvient très bien du jour où Romain est rentré de l’armée Il est arrivé à La Bosse en même temps qu’Albert Chevrel du bourg et Claude Louis de Tresbœuf qui, eux aussi, venaient d’être libérés de leurs obligations militaires. Romain, Albert et Claude, après avoir peut-être un peu trop arrosé la quille, avaient fait un tel vacarme dans l'autocar que le conducteur était bien content de les voir descendre à Bain-de-Bretagne ! » [Bernard Aulnette 81 ans – septembre 2019] BA38 35066 ***** Le commentaire ci-dessus arrive aux oreilles de Romain le 12 septembre 2019. Ce dernier réfléchit et répond C’est possible… et je me demande si ce n’est pas Charles Legendre, marchand de tissus sillonnant la campagne, qui nous a ramenés chez nos parents… » [Romain Prunault 85 ans – septembre 2019] RP34 35131 ***** Ce jour-là , nous avons pris le car Drouin à la gare routière de Rennes et nous sommes descendus à Bain-de-Bretagne. Ensuite, nous avons réquisitionné Charles Legendre marchand de tissus pour qu'il nous ramène à La Bosse. En arrivant au bourg, pour le remercier, nous l’avons invité à boire un coup. Nous étions quatre et nous avons fait les quatre bistrots Chez Robert et Denise Hugues Chez Gustave et Marie-Thérèse Chapon Chez Maria Perrudin dite Maria du bureau Chez Louis et Denise Leray [Claude Louis 85 ans – le 17 septembre 2019] CL34 35066 ***** En examinant le parcours effectué par Romain, j'ai une pensée pour mon père "Guy Buzy" né en 1933 à Seysses en Haute-Garonne. Lui aussi, il a fait une partie de son service à Oujda dans ces années-là . Il était mécanicien sur des avions T-6 de l'escadrille 3/72. [Pierre-Henry Buzy 38 ans – le 12 mai 2020] PHB82 Romain Prunault, à Oujda Maroc Début 1956 Romain Prunault sur une civière à Oujda Maroc après avoir reçu une balle à la jambe gauche Le 5 janvier 1956 Romain Prunault, devant une jeep à Oujda Maroc Romain Prunault 3ème accroupi, en Algérie Printemps 1957 Romain Prunault à Colomb Béchar, peu avant sa libération 1954-1956 Contingent ... René Hamon 1934- .... Né en 1934 aux Cours-Luniaux en La Bosse-de-Bretagne, René a fait l'intégralité de son service militaire au Maroc où il a dû séjourné durant vingt-quatre mois. Il est rentré une seule fois en permission. [Jean Hamon 83 ans, frère de René – le 30 janvier 2022] JH38 35051 1955 – d’octobre 1955 à novembre 1955 – appelé au service militaire en 1953 et rappelé en Tunisie en octobre 201955 Marcel Massicot J’ai ramené une tortue tunisienne à La Mouchère Appelé sous les drapeaux en 1953, je suis incorporé à Marbourg, en Allemagne. Je fais mes classes et ensuite, je suis affecté à diverses missions. Pendant une courte période, je pilote un char. Après onze mois passés sur le territoire allemand, je suis muté à Villeurbanne, en banlieue Est de Lyon. Le travail qui m’est destiné est bien différent car je suis désigné chef de cuisine. Tous les matins, j'ai mon chauffeur pour aller faire les courses en ville. Je suis libéré de mes obligations militaires après dix-huit mois de service. Début octobre 1955, comme beaucoup de soldats de mon contingent, je suis rappelé. Je me rends à Vannes et seulement quelques jours plus tard, le samedi 15 octobre, accompagné d’un autre rappelé originaire de Tresbœuf dont le nom m'échappe, je reviens en stop à La Bosse pour assister au mariage d'Henri Piton avec Yvonne Lunel, ma cousine. Les festivités repas et bal ont lieu au centre-bourg, sous une tente installée dans l’aire de la ferme de mon oncle Alexandre et de ma tante Aurélie. Le dimanche matin, mon frère Bernard et sa fiancée Monique me reconduisent à Vannes avec leur 4 cv. Le copain de Tresbœuf revient avec nous mais Bernard roule tellement vite qu’il dégueule dans la voiture. Lorsque nous arrivons à Vannes, avant de nous quitter, nous prenons un verre ensemble au café situé face à la caserne. Nous assistons à un spectacle peu commun. De leurs chambres, des rappelés comme moi protestent violemment en balançant leurs matelas et leurs sommiers par la fenêtre. Le lendemain, nous sommes conduits à la base de Lann-Bihoué et nous prenons l’avion pour une destination inconnue. En descendant de l'avion, nous apprenons que nous sommes à Tunis. Comme mes camarades, je suis ici pour assurer le maintien de l’ordre. Nous nous relayons pour monter des gardes sans avoir besoin d'utiliser nos armes. Une seule fois, un troufion détecte un bruit suspect. Il tire et tue un chien. Des enfants passent devant le poste de gardiennage tous les jours. Chaque fois que c'est possible, nous leur donnons des restes de nourriture. Après un mois et demi de présence sur le sol tunisien, j'embarque sur un bateau qui me rapatrie en France. Je reviens à La Bosse, définitivement cette fois. Dans mes bagages, je ramène une tortue depuis la Tunisie jusqu’à la Mouchère. Je l’apprivoise dans la ferme de mes parents jusqu'au jour où elle disparait. Quelqu’un la retrouve dans le bourg, près de chez Bernard Chapon, au bord du ruisseau des Noës. Je ne sais pas et je ne saurais jamais comment elle est venue là . [Raconté par Marcel Massicot 87 ans – le 22 octobre 2020] MM33 35051 ***** À Vannes, Marcel était prêt à partir en Algérie quand il a décidé de venir en stop au mariage d’Henri et Yvonne. Son régiment étant en débandade, il était rentré sans permission. À un de ses copains, avant de quitter la caserne, il avait seulement donné un numéro de téléphone où il pouvait être joint, probablement au café Hugues ou au café Chapon. Après le bal de mariage, Monique ma fiancée et moi-même, nous sommes allés dormir chez Bernard et Bernadette Chevrel. Très tôt le dimanche matin, Marcel apprenait que son départ pour l’Algérie avait lieu le jour même. Aussitôt, il est venu nous réveiller. Nous sommes partis avec ma 4 cv qui, je crois, n’a jamais roulé aussi vite que ce jour-là . Arrivé à la caserne, Marcel recevait une information indiquant que le départ était retardé d’une journée. C’est à ce moment-là que nous sommes allés boire un coup au café d’en face et que nous avons vu les matelas et les sommiers passer par les fenêtres. Vingt-quatre jours plus tard, quand nous nous sommes mariés Monique et moi, Marcel était en Tunisie. [Bernard Massicot 94 ans, frère de Marcel – le 20 octobre 2020] BM26 35131 1956/1958 – du mardi 6 mars 1956 au lundi 17 mars 1958 Contingent 56/1A Jean Savouré J’ai assisté aux obsèques d’un conscrit Mort pour la France » Je quitte La Bellandière le 6 mars 1956 et je me rends à Châteaubriant pour prendre un car qui m’emmène à Angers. Je suis incorporé à la caserne Verneau, au 6ème Régiment du Génie. Parmi les nouvelles recrues, il y a deux gars de mon secteur, Marcel Saulnier dont l’adresse m'échappe et Raphaël Vincent, du Haut-Germinié en Ercé-en-Lamée. Ayant passé mes permis VL et PL avant de venir à l’armée, je suis désigné pour conduire un camion Citroën P45. Je bénéficie de deux permissions pendant mes trois mois de classes et je retourne une semaine dans ma famille avant de partir en Afrique du Nord. À chaque fois je rentre en stop comme Marcel et Raphaël mais, pour le retour, nous revenons en autocar pour avoir la garantie de ne pas arriver en retard. Voici venu le jour où je dois partir en Algérie. Avec les militaires de mon contingent, je rejoins Marseille. Le 3 juillet 1956, nous embarquons sur le Kairouan ». Le lendemain, nous accostons à Alger. Nous montons à bord d’un train qui roule lentement et la chaleur est étouffante. Comme nous arrêtons à toutes les gares, nous en profitons pour descendre prendre l’air et à chaque fois nous cherchons un robinet pour boire de l’eau. Enfin, nous arrivons au 70ème Régiment du Génie à Bouira, en Kabylie. Parmi les militaires que je côtoie il y a Espinasse, Malle un vendéen, Dudit un normand. Nous sommes transportés sur un chantier situé dans les gorges de Palestro, pour surveiller des gars qui construisent des blockhaus le long de la voie ferrée. En arrivant, nous apprenons que tous les soldats d'une section d’infanterie ont été égorgés il y a seulement quelques jours. Une permission exceptionnelle d’une semaine nous est accordée. Nous partons à quelques copains au bord de la mer, à l’Est d’Alger. Dès notre arrivée, nous allons nous baigner. Au début, nous buvons la tasse mais au fil des jours, nous prenons de la hardiesse. Peu avant que les vacances ne s’achèvent, nous réussissons à plonger du haut d’un rocher. Quand nous rentrons à la caserne, je suis content de pouvoir dire que je sais nager. Durant plusieurs semaines, nous surveillons une piste sur laquelle un bulldozer réalise des travaux de terrassement et nous obéissons aux ordres du capitaine. Un jour, en faisant sa ronde derrière les barbelés du camp, il manque de se faire descendre par des engagés ayant participé à la guerre d’Indochine. Ils se battent au corps à corps. Après avoir passé sept mois à Bouira, le 7 février 1957, nous sommes mutés à Aumale. Lorsque nous arrivons au nouveau casernement, un hélicoptère ramène les cadavres de plusieurs soldats abattus dans les gorges de la Chiffa. À la mi-mai, je prends le bateau Ville d’Alger » pour rentrer dans ma famille. Pendant ma permission, j’assiste aux obsèques d'André Hersent à Tresbœuf. Il s'agit d'un gars avec qui j'ai fait la noce de conscrits il y a deux ans. Il est Mort pour la France » en Algérie. J'ai effectué sept mois de service à Bouira et neuf à Aumale, lorsque mon frère André arrive en Algérie. Pour ne pas que nous soyons deux de la même fratrie ensemble sur le sol algérien, je suis rapatrié en France. Le 13 novembre 1957, je prends le bateau Ville d’Oran » et, le 14, je débarque à Marseille. Le 15 novembre, je suis de retour à la caserne Verneau à Angers, là où j’ai fait mes classes. Quatre mois plus tard, le 17 mars 1958, je suis libéré et renvoyé dans mes foyers. Je prends le train en gare d’Angers et je rentre définitivement en me disant que si j’ai vécu des moments dont je me serai bien passé, le service militaire m’a permis d’apprendre à me débrouiller et à devenir responsable. [Raconté par Jean Savouré 84 ans – le 12 mars 2020] JS35 94081 ***** Je suis allé à l'école à Tresbœuf avec Jean Savouré et André Hersent qui n'a aucun lien de parenté avec moi Hersent pour lui, Hersant pour moi. André est né le 25 avril 1935 à Tresbœuf. Soldat de 2ème classe à la 4ème compagnie du 57ème Régiment d'Infanterie, il est mort le 21 août 1956 au volant d'un GMC rempli de militaires, au cours d'une embuscade, à El Djenane. [Claude Hersant 83 ans – le 18 mars 2020] CH36 35343 ***** J'ai huit ans et demi lorsque mon frère "André" meurt en Algérie. Nous entendons à la radio qu'un camion est passé sur une mine et comme c'est dans la région où il fait son service, nous avons tout de suite pensé à lui. L'embuscade a lieu le mardi 21 août 1956 et le vendredi suivant, nous grillons de la sardine lorsque le maire et un adjoint viennent nous annoncer sa mort. Ses obsèques ont lieu en l'église de Tresbœuf seulement le jeudi 23 mai 1957. J'ai en ma possession une lettre de Michel Grolleau originaire de Charente-Maritime rédigée au séminaire de Pontigny Yonne. Elle détaille les circonstances dans lesquelles André est mort. Je n'ai pas beaucoup de souvenir de lui car avant de partir à l'armée, il était commis dans une ferme et il ne rentrait pas souvent à la maison. [Huguette Aulnette, née Hersent, sœur d'André 72 ans – le 19 mars 2020] HA47 35343 2ème semestre 1956 Jean Savouré. 1956 Jean Savouré, avec un groupe de copains, en montagne près de Bouira. Jean Savouré 1er debout à gauche. Jean Savouré 1er à gauche. 1957 Jean Savouré 2ème à gauche, à Aumale. 1957 Jean Savouré à droite, à Aumale. Jean Savouré. 1956-1958 – du mercredi 7 mars 1956 au mercredi 26 mars 1958 Contingent 56/1A Francis Morel 1935-2006 Il n'obtient pas de permission pour assister aux obsèques de son père Classé service armé par le Conseil de révision de la classe 1955, Francis participe aux opérations de sélection au centre de Guingamp du 8 au 12 novembre 1955. Il est appelé à l’activité au 2ème Régiment d’Infanterie Coloniale au Grand Blottereau, en banlieue Nord-Est de Nantes le 7 mars 1956 Il obtient le grade de chef d’agrès le 23 juin 1956 puis il est nommé à l’emploi de 1ère classe le 1er août. Il participe aux manœuvres du camp de Meucon près de Vannes du 5 au 14 août 1956. Affecté au 6ème Régiment d’Infanterie et bénéficie de huit jours de détente AFN entre le 19 et le 26 août 1956. Il est dirigé sur Marseille le 29 août 1956 et il y parvient le lendemain. Le 31 août il embarque sur le paquebot Le Pasteur ». Le 1er septembre, il accoste au port d’Alger. Francis est affecté à la Compagnie de Commandement, d’Appui et de Soutien. Le 1er novembre 1956, il redevient 2ème classe avant d’être muté à la 7ème Compagnie. Le 15 mai 1957, il est à nouveau nommé à l’emploi de 1ère classe. Son père, Théophile Morel, décède le 25 mai 1957 mais il n’obtient pas de permission lui permettant d’assister à ses obsèques. Le 1er juillet il est nommé au grade de Caporal par décision du chef de bataillon. Il est transféré à la 8ème Compagnie le 26 février 1958. Le 24 mars 1958, il embarque à Alger sur le bateau Ville d’Oran » et le lendemain il débarque à Marseille. Le 26 mars, il est de retour chez ses parents au lieu-dit Le Plessis Léger en Pancé. [Renseignements relevés sur son livret militaire ***** C’est le 7 novembre 1950, au mariage d’Eugène Aulnette, mon cousin de Pouchard, que j’ai fait connaissance de Francis. C’est mon cavalier et il est le frère de Marie-Josèphe la mariée. Nous n’avons que 15 ans. Neuf ans plus tard, nous nous marions. [Marie Morel, née Aulnette 83 ans épouse de Francis – le 24 mars 2019] MM35 35047 ***** Il me semble avoir entendu Francis dire que durant une période de son service en Algérie, il était stationné sur un piton dans les gorges de Palestro. [Camille Aulnette 79 ans, beau-frère de Francis - le 26 mars 2019] CM39 78005 ***** Durant une trentaine d’années, Papa et certains de ses copains se sont revus à plusieurs reprises. [Françoise Ramonet 60 ans, fille aînée de Francis – le 5 octobre 2020] FR60 83137 Francis Morel assis Francis Morel 2ème debout en partant de gauche Francis Morel à gauche Francis Morel Francis Morel à droite Francis Morel 4ème en partant de gauche Francis Morel debout à droite au 1er plan Francis Morel Francis Morel assis au 1er plan Francis Morel accroupi à gauche 1956-1958 – du vendredi 4 mai 1956 au vendredi 15 août 1958 Contingent 56/1B Francis Luce Je suis employé au mess des officiers Je suis commis de ferme chez Arsène Aulnette à La Touche lorsque je reçois ma convocation pour partir au service militaire. J’abandonne Gamin et Céline, les deux chevaux dont je me suis occupé tous les jours depuis deux ans et je me rends à la caserne Mac-Mahon, à Rennes. Je suis incorporé au 41ème Régiment d’Infanterie. J’y reste pendant quatre mois et je fais beaucoup de la marche. Début septembre, je devrais partir en Algérie mais, étant donné que mon frère Roger est mobilisé au Maroc, je ne peux pas quitter la France avant qu'il revienne. Je suis muté à la Lande d’Ouée, dans un camp situé sur la commune de Saint-Aubin-du-Cormier. J’ai beau être volontaire pour aller servir en Algérie, c’est seulement en décembre que ma demande est exaucée. Roger revient du Maroc et il me remplace à la Lande d’Ouée où il va rester jusqu’à ce qu’il obtienne la quille. Il est content car, en Afrique, il était presque toujours en opération et il ne mangeait pas à sa faim. Quant à moi, je rentre en permission chez mes parents à La Couyère pour les fêtes de fin d’année puis, le réveillon du nouvel an passé, je descends à Marseille. Le 3 janvier 1957, nous sommes nombreux à embarquer. Dès le lendemain, nous accostons au port d’Alger. Pris en charge aussitôt, nous sommes emmenés en camion à Tiaret. Nous y restons deux mois et les conditions de vie sont tout à fait acceptables. De-là , nous descendons cent-soixante-dix kilomètres plus au sud puis nous stationnons dans un camp situé en pleine brousse, sur la commune d’Aflou. Nous dormons sous tente. Je ne suis plus affecté au 41ème Régiment d’Infanterie mais au 110ème Régiment d’Infanterie Motorisé. Quelques jours passent et nous remarquons plusieurs GMC calcinés sur un terrain vague, non loin de notre cantonnement. Nous apprenons par la suite que de nombreux soldats sont morts dans une embuscade ayant eu lieu à cet endroit il y a trois mois. – Réalité des faits L’embuscade d'El-Khoteifa constitue une des nombreuses épopées jalonnant l'histoire de la Révolution. Cet accrochage livré par les combattants moudjahidines et fidayines près de la zone de Taouiala a pour but de libérer les détenus politiques de la prison d'Aflou. Au matin du 2 octobre 1956, un convoi des forces coloniales composé de 135 camions est repéré sur la route menant à Aflou. Durant leur passage, les soldats français procèdent à un ratissage et à des fouilles systématiques et sans ménagement des populations nomades. Une partie du convoi, devancée par la Jeep du Capitaine, quitte les lieux et le reste est pris sous les feux nourris des moudjahidines. L'accrochage avec les forces ennemies se solde par la mort de 39 soldats français et d'importants dégâts matériels dont quatre camions blindés incendiés – Ici, le règlement est strict et notre régiment est mené à la dure. Un jour, le camp est attaqué par des felouzes et les balles arrivent de toutes parts. Nous courrons nous mettre à l’abri derrière un mur de pierre mais plusieurs troufions restent sous la tente. Un gars de ma section est tué dans son lit en recevant une balle. Je rentre en permission en France pour seulement une semaine. Revenu au camp, je fais partie des privilégiés car je suis employé pour servir au mess des officiers. Ici, tous les gradés du Sergent au Capitaine mangent à la même table. Ce n’est pas comme en France où ils sont rassemblés en fonction de leur grade. Je ne mange pas avec eux mais je mange comme eux. Je fais partie d’une équipe qui a la chance d’être bien servie en nourriture, aussi bien en quantité qu’en qualité. Les gars de la compagnie qui partent régulièrement en opération ne peuvent pas en dire autant car ils sont sous-alimentés. Ils se plaignent de ne pas manger tous les jours à leur faim. Je me porte volontaire une fois pour aller avec eux et voir leurs conditions de vie sur le terrain mais je ne demande pas à renouveler cette expérience. Plutôt que de les voir chaparder des moutons chez des petits paysans qui nous invitent à boire un kawa un café au goût amer quand nous passons devant leur porte, je préfère les accompagner dans mes temps libres lorsqu’ils volent des lapins ou des volailles chez les colons fortunés qui n’ont aucune considération pour nous. Durant les quatre derniers mois de service, des gars d’un nouveau contingent assurent notre remplacement au mess des officiers et nous, les anciens, nous passons notre temps à jouer à la pétanque et au billard. Au bout de vingt-sept mois et demi d’armée et après avoir passé les trois quarts de mon temps en Algérie, je suis libéré. Avant