EnchantimalsPyjama Party Christmas Catalog FS 2019 Catalogue de produits Envoyer Ă : Allemagne Autriche Belgique Danemark Espagne Finlande GrĂšce Irlande Italie NorvĂšge Pays-Bas Pologne Portugal Royaume-Uni RĂ©publique Française RĂ©publique tchĂšque Slovaquie SuĂšdeAccueil A propos Nouvelles Romans La premiĂšre fois Histoires Livre dâor Contact Menu Romans lesbiens Secrets de famille est un roman lesbien sur le tabou de lâhomosexualitĂ© fĂ©minine. Tome 2 La levĂ©e des secrets Ă la premiĂšre gĂ©nĂ©ration, câest un non-dit , Ă la deuxiĂšme, câest un secret de famille , Ă la troisiĂšme, cela devient un âimpensé⠻ Secrets de famille chapitre 19 Lundi 13 janvier 1992 â ENTRETIEN AVEC LA PSYCHIATRE Raptus suicidaire ». La psychiatre mâa dit que la thĂ©rapie allait entrainer de nombreuses crises dâangoisses et le risque Ă©tait le raptus suicidaire. Câest pourquoi une seule de ses consĆurs a acceptĂ© de me prendre. Jâavais rendez-vous avec elle demain. Par ailleurs compte-tenu de ce qui sâĂ©tait passĂ© un homme Ă©tait contre-indiquĂ©, il y aurait trop de rĂ©sistances. Dâautre part la psychiatre nâĂ©tait pas trĂšs chaude pour que je mâinstalle seule mĂȘme si mes parents ne sont pas loin. Au moins Ă lâhĂŽtel il y a quelquâun si jamais je me sens mal y compris la nuit avec le veilleur. Elle va appeler mon pĂšre et revoir avec lui les modalitĂ©s de mon alors pleurĂ© car jâen ai marre quâon me traite en petite fille. Je vais avoir 29 ans, je suis une adulte, je peux me prendre en charge. Elle mâa traitĂ© de malade difficile. Aussi je me suis refermĂ©e et jâai refusĂ© ensuite de rĂ©pondre Ă ses plus elle mâa augmentĂ© mon traitement. Comment elle croit que je vais mâen sortir si je suis abrutie la plupart du 14 janvier 1992 â 1 Ăšre SĂANCE DE PSYCHOTHĂRAPIE PRISE DE CONTACTJâavais une demi-heure dâavance avec la psychothĂ©rapeute. Elle est aussi mĂ©decin psychiatre. DâemblĂ©e le courant est bien passĂ©. Cette femme a lâĂąge dâĂȘtre ma mĂšre mais est Ă lâopposĂ© de la mienne. Douce, attentive, bienveillante. En fait ce nâĂ©tait pas une sĂ©ance mais une simple prise de contact. Jâai redĂ©ballĂ© mon histoire dans les grandes lignes car je commence Ă ĂȘtre fatiguĂ©e de la ressasser. Elle me trouve trĂšs dĂ©pressive. Et elle pense aussi que je vais rester longtemps en congĂ© de maladie. Câest le troisiĂšme psychiatre qui me dit ça. Jâai parlĂ© de mes parents, du travail. Mais surtout de cette premiĂšre thĂ©rapie fait ce nâest pas Ă©vident pour elle de prendre le relais. Par ailleurs elle semblait Ă©tonnĂ©e que je veuille faire un travail thĂ©rapeutique dans lâĂ©tat psychique oĂč je me trouve. Je reconnais que je suis moins excitĂ©e que la premiĂšre nâaurais rien Ă payer car la psychothĂ©rapie est conventionnĂ©e pour ma pathologie. Cela me fait tout drĂŽle. Elle mâa fait aussi remarquer que la province ce nâest pas Paris. On ne consulte pas facilement un psychiatre, ce nâest pas une dĂ©marche intellectuelle pour combler un vide existentiel. Elle mâa redit aussi ce que je savais dĂ©jĂ . La premiĂšre thĂ©rapie a Ă©tĂ© trop violente et surtout sans cadre. En effet le cadre fait partie de la thĂ©rapie. Lieu, horaires, longueur des sĂ©ances mais aussi disponibilitĂ© du thĂ©rapeute. Rien de tout ça dans la toute façon nous verrons bien ce que cela donnera, je la revois dans une semaine. Lundi 20 janvier 1992 â ENTRETIEN AVEC LA PSYCHIATRELa psychiatre Ă©tait dĂ©jĂ au courant de mon rendez-vous demain. Pour mâĂ©viter dâavoir des dĂ©placements trop rapprochĂ©s elle me propose de me voir le vendredi. En revanche ce sera le matin. Je lui ai rĂ©pondu sur un ton grinçant que jâavais beaucoup de disponibilitĂ©s en ce moment. Elle mâa dit que câĂ©tait bien dâavoir de lâhumour car câĂ©tait le signe que je commençais Ă prendre de la elle a eu mon pĂšre au tĂ©lĂ©phone qui ne mâa rien dit. Il reconnait que câest risquĂ© de me laisser seule en ce moment. Mais il dit aussi que si on ne me fait pas un minimum confiance je ne vais avoir aucune raison de mâen sortir. DĂ©jĂ quâavec les comprimĂ©s je suis complĂštement toute façon on fait un essai et si câest trop la catastrophe on avise. Avec deux rendez-vous de psychiatre par semaine, cela devrait fonctionner. En plus je vais avoir le tĂ©lĂ©phone, je ne serai plus obligĂ©e de sortir appeler depuis une cabine. Câest plus simple quand ça ne va pas, elle lâa reconnu elle aussi. Ensuite elle est revenue Ă la charge en disant que je savais entretenir des rapports conflictuels car jâavais mis mon pĂšre dans une situation difficile en lui laissant cette responsabilitĂ©. Je lui ai alors rĂ©pondu que je nâavais pas demandĂ© Ă venir au monde et que lâidĂ©e de la maison câĂ©tait lui. Et que pour une fois que mon pĂšre prenait ses responsabilitĂ©s avec moi ça psychiatre mâa trouvĂ© mĂ©galomaniaque, qui jâĂ©tais pour savoir ce que pensait ou ressentait les personnes qui mâaiment. Elle mâa ensuite renouvelĂ© mon arrĂȘt de travail et mon moment de partir jâai refusĂ© de me lever. Je lui ai dit quâĂ me parler comme ça elle me donnait envie de me suicider. Elle mâa rĂ©pondu que câĂ©tait de lâordre du symbolique mon envie de mourir. Et quâest-ce quâelle en sait si dans une heure je ne passe pas Ă lâacte ? Elle sâest montrĂ©e ferme et mâa menacĂ© dâhospitalisation. Je lui ai donc laissĂ© le dernier 21 janvier 1992 â 2 Ăšme SĂANCE DE PSYCHOTHĂRAPIE LES PROBLĂMES PROFESSIONNELSPar quoi allons-nous commencer cette sĂ©ance me demande la psychothĂ©rapeute ? Le face Ă face me convenait-il ? Je lui ai alors rĂ©pondu que ce sont surtout mes problĂšmes professionnels qui mâont amenĂ© Ă la psychiatrie. Et puis je me souviens aussi que mon ex-psy avait baillĂ© et failli sâendormir lorsque je lui en avais parlĂ©. Jâai donc dĂ©ballĂ© toute lâhistoire cette fois-ci. Pourtant cela me fatigue toujours autant de revenir dessus. La psy mâa surtout dit que jâĂ©tais encore trĂšs traumatisĂ©e par le suicide de lâ plus jâĂ©tais trĂšs mal car hier aprĂšs la sĂ©ance qui sâĂ©tait mal passĂ©e jâai eu la mauvaise idĂ©e dâappeler conversation nâa pas durĂ© longtemps car elle Ă©tait au travail. Elle ne veut plus ni me voir ni me parler car je cite je suis une personne toxique. France va beaucoup mieux depuis que je suis partie. Elle mâa dit adieu et souhaitĂ© bonne chance. La psy mâa fait remarquer que France a peut-ĂȘtre subi des pressions pour me parler ainsi et doit aussi conserver son emploi. Câest vrai je ne lâavais pas vu comme cela. La psychothĂ©rapeute a conclu la sĂ©ance en me disant que jâĂ©tais dans un cercle vicieux et que je ne pourrai plus travailler dans un tel milieu Ă cause de la haine quâon me portait. Mardi 28 janvier 1992 â 3 Ăšme SĂANCE DE PSYCHOTHĂRAPIE LâANOREXIEJâai commencĂ© la sĂ©ance par mes problĂšmes dâanorexie. Maintenant en plus dâavoir des difficultĂ©s Ă avaler je vomis. La psychothĂ©rapeute mâa fait prendre conscience que mon corps servait de relais Ă mon inconscient. Donc le seul moyen de faire sortir ce qui nâallait pas câĂ©tait vomir alors que dans le mĂȘme temps je refusais de recevoir quelque chose de bon !Ces paroles furent comme une rĂ©vĂ©lation. Depuis que jâai commencĂ© un travail analytique câest la premiĂšre fois que la parole est bĂ©nĂ©fique tant elle est juste et quâelle me parle. Dâailleurs la psychothĂ©rapeute a dĂ» sâen rendre compte car elle nâa pas interrompu le silence par une question comme savait si bien le faire lâancien psy. Elle mâa laissĂ© digĂ©rer sa jâai demandĂ© pourquoi la nourriture ? Silence du thĂ©rapeute. Et là ça mâa montĂ© au cerveau comme un Ă©clair. Mais oui. Le premier lien dâun enfant Ă sa mĂšre câest la nourriture, le lait maternel. Câest quelque chose de bon et en mĂȘme temps dâaffectif. Il y a le plaisir de la succion que jâai retrouvĂ© plus tard avec le plaisir de sucer mon quâest-ce qui peut rester coincĂ© en ce moment ? La culpabilitĂ©. Le discours de ma mĂšre est rempli du mot faute ». Il revient souvent. Ma naissance est une faute. Câest pourquoi pendant tant dâannĂ©es je me suis sentie coupable. De quoi je nâen savais rien. Mais ce que je savais câest que je me sentais coupable. Et câest ça qui mâa alors expliquĂ© quâen psychanalyse, quand la souffrance morale est trop importante se met en place le processus du refoulement. Câest-Ă -dire quâon a oubliĂ© lâĂ©vĂ©nement traumatisant et ne reste que le systĂšme de dĂ©fense. Ensuite ce dernier se met inconsciemment en place uniquement dĂšs quâun Ă©vĂ©nement peut rappeler cette aussi pour cela que ma premiĂšre thĂ©rapie a Ă©tĂ© trĂšs violente. Parce que le psy en voulant accĂ©der directement Ă lâĂ©vĂ©nement traumatique sans respecter ce refoulement ni mettre en place un autre systĂšme de dĂ©fense a créé lâeffondrement psychique dans lequel je me trouve actuellement. Bref lâĂ©lĂ©phant dans le magasin de porcelaine. Nous avons fois encore ces mots furent apaisants. Ainsi je nâĂ©tais pas folle, ni immature ni mĂȘme dans lâimpasse. Je lâai remerciĂ©e de mâaider Ă donner du sens Ă ce qui nâen avait a joutĂ© que le but dâune thĂ©rapie câest de retrouver la mĂ©moire » câest-Ă -dire lâĂ©vĂ©nement traumatisant. Le faire remonter Ă la surface demande du temps mais on le retrouve. Puis une fois lâĂ©vĂ©nement retrouvĂ©, lâanalyse du systĂšme de dĂ©fense se fait tout seul. Ensuite le symptĂŽme disparait de lui-mĂȘme puisque le systĂšme de dĂ©fense qui Ă©tait mauvais ou mal adaptĂ© aux situations est alors remplacĂ© par un bon me propose que nous en arrĂȘtions lĂ pour cette sĂ©ance et que la prochaine nous travaillons sur cette souffrance qui a dĂ©jĂ Ă©tĂ© abordĂ©e dans la prĂ©cĂ©dente thĂ©rapie. Pour elle mon anorexie est une consĂ©quence de ma prĂ©cĂ©dente thĂ©rapie car ce symptĂŽme est apparu tardivement. Ce nâest pas le signe dâune maladie mentale. Je suis rentrĂ©e vidĂ©e et Ă©puisĂ©e de cette entrevue. Câest la premiĂšre fois que je vois de la lumiĂšre au bout du tunnel. Et que lâenvie de mourir ne mâenvahit pas. Mercredi 29 janvier 1992 â MON CHEZ MOIPapa avait voulu garder la surprise intacte jusquâau bout. En effet avec Pierre Marie il sâĂ©tait occupĂ© de mon dĂ©mĂ©nagement et de toutes les formalitĂ©s ouverture des lignes de gaz, Ă©lectricitĂ©, tĂ©lĂ©phone, eau.. Il est venu Ă lâhĂŽtel Ă lâheure du petit dĂ©jeuner avec les clĂ©s de la maison. Câest chez toi maintenant, je te fais confiance ! » Je lâai embrassĂ© et remerciĂ©. Depuis deux jours on dirait que les choses commencent Ă aller il a demandĂ© Ă JosĂ© son homme Ă tout faire Ă lâusine mais surtout chauffeur de revenir me chercher vers 10 heures pour mâemmener. Il mâaiderait Ă porter mes je suis entrĂ©e dans cette maison, je me suis sentie bien tout de suite. Papa lâavait meublĂ© simplement. Une table et des chaises de cuisine. ElectromĂ©nagers, placards de rangement ainsi quâun lit et une armoire. Enfin un canapĂ©, une table basse, une tĂ©lĂ© et le tĂ©lĂ©phone. Je verrai ensuite pour la meubler davantage. JosĂ© mâa dit que sa femme Pilar viendrait me voir pour aller faire des courses. Papa lui a demandĂ© de sâoccuper de moi pour lâintendance car il pense que je vais me laisser aller si je me retrouve trop ça faisait dĂ©jĂ deux mois⊠Que de progrĂšs tout de mĂȘme ! Je nâen reviens pas moi-mĂȘme !Je retrouve de lâĂ©nergie au moment oĂč jâĂ©cris car lâespoir renait. Enfin !Vendredi 31 janvier 1992 â ENTRETIEN AVEC LA PSYCHIATRELa psychiatre sâest montrĂ©e dubitative sur lâorganisation prĂ©vue par mon pĂšre. Elle rĂ©itĂšre que la solution de lâhĂŽtel Ă©tait la meilleure. Pourquoi ce manque de confiance ?Elle mâa reposĂ© les mĂȘmes questions. Est-ce que je mange, je dors ? ⊠On dirait que jâai 5 ans avec elle. JâĂ©tais absente durant lâentretien elle mâen a fait la remarque. Je la revois la semaine prochaine. Secrets de famille chapitre 20 Mais je connais JosĂ© et Pilar. Ce sont eux qui sâoccupent de lâentretien de la villa. Ils Ă©taient trĂšs attachĂ©s Ă mon grand-pĂšre. Je les ai toujours connus. En fait ils connaissent Delphine. Donc si jâai bien compris en dehors de mon frĂšre et moi, tout le monde Ă©tait au courant de son existence.