de rentrer en France, pour avoir un peu d'argent, je revends l'appareil photo que j'avais acheté en arrivant à Aflou. Le 12 août 1958, j’embarque sur le Maréchal Joffre » à Oran et le 14 je suis au port de Marseille. Le 15 août, je suis de retour parmi les miens. [Raconté par Francis Luce 85 ans – le 21 décembre 2020] FL35 35231 Francis Luce à Aflou Francis Luce avec un mulet Les officiers auxquels Francis Luce assure le service au mess Francis Luce boit un kawa qu'un paysan lui offre Francis Luce est debout au centre Francis Luce, la pioche à la main Francis Luce avec un chien Francis Luce avec le poste émetteur Francis Luce en tenue de service au mess des officiers à gauche et en tenue de sortie à droite Francis Luce à gauche joue au billard Francis Luce sur le bateau au milieu de la Méditerranée 1956 – de fin mai 1956 à début décembre 1956 – appelé au service militaire le 14 novembre 1952 et rappelé en Algérie fin mai 1956 Contingent 52/2 Guy Massicot Ici, ce sont les rats pelés et les mâles heureux Etant du contingent 52/2, je suis appelé au service militaire le 14 novembre 1952, en Allemagne. Je pars à vélo de Sevrault, en Pancé puis je prends le car de la ligne Drouin à Bain-de-Bretagne pour me rendre à Châteaubriant. Je m’assoie à côté de Victor Poussin, habitant le Sel. Il est passé me voir chez mes parents, il y a quelques jours, après avoir appris que j’étais incorporé, comme lui, dans l’armée de terre au 10ème escadron du 12ème Régiment de Cuirassiers à Tübingen. À l’arrêt de Teillay, un certain Roger Micault monte dans le l’autocar avec une valise et il prend place près de nous. Devinant qu’il se rend à l’armée, je lui demande Où vas-tu ? » Comme par hasard, il me répond À Tübingen ! » Rendus à Châteaubriant, nous prenons le train pour Angers. Nous faisons une halte à la caserne Desjardin où nous devons passer une série de radios et de visites médicales. Le 16 novembre, nous reprenons le train. Après Strasbourg, dernière ville française, nous franchissons le Rhin en passant sur le pont de Kehl. Cent-vingt kilomètres après la frontière, nous arrivons au quartier Désazars de Montgailhard, à Tübingen. Notre caserne est située en bordure du Nekar, un affluent du Rhin. Nous partons souvent en manœuvre et le climat est rude. Il fait si froid que j’ai du mal à me servir de mon fusil. Le 9 novembre 1953, j’obtiens le CAT2 de tireur sur char Patton. Peu après, je suis nommé 1ère classe. Le temps passe et le 1er mai 1954, après dix-huit mois de bons et loyaux services, mon contingent à la quille et nous sommes tous bien contents. Bizarrement, à l’instant où nous allons être libérés, Victor Poussin décide de faire carrière dans l’armée. Il rempile alors que le jour où il est entré sous les drapeaux, en voyageant dans le car qui nous emmenait de Bain-de-Bretagne à Châteaubriant, il criait haut et fort La quille, bordel !» … … Fin mai 1956, soit un peu plus de deux ans après avoir été libéré de mes obligations militaires en Allemagne, je suis rappelé pour aller servir en Algérie – 1956 est aussi l’année où mes parents quittent Sevrault pour venir habiter à La Mouchère, en La Bosse-de-Bretagne – Comme lors de ma 1ère incorporation, je repasse à la caserne Desjardin d’Angers avant de me rendre à Marseille. Le 8 juin, j’embarque sur le Sidi-Mabrouk », un cargo moutonnier conçu, comme son nom l’indique, pour transporter des moutons… Nous voyageons installés inconfortablement, sur des transats, dans les cales du bateau et nous nous avons le mal de mer. Les uns après les autres, nous grimpons l’échelle accédant au pont pour aller vomir. Le 10 juin, en arrivant à Alger, nous prenons notre premier repas lorsqu’un des bidasses assurant le service me dit Salut à toi, tu es un gars de Pancé ? » Je réponds Oui et toi, tu es de Bain-de-Bretagne ? » Nous ne nous étions jamais parlé mais nous connaissons de vue. Il me dit qu’il est menuisier mais je ne pense même pas à lui demander son nom. Nous montons dans des camions mis à notre disposition et nous sommes une trentaine à être conduits à Bouira, en petite Kabylie. Notre mission consiste à garder une exploitation agricole au lieu-dit Bel-Air ». Elle appartient à un colon dont l’épouse est originaire de la Mayenne. Pour ma première nuit en Algérie, comme tous les autres troufions du bataillon, je dors à la belle étoile, dans un sillon de charrue. Le matin, c’est une batteuse qui me réveille. En cours de journée, nous installons une tente dans laquelle nous allons être une vingtaine à cohabiter. Parmi nous, il y a un gars de Saint-Brieuc qui s’empresse d’écrire sur la toile à peine tendue, la phrase suivante Ici, ce sont les rats pelés et les mâles heureux ! » Heureux peut-être mais nous devons quand-même obéir aux ordres du lieutenant Aubry. Lui aussi, il est originaire de Saint-Brieuc et comme nous, il est rappelé. Quelques temps plus tard, il meurt accidentellement par électrocution. Dans la ferme de Bel-Air, il y a de la vigne à perte de vue. Une barrique de vin rosé à 18 degrés d'alcool par litre est entreposée tout près de notre lieu de stationnement. Elle est, soi-disant, réservée au patron. Quelques jours passent et des ouvriers de la ferme viennent la soutirer. Elle est vide… Le capitaine convoque toute la compagnie et dit Que ceux qui ont participé au vidage de cette barrique sortent des rangs ! » Comme nous avons tous plus ou moins consommé, personne ne bouge. Furieux, le capitaine déclare J’ai honte pour la compagnie… » Après être restés quelques minutes sans broncher, nous sommes autorisés à rejoindre notre unité sans être inquiétés. Nous assurons des gardes nuit et jour, à tour de rôle. Quand nous allons en opération, parfois, nous avons des accrochages avec les rebelles. Nous partons régulièrement durant une semaine, en half-track, pour faire des bouclages. Les fantassins et des tirailleurs sénégalais rabattent depuis une bonne trentaine de kilomètres et, pendant que la biffe en bave, nous attendons des heures sans bouger, dans des endroits totalement isolés. Comme nous n’avons rien à faire, de temps en temps, nous allons à la pêche dans les oueds environnants. Chacun sait qu’il est davantage exposé au risque de se faire tuer. Nous dormons dans des chars stationnés sur place. Il arrive que d’autres régiments nous demandent du secours quand ils sont pris en embuscade. Un jour, nous sommes appelés en renfort au lieu-dit La Perrine ». Des opérationnels stationnés dans une ferme se font tirer dessus depuis un piton où des révoltés sont camouflés. Notre contingent est libéré en deux temps. En novembre 1956, les gars mariés sont renvoyés dans leurs foyers. Ceux qui, comme moi, sont célibataires doivent attendre un mois de plus. Nous n’apprécions pas vraiment mais c’est la règle et nous devons l’accepter. Le 5 décembre 1956, je rentre à mon tour avec une permission libérable de trente-sept jours. J’embarque sur le bateau El-Djazair » le 6 et je débarque à Marseille le 7. Il ne me reste plus qu’à rentrer à La Mouchère, mais je ne suis rayé des contrôles que le 14 janvier 1957. [Raconté par Guy Massicot 87 ans – le 7 septembre 2019] GM32 35030 ***** Je me souviens très bien d’avoir évoqué la quille le jour où je suis parti au service militaire Guy me l’a souvent rappelé depuis… » Je me souviens aussi que nous avions étés très surpris, en voyant l’épaisseur de neige recouvrant le sol, quand nous sommes arrivés à Tübingen. [Victor Poussin 87 ans – le 13 septembre 2019] VP32 35136 1952 Tübingen À Tübingen Le groupe de Tireurs sur Patton ; Guy Massicot est accroupi devant à droite À Tübingen 1 Allicault, 2 Roger Micault, 3 Guy Massicot En Algérie Guy Massicot est à droite En Algérie Guy Massicot est le 2ème assis, sur l'avant d'un half-track À Bouira Guy Massicot est à gauche À Bouira Guy Massicot est le 2ème Guy Massicot, à gauche, devant un avion Piper de reconnaissance En Algérie Guy Massicot à côté d'un char, à la ferme de Bel-Air 1956 – du mercredi 30 mai 1956 au mercredi 28 novembre 1956 – appelé au service militaire le 14 novembre 1952 et rappelé en Algérie le 30 mai 1956 Contingent 52/2 Jean Posson Réformé pour avoir reçu une balle dans la main droite en Algérie Le 14 novembre 1952, je quitte la maison de mes parents située 41, faubourg d’Anjou à La Guerche-de-Bretagne et je vais faire mon service militaire en Allemagne. Je laisse mon métier de mécanicien vélo. J’abandonne aussi le bénévolat au cinéma de La Guerche et le président de l’association me fait une attestation détaillant le rôle que j’occupe. Le 16 novembre, je franchis la frontière franco-allemande à Kehl. En arrivant à Tübingen, mon lieu d’affectation. Le 20 janvier 1953 je suis muté au 1er escadron des services du 12ème Régiment de Cuirassiers. Je peux remercier le président du cinéma de La Guerche car, grâce à l’attestation qu’il m’a délivrée, on me propose un stage d’opérateur projectionniste. La formation terminée, je deviens permanent à la cinémathèque. Il m’arrive aussi de donner un coup de main au mess. Je suis planqué ! Le 1er novembre 1953, je suis nommé 1ère classe. Après avoir servi durant toute la période réglementaire de dix-huit mois, je suis libéré le 12 avril 1954 et rayé des contrôles du corps le 1er mai. Revenu à la vie civile, je reprends mon activité de mécanicien vélo. Le 30 mai 1956, je suis rappelé pour aller servir en Algérie. Je rejoins le 19ème Régiment de Chasseurs à Saumur, un régiment de reconnaissance de la 20ème Division d’Infanterie. Le 8 juin, nous embarquons sur le Sidi Mabrouk » à Marseille. Quelques heures après le départ, nous apercevons la Corse sur notre gauche. C’est sur une plate-forme sans bordure et sans cabine que nous voyageons, allongés sur des hamacs calés seulement par nos bagages. La mer est houleuse et les vagues déferlent sur notre bivouac de fortune. Nous sommes trempés ! Le 10 juin, dès notre arrivée à Alger, des camions nous prennent en charge et nous conduisent dans une zone opérationnelle, en Grande Kabylie. Affectés au 2ème escadron, nous sommes là pour assurer le maintien de l’ordre. Nous changeons de lieux très souvent mais nous dormons toujours sous la guitoune. Nos gradés ne nous ménagent pas. Ils nous font faire beaucoup de marches dans la brousse et, sur notre parcours, nous devons fouiller des mechtas et contrôler si des rebelles ne sont pas camouflés à l’intérieur. Parmi les troufions avec lesquels je suis, deux sont de mon secteur. Un de Moulins et l’autre de Piré-sur-Seiche. Début août, un jour de repos, un copain rentre sous la tente et annonce qu’il vient de troquer son pistolet mitrailleur contre un modèle plus récent. À la demande d’un gars de la chambrée, il nous explique le fonctionnement et va jusqu’à appuyer sur la gâchette alors que son arme est chargée. Me trouvant debout face à lui, je reçois une balle dans la main droite. Une ambulance vient me chercher et, allongé sur une civière, je suis expédié en urgence dans un hôpital civil à Aumale, ville située au Sud-ouest de Bouira. J’y reste un mois avant de rapatrier en France. Je prends le train pour Alger où je dois attendre les papiers nécessaires à l’embarquement. Le 7 septembre, je monte à bord du Ville d’Alger », un bateau de haute gamme. Je voyage en sanitaire. Arrivé à Marseille, je passe une semaine dans un hôpital militaire mais on m’autorise à sortir dans la journée. Une après-midi, je suis sur le port de Marseille lorsqu’un marin avec qui je fais la causette me propose de monter sur son bateau de plaisance pour faire une petite virée me permettant de mieux découvrir Notre-Dame-de-la-Garde. À la mi-septembre, j’accède au train allant de Marseille à Paris et je séjourne encore deux jours dans un hosto avant de rejoindre Rennes et me rendre à l’hôpital militaire Ambroise Paré. On m’envoie à la 4ème compagnie de garnison. Le 27 novembre, je passe une dernière visite médicale avant d’être réformé pour inaptitude physique. Le 28, je suis autorisé à rentrer dans mes foyers. Avant de quitter Rennes, je passe chez Jean Bonnamy, réparateur de vélos boulevard Laennec, où mon copain guerchais Henri Barbelivien travaille. Henri m’annonce qu’un motard fait une halte à l’atelier tous les soirs avant de rentrer à Domalain. Je l’attends et il me ramène chez mon frère Lucien, lui aussi réparateur de vélos, rue Duguesclin à La Guerche. Il ne me reste plus qu’à monter le faubourg d’Anjou pour être chez mes parents. Lorsque j’arrive à leur domicile, j’ai encore la tenue militaire que je portais le jour où j’ai reçu la balle. En effet, depuis quatre mois, je suis toujours avec le même short et le même maillot de corps. Lorsque je suis parti en ambulance, on ne m’a pas laissé le temps de récupérer mes bagages, même pas mon argent. Un mardi, pendant le marché de La Guerche, le gars de Moulins et celui de Piré-sur-Seiche viennent tout juste d’être libérés lorsqu’ils me rapportent mon portefeuille. Quant à ma valise, elle va probablement rester de l’autre côté de la Méditerranée… Revenu dans la vie civile, je travaille quelques semaines chez mon frère Lucien avant d’être embauché aux Etablissements Braud à Saint-Mars-la-Jaille. Un mois plus tard, par l’intermédiaire de mon copain Barbelivien, je suis recruté par Joseph Chérel, atelier de mécanique vélo situé place Sainte-Anne, à Rennes. Plus tard, mon patron se met en relation avec son cousin, gradé dans l’armée, lequel fait la démarche pour que j’obtienne ma carte de combattant. [Raconté par Jean Posson 87 ans – le 6 septembre 2019] JP32 35030 1953 Jean Posson, à Tübingen 1953 Jean Posson, à Tübingen 1953, à Tübingen Jean Posson, opérateur à la salle de cinéma 1953 Jean Posson, 3ème, dans la roulante équipée d'un bar 1953, en manœuvre à Münsingen Jean Posson est le 4ème en partant de gauche le 3ème est du secteur de Fougères 1953 En repos pendant une patrouille à Münsingen Jean Posson est le 3ème 1956-1958 – du lundi 3 septembre 1956 au mardi 25 novembre 1958 Contingent 56/2A Joseph Masson Douze soldats tués et un prisonnier dans une attaque Le 3 septembre 1956, je quitte le village des Cours-Luniaux, en La Bosse-de-Bretagne et, dépendant du contingent 56/2A, je me rends sur mon lieu d’incorporation à Vannes, dans le 5ème Régiment de Cuirassiers. Début novembre, je suis muté au camp de Meucon et fin décembre, mes classes s’achèvent. Je ne suis pas mécontent car je viens de vivre quatre mois éprouvants. J’ai droit à une 2ème permission, juste avant de partir pour l’Algérie. Le 3 janvier 1957, j’arrive au camp Sainte-Marthe à Marseille et j’embarque à bord du bateau norvégien Skaugum » sur lequel nous sommes plus de deux milles soldats. Nous traversons la Méditerranée et nous atteignons le port de Philippeville. De là , nous sommes dispatchés sur tout le Constantinois, dans différentes unités. Je suis affecté à la 4ème Compagnie du 2ème Régiment d’Infanterie Coloniale qui, plus tard, devient 2ème Régiment d’Infanterie de Marine. Il est implanté à Babar, commune située dans les Aurès de Nementcha, sur la province de Khenchela, à 140 kms au Sud de Constantine. Dans ce régiment de combat, sous les ordres du sergent-chef André Drouet, nous sommes une quarantaine de français du Grand-Ouest bretons, normands, vendéens et environ quatre-vingt africains venus du Dahomey, du Niger et du Sénégal. Nous allons régulièrement à la chasse aux fellaghas. Au cours d’une opération, nous tombons dans une embuscade faisant douze tués et un prisonnier dans notre camp. Les jours suivants, ils sont remplacés par d’autres soldats venant de la base arrière de la Coloniale. Parmi eux, Julien Huard originaire de Saint-Germain-le-Guillaume, en Mayenne qui a fait ses classes au 38ème Régiment de Transmissions à Laval et qui est venu nous rejoindre à Vannes fin décembre, comme plusieurs autres escadrons de l’Ouest de la France afin de faire un départ groupé pour l’Algérie. Julien va devenir mon copain préféré. Il est employé à faire la popote des sous-officiers, des cabots dont la plupart avaient fait l’Indochine et qu’il surnomme les gars qui ont toujours soif ! » Courant avril 1957, nous déménageons pour aller stationner une quinzaine de jours dans une ferme école à Edgar Quinet, sur la route qui va de Khenchela à Batna. Début juin 1957, nous nous installons au moulin de la ferme Morin, à cinq kilomètres de Khenchela. C’est là qu’un soir, en rentrant d’opération, nous sommes environ trente-cinq troufions de la compagnie à nous reposer dans un hangar sur nos lits superposés, lorsqu’un des nôtres, André Lorteau, originaire de Saint-Colomban au Sud de Nantes, appuie sur la gâchette de son fusil mitrailleur chargé. La balle passe au travers de trois couvertures pliées sur un lit, ce qui atténue la vitesse, et se réfugie dans l’abdomen d’un gars de la chambrée. La victime qui, heureusement n’a aucun organe touché, est conduite à l’hôpital. Quant à André Lorteau, il est condamné à une peine de prison. Un jour, j'apprends que Marcel Lemoine est allé rendre visite à mon père aux Cours-Luniaux pendant une permission. Sachant que son casernement est à Khenchela, j'essaie de le rencontrer. Je ne réussis pas car, étant légionnaire, il n'est identifié que par son matricule. En septembre 1957, notre campement s’établit dans une jolie palmeraie, à Khanga Sidi Nadji. Tout près de nous, il y a un dépôt d’essence pour approvisionner les camions en cas d’opérations dans le Sud des Aurès. Il fait une chaleur avoisinant les 50 degrés et nous sommes priés de ne pas sortir l’après-midi. Nous sommes envahis de mouches en jour et de moustiques la nuit. Pour ce qui concerne la nourriture, la boisson et les produits de première nécessité nous sommes ravitaillés environ tous les dix jours par un avion Nord-Atlas. Fin octobre, leur contrat de trois ans étant arrivé à terme, les soldats africains repartent dans leurs pays respectifs. En novembre 1957, Julien Huard et moi-même, nous partons en permission dans nos familles pour une durée de seize jours. Lorsque les camions sortent de la palmeraie, les oueds débordent. Nous sommes hébergés pour quelques jours dans un camp militaire. À chaque lit de rivière, nous devons attendre que le niveau baisse pour pouvoir traverser, si bien que nous prenons un retard considérable. Etant donné que nos jours de permission sont décomptés uniquement quand nous sommes sur le territoire français, nous ne nous inquiétons pas plus que ça, bien au contraire. Nous franchissons la Méditerranée à bord du El djazair ». Lorsque nous revenons à Khanga Sidi Nadji, nous analysons que nous avons été partis un petit mois. En avril 1958, nous déménageons une fois de plus et allons à Berhoum, lieu situé entre Barika et M’Sila, en dessous des Monts du Hodna. Nous sommes logés sous tente derrière une ancienne école et nous dormons dans des lits superposés. Il y a des Harkis avec nous. Le Capitaine Zelas un belge habite dans une maison de luxe au fond de la cour. Je construis une plate-forme en ciment sur la place centrale du bourg, pour permettre aux paysans du secteur d'étaler leur viande chevreau et mouton les jours de