â On dirait en effet. Tu crois quâon pourrait les interroger ?â Pilar doit venir dans la semaine apporter des courses. Mon pĂšre continue Ă me prendre pour une petite fille, il me pense incapable de les faire moi-mĂȘme.â Comme ta tante alors ! On te traite en enfant.â Câest dingue comme je peux lui ressembler. Plus je lis son journal plus jâai lâimpression de me retrouver dans ses interrogations.â Tu veux en parler ?â Câest trop tĂŽt Camille. Qui sait ! Si notre histoire dĂ©passe lâĂ©tĂ© peut-ĂȘtreâŠâ Jade je suis amoureuse de toi. Jâai envie de plus quâun Ă©tĂ© avec toi. Jâadore te toucher, te caresser, te faire jouir. Regarde jâen ai des frissons tellement ça mâĂ©meut. Et toi, tu ne dis rien de tes sentiments ?â En tout cas on sent que ma tante a trouvĂ© la bonne thĂ©rapeute pour lâaider. Le 5 fĂ©vrier arrive on va enfin savoir Ă quoi correspond la date sur lâalliance.â Jây pensais, allez on continue la lecture. Mais en attendant je vais nous prĂ©parer un cafĂ©. »Mardi 4 fĂ©vrier 1992 â 4 Ăšme SĂANCE DE PSYCHOTHĂRAPIE VRAIS SOUVENIRSLa psychothĂ©rapeute mâa demandĂ© ce que jâavais dĂ©jĂ travaillĂ© prĂ©cĂ©demment avec le psy sur mes problĂšmes de nourriture. Jâai eu un peu honte de lui raconter mes sĂ©ances oĂč jâĂ©tais dans mon berceau, jâavais faim et froid. Elle a paru horrifiĂ© et a dĂ» voir que jâĂ©tais gĂȘnĂ©e. Aussi elle mâa rassurĂ©e. CâĂ©tait normal que je ressente de la honte car ces souvenirs nâĂ©taient pas rĂ©els mais induits par le psy. Il mâavait manipulĂ© mentalement pour accĂ©der Ă des souvenirs traumatiques. Mais il nâavait accĂ©dĂ© Ă rien. Sauf Ă me plonger dans la confusion dĂ©finitive je repartais de zĂ©ro. Elle mâa demandĂ© quels sont mes rapports habituellement Ă la nourriture ? Bons. Je ne suis pas particuliĂšrement angoissĂ©e Ă lâidĂ©e de prendre du poids car jâai toujours Ă©tĂ© maigre. Et au moment oĂč je dis cette phrase, des souvenirs me reviennent. En fait bons sauf au restaurant. En effet au dessert je suis souvent malade, je suis mĂȘme obligĂ©e de sortir de table pour vomir alors que je nâai aucune raison. Je suis dĂ©tendue et pourtant je vomis. Pourquoi ?Elle mâinterroge sur la date dâapparition ? Depuis quand ça dure ? Câest toujours comme cela aussi loin que je mâen souviens. Aussi jây vais de moins en moins sauf quand je ne peux pas faire autrement. Dâailleurs Ă lâhĂŽtel en pension câĂ©tait une que je me souviens dâun fait prĂ©cis qui pourrait expliquer ce malaise ? Non je ne voyais me propose alors un exercice. Celui de me remĂ©morer une scĂšne au restaurant. Celle que je veux. Et de lui raconter. Une, banale, sâest imposĂ©e alors Ă mon esprit. JâĂ©tais avec ma mĂšre, mon pĂšre et ma sĆur au restaurant. Nous Ă©tions Ă table, le serveur nous distribuait les cartes. Jâavais trĂšs faim. Mon pĂšre nous laissait choisir le menu avec ma sĆur. Câest alors que jâai entendu ma mĂšre faire une rĂ©flexion sur le prix. Mais mon pĂšre la calma tout de suite en lui disant de ne pas se tracasser car ils avaient largement les ressenti alors Ă ce moment-lĂ du rĂ©cit des nausĂ©es. Jâai dâailleurs failli vomir devant la thĂ©rapeute câĂ©tait trĂšs humiliant. Mais il nâen fut rien. Elle mâa demandĂ© de continuer mĂȘme si câĂ©tait pĂ©nible pour moi. Donc jâai commandĂ© ce que je voulais et jâai tout mangĂ©. Puis au dessert jâai quittĂ© la table pour vomir. Elle mâa demandĂ© si jâavais lâhabitude de tout manger. Oui bien sĂ»r, dâailleurs je ne laissais rien dans mon assiette. Est-ce quâĂ la maison il mâarrivait de vomir aussi ? Non câest toujours au restaurant. Alors pourquoi au restaurant et pas chez moi alors que je mangeais avec les mĂȘmes personnes ?Je me souviens ausi que mon pĂšre Ă la maison Ă©tait rarement Ă table. En effet avec lâusine il partait tĂŽt et rentrait tard. Je ne le voyais pas dans mes souvenirs. Pourtant il devait bien ĂȘtre lĂ de temps en temps mais le souvenir que je ressens câest celui de son absence Ă puis lĂ un autre souvenir me revient. Ma mĂšre avait prĂ©parĂ© le repas. Elle avait lâhabitude de distribuer les parts car on ne se servait pas. Dâailleurs maintenant jâai horreur quâon me serve ! Donc elle en gardait une pour mon pĂšre qui devait arriver mais jâavais encore faim. Pourtant pas question dâĂȘtre resservie. Câest aussi pour cela que je suis restĂ©e maigre pendant des annĂ©es car je nâai pas toujours mangĂ© Ă ma faim. Bref ma mĂšre mâexpliquait que je ne devais pas priver mon pĂšre de nourriture. LĂ dĂ©jĂ je me sentais coupable dâune faute que je pouvais commettre. Mais surtout mon pĂšre Ă©tait rentrĂ© quelques temps plus tard en annonçant quâil avait dĂ©jĂ mangĂ© avec des clients. Ma mĂšre a alors jetĂ© toute la nourriture devenue immangeable Ă force dâĂȘtre rĂ©chauffĂ©e. Mais pourquoi ne prĂ©venait-il pas ? Ma mĂšre refusait dâavoir un tĂ©lĂ©phone Ă la maison car elle ne voulait pas continuer sa journĂ©e de travail chez elle. Mais alors pourquoi jetait-elle la nourriture ? De dĂ©pit, de fatigue et de rage sans doute. En particulier ma mĂšre se justifiait en disant quâil fallait lui garder Ă manger au cas oĂč il aurait faim. Ma mĂšre se voulait une bonne mĂšre et une bonne question simple de la thĂ©rapeute. Pourquoi ne prĂ©voyait-elle pas un peu plus Ă manger puisque nous rĂ©clamions avec ma sĆur une part supplĂ©mentaire ? Au fond de moi jâai ressenti alors un profond malaise et une envie encore plus forte de vomir. Eh oui, bonne question, je ne savais pas quoi rĂ©pondre. En effet câĂ©tait si simple. Et en plus jâavais certainement dĂ» lui poser la question. Sinon quâest-ce qui pouvait expliquer mon malaise ?LĂ jâai senti que la thĂ©rapeute avait touchĂ© le nĆud du problĂšme. Je lui en ai voulu de me mettre si mal. Elle mâa demandĂ© de poser la question mentalement Ă ma mĂšre. Jâai essayĂ© mais les mots nâarrivaient pas Ă sortir. JâĂ©tais de plus en plus mal. JâĂ©tais Ă©touffĂ©e par la culpabilitĂ©. Je me sentais coupable de demander quelque chose dâessentiel Ă la vie la me sentais aussi coupable dâavoir faim. Dâailleurs le seul moment oĂč je mangeais Ă ma faim câĂ©tait au restaurant et je me punissais. Je donnais ainsi raison Ă ma mĂšre. Ou non jâĂ©vitais de ressentir la douleur morale. Celle dâexister, de rĂ©clamer mon dĂ». Je sentais quâinconsciemment ma mĂšre me reprochait dâĂȘtre en mĂ©moire mâest alors revenue. Jâai revu ma mĂšre parler dâargent avec mon pĂšre. Elle se plaignait que mon pĂšre ne lui en donnait pas assez alors quâelle travaillait autant que lui Ă lâusine. Câest lui qui avait le chĂ©quier malgrĂ© le compte-commun et câest lui aussi qui allait Ă la banque chercher le liquide car les cartes bleues nâexistaient faut dire quâĂ lâĂ©poque les femmes Ă©taient plus soumises quâavant. Elle se plaignait alors quâil utilise le budget commun au restaurant pour lui et par extension pour nous pendant quâon crevait de faim. Câest ce quâinconsciemment elle rĂ©alisait au sens propre. En fait au plus profond dâelle ma mĂšre sâautopunissait de ne pas savoir garder son mari. En effet quand il avait mangĂ© Ă lâextĂ©rieur câĂ©taient avec ses ce quâelle lui donnait de bon au sens propre Ă savoir la nourriture nâĂ©tait pas bon pour lui câest pourquoi il mangeait ailleurs. Aussi elle en concluait quâelle nâĂ©tait pas bonne. Elle Ă©tait coupable et se punissait. Et moi câĂ©tait pareil, si on ne me donnait pas assez Ă manger donc pas assez de bonnes choses, câest que je nâĂ©tais pas surtout je nâĂ©tais pas aimĂ©e. Je me sentais coupable. Et terriblement puisque câĂ©tait par mes deux parents que jâĂ©tais punie. Aussi quand jâallais au restaurant jâavais le sentiment de gaspiller. Dâabord premiĂšre culpabilitĂ© comment allions-nous manger puisque nous nâaurions plus dâargent ? Et ensuite deuxiĂšme culpabilitĂ© je ne savais pas ou ne pouvais pas recevoir ! Je confirmais ainsi lĂ bien inconsciemment quâon ne pouvait mâaimer. Jâavais alors raison dâĂȘtre punie, je leur donnais raison de ne pas mâaimer puisque je ne savais pas recevoir. La boucle Ă©tait bouclĂ©e. Aussi le fait de manquer dâargent mâa toujours plongĂ© dans lâanorexie. Parce que lĂ je me sentais la plus coupable. Et gaspiller me rendait aussi folle. Dâailleurs mon anorexie a commencĂ© quand le prix des sĂ©ances sâest envolĂ©. Maintenant je ressens que tout est inadaptĂ© Ă la situation. En effet arrĂȘter de manger ne me donnera pas plus dâargent. Aller au restaurant ne mâempĂȘchera pas de manger Ă ma faim. Et on ne mâaimera pas plus pas moins si je nâai pas dâargent ou si je vais au suis restĂ©e prisonniĂšre dâun systĂšme de dĂ©fense rigide qui ne me permettait pas dâenvisager dâautres je dois maintenant mieux mâadapter Ă la rĂ©alitĂ©. Anticiper. Ne pas culpabiliser. Câest alors que je peux sans honte jouir du restaurant ou facile Ă dire quâĂ faire. Jamais je nâavais travaillĂ© de la sorte avec lâex-psy. La thĂ©rapeute mâa fĂ©licitĂ© aussi pour mes capacitĂ©s dâanalyse. En plus je me devais de casser ce premier cercle vicieux. Et câĂ©tait rĂ©ussi. La parole avait circulĂ© elle ferait son de se quitter elle me demande si elle peut sâentretenir avec ma psychiatre de ce qui a Ă©mergĂ©. En effet elle aimerait rediscuter avec elle sans me dire pourquoi. Jâai donnĂ© mon suis sortie soulagĂ©e dâun poids Ă©norme. Jâai mĂȘme Ă©prouvĂ© le besoin de me gratifier en passant Ă la boulangerie oĂč jâai achetĂ© un pain au chocolat. Papa mâa appelĂ© dans la soirĂ©e. Il avait eu ma psychiatre au tĂ©lĂ©phone. Finalement elle pense que câest une bonne idĂ©e que je sois chez moi et non plus Ă lâhĂŽtel. Dâautre part elle a validĂ© son organisation avec Pilar. Il mâa senti plus en forme que dâhabitude, il sâen est rĂ©joui. Du coup il mâa invitĂ© demain Ă lâusine car le comitĂ© dâentreprise a organisĂ© une soirĂ©e dĂ©guisĂ©e. Cela ne devrait pas se finir tard car elle commence Ă 18 heures pour permettre aux enfants de venir aussi. Si je ne me sens pas bien JosĂ© me raccompagnera. Mais il pense que ça me fera du bien de me changer les idĂ©es et voir un peu de monde. Je lui ai alors demandĂ© sâil y avait un thĂšme. Aucun car câest bon enfant. Je devais avoir gardĂ© le smoking et le nĆud papillon que jâavais pour le mariage dâAnne. Cela ferait lâaffaire. Jâavais Ă moitiĂ© envie dây aller mais je nâavais pas envie de contrarier papa. En effet il se dĂ©menait beaucoup pour moi et je voulais aussi le rassurer sur la portĂ©e de ses efforts. Secrets de famille chapitre 21 Enfin !â Comment ça Jade ?â Ma tante a enfin trouvĂ© la bonne psy.â Câest clair que ce nâest pas la mĂȘme pointure que lâautre charlot. Elle au moins elle lâaide Ă faire les bons liens.â En revanche avec sa psychiatre les rapports me semblent assez tendus. On dirait que ma tante lâapprĂ©cie moyen.â Oui. Mais en mĂȘme temps ta tante est suicidaire, la psychiatre ne doit pas la laisser se complaire lĂ -dedans.â Ah bon tu trouves quâelle se complait lĂ -dedans Camille ?â Ce nâest pas ce que je voulais dire. PlutĂŽt quâelle est fascinĂ©e par ses idĂ©es morbides. Tous ses Ă©crits personnels tournent autour de ça.â Peut-ĂȘtre parce quâon nâa jamais Ă©tĂ© suicidaires toi et moi. On ne sait pas ce quâest la dĂ©pression.â Câest vrai tu as raison. Comme tout le monde on a des hauts et des bas mais on nâa pas subi les traumatismes de ta tante.â Elle pourrait aussi rester une victime. Or tu remarqueras quâelle est sincĂšre avec sa souffrance car elle cherche Ă sâen dĂ©barrasser. MĂȘme si elle a honte elle la surmonte pour sâen sortir.â Jade tu as mis les bons mots. Câest pour cela que son rĂ©cit nous touche. On va aussi enfin savoir ce qui sâest passĂ© ce 5 fĂ©vrier 1992. »Mercredi 5 fĂ©vrier 1992 â SOIRĂE DĂGUISĂEToute la journĂ©e jâai Ă©tĂ© ambivalente avec cette soirĂ©e. Un coup jâavais envie dây aller, lâautre coup non. Revoir du monde mâangoissait car je ne me sentais pas prĂȘte. Je commençais mĂȘme Ă regretter de mâĂȘtre engagĂ©e auprĂšs de papa. Dâailleurs jâai failli lâappeler pour me dĂ©commander. Jâai pris des anxiolytiques et jâai pu me dĂ©tendre un peu. Je suis restĂ©e au lit une bonne partie de la journĂ©e. Jâai repensĂ© Ă la sĂ©ance dâhier. Mon ex-psy avait raison, je partais de loin. MĂȘme si je rĂ©glais pas mal de choses en analyse, ce nâest pas pour ça que ma mĂšre mâaimera plus ou me permettra dâexister. Est-ce que je nâĂ©tais pas en train de me bercer dâillusions et une nouvelle fois faire fausse route ?JosĂ© est venu me chercher Ă 17 h 45. Il mâa complimentĂ© sur ma tenue. En fait je nâavais plus lâhabitude quâon me porte un autre regard que celui de la haine. Du coup ça mâa plongĂ© dans une profonde tristesse. Pourtant jâaime bien effet câest lui qui mâemmĂšne Ă tous mes rendez-vous Ă lâhĂŽpital. Il est le seul Ă ĂȘtre au courant car papa nâa pas voulu que ça se sache. Parfois il mâattend si papa lui en a donnĂ© lâordre. Dâautres fois, quand je sors de la consultation la secrĂ©taire qui a une vue sur la porte du bureau du psychiatre lâappelle. Jâattends alors quâil vienne me chercher dans la salle dâ papa JosĂ© est presquâun membre de la famille. Ses parents sont arrivĂ©s en France avant la guerre, ils ont fui le rĂ©gime franquiste. Ce sont des espagnols. Ma grand-mĂšre paternelle les avait engagĂ©s Ă la ferme car elle avait besoin dâouvriers agricole pour tenir son Ă©norme exploitation hĂ©ritĂ©e de ses parents dâune part et de son mari dâautre part. Les parents de Pilar aussi. Câest comme ça quâil a connu sa femme car ils vivaient tous ensemble. Ma grand-mĂšre les logeait sur ses terres oĂč ils avaient leur maison. Donc il a toujours connu papa qui avait 10 ans quand il est mâa racontĂ© quâĂ la mort de ma grand-mĂšre paternelle il y a 15 ans, papa lâavait embauchĂ© Ă lâusine comme homme Ă tout faire avec sa femme qui aidait ma mĂšre. Mais je ne me souviens plus trĂšs bien de cette Ă©poque car jâai perdu la mĂ©moire. Mais effectivement je me rappelle Pilar qui faisait le mĂ©nage Ă la maison. En revanche ma grand-mĂšre paternelle me terrorisait Ă cause de son caractĂšre. Et papa allait la voir Ă reculons sous la pression de ma mĂšre qui disait quâon devait connaitre notre grand-mĂšre. Mais jâavoue que jâĂ©tais comme mon pĂšre. Contente de la voir JosĂ© est donc venu me chercher et il avait ordre de me raccompagner si je nâallais pas bien. Il avait prĂ©vu de rester au fond de la salle oĂč je pourrais le trouver. Papa avait bien insistĂ© pour que je rentre dĂšs que jâen exprimerais le nous sommes arrivĂ©s Ă lâusine la nuit Ă©tait dĂ©jĂ bien tombĂ©e. Avec lâhiver le fond de lâair Ă©tait trĂšs frais et mon costume nâĂ©tait pas trĂšs Ă©pais. Jâai donc Ă©tĂ© obligĂ©e de rentrer rapidement dans la salle. Le monde, le bruit et la lumiĂšre mâont instantanĂ©ment agressĂ©e. Je nâavais plus lâhabitude dâune telle enfants excitĂ©s courraient partout. Il y avait de la musique et au fond de la salle oĂč sâĂ©tait installĂ© JosĂ©, un immense buffet froid. Charcuterie, pain, cruditĂ©s, il y en avait tellement que je ne pourrais pas tout citer. Quelquâun que je ne connaissais pas mâa proposĂ© un vin chaud que jâai refusĂ©. En effet avec les mĂ©dicaments jâĂ©vite. Aussi jâai pris une eau gazeuse. Ensuite jâai regardĂ© la salle, les gens. Tout me paraissait irrĂ©el, je me demandais aussi ce que je faisais lĂ . Puis papa mâa aperçu et il est venu me voir pour savoir comment jâallais. Il mâa expliquĂ© quâun concours avait Ă©tĂ© organisĂ©. Un jury allait dĂ©signer le meilleur dĂ©guisement de la soirĂ©e est-ce que je voulais y participer ? Jâai dĂ©clinĂ© et il nâa pas insistĂ©. Jâai vu aussi maman dans la salle mais elle a fait mine de ne pas me reconnaitre. CâĂ©tait violent mais je lâai la salle il y avait un photographe. Le comitĂ© dâentreprise pour financer la tombola comptait revendre les clichĂ©s. CâĂ©tait ainsi lâoccasion pour des familles dâavoir des souvenirs oĂč tout le monde est rĂ©uni sur la mĂȘme photo. Ils Ă©taient donc sĂ»r de les Ă©tait trĂšs entourĂ©, ça contrastait avec ma solitude. En effet personne ne mâa adressĂ© la parole sauf pour me proposer une boisson. Je me revoyais potiche Ă mon comitĂ© technique, câĂ©tait horrible de se sentir aussi mal. JosĂ© est venu me proposer une assiette de charcuterie mais je nâavais pas faim. Je lâai vu ensuite parler Ă lâoreille de fini par aller me mettre dans un coin de la salle et je regardais passivement le dĂ©filĂ© organisĂ© pour sĂ©lectionner le meilleur dĂ©guisement. Câest alors que papa mâa rejoint accompagnĂ©e dâune femme blonde en pyjama de soie que je nâai pas reconnu tout de suite Ă cause de la teinture peroxydĂ©e. CâĂ©tait Laurence ! Ses parents travaillaient toujours Ă lâusine et le fils de Laurence qui avait 5 ans participait au papa rassurĂ© de me savoir enfin moins seule Ă la soirĂ©e nous a laissĂ© ensemble. ImmĂ©diatement jâai Ă©tĂ© troublĂ©e de la revoir et elle aussi dâailleurs. Depuis que nous nous Ă©tions quittĂ©es 12 ans plus tĂŽt, je lâavais Ă peine revue. Nous avions pris des voies diffĂ©rentes au lycĂ©e. Laurence mâa racontĂ© quâelle sâĂ©tait mariĂ©e et avait un fils. Son mari tenait la librairie en ville et ils vivaient bien grĂące aux livres scolaires. Avec un lycĂ©e et un collĂšge câĂ©tait presque une rente de Laurence a voulu savoir ce que jâĂ©tais devenue. Jâai Ă©tĂ© assez succincte et jâai surtout parlĂ© de mes problĂšmes de travail. Elle a aussi voulu savoir si jâĂ©tais mariĂ©e. Je lui ai souri. Non je suis toujours lesbienne et cĂ©libataire. Câest Ă ce moment-lĂ que le photographe nous a demandĂ© de poser mari est venu nous rejoindre. Elle nous a prĂ©sentĂ©. Moi comme sa meilleure amie Ă lâadolescence et fille du patron de lâusine. Apparemment il ne savait rien de lâhistoire car il Ă©tait plutĂŽt content de ces retrouvailles pour sa femme. Puis il mâa appris que Laurence ne travaillait pas malgrĂ© une licence en lettres classiques. Elle lâaidait Ă la librairie mais surtout en bonne mĂšre se consacrait entiĂšrement Ă son fils. Il mâa ensuite exaspĂ©rĂ© en la prenant par la taille et en lâembrassant dans le cou, en mâĂ©talant son bonheur Ă la figure il me renvoyait Ă ma solitude. Puis il mâa appris que Laurence venait tous les mercredis au village pour voir ses parents afin quâils profitent de leur alors que jâai senti un malaise arriver. Jâavais des sueurs froides, les oreilles qui bourdonnaient et une terrible envie de vomir. Je me suis prĂ©cipitĂ©e dehors car je pensais que lâair me ferait du bien. Mais je nâen ai pas eu le temps. Je me suis Ă©croulĂ©e Ă terre et jâai perdu connaissance. Je me suis ainsi rĂ©veillĂ©e Ă lâinfirmerie de lâusine sur un lit brancard. Autour de moi papa qui chassait les indiscrets et Laurence qui mâĂ©pongeait le front. Jâavais toujours des nausĂ©es. Quand jâai repris connaissance papa mâa demandĂ© si je voulais quâon appelle les pompiers pour aller Ă lâhĂŽpital. En fait jâavais dĂ» faire un malaise hypoglycĂ©mique car je nâavais rien mangĂ© de la journĂ©e. Papa qui avait besoin de se sentir actif est parti me chercher une assiette remplie de nourriture et du coca. Effectivement aprĂšs avoir mangĂ© je me suis sentie a alors appelĂ© JosĂ© pour quâil me raccompagne. Ensuite palabres. Laurence voulait venir avec moi afin de sâassurer que tout irait bien. Son mari a eu lâair dâapprĂ©cier moyen de sâoccuper de son fils. Câest alors que la mĂšre de Laurence sâest proposĂ©e pour le garder et lui pourrait rentrer. Quant Ă Laurence elle dormirait chez ses parents pour une fois. Papa pour clore le dĂ©bat rassura le mari. JosĂ© viendrait chercher Laurence et son fils demain matin au domicile de ses parents et lâenfant serait Ă lâheure Ă lâĂ©cole effet papa savait que la psychiatre risquait de lui demander des comptes avec la gestion de ce malaise si jamais ça tournait mal. En plus ça lâarrangeait bien que je ne reste pas seule. Il savait aussi quelle relation jâavais eu avec Laurence adolescente. Me lâoffrait-il sur un plateau ? Alors que je sortais des toilettes oĂč Laurence mâavait accompagnĂ©e il mâa adressĂ© un clin dâĆil complice. Il mâa embrassĂ© sur la joue et souhaitĂ© une bonne fin de soirĂ©e alors quâil Ă©tait tout juste 20 JosĂ© nous a raccompagnĂ© Ă la maison. Je lui ai proposĂ© de rentrer boire un cafĂ© mais il a refusĂ©. Laurence lui a dit de retourner Ă la fĂȘte. Elle se dĂ©brouillerait seule pour rentrer chez ses parents car leur maison Ă©tait Ă peine 300 mĂštres de lĂ . Il ne sâest pas fait prier car il voulait retourner sâamuser et boire. Et attendre dans la voiture avec le froid de lâhiver ne lâemballait pas non nous sommes donc retrouvĂ©es seules chez moi. Elle a retirĂ© son manteau et en dessous elle Ă©tait dĂ©jĂ en pyjama. Quand je lui ai fait remarquer que demain elle aurait lâair bĂȘte de rentrer chez elle ainsi, elle mâexpliqua quâelle sâĂ©tait costumĂ©e chez ses parents. Aussi je ne devais pas mâinquiĂ©ter. Puis Laurence sâest approchĂ©e de moi et est venue mâembrasser. Je lâai repoussĂ©e en lui demandant Ă quel jeu elle jouait ? Je lui ai rappelĂ© comment sâĂ©tait terminĂ© notre relation et en plus maintenant elle Ă©tait mariĂ©e. Elle mâa alors expliquĂ© quâelle Ă©tait mal mariĂ©e et quâelle aimait toujours les femmes. Elle avait cĂ©dĂ© Ă la pression sociale et son dĂ©sir de maternitĂ© avait eu raison de son Ă©panouissement personnel. En fait elle ne mâavait jamais oubliĂ©e et mâa mĂȘme confiĂ© quâelle se masturbait souvent en pensant Ă moi. Charmant ! Et moi je lâavais remplacĂ©e ? Je nâai pas voulu mâĂ©taler sur ma vie mais je lui ai confirmĂ© ce quâelle avait envie dâentendre. Moi non plus je ne lâavais pas oubliĂ©e et nâavais pas fait le deuil de cette relation. Câest ainsi quâon sâest retrouvĂ© nues dans ma chambre Ă nous embrasser et caresser comme des adolescentes. Cela me faisait bizarre dâĂȘtre lĂ excitĂ©e avec Laurence qui lâĂ©tait tout autant que moi. Elle Ă©tait en plus dans une forme dâurgence alors que jâaurais voulu prendre mon temps. En effet avec les mĂ©dicaments ma libido est au ralenti. On sâest donc caressĂ© et ensuite Laurence a voulu faire lâamour. Cela a Ă©tĂ© un fiasco. Elle a joui rapidement et moi je nây suis pas arrivĂ©e. Elle en devenait mĂȘme agressive avec moi car ça ne venait pas malgrĂ© ses efforts. Le frottement devenait aussi douloureux alors je lui ai demandĂ© dâarrĂȘter. Je nâai pas voulu simuler et je lui ai donc dis la vĂ©ritĂ©. JâĂ©tais en dĂ©pression et je prenais des traitements. En fait elle le savait car elle avait vu les cicatrices sur mes poignets. Elle attendait que jâen voulu la retenir pour un moment plus tendre mais elle a sautĂ© dans son pyjama. En fait elle avait eu ce quâelle voulait. Avant de partir elle mâa demandĂ© mon numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone. Elle mâappellerait car elle voulait quâon se revoie. Une fois partie, jâai pleurĂ©. PleurĂ© sur un amour mort et qui le resterait. Laurence Ă©tait un fantĂŽme du passĂ©. Il nây avait aucun avenir possible entre nous et ce nâest pas ce type de relation que je voulais. Jâavais