marchés. Un jour, la 7ème Compagnie du 2ème Régiment de Tirailleurs Algériens passe en convoi près de notre cantonnement. Par hasard, je rencontre André Savouré, un conscrit de La Bosse. Nous réussissons à discuter un petit quart d'heure ensemble. C’est à Berhoum que je suis libéré le 20 novembre 1958. J’obtiens une permission avec un solde de présence de quatorze jours, valable du 24 novembre au 7 décembre inclus. Avant de partir, comme la plupart de mes copains quillards, je suis convoqué par le capitaine. Il cherche des volontaires acceptant de rester à travailler en Algérie, sur des puits de pétrole situés à Colomb Béchar. Comme je suis maçon de métier, il insiste pour que je fasse candidature mais je ne suis pas intéressé. Ma seule envie, c’est de rentrer en France et d’y rester. Je quitte la 4ème compagnie du 2ème RIMA après vingt-trois mois de présence en Algérie en pensant à ces soldats qui sont morts dans des combats auxquels je participais douze en février 1957, deux en octobre 1958. Je pense aussi à celui qui a été fait prisonnier et dont nous sommes toujours restés sans nouvelles. Je perçois deux jours de vivres avant d’être conduit à la gare de Batna et le 22 novembre, je prends le Djebel Dira » à Philippeville, destination Marseille. Je suis rayé des contrôles le 8 décembre 1958. [Raconté par Joseph Masson 83 ans – le 8 août 2019, avec l’aide précieuse de Julien Huard 83 ans – le 18 septembre 2019] JM36 44020 – JH36 53222 ***** Je me souviens d’un jour où un gitan, un gars de notre groupe, a fait l’imbécile. Les officiers l’ont fait aller en dehors du camp où nous étions stationnés. Considérant qu’il risquait se faire zigouiller par les fellaghas, nous sommes allés le récupérer. Joseph Masson a donné un coup de gueule contre les gradés. Il protestait en criant Mort aux vaches ! » Dès son retour en France, Joseph, qui avait été repéré en Algérie par le sergent-chef Drouet comme étant un très bon maçon, a été embauché par son frère Louis Drouet, codirigeant de l’entreprise de maçonnerie Goubault-Drouet à Ancenis. [Julien Huard 83 ans – le 27 septembre 2019] JH36 53222 ***** Mort aux vaches ! Ce jour là , si j’ai eu des propos excessifs, c’est parce que j’avais bu un peu plus qu’à l’ordinaire. Ça m’a quand-même valu quinze jours de taule. Le Capitaine Zelas donna l’ordre, à deux soldats algériens de la compagnie, de m’emmener dans une mechta faisant office de prison. Pour m’y rendre, j’en avais un de chaque côté de moi, la mitraillette chargée à la main. La prison était gardée par des copains encadrés par un lieutenant plutôt sympa. Je n’ai pas gardé un mauvais souvenir de cette période car je n’étais pas maltraité et surtout, pendant que je purgeais ma peine, j’étais exempté d’opérations. Le Capitaine Zelas avait une dauphine qu'il stationnait sous le porche et il mettait une bâche dessus pour la protéger. Un matin, après s'être aperçu que la bâche était déchirée, il mena une enquête afin de trouver le coupable mais personne n'avoua. Plus tard, l'instituteur d'Ille-et-Vilaine dont je n'ai plus le nom nous informa que c'était le Major qui avait fait ça, par vengeance. Entreprise Goubault-Drouet d’Ancenis J’entretenais de bonnes relations avec mes patrons mais, malgré que l’ambiance fût bonne, je n’y suis resté qu’un an. J’étais logé chez un brave couple qui tenait un restaurant. Je prenais le repas du soir et le petit déjeuner chez eux et ils me préparaient la gamelle pour le midi. Nous étions une dizaine d’ouvriers dans le fourgon Citroën pour aller du dépôt d’Ancenis au chantier à Nantes. Le matin, le trajet durait trente minutes mais le soir, pour rentrer, il fallait une heure-et-demie quand ce n’était pas deux heures. Ce n’était pas pour des raisons d’embouteillage mais pour des raisons de bouteilles… En effet, sur l’itinéraire de retour, il y avait plusieurs arrêts "bistrot" et moi, non seulement ça ne m’intéressait pas, mais je n’avais d’argent à dépenser. Chaque soir, dans le fourgon, nous étions deux à attendre sept ou huit "piliers de bars". Une fois, j'avais un rendez-vous pour une leçon de conduite moto. Voyant que j'étais agacé de les voir traîner sur la terrasse d'un café, mon copain avait cogné à la vitre du fourgon. Le chef d'équipe s'était approché de nous et il avait dit Si vous n'êtes pas contents, allez chercher du travail ailleurs... » À cette époque, le boulot ne manquait pas. Huit jours plus tard, j'étais embauché à l'entreprise de maçonnerie Grossin, à Nantes, chez qui Rémy Tessier du bourg de La Bosse avait fait un stage quelques années plus tôt. [Joseph Masson 83 ans – le 1er octobre 2019] JM36 44020 ***** Au printemps 1958, Joseph Masson et Julien Huard séjournent à Berhoum. Avec les militaires de leur régiment, il y a des Harkis et certains d'entre eux tentent à plusieurs reprises de déserter pour rallier un groupe de fellaghas. Ils sont liquidés par des soldats français. Suite à une enquête, plusieurs habitants du douar sont soupçonnés d'intervenir en faveur de ces Harkis déserteurs et ils sont arrêtés. Parmi eux, il y a mon grand-père Allaoua Saadi 51 ans et mon oncle Ahmed Saadi 22 ans. Ils disparaissent et la famille n'a plus jamais entendu parler d'eux. Vivant à Berhoum où je suis né en 1971, je ne parle pas de ce que j'ai connu mais seulement de ce que j'ai entendu. C'est dans l'école élémentaire située dans l'enceinte du cantonnement où étaient Joseph Masson et Julien Huard que j’ai été scolarisé jusqu’à l’âge de treize ans. Les bâtiments existent toujours. [Abdelhamid Saadi 48 ans – le 23 mai 2020] AS71 Algérie ***** Je connaissais bien Joseph car il a débuté le métier de maçon chez mes parents, Alexandre et Germaine Tessier. Il est resté jusqu'au jour de son départ à l’armée. En rentrant d’Algérie, il est allé faire sa vie sur Nantes et je ne l’ai plus jamais revu. Rémi mon mari travaillait aussi à l’entreprise et il aimait bien Joseph Masson. C’était un bon compagnon. [Thérèse Aulnette, née Tessier 87 ans – le 7 décembre 2020] TA33 35106 Janvier 1957 le bateau avec lequel Joseph Masson est allé en Algérie Départ en opération. Joseph Masson est le 8ème En opération Joseph Masson est debout à gauche, Michel Fortin du Morbihan est accroupi, Julien Huard de la Mayenne, avec un chapeau est accroupi derrière, Joseph Nédélec du Finistère est torse nu, Marcel Clusseau de Vendée est à droite Repos à l'ombre pendant une opération de ratissage Julien Huard est assis au centre avec un chapeau de brousse, Joseph Masson est assis à sa droite et Michel Fortin du Morbihan est allongé à sa gauche Joseph Masson, lors d'une embuscade, avec un lance grenades MAS 49 Début 1957 à Babar Debout au centre, Joseph Masson avec un de ses copains nommé "Ouzous", mort dans une embuscade quelques jours plus tard 1957 Joseph Masson, à Babar, avec l'âne "Léon" qui accompagne les troufions quand ils vont au bistrot. Avec son nez, il secoue le coude de l'un d'entre eux jusqu'à ce qu'il obtienne une bière Fin 1957 Vue sur la palmeraie de Kangha Sidi Nadji. En bas à gauche, des soldats lavent leur linge dans l'oued 22 novembre 1958 Joseph Masson à gauche avec sa quille à la gare de Batna, avec Claude Denoual de Plouasne et Noblet de la Loire-Atlantique 1958, à Berhoum L'endroit où était situé le cantonnement des soldats français. [AS71] 1956-1959 ~ ~ novembre 1956 à ~ ~ février 1959 dates non officielles Contingent 56/2B Robert Maleuvre 1935-2015 Dix morts dans une embuscade Robert part des Cours-Luniaux en La Bosse en novembre 1956 pour aller faire son service militaire. Il effectue ses classes en France et ensuite il est envoyé en Algérie. Il est affecté à la 2ème compagnie du 8ème Régiment d’Infanterie Motorisée 8ème RIM situé près de Saïda en Oranie. Le lundi 10 mars 1958, sa compagnie tombe dans une embuscade dans les gorges de Tifrit. Le bilan est de dix morts. Robert est infirmier et il donne des soins aux blessés. Il voit le capitaine mourir à ses pieds. Après avoir joint ses mains en invoquant sa femme il aurait dit Adieu Marie ». Maman et moi, nous assistons aux obsèques célébrées en l’église de Saïda. Il y a dix cercueils devant nous. Nous ne connaissons aucun de ces soldats mais nous jugeons que nous devons être là car, sans nous et quelques autres femmes pieds-noirs, il n’y aurait personne à accompagner les quelques mères venues de France en avion jusqu’à Oran et en hélicoptère ensuite. Après cette fusillade meurtrière, le 8ème RIM est transféré dans les bâtiments de l’école Jules Ferry, à Nazereg-Flinois, en banlieue nord de Saïda. J’habite en face et je suis scolarisée au Centre professionnel de Saïda. Le lundi matin, c’est un arabe voisin de mes parents qui me conduit avec sa camionnette. Il me ramène chaque week-end. Dans la semaine, je suis hébergée chez Tante Marie. Robert est infirmier et il vient régulièrement en jeep à Saïda. Il passe me voir à chaque fois. Mon père, Antoine Garcia, cesse de travailler à la fonderie Joffrey à l’entrée Saïda et il s’engage dans l’armée. Il est affecté au Groupe Mobile de Sécurité GMS à Charrier. Ma mère va le voir le dimanche. Elle part en autocar à dix heures et elle revient vers dix-sept heures. Dès son arrivée, Robert installe un tourne-disque avec ses copains sous le préau de l’école. Je mets mes plus beaux habits pour aller danser et Maman m’accompagne. Les jeunes filles du quartier sont présentes. Pendant que nous dansons, nos mamans sont assises sur des bancs et elles nous surveillent. Ma mère élève quelques cochons. Robert leur apporte régulièrement à manger depuis l’école toute proche. Il arrive avec deux seaux remplis des restes de repas de la compagnie. Pour lui c’est aussi une occasion pour venir me voir. Quand Robert est libéré de ses obligations militaires, il rentre dans sa famille en Bretagne. Plus tard, il refait le chemin inverse pour me retrouver. Le samedi 26 mars 1960, nous nous marions à Nazereg-Flinois. Après la cérémonie, nous festoyons et dansons dans la maison de mes parents. À la tombée de la nuit, juste avant le couvre-feu, nous partons passer la nuit chez des membres de la famille à Saïda. Quelques jours après notre mariage, nous décidons d’aller vivre à Colomb Béchar. Robert est embauché à l’économat de l’armée et moi, je travaille dans une supérette. Dans le quartier où nous habitons, la majorité des gens sont des militaires ou des légionnaires. Après avoir vécu presque deux années à Colomb Béchar, voyant que l’Algérie va devenir indépendante, nous décidons de venir habiter en France. La nuit de la Saint-Sylvestre 1961, nous réveillonnons dans l’avion en traversant la Méditerranée. Nous restons un mois à Rennes puis nous allons nous installer en Normandie. Nous habitons à Vire depuis peu, lorsqu’un beau matin, alors que je suis en train de faire mon marché, j’entends crier Francine, Francine… ». Je me retourne, ce sont mes parents et mes cinq frères et sœurs qui arrivent en surprise. Eux aussi, ils ont décidé de venir vivre en France. [Raconté par Francine Maleuvre 77 ans, née Garcia, l’épouse de Robert – le 31 mars 2020] FM43 06083 ***** Robert, je l’ai connu dès mon plus jeune âge. Nos parents étaient amis. Il avait quatre ans de plus que moi et je le considérai comme un frère. Il habitait Les Cours-Luniaux en La Bosse mais il venait à l’école à Tresbœuf. Pendant les vacances, il était "patou" chez le père Rabu au Clos-Neuf. Lorsqu’il conduisait le troupeau en pâture, il passait devant la porte de notre maison, à La Hucheloire. Maman me réveillait et me disait Lève-toi et habille toi vite si tu veux aller avec Robert ». Je partais au champ avec lui et nous prenions le chemin du retour en fin de matinée, lorsque les vaches commençaient à moucher. Les années passent et je n’ai plus de nouvelles de Robert. Le 2 septembre 1959, je rentre sous les drapeaux au service santé à Vincennes. Seulement trois semaines après, j'apprends le décès de ma mère. En janvier 1960, je suis muté à l’hôpital Bégin à Saint-Mandé et le 23 octobre suivant, je suis infirmier en Algérie, au 5ème Régiment du Génie à Colomb-Béchar. Lorsque j'arrive au 5ème RG, j’écris à mon père en précisant que je viens de passer à Saïda, là où Robert et Francine se sont mariés. Il informe Marie la mère de Robert puis, en me répondant, il indique qu'ils habitent rue Caïd Ali Ben Khalifa à Colomb-Béchar. Robert est prévenu par sa mère. Le dimanche suivant, il parcoure à pied les 1500 mètres qui le sépare du casernement où je suis puis il m'emmène chez lui. Ensuite, presque chaque dimanche après-midi, Robert et Francine me reçoivent chez eux et je suis super bien accueilli. Le 15 décembre 1961, je suis libéré et seulement quinze jours plus tard, eux aussi, ils viennent vivre en France. Plus tard, pour le bon temps qu’ils m’ont offert, j’aurai bien aimé les recevoir avec ma femme à la maison mais, hélas, ça ne s’est jamais fait. [Claude Faucheux 80 ans – le 15 mai 2020] CF39 35066 ***** Robert rentre d'Algérie avec la quille au début de l'année 1959. Lui et moi, nous sommes nés dans le même village. Une cinquantaine de mètres sépare les maisons de nos parents. Fin novembre de la même année, Robert retourne à Nazereg-Flinois pour rejoindre sa fiancée qu'il a connue là -bas pendant son service militaire. C'est moi qui le conduis avec ma "Motobécane", de La Bosse à Nantes où je travaille. En arrivant, nous allons faire un tour à la foire aux châtaignes place Viarme et c'est la fête. En soirée, nous nous rendons chez Jean Bédard et Léone mon beau-frère et ma soeur, rue de la ville en Bois. Nous jouons à la belote avec Jean et Serge Le Fol le frère de sa femme jusqu'au milieu de la nuit. Le lendemain matin, je reprends le travail à l'entreprise de maçonnerie Grossin et Robert s'envole de l'aéroport de Nantes-Château Bougon pour aller épouser Francine en Algérie. Je n'ai jamais revu Robert depuis ce jour-là . [Joseph Masson 84 ans – le 23 mai 2020] JM36 44020 1957 Robert Maleuvre en Algérie. Robert Maleuvre 3ème avec trois copains. Avril 1957 à Saïda, lors des obsèques des douze soldats morts dans une embuscade. 1959 Robert avec sa fiancée "Francine" à Nazereg-Flinois. Février 1959 aux Cours-Luniaux en La Bosse. Robert Maleuvre vient d'être libéré et Jacques son frère est en permission. Les médailles attribuées à Robert Maleuvre. Vers 1985, à Dreux Robert Maleuvre est mis à l'honneur Beaucoup plus tard, sans doute en 1993 Robert Maleuvre porte drapeau à Menton, le 8 mai. 1956-1958 Contingent ... Henri Hamon 1936-2002 Né aux Cours-Luniaux en La Bosse-de-Bretagne, Henri a fait la totalité de son service militaire en Tunisie et il a dû y séjourné durant vingt-quatre mois. Il est rentré une seule fois en permission. [Jean Hamon 83 ans, frère de Henri – le 30 janvier 2022] JH38 35051 1956-1959 – du mardi 6 novembre 1956 au dimanche 15 février 1959 Contingent 56/2B André Savouré Si j’avais eu une permission, je ne serais jamais reparti Je quitte La Bellandière le 6 novembre 1956 et je rejoins mon unité dans les Chasseurs à pied pour faire mes quatre mois de classes à Granville, dans une caserne située à la pointe du Roc. Ensuite, je reviens pour six mois au camp de Verdun, à Rennes. Ma principale mission est de monter la garde au quartier Marguerite et au camp de la Maltière. Le jour de mes 21 ans, je reçois ma feuille de route. Je dois aller en Algérie pour remplacer mon frère Jean qui est là -bas depuis dix mois – l’avenir prouvera que mon arrivée sur le sol algérien ne le fera pas rentrer plus tôt – Jean va effectuer son temps réglementaire. Avant de quitter Marseille, un repas est offert à tous ceux qui, comme moi, prennent le bateau. Notre section est la dernière servie. On nous demande de débarrasser les tables et de faire la vaisselle mais nous ne sommes pas très motivés. Je force une porte à double battants et à nous réussissons à échapper à la corvée qui nous est réservée. Nous traversons la Méditerranée sur le bateau "Sidi Okba", un vieux rafiot. Je suis malade pendant presque tout le trajet. Nous sommes tellement transbahutés que les vagues passent par-dessus bord, les vomissements aussi. Arrivés en Algérie, nous sommes affectés au 2ème Régiment de Tirailleurs Algériens, dans la 7ème Compagnie 2–7–RTA. Un régiment pourri dans lequel il y a seulement un tiers de français. Tout de suite, on s’empresse de me dire Il y a déjà eu dix-sept morts aujourd’hui ». Et on poursuit Voilà un flingue pour toi, tu sors avec nous demain ». On me fournit une tenue en me traduisant la phrase écrite en arabe sur l’insigne qui est cousu à ma veste Tu marches ou tu crèves ». Ce n’est pas très réjouissant et, comme si ça ne suffisait pas, on ajoute Jusqu’à maintenant, c’est vous qui nous avez commandé. À partir d'aujourd’hui, c’est nous qui vous commanderons ». Nous campons dans la brousse, le long des gorges d’El Kantara dans le Constantinois et, pour le ravitaillement, nous devons nous rendre à Batna mais le déplacement est risqué. Heureusement, je ne suis pas souvent désigné. Lorsque j’y vais pour la première fois, je conduis une jeep et je me fais arrêter par la patrouille militaire. Elle me laisse repartir moyennant que je passe le permis militaire. Je n’ai que mon permis civil mais le capitaine m’a mis au volant car le régiment n’a pas suffisamment de conducteurs possédant le permis permettant de conduire à l’armée. Au retour, nous repérons des poteaux téléphoniques sectionnés sur le bord de la route et des vaches avec les quatre pattes en l’air. Le lendemain, le capitaine me fait passer le permis militaire. Quelques jours plus tard, nous sommes une trentaine de véhicules, GMC, jeeps et Blindés à partir en opération. Au retour, je suis au volant de ma jeep et je perds les traces du convoi. J’ai deux troufions avec moi et nous rentrons lorsque tout à coup, en arrivant dans un village, des fellaghas tentent de nous barrer le passage. J’accélère brusquement et je réussi à les semer en évitant une fusillade. Quand j’arrive au campement, le capitaine m’attend de pied ferme. Il me reproche de ne pas avoir suivi le convoi. Je suis toujours dans la brousse, soit en montagne, soit le long des oueds, lorsqu’un beau matin, par hasard, je rencontre Joseph Masson, un conscrit de La Bosse. Une fois, en revenant d’une opération de ratissage, nous roulons entassés à une quinzaine dans un GMC débâché. Du haut de la montagne, des fellaghas font débouler des grosses pierres sur la route où nous passons. D’autres sont en contrebas pour nous allumer. Etant dans le dernier véhicule du convoi, nous sommes bloqués. C’est à la tombée de la nuit mais nous avons des fusées pour nous éclairer. Mon fusil, un MAS 36, est coincé avec mon ceinturon et, sur la quinzaine de tirailleurs que nous sommes, je suis le seul à ne pas réussir à sauter du GMC. Je reste debout et les balles me sifflent aux oreilles. Me sentant vraiment en danger, je me laisse tomber sur le plancher. Je me fais mal à l’épaule gauche – soixante ans après, j’ai encore des douleurs – Je fais le mort pendant un bon quart d’heure, jusqu’à ce que le calme revienne. Les fellouzes arrêtent