donnĂ© merci !Le lendemain papa mâa appelĂ© pour savoir comment jâallais. Il mâa senti dĂ©pressive Ă ma voix. Il avait pensĂ© bien faire en me demandant de rentrer avec Laurence car il savait que je lâaimais toujours. A cette phrase je me suis mise Ă pleurer. Sans rentrer dans les dĂ©tails je lui ai racontĂ© quâavec les mĂ©dicaments ça va Ă©tĂ© une catastrophe. Et puis elle Ă©tait mariĂ©e. En Ă©rudit quâil Ă©tait papa mâa citĂ© Sartre Il y a dâun cĂŽtĂ© les amours nĂ©cessaires. Et de lâautre les amours contingentes. » Laurence nâavait pas de scrupules Ă tromper son mari, je ne devais pas en avoir Ă mâamuser un peu. Il nây avait pas de mal Ă se faire du bien. Nous avons alors rigolĂ© ensemble dans une sorte de complicitĂ© masculine qui mâa rappelĂ© les propos de mon ex-psy sur ma virilitĂ©. Papa a raccrochĂ© en me disant quâil Ă©tait heureux de mâavoir entendu Ă moi, au calme, jâai essayĂ© de repenser Ă Laurence. Je me suis masturbĂ©e longuement, jâai eu du plaisir mais pas dâorgasme. Secrets de famille chapitre 22 Vendredi 7 fĂ©vrier 1992 â ENTRETIEN AVEC LA PSYCHIATRELa sĂ©ance avait pourtant bien commencĂ©. En effet ma psychothĂ©rapeute sâĂ©tait entretenue avec elle. Finalement elle admet que je suis mieux chez moi quâĂ lâhĂŽtel. Ensuite les mĂȘmes questions. Contrairement Ă dâhabitude jâai acceptĂ© de rĂ©pondre de façon un peu plus dĂ©taillĂ©e. Je lui ai racontĂ© lâhistoire du pain au chocolat aprĂšs la sĂ©ance. Elle mâa dit que je progressais, câĂ©tait elle a remarquĂ© que depuis le dĂ©but de lâentretien jâavais un petit sourire. Quâest-ce qui me mettait ainsi de bonne humeur ? Câest alors que je lui ai racontĂ© la soirĂ©e costumĂ©e, le malaise, Laurence. Je lâai vue sâagiter sur son siĂšge. Pourquoi mon pĂšre ne lâavait-il pas appelĂ©e ? Pourquoi jâavais refusĂ© dâaller Ă lâhĂŽpital ?Je sentais lâĂ©nervement monter. Jâaurais mieux fait de me taire elle nâen aurait rien su. Pensant que jâallais la calmer je lui ai fait remarquer que jâĂ©tais lĂ devant elle, allant mieux. Et alors ça ne changeait rien Ă la situation ! En fait je ne comprenais pas ce qui la contrariait. Aussi jâai osĂ© lui poser la question. Elle mâa rĂ©pondu que je nâĂ©tais pas en arrĂȘt de travail pour prendre du bon temps. Cette histoire avec Laurence Ă©tait vouĂ©e Ă lâĂ©chec ! Provocante je lui ai demandĂ© quâelle me change de traitement car celui-ci nâĂ©tait pas trĂšs aphrodisiaque !Quâest-ce que je nâavais pas dit lĂ ! Elle mâa sommĂ© de rompre la relation. Mais pour qui se prenait-elle lui ai-je hurlĂ© ? Je me suis levĂ©e et suis sortie en claquant la porte. Elle mâa couru aprĂšs en me hurlant de revenir. Des infirmiers alertĂ©s par les cris sont venus Ă sa rescousse. En deux temps trois mouvements jâĂ©tais entourĂ©e et ceinturĂ©e. Et jâai Ă©tĂ© emmenĂ©e dans une salle Ă lâ psychiatre mâa dit froidement que si jâĂ©tais en Ă©tat de lui tenir tĂȘte jâĂ©tais en Ă©tat de reprendre le travail. Je lâai traitĂ©e de salope, jâai hurlĂ© Ă lâabus de pouvoir. Jâai reçu une injection. AprĂšs câest le trou noir. Papa et JosĂ© sont venus me chercher et jâai dormi jusquâau mâa dit que je devais prĂ©senter mes excuses Ă la 11 fĂ©vrier 1992 â 5 Ăšme SĂANCE DE PSYCHOTHĂRAPIE LES FEMMESLa psychothĂ©rapeute mâa demandĂ© comment jâallais. Elle Ă©tait au courant de mon clash avec la psychiatre et de lâinjection dâHaldol. Elle voulait ma version des faits. Aussi je lui ai tout racontĂ©. Y compris les entretiens prĂ©cĂ©dents oĂč elle mâavait traitĂ©e de mĂ©galo et de malade difficile. En fait elle ignorait ces Ă©lĂ©ments. Le bon point câest que jâai rĂ©ussi Ă sortir ma colĂšre et je ne lâai pas retournĂ©e contre moi. Le mauvais point câest que jâen avais encore beaucoup en psychothĂ©rapeute a tentĂ© de dĂ©samorcer le conflit. En effet la psychiatre nâavait pas Ă me parler ainsi, câĂ©tait inutilement blessant et humiliant. Mais peut-ĂȘtre Ă©galement quâil y avait un transfert nĂ©gatif des deux cĂŽtĂ©s. Aussi elle mâa demandĂ© comment ça se passait habituellement avec les femmes ?DâemblĂ©e jâai annoncĂ© la couleur. Je suis lesbienne. Laurence a Ă©tĂ© mon premier et unique amour et je ne mâĂ©tais jamais remise de cette rupture que jâavais trouvĂ©e injuste. La psychiatre mâa fait remarquer que ce deuil non fait mâa traumatisĂ©e comme le suicide de lâouvriĂšre aprĂšs. Avais-je connu dâautres deuils dans ma vie ?En dehors de ma grand-mĂšre paternelle aucun. Quels Ă©taient mes rapports avec ma grand-mĂšre ? Etais-je proche dâelle ? En fait je ne la connaissais pas trop, elle est morte jâavais 12 ou 13 ans, câest Ă peine si je mâen souviens. En plus nous allions peu la voir alors que gĂ©ographiquement elle Ă©tait Ă cĂŽtĂ©. Mais câest mon pĂšre qui nây tenait pas trop alors que ma mĂšre au contraire lây jây allais ça se passait comment ? Jâavais horreur dây aller car ma grand-mĂšre Ă©tait une maitresse-femme imposante et autoritaire. Son mari avait Ă©tĂ© gazĂ© durant la premiĂšre guerre mondiale. Elle lâavait Ă©pousĂ©e elle en avait 15, câĂ©tait en 1919. Mes arriĂšre-grands-parents des deux cĂŽtĂ©s avaient des terres et une ferme et pour Ă©viter le dĂ©membrement, ils avaient arrangĂ© ce mariage. CâĂ©tait donc un mariage arrangĂ© ? Oui mais câĂ©tait normal Ă lâĂ©poque. La psychothĂ©rapeute me fait aussi remarquer le jeune Ăąge de ma grand-mĂšre. Quel Ăąge avait son mari ? Au moins dix ans de plus. Et comme il avait Ă©tĂ© gazĂ© jâai toujours entendu dire quâil ne pouvait plus travailler Ă la ferme. Câest pourquoi ils avaient des ouvriers. Souvent des espagnols qui avaient fui Franco. Est-ce que jâai connu mon grand-pĂšre ? Non et je ne sais mĂȘme pas quand est-ce quâil est mort. Mon pĂšre ne parle jamais de son pĂšre. La psychothĂ©rapeute mâincite Ă poser des questions Ă mon pĂšre car vraisemblablement il me manque des Ă©lĂ©ments pour me repĂ©rer dans ma gĂ©nĂ©alogie. Elle me fait aussi remarquer que dans ma famille il y a une lignĂ©e de femmes fortes. Ensuite elle revient sur les femmes en gĂ©nĂ©ral. Est-ce quâaprĂšs Laurence jâai fait dâautres rencontres ? Oui. Nombreuses mĂȘme mais aucune nâa comptĂ©. Elle mâa demandĂ© comment ça se passait pour que ça ne compte jâhabitais en rĂ©gion parisienne, le week-end je sortais en boites ou dans des bars lesbiens. CâĂ©taient des rencontres dâun soir. A lâhĂŽtel, dans les toilettes ou ma voiture câest selon. Juste des rapports sexuels brefs, sans amour et sans lendemain. Je ne mâaimais pas assez pour cela. Et Laurence mâavait brisĂ©e intĂ©rieurement. Mon cĆur Ă©tait devenu sec. Mon ancien psy disait que jâavais le caractĂšre viril. En cela il avait tout Ă fait psychothĂ©rapeute est revenue alors sur Laurence. Avais-je lâintention de la revoir ? Jâaimerais bien mais avec le traitement câest difficile. Difficile comment ? Je me suis tortillĂ©e de gĂȘne sur ma chaise. Jâai racontĂ© comment sâĂ©tait dĂ©roulĂ© la soirĂ©e avec Laurence. En effet le traitement a des consĂ©quences sur la libido mais dans ce que je dĂ©crivais jâen avais eu envie. Oui bien sĂ»r. Elle mâa demandĂ© si je me donnais du plaisir. Re gĂȘne. Oui. Et comment ça se passait toute seule sans la pression. En fait jâavais du plaisir mais pas dâorgasme. Elle mâa expliquĂ© quâon pouvait changer de molĂ©cules, il y a des antidĂ©presseurs qui nâont pas ces effets. Jâai alors fait remarquer que je me voyais mal redemander Ă la psychiatre un changement de traitement surtout quâelle Ă©tait dĂ©favorable Ă ma relation avec psychothĂ©rapeute nâĂ©tait pas du mĂȘme avis. Avoir des pulsions de vie qui se remettent en route quand des pulsions de mort sont Ă lâĆuvre, câest le combat dâEros contre Thanatos. Des pulsions essentielles chez lâhomme et thĂ©orisĂ©es par Freud. Pour elle au contraire, câest Ă encourager. Laurence et moi sommes deux adultes consentantes, la psychothĂ©rapie ne sâembarrasse pas de la morale. Que Laurence soit mariĂ©e nâest pas un mâa encouragĂ©e dans mes pratiques solitaires, je devais me rĂ©approprier mon corps et mon plaisir. Adviendra ce quâil adviendra avec Laurence. En rentrant je me suis masturbĂ©e. Jâai eu du plaisir mais pas dâorgasme. Jâen ai aussi profitĂ© pour explorer dâautres zones. Vendredi 14 fĂ©vrier 1992 â ENTRETIEN AVEC LA PSYCHIATREDrĂŽle de Saint-Valentin. Jâai prĂ©sentĂ© mes excuses Ă la psychiatre. Elle sâĂ©tait une fois elle a Ă©tĂ© moins dirigiste. Pas de questions sur mon appĂ©tit ou mon sommeil. Elle mâa en revanche demandĂ© si jâavais revu Laurence. Non, dâailleurs elle ne mâavait pas rappelĂ© non nâai pas eu besoin dâaborder le traitement, câest elle qui en a parlĂ©. Soit elle baisse les doses, soit elle change de molĂ©cules. Mais si les nouvelles molĂ©cules ont moins dâeffets secondaires elles ont aussi moins dâeffets principaux. Je sentais que ça la crispait de devoir revoir sa copie avec moi. NĂ©anmoins ma thĂ©rapeute avait dĂ» ĂȘtre convaincante. Nous avons convenu de baisser les doses ainsi on pourrait les remonter si ça nâallait pas. Cela sâeffectuerait par palier, on Ă©tait vendredi, si je devais dĂ©compenser, ce ne serait pas avant lundi. Jâai dĂ» lui promettre dâappeler si je sentais revenir au galop mes idĂ©es suicidaires. Lundi 17 fĂ©vrier 1992 â APPEL DE LAURENCEJe regardais Ă la tĂ©lĂ©vision le patinage artistique. En effet câĂ©taient les Ă©preuves de danse par couple aux jeux olympiques dâhiver dâAlbertville. Non pas que je sois fan mais parce quâen dehors de la tĂ©lĂ©vision je nâai pas grand-chose pour mâoccuper. Je ne peux toujours pas le tĂ©lĂ©phone a sonnĂ©. CâĂ©tait Laurence. Elle chuchotait car son mari Ă©tait dans la piĂšce Ă -cĂŽtĂ©. Elle mâannonçait que mercredi elle emmenait son fils chez ses parents et quâelle aimerait me voir chez moi. 14 heures ça me convenait ? Jâai dit oui. Je me suis remise devant la tĂ©lĂ©vision. Quand je me suis couchĂ©e jâai rĂ©alisĂ© que Laurence venait mercredi. Câest alors que jâai ressenti une envie que je nâavais pas ressenti depuis longtemps. Je me suis masturbĂ©e. Jâai eu du plaisir et puis un orgasme puissant mâa submergĂ©. Câest alors que jâai poussĂ© un cri dĂ©chirant animal et primal. Celui que jâavais ressenti en thĂ©rapie et qui tapi dans ma gorge se libĂ©rait enfin. Jâai pleurĂ© de douleur, de bonheur et de chagrin. Mardi 18 fĂ©vrier 1992 â 6 Ăšme SĂANCE DE PSYCHOTHĂRAPIE LAURENCEJâai commencĂ© la sĂ©ance par lâappel de Laurence. JâĂ©tais Ă la fois excitĂ©e et angoissĂ©e de la voir, câĂ©tait un sentiment poisseux. La thĂ©rapeute mâa demandĂ© ce que jâattendais de ce rendez-vous. En dehors dâune relation sexuelle je ne voyais pas trop. En effet Laurence Ă©tait mariĂ©e, elle nâallait pas quitter son mari encore moins sâassumer. Alors pourquoi entreprendre une relation que je savais par avance condamnĂ©e ? Il y a eu un blanc de ma part. De toute maniĂšre je pouvais aussi dire ça de la relation avec ma mĂšre qui Ă©tait dâavance condamnĂ©e puisque je nâĂ©tais pas psychothĂ©rapeute a voulu savoir ce qui mâavait Ă©tĂ© racontĂ© de ma conception et de ma naissance. Jâai repris ce que jâavais dit dans ma prĂ©cĂ©dente analyse. Ma mĂšre avait fait une sĂ©vĂšre dĂ©pression du post-partum et cela avait eu pour consĂ©quence la fin du couple conjugal remplacĂ© par le couple parental. Elle me fit remarquer que je nâĂ©tais pas Ă ma place de petite fille avec les confidences de mes parents sur leur sexualitĂ©. CâĂ©tait leur affaire pas la mienne. Depuis ma naissance je suis entretenue dans une confusion des places et des rĂŽles. Certes je nâavais pas Ă©tĂ© dĂ©sirĂ©e ni nâavais demandĂ© Ă vivre. Mais pour quelquâun qui Ă©tait si peu investie au dĂ©part, jâai tout de mĂȘme dĂ©pensĂ© beaucoup dâĂ©nergie pour me maintenir en vie. Mon enfance et mon adolescence ont Ă©tĂ© une succession de traumatismes parce que les dĂ©s avaient Ă©tĂ© pipĂ©s dâ effet je nâĂ©tais pas nĂ©e que les carottes Ă©taient dĂ©jĂ cuites. Cependant malgrĂ© tout je me suis accrochĂ©e Ă la vie. Les pulsions sadiques de ma mĂšre ne mâont pas totalement mon homosexualitĂ© la fait rager Ă plus dâun titre. Câest ma façon de lui Ă©chapper, mon espace de libertĂ© sur lequel elle nâa pas de prise. MĂȘme si on a par le passĂ© cherchĂ© Ă dĂ©truire ma fĂ©minitĂ©, intĂ©rieurement je la prĂ©serve avec mes relations aux en revenons Ă Laurence. Quâest-ce que jâen attends ? Jâai racontĂ© alors quâĂ la suite de son appel tĂ©lĂ©phonique jâai eu un orgasme profond et sâen est suivi un long cri libĂ©rateur. Quand on touche le fond il ne reste quâune option. Taper violemment du pied sur le sol pour remonter Ă la surface. LâĂ©nergie sexuelle est la premiĂšre Ă©nergie pour donner la vie, je ne dois pas lâoublier a conclu la mâa souhaitĂ© un bon mercredi avec Laurence. Dâen profiter dans le ici et maintenant. Secrets de famille chapitre 23 Le premier cahier venait de sâachever sur ces mots. Jade se leva pour le dĂ©poser sur la table basse. Câest alors que sans se parler dans un mĂȘme Ă©lan elles se mirent nues et se jetĂšrent lâune sur lâautre en se caressant frĂ©nĂ©tiquement. Camille attira Jade Ă elle pour sâallonger sur le canapĂ©. Elles firent lâamour sauvagement et jouirent quasi ensemble. Je nâen pouvais plus Jade !â Et moi donc, jâavais une envie de toi.â A quel moment ça tâa pris ?â Quand elle a couchĂ© avec Laurence.â Moi aussi.â Je viens de voir lâheure. Tu ne veux pas quâon mange et quâensuite on monte dans ta chambre refaire lâamour plus tranquillement. Sinon je ne te garantis pas Camille de rester de marbre dans la lecture ensuite. â Dâaccord ! »Mercredi 19 fĂ©vrier 1992 â LâAMOUR AVEC LAURENCELaurence a Ă©tĂ© ponctuelle. Ses parents Ă©taient ravis dâavoir leur petit-fils, ils nâĂ©taient pas pressĂ©s quâelle revienne trop tĂŽt de chez moi. Ils lâont mĂȘme encouragĂ©e Ă reprendre la relation. En effet mĂȘme si mon pĂšre ne veut pas que ça se sache tout le monde est au courant de ma dĂ©pression. Et surtout son inquiĂ©tude est visible de tous. Bref les parents de Laurence sont passĂ©s Ă autre chose depuis notre adolescence. Lâeau a coulĂ© sous les ponts mâa dit la semaine derniĂšre Laurence Ă©tait trĂšs excitĂ©e. Elle a voulu quâon fasse lâamour tout de suite. Je nâai pu mâempĂȘcher de lui demander pourquoi elle Ă©tait aussi affamĂ©e de sexe. CâĂ©tait uniquement avec moi ou elle Ă©tait aussi comme ça avec son mari. En fait je ne voulais pas le montrer mais jâĂ©tais dĂ©jĂ jalouse de mâa rĂ©pondu quâelle Ă©tait frigide avec les hommes. Dâailleurs quand elle faisait lâamour avec son mari, elle fantasmait sur les femmes. Elle nâavait du plaisir quâen sâen donnant sinon elle ne ressentait rien. Aussi elle Ă©tait en manque et depuis quâelle me savait dans les environs elle Ă©tait comme une folle. En particulier elle ne se reconnaissait plus car elle se masturbait de maniĂšre compulsive. La semaine Ă©coulĂ©e a Ă©tĂ© un enfer pour elle. Jâai rigolĂ© car je lui ai racontĂ© que moi aussi jâai eu une activitĂ© solitaire plus chargĂ©e que dâhabitude. Câest alors que jâai retrouvĂ© Laurence, celle de mon adolescence. Jâai ressenti le mĂȘme amour, la mĂȘme envie. Elle aussi se reconnectait Ă cette pĂ©riode. Je lui ai dit que je voulais prendre tout mon temps car mon traitement avait Ă©tĂ© adaptĂ©, jâavais envie dâelle et pourrais jouir. Je voulais aussi quâon refasse connaissance. On sâest dĂ©shabillĂ© et on sâest caressĂ©. Le dos, les Ă©paules, les seins, les fesses. On laissait le dĂ©sir monter. Ni lâune ni lâautre nâĂ©tait pressĂ©e. Les sensations venaient de loin. Puis on sâest embrassĂ© collĂ©es lâune Ă lâautre. CâĂ©tait bon. Jâavais oubliĂ© combien Laurence embrassait bien. On sâabandonnait avec dĂ©lice quand je lâai entendu pousser un petit gĂ©missement. Elle avait joui comme ça sans que je la touche. Jâen ai Ă©tĂ© Ă©mue et mâa demandĂ© dâattendre un peu avant de continuer. Je lâai prise dans mes bras. JâĂ©tais bien. Cela suffisait Ă mon bonheur. La souffrance sâĂ©tait envolĂ©e. Laurence mâa demandĂ© Ă quoi je pensais. Jâai rĂ©pondu Ă rien. Elle sâest mise sur le cĂŽtĂ© puis mâa caressĂ©e lentement. JâĂ©tais lascive et passive, je nâavais pas envie de prendre le contrĂŽle ni dâĂȘtre active pour une fois. Comme on sâĂ©tait arrĂȘtĂ© Ă la demande de Laurence mon excitation Ă©tait retombĂ©e. Je lui en fait la remarque car la derniĂšre fois ça lâa rendu agressive que je sois lente Ă venir. Elle mâa rĂ©pondu laisse toi faire, tu en as envie ! ». Elle mâa embrassĂ© et est venue me chevaucher. Jâai nâa pas vu le temps passer. On a fait plusieurs fois lâamour. Puis on a entendu le tĂ©lĂ©phone, câĂ©taient les parents de Laurence qui se demandaient ce quâon bien. On a eu toutes les peines du monde Ă se quitter. On sâest dit Ă mercredi prochain. JâĂ©tais dans ma bulle. Je nâai pas Ă©prouvĂ© le besoin de me masturber dans la soirĂ©e car jâĂ©tais repue dâamour et de sexe. Je reprenais goĂ»t Ă la vie grĂące Ă 21 fĂ©vrier 1992 â ENTRETIEN AVEC LA PSYCHIATREJâĂ©tais sur un petit nuage en arrivant Ă lâentretien mais jâen suis vite redescendue. En effet je nâai pas pu cacher mon bonheur dâavoir retrouvĂ© Laurence. La psychiatre mâa rembarrĂ© sĂšchement. Si avoir des relations sexuelles guĂ©rissait de la dĂ©pression ça se saurait !Elle me remet en garde contre cette relation quâelle juge inappropriĂ©e. Cependant je me garde bien de lui livrer le fond de ma pensĂ©e car je nâai pas envie dâune nouvelle elle me demande si jâai rĂ©flĂ©chi Ă mon avenir professionnel. Non. Eh bien je devais commencer Ă mây mettre. Par ailleurs elle mâa annoncĂ© que la sĂ©curitĂ© sociale lâavait suivie sur sa demande de congĂ©s de longue maladie. Il me faudrait mettre Ă profit ce temps pour construire un projet personnel et elle ne me trouvait pas trĂšs motivĂ©e elle me blessa une nouvelle fois avec une remarque dĂ©sobligeante. En particulier elle me trouvait plus prompte Ă avoir des rapports sexuels que des idĂ©es pour mâen sortir. Aussi je lui ai demandĂ© si mon homosexualitĂ© lui posait un problĂšme. Elle a eu lâair surpris de ma rĂ©flexion et offusquĂ©e nia que ça puisse avoir une influence sur ses propos. Mais quand mĂȘme, pourquoi mâagresser alors que la thĂ©rapeute mâencourageait dans cette relation. Ah bon ? Elle nâĂ©tait pas au alors repris les propos sur Eros et Thanatos. Je nâĂ©tais plus non plus une ado. Je savais que la relation avec Laurence Ă©tait sans issue. Mais reprendre goĂ»t Ă la vie de cette maniĂšre Ă©tait quand mĂȘme plus agrĂ©able que par des longues sĂ©ances de thĂ©rapie. Câest alors quâelle a fendu lâarmure. En fait elle sâinquiĂšte beaucoup pour moi car elle est au courant pour le viol. Mon ex-psy lâa dit Ă la premiĂšre psy qui lâa mis dans mon dossier. Elle sait aussi que Laurence est manipulatrice et quâelle est en capacitĂ© de me dĂ©truire car je vais mâaccrocher tellement je me sens seule. Quand elle aura fini de jouer avec moi elle utilisera mes fragilitĂ©s pour me pousser de nouveau au suicide. Je suis sa lâai alors remerciĂ©e de son honnĂȘtetĂ©. En effet câĂ©tait plus clair ainsi. Elle aimerait que je me protĂšge mieux de Laurence. Je lui ai rĂ©pondu que jây 25 fĂ©vrier 1992 â 7 Ăšme SĂANCE DE PSYCHOTHĂRAPIE LAURENCE ENCOREJâai racontĂ© mon aprĂšs-midi avec Laurence sans trop rentrer dans les dĂ©tails. En fait jâai juste dit quâon sâĂ©tait retrouvĂ©es et aimĂ©es et que jâavais eu beaucoup de plaisir. Mais jâai surtout parlĂ© de lâentretien avec la psychiatre. Elle Ă©tait contente quâon ait pu se parler. Nous avions eu un mauvais dĂ©part toutes les deux. Effectivement, je lâavais mal jugĂ©e et je regrettais aussi lâĂ©pisode de lâinsulte. La psychothĂ©rapeute mâa fait rire en disant que la souffrance quand elle sortait ce nâĂ©tait pas dans la dentelle, les pleurs sont accompagnĂ©s de morve. Mais ce qui comptait câĂ©tait que jâaccepte de me faire aider. Ainsi nous avons reparlĂ© de Laurence. De sa position perverse quand elle mâavait sĂ©duite pour ensuite me transformer en bouc Ă©missaire alors quâelle avait assistĂ© Ă ma lapidation chez elle. Elle connaissait donc mes fragilitĂ©s mais nâhĂ©sitait pas Ă les utiliser contre moi pour en tirer un bĂ©nĂ©fice personnel. Laurence voulait le beurre et lâargent du beurre. La respectabilitĂ© et lâamour voyou. Et si ça tourne mal elle mâaccusera de lâavoir entrainĂ©e. Elle se victimisera. Pourquoi est-ce que je ne pouvais pas tourner la page ? Parce que Laurence Ă©tait la seule personne qui mâavait aimĂ© et qui mâaimait. Je ne me sentais pas assez aimable aux yeux des autres. Dâailleurs en thĂ©rapie jâavais dĂ©jĂ travaillĂ© dessus. DĂšs quâil y a plus de deux personnes je me transforme en bouc Ă©missaire. CâĂ©tait encore un cercle vicieux dont je devais me puis lĂ en ce moment jâai besoin de ça. Quâest-ce que jâappelle ça ? Jâavais besoin de faire lâamour, je me sentais en vie. Et puis je connaissais Laurence, câĂ©tait plus facile aussi car ça demande de lâĂ©nergie et de se sentir un minimum bien pour faire connaissance. En puis il se passait quelque chose de nouveau avec Laurence. Et quoi ? Dâhabitude quand je fais lâamour avec une femme je suis trĂšs active, câest moi qui mĂšne le rapport de bout en bout. Ma partenaire est passive. Et avec Laurence je me donne le droit dâĂȘtre passive, jâutilise ma dĂ©pression pour le faire. Et câest comment ? Eh bien ça me donne encore plus de plaisir que lorsque je domine ma partenaire. Je suis soumise et jâaime ça. Cela ne mâangoisse mĂȘme pas ! Vous en pensez quoi de ce qui vous arrive ? Jâai des pulsions masochistes certainement. Non, vous dĂ©couvrez et explorez votre fĂ©minitĂ©, câest ce que vous appelez votre passivitĂ©. Vous vous mettez en position fĂ©minine pendant lâamour et vous en jouissez. Elle a arrĂȘtĂ© la sĂ©ance sur ses mots alors que jâĂ©tais rouge comme une pivoine. Elle mâa serrĂ© longuement la main au moment de partir en me souriant. Secrets de famille chapitre 24 Je ne lâaime pas du tout cette Laurence Camille ! Et toi ?â Moi non plus ! Dâailleurs personne ne peut la voir. Aucune des psys.â Elle nâa quand mĂȘme pas beaucoup dâamour propre ta tante pour la reprendre. Moi je lâaurais envoyĂ© se faire voir.â Câest lĂ que tu te rends compte Ă quel point elle allait mal. En attendant sa thĂ©rapeute la fait bien avancer. Je trouve ces sĂ©ances bien plus intĂ©ressantes que les prĂ©cĂ©dentes.â Tu sens quâelle a envie quâelle sâen sorte et ne plaque pas ses vĂ©ritĂ©s comme lâautre. Je le trouvais pĂ©nible de toujours en revenir Ă ses parents alors quâil nây avait pas que ça dans sa vie.