de tirer et s’en vont en longeant un oued. Je suis toujours allongé à l’intérieur lorsque mes coéquipiers reviennent au camion. J’entends l’un d’eux dire Savouré est mort ». Avant de remonter dans le GMC, ils rangent les grosses pierres sur l’accotement et nous pouvons poursuivre notre route. Les fellaghas qui ont tiré sur nous ne veulent pas de la guerre. Ils veulent simplement rester les maîtres chez eux. J’ai souvent l’occasion de prendre un avion héliporté, Banane ou Sikorski, mais à chaque fois c’est parce que le haut de la montagne est bombardé. On nous largue sur les lieux pour finir le ratissage. Nous sautons de deux ou trois mètres et quelquefois plus. L’hélico ne se pose que lorsqu’il y a des morts ou des blessés à évacuer. Quant à nous, pour le retour, des GMC viennent nous chercher en bas de la montagne en étant protégés par des blindés. Un soir, je découvre un tirailleur algérien tombé à la renverse sur mon lit. Un copain vient de le tuer avec un fusil à répétition. Il a appuyé sur la gâchette, pensant qu’il n’y avait pas de balles dans le chargeur. Pourtant, comme moi, il vient d’assister à une démonstration où un gradé lui a appris à manier les armes. Une fois, pendant une opération d’attaque, nous capturons un fellouze et le faisons prisonnier. Vexé de le voir un de ses cousins avec nous, il lui donne deux baffes. Nous mettons le prisonnier au trou et, dès la nuit suivante, le cousin qui pourtant est des nôtres le libère. Une autre fois, toujours en opération d’attaque, un blessé est resté en contrebas et il hurle. L’Adjudant envoie le sergent à son secours mais ce dernier fait demi-tour car les fellaghas lui tirent dessus. Voulant à tout prix sauver l’estropié, il envoie un 2ème classe qui revient lui aussi et pour les mêmes raisons. L’Adjudant n’insiste pas et dit Ne bougez pas, je vais chercher le blessé ». Il est abattu sous nos yeux. Deux mois avant la fin de mon service en Algérie, mon régiment compte une trentaine d’hommes, dont seulement un quart de français. Un soir, au coucher du soleil, nous partons en opération sur un terrain d’aviation. On nous ordonne de mettre nos fusils en faisceaux et de nous replier ensuite. Le commandant appelle vingt-deux soldats les 22 arabes un par un en, citant le nom de chacun. Ils sont alignés debout puis éliminés par des Paras et la Légion. Selon ce que nous apprenons par la suite, ils avaient prévu de trancher la gorge aux français que nous sommes, pendant notre sommeil, et de s’en aller avec nos armes. Nous dormons toujours sous une tente, qui bien souvent est criblée de balles. Un matin, lorsque je me lève, je m'aperçois que mon portefeuille a disparu. Il a sûrement été pris dans la nuit par un des arabes faisant partie de notre compagnie. Dans la journée, je le retrouve caché sous une planche des toilettes rudimentaires installées en plein air au bout de notre campement. Mon permis de conduire est toujours à l'intérieur mais il n'y a plus d'argent. Chaque fois que nous quittons le camp, c’est avec notre MAS 36, un fusil mitrailleur lourd. Il y a des jours où nous devons porter le poste radio en plus. Celui qui le prend le matin doit le garder toute la journée et quand il faut sauter de l’hélico avec tout cela sur le dos, c’est pénible. C’est tellement dur que je cherche un moyen pour faire de la prison. Des fois, nous restons plusieurs jours à l’attaque alors que nous avons une ration de nourriture seulement pour une journée. Dans ces cas, nous sommes ravitaillés par hélico des pots de confiture de cinq kg et des biscuits de guerre pour remplacer le pain… Nous raflons des fruits et des oignons dans les jardins se trouvant sur notre passage ou des artichauts sauvages pour nous passer la soif. Quand nous trouvons de l’eau à couler quelque part, nous en buvons même si elle est de couleur jaune ou crème et nous remplissons notre gourde. Il nous arrive de trouver des cadavres sur notre chemin. Je n’ai eu aucune permission en Algérie. Si j’en avais eu une, je ne serai jamais reparti. Je suis renvoyé dans mes foyers le 10 janvier 1959 avec une permission libérable de huit jours. J’embarque à Philippeville le 13 janvier et le Sidi Okba me ramène à Marseille. Je rentre à La Bosse en février 1959. Le lendemain, je retourne à Rennes, à la caserne du Colombier, pour rendre mon paquetage. On me fait passer une visite puis on m’envoie aux urgences à l’hôpital Ambroise Paré. J’y reste un peu plus de quatre semaines. J’ai le corps couvert de psoriasis. Six mois après mon retour à la maison, n’étant pas bien, le docteur Dre Amina, du Sel m’ausculte et m’expédie à l’Hôtel Dieu et là on découvre ma maladie. J’ai le paludisme, ce qui me vaut encore un temps d’hospitalisation. Peu de temps après, je suis avec les vaches dans un pré à la Bellandière, lorsque les gendarmes du Sel s’arrêtent pour me proposer un recrutement dans leur brigade. Je refuse en disant que j’en avais vu assez. Peu après, ils repassent chez mes parents en leur demandant d’essayer de me convaincre mais ils ne réussissent pas. J’ai reçu un certificat de bonne conduite, mais j’ai aussi cinq médailles voir photos ci-dessous. J’ai une étoile de bronze car un jour, j’étais Radio, et c’est moi qui avais commandé l’opération, bien qu’étant seulement 2ème classe. J’étais en relation directe avec le capitaine qui se trouvait en arrière, au poste de commandement. Le 1er janvier 1958, j’ai été nommé 1ère classe. [André Savouré 82 ans – le 18 février 2019] AS36 35012 ***** Le 18 octobre 1957, André Savouré est dans le Constantinois lorsque Marcel Bénard soldat de 2ème classe au 5ème Groupement de Chasseurs Portés et domicilié au lieu-dit "Le Tertre de la Nouette" en Ercé-en-Lamée perd la vie à l'âge de 23 ans entre Tircine et Saïda, dans le Sud-Oranais. Le 5 mai 1960, André se marie avec Marie Bénard, la sœur de Marcel. JA49 35235 Les cinq médailles d'André 1 médaille militaire remise le 5 décembre 2012 - 2 médaille commémorative opération sécurité et maintien de l'ordre - 3 étoile de bronze - 4 médaille d'Afrique du Nord - 5 croix de combattant. Citation militaire Certificat de bonne conduite 1957-1959 – du vendredi 1er février 1957 au samedi 16 mai 1959 Contingent 57/1 André Marsolier J'étais chauffeur de semi-remorque Le 1er février 1957, je suis incorporé dans l’armée de l’air, à la base aérienne 720 de Carpiquet, en périphérie de Caen. C’est là que, la semaine suivante, je fête mes vingt ans. Je fais seulement un mois et demi de classes et je prends le train direction Marseille, puis j’embarque pour l’Algérie. Arrivé à Bône, des camions attendent les soldats venant de France. Ils nous emmènent à Guelma où nous restons pendant trois à quatre semaines. Ensuite, nous sommes environ trois mille trouffions à prendre la route pour d’autres horizons. Les uns sont transportés en jeeps, les autres en camions. Nous formons un convoi impressionnant de plusieurs km pour nous rendre à El-Milia. Là , nous stationnons quatre mois, en support de renseignements. À peine arrivé, on me convoque pour m’annoncer que je suis désigné de corvée. J’épluche des pommes de terre toute la journée. Il faut bien nourrir la troupe… La nuit, nous dormons sous des tentes qui ont déjà du vécu. Les toiles sont criblées de balles. Il y a seulement quelques jours que nous sommes ici lorsqu’un hélicoptère vient se poser tout près de l’endroit où nous campons. À l’intérieur, il y a des cadavres. Le 1er novembre 1957, avant de quitter El-Milia, je suis nommé Soldat de 1ère classe. Cette fois, c’est à la base aérienne 211 de Telergma, située à une cinquantaine de km au Sud-ouest de Constantine, que je suis muté. Là , on me donne quelques responsabilités. Le matin, je dois passer sur les pistes d’aviation pour repérer si un bout de fil de fer ou tout autre objet suspect ne traîne pas sur le macadam. Rouler dessus pourrait peut-être déclencher un dépôt de mines. Un jour, le Général De Gaulle atterrit à l’aéroport. On nous demande d’être très vigilants et de vérifier si un attentat à l'explosif n’est pas en cours de préparation. Je suis chauffeur de semi-remorque et je me déplace dans tout le Constantinois. Il n’est pas rare que je parte pour plusieurs jours. Je fais souvent la route qui emmène à Batna et Biskra, ainsi que celle va à Ferkane et Négrine, en bordure de la frontière tunisienne. Ça m’arrive d’aller chercher des bombes et autres munitions arrivant par le train à la gare située à quatre kilomètres. Je les amène à la base. Il nous arrive aussi de transporter des morceaux d’avions quand il y a des crashs dans la région. Un jour, nous allons chercher une épave de zinc dans un endroit très difficile d'accès. Il n’y a pas de route, pas même de piste pour s'y rendre. Nous sommes à plusieurs camions et nous roulons sur un terrain accidenté. Des inondations ont eu lieu ces derniers jours et tout a été emporté par les courants. Nous traversons des oueds à l’aveuglette et nous rencontrons quelques problèmes mécaniques. Nous nous dépannons entre nous, avec les moyens du bord. Ça ne nous empêche pas d’avoir du plaisir. Peu de temps après cette escapade, j’ai la chance d’être choisi pour partir en détachement pendant un mois à Philippeville. Je profite de la mer et j’ai l’impression d’être en vacances. Je ne suis pas un soldat opérationnel, c’est la raison pour laquelle je ne vais jamais crapahuter. Il m’arrive quand-même de me faire tirer dessus. J’ai une mitraillette en permanence avec moi, mais je ne m’en sers jamais. Des fois, nous roulons tous à la queue leu leu et quand ça bombarde trop, nous arrêtons notre camion et nous attendons que ça se calme. J’ai eu trois permissions durant mes vingt-cinq mois d’armée en Algérie dont une fin août 1958, pour le mariage de ma cousine Yvette Guibert avec Francis Rouyer. J’étais témoin et je suis arrivé en retard, mais je n’avais pas d’excuses. Au total, j’ai traversé huit fois la Méditerranée, trois en bateau et cinq en avion. Je suis rentré définitivement à La Bosse le 16 mai 1959. [Raconté par André Marsolier 82 ans – le 28 février 2019] AM37 78490 1958 André Marsolier, assis sur une bombe, à la soute à munitions de Telergma 1958 André Marsolier, debout sur une bombe, à la soute à munitions de Telergma 1958 la soute à munitions de Telergma 1958 En rentrant de Négrine à Telergma, le camion "Saurer" d'André Marsolier s'enlise avec sa remorque de 40 pieds dans un oued après un orage 1958 jeep mitraillée lors d'une embuscade dans laquelle deux soldats viennent de trouver la mort 1958 un avion T6 s'écrase en pleine nature 1957-1959 – du dimanche 5 mai 1957 au mardi 18 août 1959 Contingent 57/2 Joseph Hurel J’ai attrapé la jaunisse en rentrant de permission Le lundi de Pâques 1957, j’assite à l’Assemblée de Pancé et le lendemain matin je reçois la convocation m’indiquant le lieu où je dois aller servir sous les drapeaux. Le dimanche 5 mai, je quitte la ferme de mes parents, aux Bignons en Le Sel. André Barré, de La Jeussinière en Tresbœuf, est incorporé à la même caserne que moi et c’est son frère Auguste qui nous emmène en voiture à la gare de Rennes. Ensuite, c’est en train que nous voyageons pour atteindre la base aérienne 136 Bremgarten, sur la rive droite du Rhin, à Hartheim am Rhein, en Allemagne. Nous restons ensemble durant six semaines mais ensuite, nous sommes séparés. Je suis muté en France et affecté au garage, en tant que chauffeur, à la base aérienne 132 de Colmar-Meyenheim. Fin septembre 1957, je bénéficie d’une permission de huit jours puis, à peine revenu à Colmar, mon tour est venu de partir en Algérie. Je prends le bateau à Marseille le 10 octobre. Le lendemain, arrivé au port d’Alger, je suis conduit à la base aérienne 146 de Réghaïa située à une trentaine de kilomètres à l’Est de la capitale algérienne. Nous sommes un bon groupe de nouveaux arrivants à être accueillis par un gradé qui commence par nous dire Vous êtes partis de France pour venir au pays de la mort lente ! » Au printemps 1958, je passe le permis poids lourd. En novembre 1958, suite à une demande faite par mon père, j’obtiens une permission agricole de quinze jours. Dans le bateau qui me ramène de France en Algérie, je suis malade pendant toute la traversée. Lorsque je suis de retour à la base, le médecin capitaine Joseph, dont je suis le chauffeur, me trouve bizarre et il me demande de passer à son cabinet. Il me détecte une jaunisse. Je passe plusieurs semaines à l’infirmerie avant de retourner dans ma famille en avion pour une dizaine de jours, en convalescence cette fois. Le 1er juillet 1959, je suis nommé Soldat de 1ère classe. À la mi-août 1959, je suis libéré après avoir passé deux ans en Algérie et toujours à à la base de Réghaïa. Le 16 août, j’embarque sur le Sidi Ferruch à Alger, à destination de Marseille. Je rentre aux Bignons le 18 août avec une permission libérable de dix jours. Je suis rayé des contrôles de l’unité le 28 août 1959. [Raconté par Joseph Hurel 83 ans – le 4 août 2020] JH37 35030 ***** J’ai un souvenir de ce dimanche 5 mai 1957 où je suis parti en Allemagne avec Joseph Hurel. Le baptême de ma nièce Françoise Barré » avait lieu à Tresbœuf ce jour-là et je n’ai pas pu y assister. Joseph et moi, nous avons passé six semaines ensemble à Hartheim am Rhein. Ensuite il est revenu en France mais moi, je suis resté en Allemagne. J’ai fait un stage à la base 178 de Achern. Je n’avais rien demandé mais je n’étais vraiment pas malheureux. Quand je suis allé en Algérie, comme par hasard, j’ai été muté à Réghaïa. Un jour, en me rendant à l’infirmerie, je croise le capitaine. Il me regarde le blanc des yeux et me dit Pourquoi vas-tu à l’infirmerie, tu n’as pas l’air malade ?» Je lui dis que j’allais chez le dentiste. C’est là qu’il m’a annoncé qu’un Breton venait d’attraper la jaunisse et qu’il s’agissait de Joseph Hurel. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés. [André Barré 83 ans – le 19 septembre 2020] AB37 35343 Joseph Hurel Joseph Hurel 1957/1959 – du mercredi 6 novembre 1957 au jeudi 25 février 1960 Contingent 57/2B André Fralin Dix-huit soldats de ma compagnie perdent la vie dans une embuscade J’obtiens un sursis qui me permet de retarder mon départ à l’armée et de pouvoir continuer à aider ma mère à la boucherie. Mon père Léon est décédé et mon frère prénommé aussi Léon est toujours sous les drapeaux. Le sursis qui m’a été accordé expire le 31 octobre 1957. J’ai 21 ans et demi lorsque je quitte le bourg de Teillay pour me rendre à la caserne Mellinet, à Nantes. Le 6 novembre, je rentre au Centre d’Information et d’Orientation du 2ème Régiment d’Infanterie Coloniale. Après quatre mois de classes, je rentre en permission pour une dizaine de jours. Le 8 mars 1958, je prends la mer au port de Marseille et le lendemain j’accoste à Alger. Ensuite, un petit train roulant à faible allure m’emmène à mon lieu d’incorporation, Medjadja, une commune située à deux-cents kilomètres d'Alger, entre Béni Rached et Orléansville. Je pars de temps en temps en opération mais je ne suis jamais confronté à des coups durs. J'ai la chance de ne pas être présent lorsqu'une section de ma compagnie se trouve prise en étau dans une embuscade. Ce jour-là , dix-huit soldats perdent la vie en traversant le massif montagneux de l’Ouarsenis. Le 1er décembre 1958, par changement de dénomination, le 2ème Régiment d’Infanterie Coloniale devient le 2ème Régiment d’Infanterie de Marine 2ème RIMa. Nous sommes environ une centaine dans la compagnie. Je suis employé aux cuisines de la troupe pendant trois mois et ensuite, je suis affecté au mess des sous-officiers. En février 1959, je rentre dans ma famille pour une permission de deux semaines. Un jour, alors que je prépare la cuisine à la roulante, je me déboite la cheville du pied droit en montant sur un rondin de bois. Je dois rester plâtré pendant deux semaines sans trop pouvoir bouger. Lorsque je sors de l’infirmerie, on m'accorde une longue période de convalescence. Pour me déplacer, j’utilise des béquilles. Le 22 février 1960, je suis libéré de mes obligations et conduit sur la base militaire d’Alger. Le 23, j’embarque à bord du bateau Ville de Tunis » et le 24 je suis au port de Marseille. Le jeudi 25 février 1960, je suis de retour au bourg de Teillay avec une permission libérable de onze jours. Le 7 mars, je suis définitivement rayé des contrôles du corps des armées. [Raconté par André Fralin 84 ans – le 19 août 2020] AF36 35030 ***** Avant de partir à l'armée, André était un membre très actif à la clique de Teillay. Il jouait du clairon. Il était aussi membre du club de football. Passionné, il pratiquait ces deux disciplines sous la direction de l'abbé Jean Denoual. À son retour d'Algérie, il a repris la musique et le foot. Lorsqu'il s'est marié, il s'est installé à La Bosse mais il a continué à venir jouer encore quelques années à Teillay. [Jean Martin 79 ans – le 12 novembre 2020] JM41 35238 André Fralin, avec des arabes, sur le marché du village de Medjadja. André Fralin accroupi à gauche, avec son équipe des cuisines dont un gars de Sion-les-Mines. André Fralin à droite avec des copains et une cigogne apprivoisée. 1959 André Fralin prépare la cuisine pour la troupe. André Fralin, de service au bar du mess des sous-officiers. Convoi partant en opération. André Fralin la cheville plâtrée se déplace avec des béquilles. André Fralin accroupi et ses collègues des cuisines ont devant eux la carcasse d'une vache qu'ils viennent de dépecer. André Fralin, avec les joueurs de son équipe de foot. André Fralin avec sa quille. 