â Comment tu la vois la suite Camille ? â Avec ta tante mieux vaut sâen tenir Ă la lecture tellement elle est surprenante ! »Mercredi 26 fĂ©vrier 1992 â JE SUIS LESBIENNEJâavais hĂąte de retrouver Laurence pour nos jeux sexuels. Dâailleurs elle nâavait pas franchi la porte quâon Ă©tait nues dans la avons refait lâamour comme la derniĂšre fois car Laurence avait remarquĂ© que certaines positions me plaisaient plus que dâautres. Elle a voulu me pĂ©nĂ©trer mais je nâĂ©tais pas prĂȘte. Elle a insistĂ© et je lui ai fait remarquer quâelle Ă©tait lourde. Ensuite elle sâest excusĂ©e, elle mâaime tellement quâelle a envie de fusionner avec moi. Finalement jâai repris mon rĂŽle actif avec elle quand nous avons refait lâamour tout de suite aprĂšs. Elle avait aussi apportĂ© un gode. CâĂ©tait nouveau pour moi. Cependant jâai refusĂ© de mâen servir. En effet je suis lesbienne, jâai des doigts, une langue, quâest-ce que jâen ai Ă faire dâun bout de plastique. Elle mâa alors montrĂ© comment elle sâen servait. Pour une femme frigide avec les hommes je lâai trouvĂ©e bien excitĂ©e avec son engin. En jouissant elle a eu une grimace que je ne lui connaissais pas. JâĂ©tais aussi en colĂšre car elle mâavait exclu de sa jouissance et me punissait avec son orgasme quâelle se donnait sans mây associer. Elle me ramenait Ă ma condition de femme privĂ©e de phallus. A cet instant jâai eu envie de la jeter dehors ! Mais je me suis partant elle mâa laissĂ© 4 photos. Une de nous Ă la soirĂ©e costumĂ©e. Et trois dâelle. Comme cela si jâavais des envies je pourrais me servir des photos pour assouvir mes fantasmes. Jâai Ă©tĂ© de marbre quand elle me les a offertes. Cache ta joie » mâa-t-elle dit. Ensuite elle mâa embrassĂ©e en me murmurant Ă lâoreille quâelle penserait Ă moi quand elle ferait lâamour avec son mari. Je ne sais pas si ce sont les derniĂšres sĂ©ances avec les psys qui ont calmĂ© mes ardeurs ou les jeux de Laurence mais jâai Ă©tĂ© déçue de notre rencontre. En plus jâai dĂ©couvert que jâĂ©tais jalouse dâun homme, câest le bouquet !Vendredi 28 fĂ©vrier 1992 â ENTRETIEN AVEC LA PSYCHIATREJâai exprimĂ© une nouvelle fois mes regrets au sujet de mes insultes que je regrettais Ă©normĂ©ment. En effet jâĂ©tais tellement aveuglĂ©e par ma souffrance que jâĂ©tais incapable de reconnaitre ceux qui voulaient mâaider de ceux qui mâenfonçaient. Cela mâavait permis dâenchainer sur alors racontĂ© notre aprĂšs-midi. Son insistance Ă vouloir me pĂ©nĂ©trer puis ensuite que je la pĂ©nĂštre avec un gode. La psy mâa Ă©coutĂ© attentivement sans mâinterrompre. Jâai aussi rapportĂ© la phrase sur le mari et ma lâai remerciĂ©e de ses propos. Si elle ne mâavait pas mise en garde sur sa personnalitĂ© manipulatrice je me serais laissĂ© faire sous le coup de la culpabilitĂ© quâelle sait mâinduire. En revanche question sentiments, quelque chose encore mâaccrochait encore Ă Laurence puisque je ressentais de la mâa demandĂ© comment je me sentais ? Je mâĂ©tais respectĂ©e et jâavais senti que jâavais su me protĂ©ger en partie. En particulier jâavais bien progressĂ© ce dâautant que dans cette situation Laurence avait cherchĂ© Ă me chosifier. Je me devais de travailler cet aspect en est revenue sur mon projet professionnel car je devais commencer Ă y penser. Jâai alors promis de mây 4 mars 1992 â 8 Ăšme SĂANCE DE PSYCHOTHĂRAPIE CHOSIFICATIONJe suis arrivĂ©e en sĂ©ance avec un sacrĂ© mal de ventre. Avec lâanorexie, les mĂ©dicaments je nâavais pas eu mes rĂšgles depuis des mois, ça remontait avant ma tentative de suicide. Bref je nâĂ©tais pas dans mon assiette. La psychothĂ©rapeute mâa trouvĂ© pĂąle et pas en grande forme. Du coup je lui ai parlĂ© de mes problĂšmes mâa rassurĂ©e en mâexpliquant quâavec la reprise de lâalimentation, le bon dosage, les effets de la thĂ©rapie mon corps reprenait ses droits. Tout ceci Ă©tait bien naturel, je nâavais pas Ă mâinquiĂ©ter et on nâallait pas le elle mâa demandĂ© de quoi je voulais lâentretenir. Laurence bien sĂ»r. Elle devait en avoir assez que je ne parle que dâelle. En mĂȘme temps il ne se passait pas grand-chose dans ma vie. La psychothĂ©rapeute a soulignĂ© que ces sĂ©ances Ă©taient les miennes, je disposais du cadre, du thĂ©rapeute et du temps comme je lâ suis donc revenue sur notre derniĂšre rencontre et le moment oĂč elle a voulu me pĂ©nĂ©trer. Je mây suis opposĂ©e fermement. CâĂ©tait un progrĂšs pour la psy car jusquâĂ prĂ©sent jâavais eu du mal Ă me faire respecter. En fait pas vraiment car ensuite Laurence a sorti un gode de son sac et sâen est servi sous mes yeux sans tenir compte de mon dĂ©goĂ»t pour lâ une relance de la psy mais elle a laissĂ© du silence. Je lâai alors regardĂ©e et elle mâa fait un signe des yeux pour me signifier de continuer. Jâai alors enchainĂ© sur ma jalousie Ă lâĂ©gard de son mari. De la jalousie ou de la colĂšre ? De la jalousie. Jalousie de quoi puisque jâavais des rapports sexuels avec Laurence. Ce serait plutĂŽt lâinverse, Ă lui dâĂȘtre jaloux, le cocu câest lui pas moi. Effectivement vu sous cet angle. Elle a repris son interrogation. Jalousie ou colĂšre ? En fait colĂšre. ColĂšre que sans mon consentement Laurence utilise nos Ă©bats pour se procurer du plaisir avec son serait-ce pas aussi de ne pas avoir le contrĂŽle car jâĂ©tais habituellement active dans cette situation ? Aussi. Mais pas seulement. JâĂ©tais en colĂšre aprĂšs Laurence car elle mâutilisait sexuellement depuis le dĂ©part. Elle mâavait entrainĂ© dans une frĂ©nĂ©sie et une dĂ©bauche de sexe alors quâau fond de moi, jâaimais ça sans vraiment aimer ça. Dâailleurs je nâarrĂȘtais pas de vouloir la ralentir, lui demander de prendre notre plus elle se disait frigide avec les hommes alors quâavec son gode elle avait pris du plaisir. JâĂ©tais donc aussi en colĂšre aprĂšs moi car je mâĂ©tais fait manipuler et je ne lâavais pas venu psy mâa demandĂ© si câĂ©tait lâobjet en lui-mĂȘme qui me mettait en colĂšre ? Aussi. Mais câĂ©tait surtout de ne pas avoir Ă©tĂ© associĂ©e Ă cette dĂ©cision. Mais est-ce que jâaurais pu envisager dâavoir une relation sexuelle avec ? Oui avec une compagne avec laquelle jâen aurais discutĂ© au prĂ©alable. CâĂ©tait juste quâen ce moment je me sentais fait ce qui me mettait en colĂšre câest que Laurence me chosifiait mais ce nâĂ©tait pas nouveau. CâĂ©taient mĂȘme les bases de la relation depuis lâadolescence. Certainement mais si cela avait pu se produire câest peut-ĂȘtre quâavant elle dâautres mâavaient lĂ je ne sais pas ce qui mâa pris, quelque chose de profond qui est remontĂ© de loin, je me suis mise Ă pleurer. Comme une fontaine, je nâarrivais plus Ă mâarrĂȘter. Heureusement que jâavais un paquet de mouchoirs dans ma poche, la moitiĂ© y est nâentendait que mes reniflements et mes pleurs. Sous ma chaise je voyais une flaque se former. Je ne sais pas combien de temps ça a durĂ© puis je me suis calmĂ©e. La psy mâa demandĂ© si je voulais parler de ce qui venait de se produire. Les pleurs ont alors redoublĂ©. Et dans un hoquet jâai rĂ©pondu que je voulais rentrer chez moi. Je nâosais pas la regarder. Jâai rĂ©pĂ©tĂ© en boucle je veux rentrer chez moi, je suis fatiguĂ©e je nâen peux plus ».La psychothĂ©rapeute mâa demandĂ© si on pouvait appeler quelquâun. JosĂ© mâattendait aujourdâhui. Elle mâa dit quâelle voulait me revoir demain Ă 14 heures. Juste Ă lâheure oĂč Laurence venait me voir et que je ne savais pas comment la joindre. Mais je nâai rien dit car je sais quâelle le savait en me fixant ce rendez-vous. Dans la soirĂ©e la psychothĂ©rapeute mâa appelĂ© pour savoir comment jâallais. Cela mâa beaucoup touchĂ© quâelle se prĂ©occupe de mon Ă©tat. Je lâai remerciĂ©e pour son Ă©coute. Elle mâa Ă©galement informĂ© que la psychiatre voulait me voir demain Ă dix jâai appelĂ© papa. Il nâĂ©tait pas surpris car JosĂ© lui avait racontĂ© que jâavais dĂ» pleurer durant lâentretien. Dâailleurs il sâĂ©tait inquiĂ©tĂ© et voulait savoir comment jâallais. Il avait dâailleurs prĂ©vu de mâappeler tout Ă lâheure. Demain jâavais deux rendez-vous. Je ne devais pas me faire du souci pour cela, il se dĂ©brouillerait avec JosĂ©, je pouvais compter sur mâa Ă©galement demandĂ© comment ça se passait avec Laurence. Mais comment Ă©tait-il au courant ? Le village est petit, tout se savait, dâailleurs ça jasait beaucoup. Jâai alors dit que jâen avais marre dâavoir le mauvais rĂŽle. Il a rigolĂ©. Mais pas du tout. Laurence a le feu aux fesses, tout le monde Ă©tait au courant ici. Dâailleurs il allait la laisser se casser la figure demain devant ma porte quâelle se ridiculise un peu. Mais pourquoi tant de haine contre elle ? Parce que mon pĂšre en bon spĂ©cialiste des maitresses en tout genre savait reconnaitre celles qui vous font du bien et celles qui vous font du mal. Et si Laurence mâapportait du positif je ne serais pas convoquĂ©e demain chez les deux psys au moment oĂč on aurait dĂ» prendre du bon temps. Secrets de famille chapitre 25 Mercredi 4 mars 1992 â ENTRETIEN AVEC LA PSYCHIATRELa psychiatre mâavait pris entre deux rendez-vous aussi celui-ci fut avait organisĂ© une hospitalisation dâune nuit au centre dâaccueil et de crises qui se trouvait juste derriĂšre les bĂątiments de consultation. En effet la psychothĂ©rapeute lâavait alertĂ©e au sujet dâhier. Un traumatisme ancien remontait Ă la surface et cela lâinquiĂ©tait de me savoir seule Ă la maison. Elle pourrait aussi augmenter les doses de traitement et y ajouter dâautres molĂ©cules. Mais Ă©tant donnĂ© le travail que jâeffectuais ce serait dommage de lâinterrompre ou mĂȘme de lâanesthĂ©sier. Aussi elles ont convenu de lâaccompagner tout en me protĂ©geant de mes pulsions pourquoi elle voulait me voir. Bien sĂ»r je pouvais refuser. Mais si jâacceptais, je devais prĂ©parer un sac avec quelques affaires car je serais hospitalisĂ©e juste aprĂšs ma sĂ©ance. Sinon aprĂšs la consultation je devais passer au secrĂ©tariat oĂč on me donnerait un formulaire Ă remplir pour les admissions ainsi que la liste des papiers nĂ©cessaires Ă 4 mars 1992 â 9 Ăšme SĂANCE DE PSYCHOTHĂRAPIE Avant de venir en sĂ©ance, jâavais appelĂ© papa pour le tenir au courant. Il Ă©tait soulagĂ© de cette organisation. Avant de commencer ma sĂ©ance jâai remerciĂ© la psychothĂ©rapeute de son aide. JâĂ©tais tellement habituĂ©e depuis des annĂ©es Ă me dĂ©battre seule avec mes problĂšmes que ça me touchait profondĂ©ment. Elle nâa rien dit mais je lâai sentie Ă©mue. Ensuite elle a voulu savoir comment je me sentais. Mal car je savais quâaujourdâhui en sĂ©ance je devais attaquer un gros morceau ». Mais si je ne me sentais pas en Ă©tat de le faire il nây avait aucune obligation car je devais avancer Ă mon rythme. Je parlais de ce que je voulais, rien ne mâobligeait Ă travailler quelque chose si je nâĂ©tais pas prĂȘte. Dâailleurs câest cela qui mâavait poussĂ© au suicide, cette thĂ©rapie Ă marche forcĂ©e qui ne respectait pas mon corps et ma alors rĂ©pondu que jâĂ©tais prĂȘte. En effet jâavais dĂ©jĂ effectuĂ© ce rĂ©cit. De plus je me suis excusĂ© de ne pas mettre dâaffects dans le rĂ©cit, ce serait factuel. Elle nâa rien donc tout redĂ©ballĂ©. Elle ne mâa pas interrompu mais je lâentendais dĂ©glutir bruyamment frĂ©quemment comme si son corps rĂ©agissait Ă mes la fin elle mâa demandĂ© comment ça se passait avec Pierre Marie. Comment je supportais physiquement sa prĂ©sence ? En fait je nâarrivais pas Ă le dĂ©tester totalement. Pourquoi ? Parce que lui aussi Ă©tait une victime des adultes. Pas plus que moi il nâa choisi sa vie. Je ne devais pas inverser une nouvelle fois les rĂŽles, la victime ce nâĂ©tait pas lui mais moi. Par ailleurs le viol est un crime grave jugĂ© par une cour dâassises. Je devais arrĂȘter de minimiser le traumatisme subi. Et de trouver des excuses Ă tout le câĂ©tait terrible ce constat. Parce que pour que ce soit reconnu comme un crime et que jâai statut de victime, il fallait quâil soit jugĂ©. Jâavais maintenant dĂ©passĂ© de peu les dĂ©lais lĂ©gaux des 10 ans aprĂšs la majoritĂ© pour porter plainte. En dehors de mes souvenirs et paroles contre paroles que restait-il ? Pas Dâailleurs porter plainte mĂȘme lâan passĂ© nâaurait rien changĂ©. CâĂ©taient des procĂ©dures longues et coĂ»teuses voire mĂȘme dissuasives pour les quâest-ce que je pouvais en faire ? Comment me reconstruire ?DĂ©jĂ couper avec Pierre Marie. InstallĂ© dans lâimpunitĂ© par le pacte familial, il Ă©tait maintenant dans la toute-puissance puisquâau-dessus des lois. Dâailleurs le groupe entier se sentait au-dessus en mâayant imposĂ© cette loi du plus part maintenant cette dĂ©pression les arrangeait bien aussi car cela me dĂ©signait