1958-1960 – du mardi 7 janvier 1958 au jeudi 28 avril 1960 Contingent 57/2C Jacques Maleuvre J'ai terminé l'armée au grade de Maréchal des Logis Le 7 janvier 1958, je prends le car De Saint-Hénis devant le café de Robert Hugues au bourg de La Bosse. Je vais à Rennes et je monte dans le train en partance pour Paris. Rendu à Montparnasse, je rejoins la gare de l’Est et je me rends à Thionville, en Moselle. Je suis incorporé dans le 59ème Régiment d’Artillerie. Je fais mes classes et, ensuite, j’aide à former des jeunes Algériens arrivant du djebel. Ils ont entre de dix-sept et dix-neuf ans. Comme les appelés du contingent, ils apprennent à marcher au pas et à manier les armes mais, n’étant pas encore de vrais soldats, ils ne montent pas de gardes. Ils font semblant de ne pas connaître notre langue alors que la plupart la parle couramment. Je réussis à trouver une technique. Je les prends en groupe et, avec un ballon, j’arrive à organiser des matchs. Devenu copain, nous finissons par engager des conversations amicales. Je forme aussi des nouveaux appelés. Tous les deux mois, j’ai une nouvelle section. Je rentre en permission dans ma famille à peu près tous les trimestres. Une fois, après avoir passé une semaine à la maison et en retournant à Thionville, je croise mon frère Robert à la gare de Rennes. Il vient de terminer son service en Algérie et il rentre à La Bosse. Pour arroser sa quille, nous prenons le temps de boire un verre ensemble au café de la Petite Vitesse, boulevard Solférino. Le 1er octobre 1958, je suis nommé brigadier. Fin décembre, je suis admis à l’hôpital militaire de Metz pour une opération de l’appendicite. Ensuite, je reviens chez mes parents pour une convalescence d’une dizaine de jours. À la mi-janvier 1959, lorsque je reviens à la caserne, les jeunes algériens me crient dessus chef, chef, vous chef… ». Le 1er février 1959, j’apprends que je suis nommé Brigadier-chef. Je pars en détachement pour cinq semaines dans un centre de formation à Hettange-Grande, au cœur du Pays des Trois Frontières Luxembourg, Allemagne, France. Je suis membre du jury de validation pour les examens de permis de conduire. Je commence par passer les miens voiture légère, poids lourd et transport en commun. Je les obtiens après avoir fait seulement deux heures et demi au volant d’un GMC. À vrai dire, j’ai le permis en poche mais je ne sais pas conduire. C’est en pratiquant par la suite que j’apprends. Début juillet, je quitte la Moselle pour partir en Algérie. Je me rends à Marseille en train et tous les passagers sont assis sur des banquettes en bois. Le 11 juillet 1959, j’embarque sur le bateau Président Cazalet ». Etant sous-officier, je voyage en cabine. Rendu à Bône le lendemain, c’est en train que nous prenons la direction de Souk-Ahras. Nous rejoignons le 139ème Régiment d’Artillerie à Tébessa, entre le massif de l’Aurès et la frontière algéro-tunisienne. Le casernement est situé au Kouif. Je suis affecté dans une ferme réquisitionnée, en bordure de la ligne de chemin de fer, et répertoriée 2 KP. Parfois, nous rejoignons la batterie d’artillerie au casernement de Bekkaria. Les légionnaires sont nos sauveurs. Quand nous sommes dans une situation à risque, ils nous précèdent toujours. C’est seulement quand nous buvons un coup qu’ils nous laissent passer devant eux. Je ne suis pas venu ici pour mettre des obus dans le canon mais pour assurer l’encadrement. Une nuit, je suis camouflé dans une grotte et je commande un tir considéré trop court. Le lendemain, je me suis convoqué par le capitaine mais, comme je peux prouver qu’il y a eu des blessés en retrouvant des godasses et du sang sur le site visé, je réussis à faire comprendre qu’il y a bien eu une tentative de passage de fellaghas. Nous sommes plusieurs instructeurs à former des futurs sous-officiers, mais nous exerçons rarement au casernement. Nous partons en opérations le soir et nous dormons à même le sol. Notre action se déroule à 90% sur le terrain, en protection de la ligne électrifiée, le long de la frontière tunisienne. L’armée de volontaires algériens nos ennemis est cantonnée en Tunisie et nous devons l’empêcher de revenir en Algérie. Le 1er novembre 1959, je suis promu Maréchal-des-logis. La dernière semaine de l’année 1959, je suis responsable à la protection de la ligne de chemin de fer et du réseau électrifié entre Tébessa et Souk-Ahras en remplacement du titulaire marié et père d’un enfant. Il est parti passer les fêtes de fin d’année dans sa famille, à Saint-Trojan, en Gironde. Un copain, Barré » de Maure-de-Bretagne, conduit un half-track. S’apercevant que le phare éclairant le réseau ne fonctionne plus, il s’arrête. Nous suivons avec la draisine et nous percutons l’arrière de son véhicule. Le rail de la mitrailleuse est cassé. Heureusement, il n’y a pas de blessés. Comme à l’armée c’est toujours le chef qui est responsable, la sanction me revient. Le Commandant de la place de Tébessa me met vingt-huit jours d’arrêt de rigueur. Le Général basé à Constantine rajoute dix jours. Durant cette période, non seulement je dois rester bloqué à la caserne mais je dois aussi perdre ma solde. N’étant pas titulaire du permis de chemin de fer, nécessaire pour conduire la draisine, je proteste. Au final, je reste quand-même confiné à la ferme mais ma solde est maintenue. En réalité, ça ne me rapporte rien car je me mets à fumer et je dépense plus que je ne gagne. Après ces trente-huit jours d’arrêt de rigueur, avec ma section, je me trouve en bordure de la frontière tunisienne lorsqu’un collègue libérable, le soldat Chantrel du secteur de Val-d’Izé, passe de l'autre côté et meurt accidentellement. Il est au volant d’une jeep à l’arrêt avec un Adjudant comme passager. Ce dernier ramasse un obus puis il le dépose à l’arrière de la jeep. Quelques minutes plus tard, en roulant, le projectile explose et les deux occupants perdent la vie. Mon frère "Robert" retourne en Algérie quelques mois après être rentré de son service militaire. Il va rejoindre sa fiancée, une française pied-noir qui vit chez ses parents, à Nazereg-Flinois en Oranie. Robert et Francine Garcia se marient le samedi 26 mars 1960 à sept-cents kilomètres de là où je suis. Je voudrais bien y assister mais la permission m’est refusée pour cause d’insécurité. Je passe la visite médicale de libération le 23 avril 1960. Nous sommes plusieurs copains à regagner la France. Nous embarquons sur le Président Cazalet à Bône le 26 avril. Nous essuyons une forte tempête et tous les passagers se mettent à l’abri. Sur les tables, il reste des bouteilles que nous vidons à quelques-uns. Nous buvons tellement que lorsque nous débarquons à Marseille le 27, nous sommes saouls comme des cochons. le 28 avril 1960, je suis de retour aux Cours-Luniaux avec neuf jours de permission libérable. Les gendarmes passent me voir à deux reprises chez mes parents pour essayer de me recruter mais je refuse. Je suis retourné deux fois quinze jours en Algérie, en 2013 et en 2019. Chaque fois, l’accueil a été très chaleureux. [Raconté par Jacques Maleuvre 82 ans – le 24 mars 2020] JM37 35281 Au 59ème régiment d'artillerie à Thionville, en Moselle Jacques Maleuvre 5ème au second rang avec la promotion du certificat d'aptitude technique de 2ème degré Février 1959 Jacques Maleuvre en permission chez ses parents aux Cours-Luniaux pose avec son frère Robert qui vient d'être libéré et pour lequel il ne reste plus qu'à rendre le paquetage Algérie En opération, Jacques Maleuvre est le 4ème Jacques Maleuvre, près de la frontière tunisienne, dans le secteur opérationnel de Tébessa Algérie Jacques Maleuvre Jacques Maleuvre dans la draisine à Tébessa Algérie Jacques Maleuvre debout Jacques Maleuvre à gauche avec des gars de sa section, au bassin minier de l'Ouenza Avion surnommé "banane" prêt à décoller avec les autorités venues visiter les mine de l'Ouenza Tébessa Jacques Maleuvre avec sa quille de ses rêves Jeudi 3 juin 2021 Publié dans le journal Trait d'union CPG-CATM-TOE de décembre 2021 1958-1960 – du dimanche 4 mai 1958 au jeudi 25 août 1960 Antoine Rouiller Ayant attrapé la jaunisse, j’ai terminé mon service en France Le 4 mai 1958, je pars de Pouchard avec mon vélo et je le dépose chez Alexandre Tessier, à Ercé-en-Lamée, avant de prendre un car de la ligne Drouin qui m’emmène à Châteaubriant. Ensuite, c’est en train que je rejoins Angers. À la gare, plusieurs camions sont rangés prêts à partir, avec les bleus dont je fais partie, à la caserne Desjardin d’Angers pour subir des examens médicaux. Quelques jours passent et je suis transféré au 6ème Régiment du Génie de la caserne Verneau, toujours à Angers. Mes classes s'achèvent au bout de quatre mois de présence et j'obtiens une permission avant le grand voyage. Le lundi 22 septembre, je dois repartir, et pour longtemps cette fois. Lorsque je me présente à la gare SNCF de Châteaubriant, il n'y a plus de train pour Angers. Je vais à la gare routière et je prends un autocar de ligne régulière mais je n'arrive à la caserne qu'à midi. je considère que mon retard reste raisonnable car le dernier militaire n'arrive que le lendemain matin. Jeudi 25 septembre 1958 à 17 heures, nous sommes environ deux-mille-huit-cent troufions à embarquer sur le bateau Maréchal Joffre » au port de Marseille. Je suis sur la Méditerranée le 26, lorsque j'écris une carte postale que j'adresse à mes parents et ma sœur. Après avoir passé trois jours et deux nuits en mer, nous atteignons Philippeville. Le train qui nous prend en charge roule au bord d'un précipice. Nous avons la peur au ventre jusqu'à notre arrivée à Bizot, à vingt kilomètres au Nord de Constantine. Nous y restons peu de temps puis nous sommes mutés à Djidjelli. Nous logeons dans des caves à vin. D’autres dorment sous tente. Je cohabite avec trois gars originaires d'Ille-et-Vilaine René Brossaux, d'Arbrissel ; Edouard Météreau, fils d'un garde-barrière de Rannée ; René Richard, fils d'un garde-barrière de Messac ; Amand Canet, fils d'un boucher de Dingé. Je reviens plusieurs fois au 65ème bataillon de Bizot pour suivre des cours de conduite. Le 17 janvier 1959, j’obtiens mes permis VL et PL. Je suis désigné pour conduire des GMC et des half-tracks. Entre-temps, je monte des gardes. Nous sommes souvent deux chauffeurs de camions pour conduire une quarantaine de soldats, équipés de pelles et de pioches, dans des endroits perdus en montagne. Ces soldats sont employés à faire du terrassement pour la construction d’une piste. Un jour, nous partons de Djidjelli en formant un convoi. Nous longeons les gorges de Kherrata. Tout à coup, nous trouvons un camion-grue en travers de la chaussée. Il remonte une automitrailleuse tombée au fond du ravin profond d’environ une centaine de mètres. Nous restons bloqués pendant plusieurs heures. Sur une paroi de la falaise, face à nous, nous remarquons d’énormes dessins ayant été réalisés, au marteau et au burin, par des condamnés à morts suspendus dans le vide au bout d’une corde accrochée en haut de la falaise. Selon les dires, lorsque les dessins étaient terminés, des soldats tiraient une balle dans la corde et les condamnés tombaient au fond du ravin. Une nuit, du poste où je me trouve, je distingue une lumière à seulement une vingtaine de mètres de moi. Sans trop réfléchir, j’imagine que des fells rodent dans le secteur et je crie Haut les mains ! ». En réalité, c’est une patrouille de nuit. En septembre 1959, après un an de présence sur le sol algérien, j’obtiens une permission. En montant sur le bateau Ville de Marseille », je pense aux douze soldats d’un régiment stationné près du notre qui, venant d’avoir la quille, sont tombés en embuscade à El Harrouch, il y a quelques semaines, alors qu’ils se rendaient au port où ils devaient embarquer pour la France. Aucun d’eux n’a survécu. Peu après être revenu en Algérie, j’attrape la jaunisse. On me conduit à l’hôpital de Philippeville et un vieux colonel me donne une seconde perme et je rentre à nouveau en France. Je prends le bateau à Philippeville le 8 janvier 1960 et le lendemain je suis à Marseille. De retour à Pouchard, je passe un mois en convalescence chez mes parents. Quand ma permission arrive à son terme, je décide d’aller me faire ausculter à l’hôpital militaire Ambroise Paré, à Rennes. On m’envoie à la caserne du Colombier où je trouve une quinzaine de gars qui, comme moi, n’ont pas envie de repartir en Algérie. Au bout de quinze jours, on me propose de poursuivre mon service en France et on me demande si j’ai des préférences. J’indique que j’aimerai bien aller au camp de Coëtquidan où Eugène Chevrel, mon futur beau-frère, fait son service militaire. Comme lui, je pourrai rentrer à la Bosse à vélo le week-end. Ma demande n’est pas retenue. Je suis renvoyé à la caserne Verneau d’Angers, là où j’ai fait mes classes. N’ayant pas grand-chose à glander, je passe pas mal de temps aux cuisines et je mange tout ce que je veux. Au bout de quelques temps, on m’attribue un camion et j’emmène des militaires en manœuvre. Je conduis aussi le camion assurant la collecte des ordures ménagères dans les casernes Verneau et Desjardin. On me met deux taulards pour charger les poubelles dans le camion. Je suis libéré le 25 août 1960. [Raconté par Antoine Rouiller 81 ans – le 7 septembre 2019] AR38 35012 ***** J’ai deux souvenirs du dimanche 4 mai 1958 Le départ à l’armée d’Antoine que je fréquentais depuis quelques mois. La naissance de ma filleule Brigitte Hurel, la jeune des filles de Germaine, ma sœur aînée. [Yvette Rouiller 84 ans épouse d’Antoine – le 24 septembre 2019] YR35 35012 ***** Je me souviens très bien d’Antoine. J’ai cohabité avec lui à Gastonville, à Taher, à Bouktoub, à Strasbourg, à Bounoghra et à Djimar, des petits villages situés en Kabylie, aux alentours de Djidjelli. Nous étions employés à faire des passages busés et des canalisations sur les routes. Antoine s’occupait de la bétonnière. Nous réalisions aussi des gabions avec des coffres en grillage que nous remplissions de cailloux. Une fois, nous sommes tombés en embuscade entre Djimar et Abdelaziz. La Coloniale et les paras qui étaient avec nous ont capturé cinq fellaghas. Ils les ont enfermés dans une cave à pinard. Quand ils en sont ressortis, ils étaient gelés. Au réveillon de Noël 1959, nous avons bu un bouteillon de vin chaud en mettant des morceaux d’orange dedans. Nous disions que c’était pour chasser la grippe. Nous avons souvent eu l’occasion de boire des bolées ensemble dans les caves à pinard de Djimar. Il y avait du bon rosé et ça nous est arrivé plusieurs fois de rentrer bourrés le soir. S’apercevant que des quantités importantes de vin disparaissaient, le colon avait porté plainte. Les gendarmes étaient venus et ils s'étaient moqués de lui. [Edouard Météreau 82 ans – le 4 novembre 2019] EM37 35051 ***** En Algérie, j’étais avec Antoine à Kemekem, à Bizot, à Djidjelli, à Strasbourg, à Gastonville, à Borgseline, à Philippeville… Parmi les autres copains il y avait Michel Festoc de Saint-Médard-sur-Ille, Le Jossec du Finistère, Charpentier, Ledigabel, Québriac, Texier de Noirmoutier, Jean-Marie Baland des Landes, Joseph Macé de Fief-Sauvin, Leny, Pereaudin, Faure, Primot de Paris, Porte, Stuzman, Rivière sergent-chef, David sergent, de Fougères. Le 14 juillet 1959, j’accompagnais le groupe qui se baignait en mer à Philippeville. J’étais resté sur la plage pour garder les mitraillettes. Plusieurs fois, les jours de repos, nous sommes allés à la chasse au sanglier avec notre fusil MAS 36. Pour que l’animal reçoive un maximum d’impacts, nous avions scié le bout des cartouches. Lorsque nous avons fait le terrassement des pistes sur la campagne de Bizot, des musulmans nous ont aidé. J’étais Cabot-chef et c’est moi qui leur distribuais la paie en fin de mois. Systématiquement, les nuits suivantes, des individus n’ayant pas participé aux travaux rodaient dans le secteur pour essayer de dérober l’argent de ceux qui l’avaient gagné. [Amand Canet 82 ans – le 3 décembre 2019] AC36 35094 Eté 1958, à Angers Antoine Rouiller, à droite Pendant une permission Claude Gasnier du Sel, Antoine Rouiller et sa fiancée Yvette Chevrel. photo probablement prise chez Pascal et Lucienne Marsollier, à La Bellandière, où Yvette assure quelques services [AR38] 26 octobre 1958 – Treize bretons à Strasbourg, en Algérie 1 René Richard de Messac, 2 Edouard Météreau de Rannée, 3 X Ledigabel du Finistère, 4 X Le Jossec, 5 Daniel …… du Morbihan, 6 Antoine Rouiller de La Bosse, 7 xxxx, 8 Jean-Marie Bommé de Rougé, 9 René Brossaux d’Arbrissel, 10 xxxx, 11 Amand Canet de Dingé ; 12 Jean-Marie Prigent de Landivisiau, 13 X Rigeard Nantais. ​​​​​​​ Printemps 1959, à Bouktoub Antoine Rouiller s'occupe de la bétonnière. Jean Bapaknic un polonais est à sa gauche. [EM37] En Algérie 1 xxxx, 2 Antoine Rouiller, 3 X Régnault Mardi 14 juillet 1959 à Philippeville X Canut de Marseille, X Porquet de Caen, Antoine Rouiller de La Bosse. En Algérie René Richard arrosant le sanglier qu'Antoine Rouiller a écrasé avec son camion. Présents aussi Théophile Brossaux et X Porquet. En Algérie Antoine Rouiller, au volant d'une jeep En Algérie Antoine Rouiller 1958-1961 – du mercredi 3 septembre 1958 au jeudi 5 janvier 1961 Contingent 58/2A Jean Hamon Le jour de mon incorporation, nous sommes trois frères sous les drapeaux Je quitte les Cours-Luniaux, en La Bosse-de-Bretagne, le 3 septembre 1958 pour aller servir dans le 5ème Régiment d’Infanterie, au camp de Meucon. Dans quelques jours, mon frère René va rentrer de son service militaire qu’il effectue au Maroc. Mon frère Henri fait le sien en Tunisie. Ma formation de base en tant que jeune recruté dans l’armée se déroule dans un régiment disciplinaire où il faut faire beaucoup de marche et de parcours du combattant. Pendant mes quatre mois de présence à Meucon, j’obtiens deux permissions dont une de huit jours au moment où je termine mes classes. Je pars pour l’Algérie le 2 janvier 1959. Je prends le car des transports De Saint-Hénis au bourg de La Bosse, à l’arrêt situé devant le café-épicerie de Robert Hugues, près de la pompe à essence. Rendu à Rennes, je prends le train pour Paris, puis destination Marseille. J’embarque le 13 janvier sur le bateau El-Djazair » et, arrivé à Alger le 14, tous les soldats de ma section s’entassent dans des camions et nous sommes conduits dans une ferme, en haut du col de Ben Chicao. Le poste de commandement est à Bradza. Je suis opérationnel le 15 janvier dans la 3ème section du 504ème Bataillon du train. À peine arrivé, je pars trois mois à Boghari pour faire stage commando. Ensuite, je suis mis en réserve à seulement une dizaine de kilomètres, sur la commune de Boghar située dans les Monts de l’Ouarsenis. Lorsque mon stage est terminé, je reviens à Boghari. Je monte des gardes de temps en temps mais je m’en vais surtout en opération dans le djebel de Mongormo ou dans les gorges de Chiffa. Nous sommes héliportés sur des pitons et nous devons sauter du Sirkorsky. La nuit, nous partons, à une dizaine d'hommes, à pied avec la mitraillette au poing et le sac sur le dos. Nous avons pour mission de repérer les endroits où il y a des rebelles. Nous encerclons des mechtas. Quand nous sommes en embuscade, je tire des fusées. Le 28 août 1959, jour de mes 21 ans, au cours d’une opération improvisée dans le secteur de Bei Royat, le lieutenant me dit Lance des patates ». Je suis à plat ventre sur un talus et j’actionne mon lance-grenades. La riposte est immédiate. Mon copain Roger Letertre originaire de Clisson me prend par les pieds et m’attire avec lui au fond du fossé. Son geste me sauve la vie. Je n’ai jamais pensé autant à ma mère que ce jour là . En début d’année 1960, je rentre en permission dans ma famille que je n’ai pas revue depuis un an. Pendant la semaine des barricades du 24 janvier au 1er février 1960, je monte la garde dans les rue d’Alger avec un légionnaire originaire de Brest. Nous faisons des escortes à pied pour permettre à des arabes civils de pouvoir rentrer à leur domicile. Le 27 janvier 1961, après avoir passé vingt-quatre mois en Algérie, je suis libéré. Je rentre en France avec le Ville d’Oran » le 28 janvier avec une permission libérable et je suis rayé des contrôles du corps le 5 janvier 1961. [Raconté par Jean Hamon 80 ans – le 16 août 2019] JH38 35051 ***** Jean et moi, nous nous sommes connus en 1958, un peu avant son départ à l’armée. Domestique dans la ferme voisine à celle de mes parents, il avait 20 ans et j’en avais 15 et demi. Nous avons correspondu pendant ses vingt-huit mois de