comme lâĂ©lĂ©ment dysfonctionnement de la famille. Si je pouvais me suicider ça serait mĂȘme encore mieux pour leur donner bonne conscience. Câest pourquoi maintenant la nouvelle organisation du groupe va ĂȘtre de mâanĂ©antir psychiquement pour que je passe Ă lâacte. Dâailleurs ma mĂšre nâa pas attendu pour le faire. Et ma sĆur a peut-ĂȘtre dĂ©jĂ repris son alliance contre moi. Cependant jâai fait remarquer que mon pĂšre avait changĂ© depuis ma tentative de suicide. En effet il semblait se dĂ©solidariser du fonctionnement maternel qui avait imposĂ© sa loi perverse. On dirait mĂȘme quâil changeait de camp. Aussi je devais creuser. Mon pĂšre dĂ©tenait la rĂ©ponse Ă cette Ă©nigme. Un secret de famille bien elle mâa fait remarquer que depuis un mois ce qui Ă©tait au premier plan câĂ©tait la sexualitĂ©. Ce viol nâĂ©tant plus refoulĂ© dĂ©jĂ depuis longtemps, il sâagissait dâautre chose. Surtout que je mâautorisais le plaisir alors que mon fonctionnement habituel câĂ©tait la demandĂ© alors si lâhospitalisation Ă©tait bien utile car la sĂ©ance mâavait bien aidĂ©e. Elle mâa rĂ©pondu que oui car elle venait de mettre un Ă©norme coup de boutoir dans mon systĂšme de dĂ©fense. Dans quelques heures il allait sâeffondrer et moi avec, il valait donc mieux que je ne sois pas seule. Mardi 4 mars 1992 â NUIT AU CENTRE DâACCUEIL ET DE CRISESJosĂ© avait laissĂ© mes bagages au secrĂ©tariat. Une infirmiĂšre appelĂ©e pour la circonstance mây a emmenĂ©. Nous y sommes allĂ©es Ă pied. Je nâavais jamais vu ce bĂątiment depuis que je venais consulter Ă lâhĂŽpital. Sans doute trop absorbĂ©e dans mes pensĂ©es. Elle mâa laissĂ©e Ă lâentrĂ©e et a passĂ© le relais Ă une de ses collĂšgues. AprĂšs un interrogatoire succinct dans un bureau car elle avait surtout besoin dâun numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone pour savoir qui appeler en cas dâurgence, elle mâa ensuite demandĂ© de lui remettre mon traitement si je lâavais pris avec moi. En effet la psychiatre avait dĂ©jĂ effectuĂ© ses prescriptions, le traitement me serait distribuĂ©, je nâavais donc pas besoin du elle mâa engagĂ© Ă la suivre dans une piĂšce. Elle mâa demandĂ© dâouvrir mon sac et de le vider devant elle. Nâayant pas Ă©tĂ© prĂ©venue que ça se passerait comme ça, jâai eu un gros moment de gĂȘne. Comme jâai hĂ©sitĂ© elle mâa expliquĂ© que câĂ©tait le rĂšglement. Elle voulait sâassurer que rien ne pourrait me servir dans le cas oĂč jâaurais envie de passer Ă lâ donc tout dĂ©ballĂ© y compris la boite de tampons quâelle a ouverte et retournĂ©e dans le sac. On ne sait jamais une lame de rasoir aurait pu ĂȘtre glissĂ©e Ă lâintĂ©rieur. Ainsi elle mâa confisquĂ© une lime Ă ongles en mĂ©tal et mon stylo plume car jâavais aussi pris mon journal. Quand elle a voulu le toucher jâai hurlĂ©. Pas question quâelle lâouvre et quâelle en lise une jâai tout rangĂ© et elle mâa conduit Ă ma chambre. Elle mâa expliquĂ© les horaires. Diner Ă 19 heures dans la salle Ă cĂŽtĂ©, distribution des comprimĂ©s Ă 20 heures. Dâici lĂ , je devais me reposer. Alors quâelle sortait de ma chambre jâai rĂ©clamĂ© mon stylo plume. Elle a poussĂ© un soupir, je sentais que je lâenquiquinais. Elle me lâa donc redonnĂ© Ă contre cĆur. De toute façon elle viendrait me voir rĂ©guliĂšrement. En effet toutes les dix minutes elle entrait dans ma chambre car en plus elle avait exigĂ© que je laisse la porte ouverte. Pour lui montrer ma bonne volontĂ© je suis allĂ©e Ă son bureau lui rendre le stylo une fois terminĂ©. Comme je perds la mĂ©moire je voulais noter Ă chaud ce qui avait Ă©mergĂ© en sĂ©ance. Elle ne sâattendait pas Ă ce que je sois aussi rapide car elle savait quâavec le traitement et ses interruptions jâaurais des difficultĂ©s. Elle mâa alors proposĂ© de prendre une tisane avec elle. Aujourdâhui câĂ©tait calme, il y avait peu de patients elle avait du mâa demandĂ© mon Ăąge, ma profession. Cela me faisait tout bizarre car jâavais oubliĂ© que socialement jâexistais encore aux yeux des autres. Je ne sais pas si câĂ©tait exprĂšs mais elle nâa pas abordĂ© les raisons de ma venue dans ce centre. Nous avions le mĂȘme Ăąge. Elle mâa aussi parlĂ© dâelle, de son mari, ses enfants, son mĂ©tier dâinfirmiĂšre. Elle a cherchĂ© Ă savoir quelles Ă©tudes jâavais fait. Câest alors que je lui ai dit que la psychiatre me poussait Ă rĂ©flĂ©chir Ă mon avenir que jâavais une idĂ©e ? Pas vraiment mĂȘme si lâenseignement me tentait. Son mari Ă©tait prof, ce mĂ©tier Ă©tait difficile mĂȘme si elle apprĂ©ciait quâil ait toutes les vacances scolaires pour ĂȘtre avec les enfants. Je ne devais pas idĂ©aliser un mĂ©tier. Dâautre part ce nâest pas non plus parce quâĂ un endroit ça sâĂ©tait mal passĂ© que ça se passerait mal partout. Jâavais choisi ce mĂ©tier dâingĂ©nieur, il me plaisait. Et puis avec le traitement et la thĂ©rapie normalement je ne devrais pas reproduire ce qui mâavait amenĂ© frappĂ© du coin du bon sens. Je lâai remerciĂ© de cette discussion car elle mâavait fait du bien. Elle mâa conseillĂ© dâaller Ă pĂŽle emploi mĂȘme si je nâĂ©tais pas au chĂŽmage. Ils avaient pas mal dâoffres dâemploi, les lire pourrait relancer mon projet. Il Ă©tait ĂȘtre 17 Ă ma montre. Je me suis allongĂ©e et jâai regardĂ© le plafond laissant mes idĂ©es vagabonder. Je repensais Ă ce mois Ă©coulĂ©. Pile un mois que jâavais revu Laurence et jâĂ©tais enfermĂ©e en psychiatrie. Certes le raccourci Ă©tait violent mais câĂ©tait la jâavais pu dĂ©valer la pente Ă cette vitesse alors que jâĂ©tais censĂ©e plutĂŽt la remonter ?Jâai repensĂ© Ă la sĂ©ance de cet aprĂšs-midi. Couper avec Pierre Marie câĂ©tait couper avec ma sĆur, ma mĂšre et mon pĂšre. En somme couper avec toute ma famille. CâĂ©tait me retrouver seule Ă lâexact opposĂ© de ce que je voulais. Cette thĂ©rapie avait pour objectif de rompre avec cette solitude que je ressentais depuis mon enfance. Pas de mâisoler encore plus. Mon ex-psy mâavait dĂ©jĂ conseillĂ© de dĂ©sinvestir la relation avec Anne mais je nâavais pas voulu lâ part je nâavais rien construit affectivement. Ma vie se rĂ©sumait Ă de la misĂšre sexuelle et avec Laurence je touchais le fond. Deux heures de relations sexuelles frĂ©nĂ©tiques mais question sentiment câĂ©tait le dĂ©sert absolu. Mes amours avec elle nâĂ©taient pas tarifĂ©s mais câĂ©tait pire parce quâelle faisait passer pour de lâamour ce qui nâĂ©tait que de sa part un vide Ă combler. Elle me consommait. LittĂ©ralement. Au sens propre comme au figurĂ©. Jâai senti les larmes monter. Le constat Ă©tait terrible. Comment une fille intelligente, plutĂŽt nĂ©e du bon cĂŽtĂ© de la barriĂšre sociale, sans difficultĂ© particuliĂšre sur le plan social ou matĂ©riel pouvait avoir une telle vie de merde ! Jâavais bientĂŽt 29 ans et je dĂ©pendais de mon pĂšre, de psys et de mĂ©dicaments pour survivre Ă une souffrance dont je ne pourrais jamais me dĂ©barrasser. Entre des bĂ©quilles chimiques et une infantilisation dĂ©gradante je me devais de construire un projet la machine Ă ruminer câĂ©tait remise en route. En deux heures jâĂ©tais mĂ»re. LâinfirmiĂšre mâa retrouvĂ©e pliĂ©e en chien de fusil dans mon lit Ă me tordre de douleur, inondĂ©e par mes pleurs. Mais pourquoi je nâavais pas appelĂ© ou nâĂ©tais allĂ©e la voir ? CâĂ©tait aussi cela lâintĂ©rĂȘt de cette hospitalisation. Elle mâa nĂ©anmoins obligĂ©e Ă me rendre dans la salle Ă manger mĂȘme si je nâavais pas faim. Dâailleurs jâai Ă peine touchĂ© le plateau servi. Ensuite je suis retournĂ©e dans ma chambre, en dehors de mes pensĂ©es morbides rien ne mâ 23 heures je ne dormais toujours pas. Une infirmiĂšre que je ne connaissais pas car la prĂ©cĂ©dente avait dĂ» partir est venue voir comment jâallais. Mal Ă©videmment. Elle sâest assise sur la chaise Ă cĂŽtĂ© du lit et mâa prise la main. Vous nâĂȘtes pas seule pour affronter vos angoisses. » Elle Ă©tait ĂągĂ©e, je sentais la professionnelle expĂ©rimentĂ©e ce qui eut lâeffet de mâ lui ai confiĂ© que je ne voyais aucune issue Ă ma souffrance. Que jâallais dans le mur. Je nâavais plus envie de me battre ma vie Ă©tait fichue. Elle mâa demandĂ© si jâavais des souvenirs heureux auxquels mâaccrocher. A lâinstant rien ne me venait Ă lâesprit. Est-ce que des choses me faisaient plaisir ? En dehors du sexe pas trop. Sinon est-ce que quelque chose me ferait envie en dehors du sexe ? Oui jâaimerais ne plus dĂ©pendre ni de mon pĂšre, ni des psys ni des mĂ©dicaments. En quoi je dĂ©pendais de mon pĂšre. De son argent, sa voiture. Est-ce que jâavais mon permis ? Oui mais avec les mĂ©dicaments conduire est dĂ©conseillĂ©. Et lĂ je ne sais pas pourquoi jâai Ă©voquĂ© le vĂ©lo de mon enfance. De mon sentiment de libertĂ©, du bien-ĂȘtre qui mâenvahissait. Dâailleurs dans ma prĂ©cĂ©dente thĂ©rapie jâavais analysĂ© un rĂȘve oĂč mon vĂ©lo Ă©tait un Ă©lĂ©ment central. Cela pourrait ĂȘtre mon prochain projet. AcquĂ©rir un vĂ©lo, retrouver mon autonomie par rapport Ă mon pĂšre. En plus le printemps arrivait, il me serait agrĂ©able de venir en consultation Ă vĂ©lo. Je lâai remerciĂ©e, la fatigue avait eu raison de ma rĂ©sistance, jâavais envie de dormir. Avant ma sortie la psychiatre est passĂ©e me voir afin de me dire quâelle avait signĂ© mon bon de sortie. Visiblement ma conversation sur le vĂ©lo lui avait Ă©tĂ© rapportĂ©e car elle trouvait que câĂ©tait une excellente idĂ©e. A mon retour une lettre de Laurence mâattendait dans ma boite aux lettres. Elle est restĂ©e sur la table toute la journĂ©e car jâai prĂ©fĂ©rĂ© fuir dans le sommeil. Secrets de famille chapitre 26 Camille, la lettre dont parle ma tante doit ĂȘtre celle glissĂ©e dans son journal intime.â Attends, elle doit ĂȘtre sur la table. La voilĂ ! Câest celle oĂč les pages sont numĂ©rotĂ©es dâaprĂšs la date. »Mercredi 4 mars 1992 â LETTRE DE LAURENCEMon tendre amour, ma seule raison de vivreâŠMercredi 14 h30, je suis seule tu nâes pas lĂ . Mes parents ont Ă©tĂ© Ă©tonnĂ©s de me voir revenir si vite. Jâai prĂ©textĂ© une grande fatigue et une envie de sieste. Ils nâont pas insistĂ© quand ils ont vu ma pleure, jâai le cĆur gros. Pourquoi refuses-tu de mâouvrir ta porte ? Tu me manques terriblement. Depuis notre derniĂšre rencontre je compte les jours oĂč je vais te oui, me voilĂ avec le mal dâamour, cĆur et corps sâagitent Ă travers dâatroces souffrances. Lâamour câest beau mais cela est terrible aussi. JusquâĂ maintenant je nâavais jamais Ă©prouvĂ© de manque physique et cela mâarrive avec toi. Tu as pris mon cĆur, mon amour et tout mon ĂȘtre, je ne pense pas ĂȘtre capable de te le tout de toi, tâentendre, te voir sourire mĂȘme si tu es triste. Tu es belle dans ces moments-lĂ . Sache que je tâaime tout entiĂšre mĂȘme dĂ©pressive. Cela me fait simplement mal et peur Ă la fois de te tâaime, je ne tâapporte peut-ĂȘtre pas assez ou trop mais câest involontaire. Jâaimerais tant te voir plus souvent, te serrer contre mes seins tendrement. Je ne peux pas tout te dire non plus car tu es si fragile. La semaine derniĂšre jâai Ă©tĂ© maladroite avec le gode, je mâen veux terriblement dâavoir voulu te forcer. Mais jâaimerais que nous ne formions quâune seule personne et te dire des mots dâamour qui te feraient rougir. Mais ma pudeur mâen ma grande gueule je trouve le moyen dâĂȘtre intimidĂ©e par toi. En tâĂ©crivant je repense Ă certaines scĂšnes qui me font trĂ©mousser dans mon lit. Mon petit minou miaule et pleure dâennui. Tes caresses, ta bouche chaude, ta langue, tes doigts lui manquent. Plein de pensĂ©es Ă©rotiques occupent mon vais arrĂȘter de tâĂ©crire. Tu vas sans doute me prendre pour une midinette. OubliĂ©e la licenciĂ©e en lettres ! Je ne vais pas me relire sinon je vais dĂ©chirer cette prendrais de tes nouvelles. Mais si tu