service militaire et, le 4 juillet 1962 la veille de l'indépendance de l'Algérie, nous nous sommes mariés. Nous avons habité au 30 rue Lobineau, à Rennes jusqu'en 1965 et à Fouillard ensuite. En 1971, nous sommes revenus à La Gravelle en Cesson, le village de nos premiers amours, et nous y sommes toujours. Je suis allée pour la première fois chez ses parents, à La Bosse, juste après son retour d’Algérie. J’ai pris la ligne des Autocars Drouin pour aller à Poligné et mon vélo voyageait sur la galerie. Jean n’était pas à m'attendre lorsque je suis descendue du car si bien que j’ai cru qu’il m’avait posé un lapin. Quelques minutes plus tard, il est arrivé avec son vélo, lui aussi. Ensuite, nous avons pédalé en direction des Cours-Luniaux. [Simone Hamon 76 ans épouse de Jean – le 12 septembre 2019] SH43 35051 Début de l'été 1959 Jean Hamon avec le fusil mitrailleur, dans le djebel Mongorno Eté 1959 Jean Hamon avec le pistolet mitrailleur, dans le djebel Mongorno Eté 1959 Jean Hamon torse nu devant l'hélico, avec Roger Le tertre à sa gauche Eté 1959 Jean Hamon avec le poste radio, dans un mirador à Mongorno Août 1959 Jean Hamon, de corvée de cuisine à la roulante, aux environs de Bei Royay Printemps 1960 Jean Hamon devant l'hôpital de Médéa, après quelques jours d'hospitalisation Printemps 1960 Roger Letertre et Jean Hamon avec la roulante, à Boghar 1959-1961 – du mardi 3 février 1959 au vendredi 12 mai 1961 Contingent 59/1 Bernard Aulnette J'ai fait retarder un double mariage Il y a soixante ans aujourd’hui, le mardi 3 février 1959, je quittais mon village natal et le lendemain j’étais incorporé pour le service militaire obligatoire. J’avais une année de retard par rapport à mon contingent car lorsque je suis passé au conseil de révision, mon poids était inférieur à 50 kg. Je suis affecté dans l’armée de l’air, à la base aérienne 103 d’Epinoy située dans le Pas-de-Calais, à dix km de Cambrai. Durant mes trois mois de classes, j'obtiens deux permissions dont la dernière juste avant mon départ pour la guerre d’Algérie. Nous sommes une trentaine à rentrer pour quelques jours en Bretagne et nous devons être de retour lundi 24 avril à 7h00, ce qui nous oblige à repartir de chez nous dès dimanche midi. Comme ça ne convient à personne, nous nous faisons le mot puis nous reprenons le train seulement dans la soirée, si bien que nous n'arrivons à la caserne qu’à 11h00. L’Adjudant de discipline nous attend de pied ferme au poste de garde. Nous avons fait une bêtise mais nous sommes à Cambrai… Le départ pour l’Algérie programmé demain nous évite de faire de la tôle mais l’Adjudant nous emmène chez le coiffeur et nous en ressortons avec la boule à zéro. Le 26 avril, nous quittons définitivement la base pour rejoindre Marseille où il nous faut attendre deux jours dans une caserne de transit avant d’avoir un bateau. Enfin, embarqués à bord du Sidi Bel Abbès, le 30 avril nous posons les pieds sur le sol algérien, au port d’Oran. La coupe de cheveux des bleus que nous sommes amuse les soldats expérimentés qui nous accueillent. Pour nous dédouaner, nous disons qu’une canicule nous a été annoncée… Quelques jours plus tard, nous sommes conduits à Thiersville, dix-huit kilomètres au sud de Mascara, en direction de Saïda. Au cours de l'été, nous sommes un petit groupe à nous relayer et nous montons la garde dans les champs céréaliers pendant la moisson pour faire en sorte que les fellaghas ne puissent venir mettre le feu au matériel. Les parcelles sont très étendues mais les sols sont pierreux et les rendements peu abondants. Pour les colons qui exploitent ces terres, notre présence est précieuse. Toutefois nous n'avons aucune considération. Il ne leur viendrait pas à l'idée de nous donner la moindre pratique, pas même une boisson. Fin août 1959, le Général de Gaulle effectue une tournée d'inspection des zones d'opérations en Algérie la tournée des popotes. Le jeudi 27 août, il est de passage à Thiersville et je fais partie de ceux qui sont désignés pour lui présenter les armes. À la mi-septembre, je devais avoir une permission pour le mariage de ma sœur Madeleine avec Rémy Tessier prévu le 19 septembre. Elle est refusée car elle coïncide avec la date de ma nouvelle affectation à la base aérienne 141 de la Sénia, en périphérie de la ville d’Oran. Madeleine et Rémy, apprennent la nouvelle au moment où les invitations sont sur le point d'être imprimées. Ils s’empressent de contacter la mairie, le presbytère, le restaurant…, afin de voir si un report peut être envisagé. Ce n’est pas simple car il s’agit d’un double mariage. Il faut aussi l'accord d'Alice la sœur de Rémy et de son fiancé Bernard Pichard. Heureusement, chacun fait preuve de bonne volonté et l'union de Madeleine et Rémy est repoussée au 22 octobre. Cette fois, on me laisse partir et j'ai le bonheur de pouvoir assister au mariage de ma sœur. Pour être sûr d’arriver à temps, je prends l’avion à Oran et j'atterris à Toulouse-Blagnac. Quand je reviens à la base, je suis toujours affecté à la section de protection. Je fais des patrouilles, armé d’un pistolet mitrailleur MAT 49, mais je ne vais jamais au combat. Je monte la garde un jour sur trois deux heures de garde et quatre heures de pause, en rotation sur 24 heures. Le 2ème jour je suis en repos et le 3ème en alerte. Le jeudi 14 juillet 1960, je défile à Oran. Tous ceux qui, comme moi, servent dans l'Armée de l'air, sont amenés en autocar depuis la base aérienne de La Sénia. Les soldats appartenant à d'autres régiment arrivent en camion. Le 1er août 1960, je deviens Sous-chef. Quelques jours plus tard, j'obtiens une deuxième et dernière permission d’une vingtaine de jours avec un débarquement à Port-Vendres. À mon retour à la caserne, je suis nommé 1ère classe. Je ne monte plus la garde sur le terrain mais je travaille dans un bureau. J’ai pour mission de réveiller les copains et d’assurer le bon fonctionnement du service. Il m’arrive aussi de partir en mission en tant que volontaire, pour escorter des camions GMC dans des convois exceptionnels dirigés sur Colomb-Béchar, Blida ou Tlemcen. Une fois, dans un de ces convois, un de mes potes tire par mégarde sur un troupeau de montons. Nous évitons la riposte de justesse. Ma mère m'adresse un courrier dans lequel elle m'annonce qu'Arsène et Madeleine Aulnette voisins abandonnerons leur ferme de La Touche à la Saint Michel de l'année prochaine et qu'ils s'installeront dans une plus grande à Martigné-Ferchaud. Intéressés par la reprise de leurs terres, mes parents m'interrogent afin de savoir si j'ai l'intention de leur succéder le jour où ils atteindront l'âge de la retraite. Je ne leur laisse aucun espoir mais ils saisissent quand-même l'occasion. Ils exploiteront le double de la superficie actuelle durant les neuf dernières années de leur vie active. À Oran, j’ai le plaisir de rencontrer Robert Drouin et Michel Desbois, deux gars de La Bosse. Mais le soldat avec lequel je passe le plus de temps à l'armée, c’est Jean Bricaud, de La Dominelais. Depuis le début de notre service militaire, nous fréquentons les mêmes bases aériennes. Exempté de port d’arme, Jean travaille à l’entretien. Il ravitaille les avions en carburant et, de temps à autre, il assure le poste de vaguemestre. Il arrive même qu'il me conduise chez le dentiste à Mascara. Le lundi 16 janvier 1961, je réussi mon examen de permis de conduire pour moto, voiture légère, poids lourd et transport en commun. Comme ça été le cas pour les leçons de conduite, je le passe sur mon temps de repos, à Oran, dans une auto-école dont le patron est arabe. Il n'est pas financé par l'armée mais avec de l'argent qui m'a été envoyé par mes parents. C’est à La Sénia que j’obtiens la quille mais, une semaine avant, je ne sais toujours pas si je vais partir. Le putsch d’Alger du 21 avril, dirigé par les quatre généraux Challe, Jouhaud, Salan et Zeller qui tentent de renverser le gouvernement du Général de Gaulle me met dans l’incertitude. Le 1er mai 1961, je quitte une Algérie encore française et toujours déchirée par la guerre. Je reprends le bateau à Oran pour une dernière traversée de vingt-cinq heures avant de débarquer à Marseille. Je monte dans le train pour Paris et ensuite pour Rennes où j'arrive le mercredi 3 mai à midi. Par le plus grand des hasards, je croise mon cousin Alfred Guibert en sortant de la gare. Alfred 18 ans propose de me prêter sa mobylette. Evidemment j’accepte. Mon baluchon installé sur le porte-bagages et après avoir dit merci à mon cousin, je monte sur sa bécane. Rendu au Pont de Nantes, je prends la direction de Bain-de-Bretagne et quinze kilomètres plus loin, après les virages de Bout-de-Lande commune de Laillé, je m'endors au guidon de la mobylette qui vient de m’être prêtée. L’accident est fatal. Retrouvé au fossé, je suis secouru par les exploitants de la ferme située juste en face – Onze ans plus tard, ces braves gens deviennent les beaux-parents de mon frère René. Là encore, le hasard veut que le portillon d’entrée de la propriété où René et Monique habitent depuis 1980 se trouve à l’endroit où j’ai perdu connaissance – Je me réveille au CHU de Pontchaillou, à Rennes, alors que je suis attendu à La Touche en La Bosse. Pendant neuf jours, ma quille reste pendue à la tête de mon lit d’hôpital. Je ne rentre à la maison que le vendredi 12 mai 1961. Je suis retourné une fois à la caserne de Cambrai, fermée depuis 2013, mais jamais je n’ai remis les pieds en Algérie. Un jour peut-être ? Quant à Jean Bricaud, nous sommes toujours restés copains ! [Raconté par Bernard Aulnette 81 ans – le 3 février 2019] BA38 35066 ***** Bernard, je l’appelais le grand frère ! Nous nous sommes reconnus sur le quai de la gare de Rennes le jour de notre départ, suite à une rencontre lors d'une manifestation organisée par la JAC peu de temps avant. Où vas-tu À Cambrai », et toi À Cambrai ». Nous avons pris le train ensemble et, rendus à Montparnasse, un cousin, conducteur de taxi, m'attendait pour m'emmener à la gare du Nord. Bernard en a bénéficié. A Cambrai Nous étions six dans la même piaule Deffains, Leprêtre, Aulnette, Bricaud, Billy et Kervennic. Le gentil Billy ne venait jamais boire un coup avec nous car il possédait peu d’argent, ce qui ne l’empêcha pas de se faire voler 1000 francs anciens dans son placard. Prévenu, le lieutenant rentra dans notre chambre, accompagné du sergent Abdala et du caporal Hébert. Le capitaine Guine vint aussi mais il resta à la porte. Nous avons tous été fouillés. J’avais une trouille terrible en imaginant qu’un camarade avait déposé le magot dans mon placard et que j’aurai été jugé responsable. Le caporal trouva le pactole dans la poche de Kervennic, un bel homme à moustache pourtant gentil lui aussi… Ce jour-là nous avons compris que nous devions nous méfier de tout, y compris des bons copains. Après le départ des gradés, Bernard m’avait dit Un moment j’ai cru que c’était toi, tellement tu transpirais ». En Algérie J’ai été affecté au garage parce que j’avais mon permis de conduire. Bernard était à la protection. Quand nous étions tous deux en repos, nous allions souvent ensemble à la plage ou au cinéma. Il lui est arrivé aussi de venir avec moi emporter des messages quand j’étais courtier. Le danger était permanent. Une fois, avec le sergent, en arrivant à la Poste de Mascara, nous avons appris qu’une embuscade venait d’avoir lieu à Froha, où nous étions passés quelques minutes plus tôt. Cinq fellaghas avaient tiré sur un camion de la Légion avant d’aller se réfugier dans une mechta. La Légion riposta en appelant un régiment de chasseurs en renfort, parmi lesquels il y avait un maître-chien français. Ce dernier fut tué dans l’attaque, tout comme les cinq Résistants. Je me souviens avoir croisé le Colonel Bigeard à Thiersville. Il était venu remercier des aviateurs qui l'avaient sauvé lors d'une embuscade. En cadeau, il leur a remis l'arme qui aurait pu lui faire perdre la vie. [Raconté par Jean Bricaud 81 ans – le 7 février 2019] JB37 35098 ***** Un dimanche de juillet 1960, les parents Bricaud invitent la famille Aulnette à venir leur rendre visite à La Dominelais. C’est Rémy, le beau-frère, qui nous y a conduits avec la Peugeot 203 camionnette bâchée de son père. Nous sommes assis à l’arrière, sur des bancs installés de chaque côté. Dans les virages, nous devons nous agripper à la ridelle… Rendus chez Jean-Marie et Marie Bricaud, la discussion est essentiellement axée sur la vie de Jean et de Bernard, nos deux soldats basés en Algérie. Après avoir pris le dessert et goûté les confitures de groseilles, Jean-Marie et Marie puis Marie-Madeleine et Annick les deux sœurs de Jean nous emmènent voir un spectacle de moto-cross disputé tout près de chez eux. [Joseph Aulnette, frère de Bernard – le 7 février 2019] JA49 35235 ***** Et oui, c’est vrai que j’ai passé du bon temps avec Bernard et Jean à Cambrai. Nous avions le même capitaine et le même sergent mais je ne me souviens plus de leur nom. Par compte, je n’ai pas oublié ce 24 avril où nous avons tous eu la boule à zéro. Des fois on dit que les jeunes sont désobéissants mais, à leur âge, ça nous est arrivé de l’être aussi… Bernard et Jean, je les ai perdus de vue à la fin des classes. Comme eux, je suis parti de Marseille pour rejoindre Oran mais nous n’étions pas sur le même bateau. J’ai embarqué sur le paquebot Kairouan. Rendu en Algérie, j’ai eu une 1ère affectation à Tlemcen où je suis resté quinze mois. Les neuf derniers mois j’étais à Djelfa. Nous nous sommes retrouvés il y a sept ou huit ans et depuis nous nous invitons chaque année. [René Deffains 80 ans – le 16 février 2019] RD38 35091 ***** Le mercredi 3 mai 1961, Bernard ne s’est pas endormi comme il le prétend, en passant devant la maison de mes parents. Avec sa valise sur le porte-bagages de sa mobylette, il a été déséquilibré en levant le bras à Huguette employée chez les voisins qui se trouvait sur le pas de la porte avec Maman et moi-même. J’avais 13 ans mais, aujourd’hui encore, je me souviens très bien avoir vu Bernard zigzaguer sur la route avant de finir sa course dans le fossé, à côté de la fontaine. Après l'avoir fait entrer à la maison, Maman l’a invité à s’asseoir sur une chaise près de la gazinière et, pour l’aider à reprendre conscience, elle lui a donné un sucre imbibé d’eau de vie. [Marie-Anne Morvan 71 ans – le 17 janvier 2020] MAM48 35124 ***** Ma valise a été fabriquée par Roger Paris, le menuisier de La Bosse. J’ai dû la réclamer tous les jours pendant la semaine précédant mon incorporation. À chaque fois, Roger me disait Elle sera prête demain ! » Je ne l’ai récupérée que la veille de mon départ. Elle m’a été bien utile cette valise en bois. Elle m’a souvent servi de tabouret que ce soit dans les gares, dans les trains, sur les ports ou sur les bateaux. Elle m’a aussi joué un mauvais tour. Si je me réfère aux propos de Marie-Anne voir ci-dessus, je constate qu’elle est responsable de l’accident qui m’a valu neuf jours d’hospitalisation, à mon retour d’Algérie. [Bernard Aulnette – le 17 janvier 2020] BA38 35066 ***** J'ai fais mes classes à la base aérienne de Cambrai en même temps que Bernard mais, bizarrement, je ne me souviens pas de lui. Il raconte qu'une trentaine de gars s'étaient retrouvés avec la boule à zéro parce qu'ils étaient rentrés de permission en retard. Ça, je m'en souviens car je faisais partie du lot. Lorsque nous avons débuté notre formation, le Sergent de notre section un Corse avait dit Si vous marchez en vous tenant correctement, je ne vous embêterais pas ». C'est vrai que nous n'avons pas été trop malmenés. J'avais mon permis VL avant l'armée et j'ai passé le poids lourd à Cambrai si bien qu'en arrivant en Algérie, on m'a affecté un camion. [Joseph Poulain 81 ans – le 14 décembre 2020] JP39 35125 Eté 1959, à Thiersville Bernard Aulnette, à droite, avec ses copains lors d'une soirée de déguisement 1960 Jean Bricaud et Bernard Aulnette, à la base aérienne de La Sénia 1960 Bernard Aulnette, devant un T6, à la base aérienne de la Sénia 1960 Robert Drouin et Bernard Aulnette se rencontrent à Oran. 1960 Bernard Aulnette et Robert Drouin 1960 Bernard Aulnette derrière celui qui est assis sur la ridelle du GMC en convoi près de Colomb-Béchar 1960 Bernard Aulnette avec un casque en convoi près de Colomb-Béchar 1961 Bernard Aulnette, à la base aérienne de La Sénia 1961 Bernard Aulnette à l'avant dernier rang, en calot. Près de lui, Pierre Legavre de Saint-Grégoire avec la section de protection, peu avant la quille 1959-1961 – du début avril 1959 à fin juin 1961 Claude Savouré J'apprends à nager avec une chambre à air Au printemps 1959, je pars au service militaire après avoir été ajourné d’une année pour cause de poids insuffisant. Je suis incorporé dans la Cavalerie à Saumur. Dans la caserne où je suis, je ne fais pas seulement mes classes mais c'est là que j'ai une affectation ensuite. Je ne demande pas à partir, dans l’unité où je suis l’esprit est plutôt bon enfant. Comme je reste à l’école de cavalerie pour une durée non déterminée, on veut m’attribuer un travail. On me propose un poste de chauffeur et ça ne m’emballe absolument pas. J’ai mon permis civil mais je ne le dis pas. Je fais une formation avant de passer l’examen et, dès que je deviens titulaire du permis militaire, j’intègre l’équipe de conducteurs. J’emmène régulièrement des Elèves Officiers de Réserve EOR au camp militaire du Ruchard Indre-et-Loire où ils vont s’entraîner pour pratiquer le tir à l’arme légère. Je rentre assez souvent en permission à La Bosse et la plupart du temps, je fais le trajet en stop. Une fois, ce sont des forains qui me ramène avec leur camionnette à Bain-de-Bretagne. Pour le retour, je prends toujours le train pour être certain d’arriver à l’heure. Par deux fois, c’est un militaire effectuant son service dans le même régiment que moi mais dans un autre bataillon qui me ramène en moto à l’école de cavalerie. En arrivant, il se permet de remplir le réservoir de sa bécane à la pompe à essence de la caserne. C’est seulement au bout de quatorze mois de présence à la Cavalerie de Saumur, que je suis envoyé en Algérie. Je prends le train pour me rendre à Marseille et j’embarque sur un bateau. Le lendemain, je suis au port d’Alger. Nous sommes nombreux à être emmenés en camion au 6ème Régiment de Cuirassiers basé à Aïn-M’lila, dans le Constantinois. J’y reste quelques mois et, ensuite, la plupart d’entre nous sont mutés à Châteaudun du Rhumel avant d’être dispatchés par groupes de trois ou quatre dans les fermes environnantes. Je me retrouve avec André Horvais, un de mes meilleurs copains. Il est originaire de Dingé. Nous obéissons aux ordres du brigadier-chef Cherouvrier, un engagé qui vit à la caserne avec son épouse et ses enfants. Ils habitent dans logement indépendant. La nuit, nous nous relayons à quelques-uns pour monter la garde dans un mirador, chez un colon fortuné qui possède une très grande exploitation. Pendant les pauses, nous dormons sur des lits de camp mis à notre disposition dans une petite pièce située en bas du mirador. Dans la journée, nous avons pour mission de surveiller les bougnoules employés sur la ferme. Bien que serviables, ils sont filous et nous devons constamment être derrière eux. Gros amateurs de bières, ils ouvrent les bocks avec leurs dents. Nous profitons d’un bassin d’eau disposé sur un monticule de terre qui, à l’aide d’une tuyauterie en serpentin, abreuve l’élevage de cochons se trouvant en contrebas. Avec l’accord du colon, nous utilisons cette réserve comme s’il s’agissait d’une piscine et nous apprenons à nager avec une chambre à air. Quand nous avons besoin de nous ravitailler en nourriture, c’est le colon qui nous emmène à la ville. Lorsque la quantité est insuffisante, la nuit d’après nous volons un cochon au patron. Nous le tuons et nous le préparons aussitôt. Il en a tellement qu’il ne s’en aperçoit même pas. Il nous arrive aussi de choper des volailles dans le poulailler. Nous les préparons et, afin de ne laisser aucune trace, nous jetons la tripaille et le plumes dans les chiottes. C’est un breton qui fait la popote, un certain Baratte. Un jour, il nous prépare des escargots "des p'tits gris". C’est la première fois que j’en mange et je me régale. Nous n’avons pas souvent l’occasion d’aller nous promener dans les parages environnants. Une fois cependant, nous partons pour une semaine à Djidjelli pour passer des vacances au bord de la mer. Le lieutenant-colonel Bonnefous signe mon certificat de bonne conduite le 18 juin 1961. À la fin du mois je suis libéré, sans jamais être rentré dans ma famille depuis mon arrivée en Algérie. [Raconté par Claude Savouré 81 ans – le 8 janvier 2020] CS38 35335 Le certificat de bonne conduite de Claude Savouré. Le verso du certificat de bonne conduite de Claude Savouré, paraphé par les gars de sa section le jour de la quille. 1959-1961 – du dimanche 3 mai 1959 au mercredi 19 juillet 1961 Contingent 59/1B Elie Péan J’ai fait la totalité de mon service militaire en Algérie Le 3 mai 1959, mon père m’emmène en moto à Poligné et je prends le car la ligne Drouin pour me rendre à Rennes. À la gare SNCF, je rencontre Jean-Claude Colombeau, d’Eancé. Il est appelé pour servir au même régiment que moi. Nous partons tous deux directement en Algérie mais nous devons récupérer notre tenue militaire dans une caserne au Mans où nous restons deux jours. Lorsque nous revenons à la gare, nous sommes contrôlés par la police militaire qui nous oblige à ouvrir notre paquetage. Nous prenons le train pour Marseille et, le 12 mai, nous montons à bord du Ville de Tunis », un bateau à la fois beau et rapide. Le 13 mai, quand nous débarquons à Oran, deux camions nous attendant. Nous sommes une cinquantaine de soldats de la 59/1B à être conduits à Mostaganem. Nous dépendons du 31ème groupe vétérinaire, un régiment qui a pour rôle de dresser des chiens et de former des maîtres venant de différents corps. À la caserne, où il y a une centaine de chiens et autant de chevaux de concours hippiques, je fais connaissance de Léon Roulin, un gars de Corps-Nuds qui fréquente Paulette Ermoin, une de mes petites cousines. Affecté au contingent 59/1A, il est ici depuis deux mois. Fin juin, nous sommes séparés car Léon est envoyé en montagne. Il sera des fois plusieurs mois sans redescendre. J’ai un autre gars d’Ille-et-Vilaine dans ma section, Joseph Merlet du 59/2A. Il est originaire de Sixt-sur-Aff. Le 28 août 1959, mon contingent termine ses classes. Nous allons être répartis en trois groupes vétérinaires différents une quinzaine de troufions reste au 31ème GV de Mostaganem, une autre quinzaine au 32ème GV de Saint-Arnaud et nous sommes une trentaine à rejoindre le 541ème GV de Blida où il manque beaucoup de maîtres-chiens. Nous logeons dans des box à chevaux durant la première semaine et ensuite nous dormons sous tente. Quand le vent "Sirocco" souffle, nous devons retenir la toile pour ne pas qu'elle s'envole. Dès mon arrivée au 541ème, on m’attribue un chien de maintenance et je fais une formation de maître-chien. Pendant mon stage, j’assure moins de gardes. Je fais connaissance de Pierre Planchais, un engagé originaire de Bain-de-Bretagne. Il est maréchal des logis-major et il dresse des chiens de toutes catégories pour les parcours du combattant. Ma formation achevée, je pars souvent en patrouille en fin d’après-midi avec mon chien et j’arpente des terrains pentus qui ressemblent aux landes du Cléray. Je dois escalader une trentaine de marches puis crapahuter sur deux-cents mètres en renouvelant cet exercice plusieurs fois de suite. Quand j’arrive en haut, je n’ai plus de souffle. Pour descendre, c’est encore plus difficile. Je ne rentre que le lendemain en soirée 25 heures à chaque fois. Une nuit, je monte la garde sur un sommet dominant Oued El Alleug et, à deux reprises, des rebelles surgissent à l’endroit où je me trouve. La 1ère fois, à 1h40 et la 2ème presqu'aussitôt. C’est mon chien qui m’avertit et qui les fait rebrousser chemin. Je tremble et je pense à ma mère en me disant que je ne la reverrai pas. À 2h00, lorsqu’un gars de ma section arrive pour assurer la relève, je réalise que mon chien m’a sauvé la vie. Avant d’aller me coucher, je monte au poste de commandement pour informer le maréchal des logis-chef de ce qui vient de m’arriver. Il téléphone au bidasse de service et celui-ci rapporte qu’après avoir entendu un bruit suspect, il a braqué un projecteur sur le poste de garde où j’étais et il a compté cinq fells à la 1ère tentative d’attaque et au moins une dizaine à la seconde. Fin août 1960, je rentre en permission pour dix-sept jours. Je demande une prolongation pour aider mes parents à battre le blé noir mais elle m’est refusée. J’embarque pour Marseille, sur le bateau El Djazair ». Pendant ma permission, je passe transmettre le bonjour à la femme de Pierre Planchais, à la demande de ce dernier. Elle va bientôt rejoindre son mari en Algérie. En prenant le bateau pour retourner à la caserne, je me dis que si j’avais fait mon service militaire en France, j’aurai bénéficié d’une autre permission, agricole celle-ci et de vingt-et-un jours mais, servant en Algérie, je n’y ai pas droit. Maintenant, j’apprends le métier de boucher avec un certain Leduc, originaire de la Mayenne, un bon gars. Pendant deux mois, jusqu’au jour où il est libéré, il me montre comment tuer des bourricots et des mulets et comment procéder à la découpe. La viande sert ensuite à nourrir les chiens. Je suis employé à la boucherie mais ça ne m’empêche pas de faire des patrouilles la nuit et de monter des gardes. Durant ces périodes de travail intense, je n’ai pas beaucoup de temps pour dormir. De toute façon, c’est difficile de se reposer ici car, dans la vallée de la Chiffa, la chaleur est étouffante même la nuit. À Mostaganem, nous ne manquions pas d’air mais nous étions en bordure de mer. Bénéficiant d'une perme de quarante-huit heures, Jean-Claude Colombeau et moi, nous nous rendons à Alger. Nous rencontrons Auguste Giboire et Robert Lunel, deux gars de La Bosse, ainsi qu'André Choquet, de Bain-de-Bretagne. Ma compagnie part rarement en opération mais quand nous y allons, c’est pour quatre ou cinq jours et sans nos chiens. Avec le sac et la toile sur le dos, nous montons à mi-hauteur du col de Chréa. L’hiver, il y a souvent de la neige. Je suis libéré à la mi-juillet 1961. Le 17, Jean-Claude Colombeau et moi-même, nous sommes au port d’Alger et nous embarquons sur le Sidi Okba », un vieux rafiot. La mer est très agitée et la casquette d'un légionnaire s'envole. Il court sur le pont pour la rattraper mais il arrive trop tard. Un message est diffusé au haut-parleur Descendez tous dans les cales, ne restez pas sur le pont ! » Nous sommes à Marseille le 18 et nous montons dans le train pour Lyon. Vingt minutes plus tard, nous en prenons un autre pour Nantes et là , Jean-Claude et moi, nous partons chacun dans une direction différente. Je prends place dans un car Drouin et, arrivé à Bain-de-Bretagne, je vais à pied chez Adrien Gérard, autocariste à La Croix-Blanche. Il est absent et son épouse Marcelle née Bretagne qui est ma cousine, est partie faire une leçon d'auto-école. Je n’ai pas d’autre choix que de faire du stop mais, en tenue militaire, je trouve facilement. Quand le conducteur me dépose à La Bellandière, au pignon de la ferme de mes parents, il me dit qu'il rejoint Rannée. Vers 9h00, je suis à la maison et ma mère est seule. Elle me dit Ah, te voilà , ton père et moi, nous pensions que tu ne serais arrivé qu’en début d’après-midi. » Je prends mon petit déjeuner et j’enfile la tenue de travail que j’ai abandonnée depuis vingt-six mois puis, avec ma faucille sous le bras, je rejoins mon père dans le champ de la lande. Avant de moissonner le blé, il dégage le tour avec sa faux afin permettre le passage de la lieuse. Travaillant dans le champ d’à côté, Arsène Nourisson m’aperçoit et aussitôt il arrive prendre des nouvelles du militaire qui vient de réintégrer la vie civile. [Raconté par Elie Péan 80 ans – le 22 septembre 2019] EP39 35030 ***** Avant d’aller en Algérie, Elie était passé voir mes parents à Corps-Nuds car il avait appris par Michel Dufeu, vétérinaire de Janzé venu soigner une bête à La ferme de la Bellandière, que j’étais à Mostaganem, dans le même régiment que celui qui était indiqué sur sa convocation. C’est moi qui l’ai emmené en jeep sur les hauteurs d’Oued El Alleug, où son chien lui a sauvé la vie. C’est moi aussi qui lui ai appris comment mettre ses guêtres. Elie n’a pas eu la vie rose car il a eu des classes difficiles et ensuite, il a monté beaucoup de gardes. Il était dans une section commandée par deux gradés, un maréchal des logis un appelé qui était sympa et un jeune rempilé qui leur en a fait baver. Lorsque j’ai quitté Elie, je suis allé à Agbou. J’avais l’occasion de le revoir quand je rentrais au quartier mais ce n’était pas souvent, environ une fois tous les trois mois. [Léon Roulin 80 ans – le 23 septembre 2019] LR39 35088 ***** À Mostaganem, Elie et moi, nous avons vécu des classes difficiles. Il n’y avait pas grand-chose à bouffer et c’était dégueulasse. Par compte, à Blida, la cuisine était excellente. Je me souviens du 1er repas servi à notre arrivée au 541ème GV. Le pain était frais et l’omelette délicieuse ! Nos permissions pour sortir en ville étaient rares. Une fois nous avons été autorisés à nous rendre tous les deux à Blida pour la journée. En arrivant au centre-ville, nous sommes tombés dans une manifestation et nous avons été pris à partie par une quinzaine de musulmans excités. Ils nous ont bousculés en nous envoyant des coups de poings et des coups de pieds. Elie avançait en tête et je suis resté blotti derrière sa carrure jusqu'au moment où nous avons aperçu une patrouille de soldats à un angle de rue. Nous avons réussi, non sans mal, à les rejoindre. Deux gars de notre compagnie sont arrivés à la Poste, avec une jeep, pour déposer le courrier. Nous sommes rentrés à la caserne avec eux. Quand Elie a débuté son travail à la boucherie, j’étais bourrelier au harnachement des chiens. Ensuite, j’ai changé d’activité en devenant infirmier. Elie évoque le maréchal des logis-major Pierre Planchais, je n’en ai pas gardé un bon souvenir. Pour avoir refusé de me mettre au garde-à -vous, dix-sept jours avant la quille, il m’a sanctionné en me faisant passer une semaine en taule. [Jean-Claude Colombeau 80 ans – le 27 septembre 2019] JCC39 53259 Elie Péan, devant un box à chevaux au 541ème GV, à Mostaganem Un berger allemand lors d'une séance de dressage, à Mostaganem Blida Joseph Merlet originaire de Sixt-sur-Aff et Elie Péan, dans l'atelier de découpe, devant des carcasses de bourricots et de mulets Blida Pierre Planchais, maréchal des logis-major, un engagé originaire de Bain-de-Bretagne. Il pose avec sa femme et ses deux filles Elie Péan, à genoux avec un bâton à la main droite, lors d'une patrouille Blida 1 Elie Péan, debout avec le pistolet mitrailleur MAT 49 à la main Elie Péan devant son poste de garde à Blida Elie Péan de service à Blida. Avec sa chienne "Bella", il contrôle le passage des fellaghas Blida Aussitôt après le passage de la draisine, la ligne de chemin de fer est minée et le train déraille Blida 1 Joseph Merlet, 2 Elie Péan, sur un bourricot 1960 Cinq militaire d'Ille-et-Vilaine se retrouvent à Alger 1 Jean-Claude Colombeau, d'Eancé - 2 André Choquet, de Bain-de-Bretagne - et trois gars de La Bosse 3 Auguste Giboire - 4 Robert Lunel - 5 Elie Péan 1960 Alger > 1 Robert Lunel, 2 Elie Péan, 3 Auguste Giboire 1959-1961 – du lundi 4 mai 1959 au dimanche 27 août 1961 Contingent 59/1B Germain Hervochon Au bout de dix-huit mois d’armée, j'ai été promu brigadier-chef Le 4 mai 1959, je prends ma valise puis je quitte Eugène et Maria Masson, chez qui je suis arrivé en famille d’accueil seulement trois jours après ma naissance. Je me rends à l’arrêt de car des Transports De Saint Hénis situé à quelques pas de la maison, devant le café-épicerie de Robert Hugues. Un de mes conscrits, Robert Lunel de La Haute Bosse, est lui aussi appelé à servir sous les drapeaux. Nous sommes assis côte à côte jusqu’à Rennes et nous voyageons dans le même train jusqu’au Mans. Ensuite, nous partons chacun dans une direction différente. Robert s’en va en Allemagne et moi je vais dans l’Allier. Je suis incorporé au Régiment du Matériel de Montluçon. C’est là que j’effectue mes deux mois de classes. Début juillet 1959, je suis muté au Centre d’Instruction du Matériel CIM 302 de Kaiserslautern, en Allemagne. Je fais une formation qui me permet de devenir moi-même moniteur d’instruction. Je monte des gardes régulièrement mais je passe la majeure partie de mon temps à animer des stages destinés à des soldats venant de différents corps d’armée. Ils apprennent à dépanner tout type de matériel dodge, GMC, half-track, Jeep et véhicule blindé. Je suis encadré par des gradés qui boivent plus que la normale mais, sur le plan humain, ils sont supers. Le travail me plait et je fais le maximum pour rester ici le plus longtemps possible. Je ne suis pas pressé d’aller en Algérie. Le 3 octobre 1959, j’obtiens le permis de conduire voiture légère et poids lourd. Le 23 octobre, je suis titulaire du diplôme d’électricien auto en étant classé 3ème sur les vingt-et-un candidats présentés à l'examen. Le 1er janvier 1960, je suis nommé caporal. Jean Bitauld de Pancé dix mois de moins que moi et que je ne connais pas est incorporé dans la caserne où je suis. La proximité de nos communes natales fait que nous sympathisons de manière naturelle. Un samedi matin, nous sommes ensemble lorsque nous remarquons qu'un moteur sur châssis ne fonctionne plus. J'enlève le carburateur et la pompe débite directement dans l'entrée d'admission. Un retour de flamme se produit et le moteur s'embrase. Jean se précipite et, à l'aide d'un extincteur , il réussit à éteindre le feu. Je suis promu brigadier-chef Le 1er octobre 1960 et je quitte l’Allemagne fin octobre. J’ai une permission qui me permet de rentrer à La Bosse mais ensuite, bien qu’ayant effectué la durée légale de dix-huit mois, je dois quand-même partir en Algérie. Je descends à Marseille en train. Le 15 novembre 1960, je prends le bateau et le lendemain, je débarque à Alger. Nous sommes nombreux à monter dans des camions pour être conduits à la gare de Constantine. Ensuite, nous prenons un train et voyageons dans des wagons à bestiaux jusqu’à Batna, commune située dans les Aurès. Je suis toujours affecté au matériel, spécialisé dans le démontage et remontage des moteurs dans différents corps de troupes. Le 25 août 1961, après avoir passé un peu plus de neuf mois sur le sol algérien, je suis libéré. Je prends le bateau le Chanzy », à Philippeville le jour même et je débarque à Marseille le lendemain. De retour à La Bosse le 27 août avec la quille, je n’ai aucun regret concernant les vingt-huit mois que je viens de passer à l’armée. L’argent que j’ai gagné en tant que brigadier-chef me permet d’avoir un bel apport pour l’achat de ma première voiture, ma dauphine ! Plus tard, si je me suis débrouillé dans la vie, c’est grâce aux expériences vécues pendant mon service militaire. Si j’ai réussi le concours d’électricien auto au Secrétariat Général d’Administration de la Police SGAP de Rennes et si j’y suis resté durant trente ans, c’est en partie parce que je suis passé par le centre d’instruction de Kaiserslautern. [Raconté par Germain Hervochon 80 ans – le 10 janvier 2020] GH39 35136 ***** En septembre 1968, suite aux évènements ayant eu lieu en mai-juin et sept années après notre retour d'Algérie, Germain et moi-même, nous sommes rappelés au camp de la Maltière à Saint-Jacques-de-la-Lande pour une période de trois jours pendant lesquels nous restons en alerte. Germain est employé au garage et moi au magasin d'habillement. [Bernard Aulnette 82 ans – le 17 décembre 2020] BA38 35066 Au Centre d’Instruction du Matériel de Kaiserslautern Au Centre d’Instruction du Matériel de Kaiserslautern Au Centre d’Instruction du Matériel de Kaiserslautern Novembre 1960 Marcel Douessin et Eugène Masson place de la gare de Rennes avec Germain Hervochon qui s'apprête à prendre le train pour Marseille avant d'embarquer pour l'Algérie 1959-1961 – du lundi 4 mai 1959 au dimanche 27 août 1961 Contingent 59/1B Robert Lunel Je suis à Alger le jour de la tentative de coup d’Etat Mon heure est arrivée. Je prends le car De Saint-Hénis devant le café-épicerie de Robert et Denise Hugues, au bourg de La Bosse. Germain Hervochon est là lui aussi. Comme moi, il entre sous les drapeaux aujourd’hui. Nous voyageons assis côte à côte, dans un autocar jusqu’à Rennes et dans un train jusqu’au Mans. Sur le quai de la gare, nous nous devons nous séparer en partant chacun dans une direction opposée. Germain s’en va à Montluçon. Je me rends à Spire, ville portuaire allemande localisée en Rhénanie-Palatinat, à seulement une cinquantaine de kilomètres de la frontière franco-allemande. Je suis attendu au casernement du 32ème Régiment du Génie. Mon contingent fait quatre mois de classes en effectuant de nombreuses marches en forêt et en apprenant à manipuler les armes. Un jour, au stand de tir, je lance une grenade par-dessus le mur de clôture du terrain d’entrainement mais j’avance trop près et ce n’est pas conforme au règlement. Le capitaine est contrarié. Il s’emporte et m’envoie un coup de pied brutal dans le coccyx. J’ai mal pendant plusieurs jours mais j’évite de me plaindre. Parfois, en partant en manœuvre, nous traversons le Rhin avec des GMC après avoir construit un pont artificiel en utilisant des barques que nous disposons en travers du fleuve dans un endroit pas trop profond. Nous avons quand-même de l’eau jusqu’à la ceinture. Quand notre installation de fortune est au point, nous pouvons passer en France. Nous y restons une bonne partie de la journée. Le 16 mai 1960, je suis nommé première classe. Fin août, je rentre une dizaine de jours en permission dans ma famille. À peine suis-je revenu à Spire, je repars avec toute ma section, mais cette fois, c’est pour aller en Algérie. Toute la compagnie est convoyée en camion à Marseille. Nous embarquons 18 juin 1960 sur le Ville d’Oran » et le lendemain, nous accostons au port d’Alger. Ensuite, nous montons dans un train qui nous conduit jusqu’à Bou Saâda, dans le Sud-algérois. Des GMC prennent le relais et c’est après avoir emprunté pas moins de quatre-vingt kilomètres de piste que nous atteignons la caserne où nous allons séjourner. Nous sommes affectés dans un Régiment du Train. Nous restons vingt mois dans le même bled où il fait souvent très chaud. Je monte fréquemment des gardes avec un Harki dans un mirador situé à un kilomètre de notre point d’attache. Nous sommes toujours à deux, un soldat musulman un harki et un soldat européen. Nous avons chacun un fusil. Je ne me sens absolument pas en danger en contrôlant la zone que nous protégeons. Ce que je crains, ce sont les réactions que pourrait avoir mon coéquipier. Il est gentil certes, mais il ne me met pas à l’aise. Sa présence m’oblige à être vigilant et à rester bien éveillé. À la caserne, je passe une bonne partie de mon temps dans l’atelier de menuiserie à faire le métier que j’exerce dans la vie civile. Le quartier est entouré d’un mur d’une hauteur de deux mètres. Les bâtiments sont sur un seul niveau et ils sont occupés par à peu près cent-cinquante militaires, gradés compris. Officiers ou simples soldats, nous vivons tous sous le même toit. Quand nous avons besoin d’un matériel spécifique ou de divers matériaux, nous nous rendons à Bou Saâda. Pour tout ce qui concerne les produits de première nécessité, dont l’alimentation, nous sommes ravitaillés par les airs, avec des Nord-Atlas. Tout près de notre campement, un bâtiment est réservé spécialement pour des prisonniers algériens ayant été capturés au cours d’une opération de ratissage. Pour nos quatre derniers mois de présence sur le sol algérien, nous sommes déplacés à Alger où la tension monte. Notre mission consiste à assurer le maintien de l’ordre. Nous logeons dans une ancienne gare, sur les hauteurs de la ville et c’est de-là que le 21 avril 1961, nous apprenons qu’un putsch vient d’être commandité par quatre généraux Challe, Jouhaud, Salan et Zeller. Là encore, j’ai la chance d’être réquisitionné pour faire de la menuiserie et de l’ébénisterie. Je ne suis que très rarement confronté à des situations dangereuses alors que mes copains qui vont en opération sont quelquefois pris à partie dans des embuscades. Je n’obtiens aucune permission durant mes deux années passées en Algérie mais le jour où j’ai la quille, le 25 août 1961, je suis bien content. J'embarque à Alger sur le Ville d’Oran » même bateau qu'il y a quatorze mois et je débarque à Marseille le 26. J'emprunte le trajet qui me ramène à La Bosse et plus précisément au lieu-dit La Haute-Bosse. Bizarrement, je rentre le 27 août 1961, même jour que Germain Hervochon, mon conscrit et ami qui a commencé son service militaire le même jour que moi. [Raconté par Robert Lunel 80 ans – le 6 janvier 2020] RL39 35139 Eté 1959 à Spire Robert Lunel avec un gars originaire de Lunel département de l'Hérault. 1959, à Spire Robert Lunel 1960, en Algérie Robert Lunel 1960 Cinq militaire d'Ille-et-Vilaine se retrouvent à Alger 1 Jean-Claude Colombeau, d'Eancé - 2 André Choquet, de Bain-de-Bretagne - et trois gars de La Bosse 3 Auguste Giboire - 4 Robert Lunel - 5 Elie Péan 1960, Trois gars de La Bosse se retrouvent à Alger 1 Robert Lunel, 2 Elie Péan, 3 Auguste Giboire 1960, à Alger Jean-Claude Colombeau, Elie Péan, Robert Lunel, André Choquet, Auguste Giboire. 1960, à Alger Robert Lunel et Auguste Giboire 1961, à Alger Robert Lunel 1961, à Alger Robert Lunel 1959-1961 – du début juillet 1959 à octobre 1961 Contingent 59/… Guy Rébillard On me nomme sous-officier de l’ordinaire Normalement, j’aurai dû être appelé il y a un an mais, ayant été ajourné pour cause de poids insuffisant, je rentre sous les drapeaux seulement début juillet 1959. Etant instituteur à Louvigné-de-Bais, je viens juste de terminer l’année scolaire lorsque je suis incorporé au camp d’Auvours, dans la Sarthe, pour y faire une formation de quatre mois. Mes classes achevées et après une permission d’une dizaine de jours, je suis muté à Trèves en Allemagne en fin octobre 1959, dans le Régiment du Train. J’occupe le poste de secrétaire du lieutenant de la Compagnie, ce qui me donne l’avantage d’être exempté de corvée. Toutefois, je continue avec faire des marches avec les copains mais les missions qui me sont confiées ne sont pas toutes réjouissantes. Quand un soldat ayant fait sa formation à Trèves meurt en Algérie, je suis quelquefois désigné pour aller rencontrer les parents et je leur remets les affaires personnelles de leur fils défunt. Un jour, je suis allé dans le Morbihan et, passant près de ma famille, j’ai eu droit à une permission de quelques jours. De temps en temps, j’ai quand même le privilège de faire des choses qui me passionnent. C’est ainsi que je créé un petit journal qui paraît mensuellement. Ça me vaut d’être bien vu par le Capitaine qui n’est pas réputé sympa. Il a aussi un côté un peu farfelu. Ça ne le gêne pas de passer dans les rangs et de donner un coup de tondeuse sur le cuir chevelu d’un troufion pour lequel il n’a pas d’estime. J’ai la chance d’être épargné à chaque fois. Le……., je suis nommé Caporal. Je travaille dans le bureau de l’Adjudant responsable de la trésorerie de la caserne. Chaque fin de mois, c’est moi qui remets la paie en espèces et en main propre aux officiers de carrière. Occasionnellement, je participe aux manœuvres avec les soldats de ma section. On m’affecte une moto 500cm3 un peu trop lourde pour moi si bien qu’il m’arrive de dégringoler. Plus tard, je récupère une jeep et là , je suis nettement plus à l’aise. Je pars quelquefois dès à 5 heures du matin pour aller poser le fléchage sur l’itinéraire emprunté deux heures plus tard par la Compagnie. Un jour, je tombe avec mon pistolet mitrailleur à la main et, voulant le protéger, je me casse le poignet droit et je me retrouve avec un plâtre que je dois garder trois mois. En dépassant vingt-neuf jours de convalescence à la caserne, l’armée doit me verser une pension. Pour éviter cela, à deux reprises, durant cette période de trois mois, je rentre en permission pour quinze jours. Finalement, la permission de quinze jours précédant mon départ en Algérie dure un mois. En août 1960, je me rends à Marseille avec mon contingent et nous embarquons pour Alger. De-là , c’est en camion que je rejoins Djelfa, mon point d’attache situé au pied de l’Atlas saharien, à trois-cents kilomètres au sud de la capitale. On me nomme sous-officier de l’ordinaire. Je conduis une camionnette et je vais régulièrement au ravitaillement à Médéa. La route est longue et elle n’est pas sans risque. Je reviens avec de la nourriture en abondance. J’en donne souvent aux gars qui partent en opération poulets, pâté…. Je suis convoqué chez le Capitaine qui me reproche de distribuer des vivres sans en avoir l’ordre. Je lui réponds en disant que je trouve normal que ceux qui risquent leur vie sur le terrain en faisant la guerre soient aussi bien nourris que ceux qui restent à l’abri. J’ajoute que j’ai pour consigne de dépenser le budget qui m’est attribué et qu’il est supérieur à mes besoins. Le Capitaine, non satisfait de ma réponse et pensant que je suis communiste, me reproche aussi de ne pas avoir accepté d’entrer à l’Ecole des Officiers de Réserve EOR. Suite à ces désapprobations, je suis affecté sur un nouveau poste. Me voilà secrétaire du Commandant de toutes les armes et je travaille en civil. J’habite une petite maison en centre-ville et, chaque jour, un Harki vient faire mon ménage. L’inconvénient, c’est que je suis seul avec un dactylo et nous ne nous sentons pas toujours en sécurité. Une nuit, j’entends un bruit suspect. Etant couché avec mon fusil mitrailleur sous mon lit, je le prends et je l’arme. J’avance doucement vers la porte et, qu’est-ce que je vois, une souris qui s’amuse avec un bout de fil de fer. Djelfa est une ville assez calme mais, à partir de février 1961, avec la création de l’Organisation de l’Armée Secrète OAS, la situation se complique. J’ai la chance d’avoir beaucoup de légionnaires dans le quartier où je suis, car ils font fuir les fellaghas. Ils me disent souvent Guy, si tu as besoin, tu nous fais signe ! » Un jour, une dizaine d’artilleurs sont tués dans une embuscade en montagne par trois fells. Un autre jour, un breton qui était avec moi au camp d’Auvours saute sur une mine. Pour mes dix derniers mois d’armée effectués en plus de la durée réglementaire, comme je suis fonctionnaire dans la vie civile, je ne perçois plus le salaire de troufion mais l’équivalent de ce que j’avais avant d’entrer sous les drapeaux. Dorénavant, je porte le courrier et je suis responsable du service décès pour les légionnaires perdant la vie au combat et n’ayant pas de patrie. Je fais les démarches permettant qu’ils soient enterrés dignement. Je suis libéré de mes obligations militaires fin octobre 1961 et je rentre en France sans jamais avoir eu de permission au cours de mes quatorze mois passés sur le sol algérien. Sur le bateau, le retour est difficile car la mer est déchainée et, comme tous les soldats présents avec moi, je n’ai pas le pied marin. Rares sont ceux qui, parmi nous, ne vomissent pas. Revenu en France, je reprends mon métier d’instituteur non pas dans une école élémentaire normale mais à ma maison de l’enfance de Carcé, en Bruz. Nous accueillons des enfants en difficulté familiale ou sociale patronnée par Monsieur Coué, inspecteur d’académie. [Raconté par Guy Rébillard 83 ans – le 23 novembre 2020] GR37 Espagne xxx photos en attente 1960-1962 du mercredi 6 janvier 1960 au samedi 14 avril 1962 Claude Maleuvre Je reviens en France avec la quille le jour du cessez le feu en Algérie Le mercredi 6 janvier 1960, je prends le train en gare de Rennes, destination Granville. Je suis incorporé à la caserne du Roc, au 21ème Régiment de Chasseurs, où se trouve un centre d'instruction d'appelés pour l'Algérie. Au bout de deux mois, je rentre en permission et je retrouve Annick que je fréquente depuis que nous nous sommes rencontrés à une fête, à Pléchatel, l’été dernier. Revenu au service, je vais faire un stage Radio à la caserne Rocabey, à Saint-Malo. J’apprends à manipuler les postes et je passe des examens un peu avant de terminer mes classes. Je rentre une nouvelle fois en permission à La Bosse et le 8 mai 1960, je suis dans le train qui me conduit à Marseille. L’embarquement à lieu le 11 mai sur un paquebot baptisé Président de Cazalet ». Nous traversons la Méditerranée, destination Oran. Le 13 mai, un petit train un vieux tacot nous emmène à Montgolfier, commune située à mi-chemin entre Relizane et Tiaret. Nous sommes impressionnés de voir que, sur notre parcours, tous les poteaux téléphoniques sont sectionnés. À notre arrivée, nous apprenons que ce n’est pas lié à des bombardements mais pour empêcher les communications. Nous recevons le paquetage et, deux semaines plus tard, nous déménageons à quelques kilomètres. Nous stationnons dans un endroit où il y a un gros stock de blé et de nombreuses cuves à vin. Chaque section est composée de 24 ou 25 soldats mais, faisant partie d’un petit contingent, nous sommes seulement sept pour remplacer vingt-et-un quillards. Je suis affecté au commando 41 du 31ème Bataillon de Chasseurs à Pied, à Prévost-Paradol. Je reçois un 2ème paquetage. L’entrée du commando disciplinaire dénommé Les fermes » est signalée avec des lettres de deux mètres de hauteur facilement repérables par les transports héliportés. Quelques jours après mon arrivée, un soldat présent ici depuis plusieurs mois me tape sur l’épaule. Comme moi, il est originaire de La Bosse. C’est Jean Lorée, un des fils d’Alfred et d’Eloïse, des Brûlons. Je suis dans la même section que lui et nous sommes ensemble le jour où je fais ma 1ère sortie. Nous avons un accrochage avec un groupe de fellaghas. Il fait très chaud et, n’ayant rien à boire, je suis bien content d’avoir Jean près de moi car il a deux bidons d’eau. Une autre fois, nous partons vers deux heures du matin et, alors que nous traversons l’Oued Mina, un copain est happé par le courant. Heureusement, le lieutenant réussit à le rattraper. À 4h45, des fellaghas tirent sur nous. Je file me cacher derrière une petite chapelle. En revenant, je constate qu’il y a eu deux morts dans leur camp. Ayant mal aux pieds pour cause d’ongles incarnés, je dis au lieutenant Green un kabyle que je ne peux plus marcher mais ce connard de 1ère classe refuse que j’arrête car je suis le seul radio. Au bout de quelques jours, il m’autorise quand-même à aller aux soins. À peine rendu à l’infirmerie, on me déclare inapte et c’est comme ça que je sors du commando. Un jour, François Lunel, affecté dans un régiment de tirailleurs basé non loin d’où je me trouve, passe en camion devant l’entrée de notre campement. L’enseigne lui fait penser que c’est là que je suis. Lorsqu’il est de retour à sa caserne, il m’écrit pour m’informer de son passage. Nous allons laver notre linge et prendre des douches au pied d’une cascade mais à chaque fois nous sommes escortés de deux ou trois soldats armés. Puis, arrive le jour où nous n’avons plus le droit de nous y rendre car c’est trop risqué. Quand nous sommes de repos, nous allons souvent nous baigner au lac de Bakhadda. Un jour, après m’être un peu trop aventuré, je coule à trois reprises. C’est un arabe, Ahmed Fartas, qui me sauve la vie. En octobre 1960, je quitte deux bons copains Jean Lorée reste à la ferme de Prévost-Paradol et Jean Aubry originaire de Renac s'en va à Guertoufa. Ma section est transférée à la ferme de Gaston Jouin suitée dans un coin perdu, un vrai coupe-gorge où nous ne restons heureusement que quelques mois. Ensuite nous nous rendons à la ferme Meyer, située à environ cinq kilomètres de Montgolfier. Par rapport à ce que nous avons connu, nous avons l’impression de passer de l’enfer au paradis. Nous partons souvent la nuit mais nous n’avançons que sur renseignements. Je porte en permanence le poste radio qui pèse 11 kg 750. Pendant le putsch d’Alger d’avril 1961, je vais à Oran pour des soins dentaires et, je n’ai pas de moyen de transport. Un groupe de pieds noirs voyageant en traction s’arrête pour me prendre et je suis déposé devant la Préfecture. De là , je m’accroche à l’arrière d’un camion et on m’emmène dans un camp militaire. Ensuite, un soldat me ramène en jeep à l’hôpital pour me faire soigner. Au printemps 1961, je rentre en permission dans ma famille. De retour à la ferme Meyer, je suis désigné comme chef de chantier en maçonnerie, charpente et couverture. Je dis souvent aux gars de ma section Ne vous plaignez pas, souvenez-vous de ce que nous avons vécu ». Nous restaurons le logement du lieutenant puis nous créons un bar. En octobre 1961, je rentre une 2ème fois en permission, mais cette fois c’est pour les obsèques de mon père. Je n’ai pas d’argent, heureusement mon régiment m’en prête. Je prends l’avion à Oran et j’atterri à Marseille Marignane puis je monte dans le train pour Paris et enfin pour Rennes. De retour à mon campement, je peins des quilles pour les soldats libérables. Je viens juste de terminer lorsque nous avons la visite du capitaine. En voyant les quilles, il demande Qui est l’artiste qui a fait cela ? » Le lieutenant répond C’est Maleuvre !» Le capitaine vient vers moi et dit Soldat Maleuvre, je viens de voir les quilles que vous venez de peindre. Pourriez-vous me copier le fanion du régiment à l’identique ? » Je fais la reproduction du fanion et, pendant une semaine, je suis invité à manger au mess des officiers. Peu après, le capitaine est libéré. Avant de rentrer chez lui, il me donne 30 000 frs CFA. Je lui dis que je dois rendre l’argent qui m’a été prêté pour que je puisse aller aux obsèques de mon père. Il répond Ecoutez Maleuvre, vous n’êtes pas rentrés chez vous pour le plaisir, gardez cet argent ! » Environ un an de présence à la ferme Meyer, avec ma section, je reviens à Montgolfier, où j’étais lors de mon arrivée en Algérie. Le Sergent-chef un type bien remplace le lieutenant Bernard Laugue parti en France pour se marier. Il me dit Maleuvre, on va faire une patrouille de nuit ». Il ne veut pas que je prenne mon poste radio car il vient de trébucher avec son pistolet mitrailleur. Un peu plus tard, le lieutenant reprend son poste et nous partons en opération dans le djebel amour, une chaîne montagneuse de l’Atlas saharien. Nous faisons du ratissage lorsque je lui demande Lieutenant, pouvez-vous ralentir la progression car j’a une envie pressante ». Je m’éloigne de quelques mètres et, soudain, un felouze sort d’une touffe de grandes herbes dans laquelle il était caché. Je crie au lieutenant un fell… » Paniqué, je me trouve dans une situation qui me coupe l’envie de … Toute la section est sur ses gardes, la culasse du pistolet en arrière, près à appuyer sur la gâchette. Le felouze est pris en charge par des officiers et il est enfermé dans une cuve à vin où il va rester plusieurs jours. Le Sergent-chef est viré de notre section pour avoir tiré une rafale. Quant au lieutenant, il recevra une citation, alors que c’est moi qui ai risqué d’être assassiné. Je suis libéré à Montgolfier le 16 mars 1962. Je prends le Sidi Ferruch à Oran le 17 mars et je débarque à Marseille le 19. De là , je prends le train pour Sissonne dans l’Aisne où je dois encore attendre une douzaine de jours avant de rentrer à La Bosse. [Raconté par Claude Maleuvre 79 ans – le 19 août 2019] CM39 35030 NB Claude est sur la Méditerranée avec sa quille le 18 mars 1962, au moment où les accords d’Evian sont signés. Il débarque à Marseille le 19 mars 1962, jour du Cessez le feu en Algérie. JA49 35235 Automne 1960 Claude Maleuvre passager, dans la ferme de Gaston Jouin Automne 1960 Claude Maleuvre, dans la ferme de Gaston Jouin Claude Maleuvre au centre Trois copains de Claude Maleuvre 1 Carpy des Côtes-du-Nord, 2 Martin de Notre-Dame-des-Langueurs Loire-Atlantique, 3 Raymond Le Yondre, de Ploeren Morbihan Claude Maleuvre accroupi à gauche avec une bande de copains C'est l'heure de la lessive Claude Maleuvre, accroupi dans un arbre non pas pour monter la garde mais pour le plaisir Claude Maleuvre, avant dernier à droite Le 16 mars 1962 Claude Maleuvre dans le train 2ème fenêtre à droite à Montgolfier, le jour de sa libération D'autres articles concernant "Nos Soldats d'Algérie" sont publiés dans la rubrique suivante
Commentarriver au port de Marseille. Marseille est située à deux heures de la Côte d’Azur et trois autoroutes la connectent avec l’Espagne, l’Italie et le nord de l’Europe.. L’autoroute Nord A7-A51 relie Marseille à l’aéroport, Aix-en-Provence et Lyon. L’entrée dans Marseille se fait par Porte d’Aix. Toujours au départ du nord et de l’ouest, empruntez l’autoroute
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