ne veux plus me voir je tâaime petit bout, mille baisersTon 6 mars 1992 â ENTRETIEN AVEC LA PSYCHIATRELa psychiatre mâa trouvĂ© sale et fatiguĂ©e. Il faut dire que depuis notre derniĂšre rencontre je portais la mĂȘme chemise et pantalon. Ce sommeil de fuite Ă©tait un symptĂŽme de la dĂ©pression, la fatigue et lâincurie aussi. Ou bien câĂ©tait un passage Ă vide et elle temporisait ou bien câĂ©tait une aggravation et peut-ĂȘtre quâune hospitalisation sâ me suis mise alors Ă pleurer parce quâavait lâimpression de dĂ©gringoler quatre Ă quatre les escaliers sans pouvoir rien contrĂŽler. Plus je me soignais, plus jâallais mal. On ne fait pas dâomelette sans casser dâĆufs mâa rappelĂ© la psychiatre. Par ailleurs câĂ©taient aussi les effets du travail thĂ©rapeutiques. Mes dĂ©fenses Ă©taient anciennes, mon systĂšme de dĂ©fense rĂ©sistait aussi, il fallait taper fort pour le dĂ©molir. Câest pourquoi elle avait organisĂ© cette hospitalisation. Si jamais je ne me sentais pas bien, je savais oĂč aller car jâavais un dossier, on me connaissait. Je lâai remerciĂ©e car je reconnais que lâendroit mâavait apportĂ© un cadre rassurant. La psychiatre Ă©tait en vacances la semaine prochaine. Cependant la psychothĂ©rapeute pouvait exceptionnellement prescrire si besoin Ă©tait. Inutile de multiplier les tellement mal que je nâai pas parlĂ© de la lettre de Laurence. Je lui ai souhaitĂ© bonnes 8 mars 1992 â APPEL TĂLĂPHONIQUE DE LAURENCEJe dormais quand le tĂ©lĂ©phone a sonnĂ©. Aussi jâai mis du temps pour dĂ©crocher. CâĂ©tait Laurence qui sâinquiĂ©tait de mon silence. Son mari Ă©tait devant la tĂ©lĂ©, elle en profitait pour prendre de mes nouvelles. DâemblĂ©e elle a voulu savoir si entre nous câĂ©tait terminĂ©. Jâavais Ă©tĂ© hospitalisĂ©e mercredi parce que je nâallais pas bien, câest pourquoi je nâavais pas pu ĂȘtre lĂ , ni la prĂ©venir, ni mĂȘme rĂ©pondre Ă sa lettre. Nous avons convenu de nous revoir mercredi comme dâhabitude chez moi. En raccrochant je mâen suis voulu de ma 10 mars 1992 â 10 Ăšme SĂANCE DE PSYCHOTHĂRAPIE LAURENCE ENCORE ET TOUJOURSPapa a demandĂ© Ă Pilar de venir sâoccuper de moi. Elle mâapporte les courses, me fait du mĂ©nage, me lave mon linge. Elle a aussi lâobligation de vĂ©rifier que je me lave. Aussi pendant quâelle vaque Ă ses occupations Ă la maison, elle me force Ă prendre un bain. Elle mâa mĂȘme coupĂ© les cheveux car câĂ©tait une catastrophe cette paille qui me servait de tignasse mâa-t-elle Pilar est une seconde mĂšre pour moi-mĂȘme si nous nâavons que douze ans dâĂ©cart. Ce serait plutĂŽt une grande sĆur bienveillante, tout le contraire dâ des nouvelles de ma sĆur ? Non. Elle nâen avait pas pris, je nâen avais pas donnĂ© depuis que jâĂ©tais chez moi. Et ma mĂšre ? Pareil, encore que. Mon pĂšre devait la tenir je me sentais ? Mal, je fuyais dans le sommeil. Dâailleurs je ne rĂȘvais plus comme durant ma premiĂšre thĂ©rapie. Est-ce que ça me manquait ? Oui car jâen apprenais beaucoup sur moi et me rassurait quant Ă ma capacitĂ© Ă faire un travail analytique. CâĂ©taient lĂ les effets des mĂ©dicaments mais ça reviendrait quand je pourrais mâen passer. Et on les analysera ensemble. Cela me dĂ©crocha un sourire quâelle quoi voulais-je lâentretenir ? De Laurence encore et toujours. Cette derniĂšre mâavait Ă©crit une lettre Ă laquelle je nâavais pas rĂ©pondu. De plus je la revoyais mercredi. Silence des deux cĂŽtĂ©s. Est-ce parce que jâen avais envie ou bien est-ce que parce que je nâavais pas su dire non dans lâĂ©tat de fragilitĂ© oĂč je me trouvais ? Un peu des deux. Si ce nâĂ©tait pas indiscret de quoi parlait la lettre ? CâĂ©tait, je, je, je. Laurence trĂšs Ă©gocentrĂ©e ne parlait que dâelle. Je nâexistais que pour son plaisir et parce que je comblais un vide. Je nâavais mĂȘme pas eu envie de lui rĂ©pondre car jâavais trouvĂ© que ses mots sonnaient vides, creux et pourquoi la revoir ? Parce que jâaimerais pouvoir la quitter mais je nâen trouve ni la force ni le psychothĂ©rapeute me fait remarquer quâavant de la revoir jâavais dĂ©butĂ© le deuil de cette relation. Câest cette effraction dans ce deuil inachevĂ© qui me plonge aussi dans cette sidĂ©ration. SidĂ©ration aussi du viol qui remonte Ă la les cultures et les civilisations ont inventĂ© des rituels autour de la mort et du deuil. Ne me serait-il pas possible de crĂ©er une cĂ©rĂ©monie de lâadieu symbolique avec Laurence ? Au moins le deuil de cette premiĂšre relation afin dây voir plus clair avec la seconde totalement diffĂ©rente ?CâĂ©tait une idĂ©e. Au point oĂč jâen Ă©tais. Tout Ă©tait bon pour mâen a arrĂȘtĂ© la sĂ©ance sur cette phrase positive. Mercredi 11 mars 1992 â LAURENCELaurence est arrivĂ©e trĂšs excitĂ©e. Câest Ă peine si jâai eu le temps de fermer la porte quâelle mâa sautĂ© dessus. On aurait dit que jâĂ©tais un bout de chair. Je me suis alors cabrĂ©e et jâai refusĂ© de rĂ©pondre Ă ses baisers. Elle a eu lâair surpris de mon attitude froide et hostile ce sont ses mots. Je lui avais manquĂ©, elle avait envie de moi. Elle mâa alors entrainĂ© dans la chambre, mâa dĂ©shabillĂ© et fait de mĂȘme pour elle puis mâa fait lâamour. Je ne bougeais et ne rĂ©pondais pas Ă ses caresses. On dirait un bout de bois inanimĂ© ».Jâai voulu ensuite quâelle me prenne dans ses bras car je me sentais angoissĂ©e. Elle nâĂ©tait pas ma mĂšre, elle Ă©tait mon amante, câĂ©taient quoi ces caprices dâenfant gĂątĂ©e. Câest alors que sont remontĂ©s les souvenirs de mon dernier entretien dans le bureau du directeur. MĂȘme cynisme, mĂȘme rejet. Jâai pris mon oreiller et jâai couvert mon visage pour quâelle ne me voit pas pleurer. JâĂ©tais seule, je me sentais seule et abandonnĂ©e de tous. Laurence sâĂ©tait radoucie. Jâai alors fini par me calmer et elle a acceptĂ© de me prendre dans ses bras. Depuis quâelle mâavait retrouvĂ©e elle se sentait revivre. Ces orgasmes que je lui procurais lâavaient sortie dâune torpeur. Elle aurait tant voulu avoir ma force dâassumer mon homosexualitĂ©. Sentant la manipulation, je me suis bien gardĂ©e de lâencourager dans ce sens. Le beure et lâargent du beurre. Comment quitter cette couverture confortable ? Dâailleurs le souhaitait-elle vraiment ? Puis nous avons refait lâamour. Pour une fois câĂ©tait doux, câĂ©tait tendre. Laurence nâĂ©tait plus dans lâurgence. Jâai joui en me disant que câĂ©tait la derniĂšre fois avec elle. Si je devais garder un souvenir de nos Ă©bats je voulais que ce soit celui-lĂ . Secrets de famille chapitre 27 Vendredi 13 mars 1992 â APPEL TĂLĂPHONIQUE Ă PAPAJâai appelĂ© papa hier car je voulais me rendre en ville demain. Dâabord Ă©tonnĂ©, il a acceptĂ© de mây accompagner. Papa a un studio en ville car câest plus discret pour ses rencontres. Dâautre part ça Ă©vite Ă maman lâhumiliation permanente au village. Nous avons convenu quâil mâemmĂšne. En principe il dort sur place, aussi câest lui qui conduira. En revanche pour le retour jâappellerai JosĂ©. MĂȘme sâil est de repos ce jour-lĂ , exceptionnellement il me rendra ce service. Je devrais lâappeler quand jâaurais fini. Papa mâa demandĂ© ce que je comptais faire. Je nâai rien voulu dĂ©voiler de mes projets car avec la dĂ©pression un jour jâai lâĂ©nergie, un autre je me noie au fond du trou. A chaque jour suffit sa peine. Vendredi 13 mars 1992 â EN VILLEPapa mâa dĂ©posĂ© au centre-ville. Dans la voiture il mâa confiĂ© quâavec maman câĂ©tait tendu Ă cause de moi. Il ne cherchait pas Ă me culpabiliser mais il mâa expliquĂ© que je ne devrais plus lâappeler Ă la maison. Le mieux serait de passer par JosĂ© car maman est devenue infernale Ă vivre. Son sale caractĂšre a repris le dessus. Lâa-t-il vraiment quittĂ© ? Nous avons bien monde, lâagitation, le bruit, jâai cru que jâallais repartir dans lâautre sens car jâĂ©tais angoissĂ©e. Puis je me suis calmĂ©e car intĂ©rieurement jâai rĂ©ussi Ă me raisonner. JâĂ©tais lĂ Ă ma demande. La ville nâavait pas trop changĂ© en dix ans. Jây avais passĂ© mes annĂ©es de lycĂ©e. Jâavais aussi pas mal arpentĂ© les rues et les boulevards, tout me revenait en mĂ©moire. Aussi je me suis vite repĂ©rĂ©e. Je nâai pas pu mâempĂȘcher de passer devant la librairie du mari de Laurence. CâĂ©tait le week-end, de nombreux lecteurs sây pressaient. Jâai aperçu Laurence Ă la caisse mais je ne sais pas si elle mâa aperçu. Jâai hĂ©sitĂ© Ă rentrer et puis jâai renoncĂ©. Je me suis donc rendue Ă la poste oĂč jâai achetĂ© une piĂšce commĂ©morative des jeux Olympiques dâhiver dâAlbertville. Sans hĂ©siter jâai pris la piĂšce de 100 francs en argent reprĂ©sentant le patinage artistique en couple. Elle en jetait dans son Ă©crin bleu. Ensuite je me suis rendue dans une bijouterie. Jâai choisi un simple jonc en or. Quand la vendeuse mâa demandĂ© si je voulais une gravure car sur ces alliances elle Ă©tait offerte, jâai dit oui. Jâavais le droit Ă une date et deux prĂ©noms. En fait jâai juste pris la date du 5 2 1992. En revanche je devrais revenir dans dix jours car lâatelier Ă©tait Ă 200 kilomĂštres de lĂ . Avec les dĂ©lais postaux, elle ne pourrait pas me promettre un dĂ©lai plus court. Jâai payĂ© lâintĂ©gralitĂ© de lâachat et donnĂ© mon numĂ©ro pour quâon me prĂ©vienne. CâĂ©tait bien la premiĂšre fois que jâĂ©prouvais de la lĂ©gĂšretĂ©. A quand remontait la derniĂšre fois oĂč cette insouciance mâavait envahie ? A cĂŽtĂ© de la bijouterie, il y avait un magasin de jouets. Dans la vitrine, une boite en bois avec une biche dans une forĂȘt avait attirĂ© mon attention. Cette image me rappelait Bambi, le dessin animĂ© de mon enfance. Cet orphelin mâavait renvoyĂ© Ă ma mĂšre dĂ©faillante. Quelque part aussi je pleurais cette mĂšre une boite de rangement, tout Ă fait ce que je recherchais. Il Ă©tait Ă peine 16 heures et jâavais terminĂ© mes premiĂšres emplettes. Depuis des mois je nâachetais plus rien. Alors que jâavais claquĂ© des sommes considĂ©rables dans une thĂ©rapie qui mâavait dĂ©truite, avec cette autre thĂ©rapie jâavançais sans rien dĂ©penser. Câest pourquoi je voulais me gratifier. Freud avait justifiĂ© le paiement de lâanalyste par la frustration que ça engendrait. Câest par ce levier quâon avait envie de sâen sortir. En effet la rage que ça nous procurait de savoir que lâanalyste jouissait de lâargent que nous avions parfois durement gagnĂ©, nous donnait envie dâen jouir Ă notre tour et de le priver Ă son peu Ă lâĂ©cart du centre-ville se trouvait un magasin de cycles et cyclos-moteurs. Il y avait diffĂ©rents modĂšles. Mais dâemblĂ©e jâai su lequel je voulais. Un vĂ©lo de ville modĂšle femme avec vitesses et si possible un panier sur le devant pour y mettre mes affaires quand je me vendeur avait le modĂšle de mes rĂȘves en noir ou en bleu. Jâai choisi le noir. Si jâavais des courses Ă faire je pouvais revenir sinon je mâinstallais dans un coin de sa boutique il en avait pour une heure Ă le prĂ©parer et effectuer tous les rĂ©glages. Jâai prĂ©textĂ© des courses et je me suis rendue dans un cafĂ© car jâavais une envie pressante Ă cause de lâĂ©motion et lâexcitation que cet achat mâavait procurĂ©. A cette occasion jâen ai profitĂ© pour appeler dâune cabine qui se trouvait dans les toilettes du bistrot JosĂ©. Ce nâĂ©tait pas la peine quâil vienne me chercher je rentrerai par mes propres moyens. Trop ravi de rester chez lui, il nâa pas insistĂ© ni voulu savoir sensation de remonter sur un vĂ©lo. Jâai eu un peu de mal Ă retrouver mes marques mais rapidement tous les rĂ©flexes me sont revenus. Jâai mis mes emplettes dans mon panier et je suis rentrĂ©e par les routes de campagne. Il y avait peu de circulation et la route Ă©tait plate. Le vendeur mâavait offert lâanti-vol et les pinces pantalons. De toute façon jâaurais effectuĂ© la dĂ©pense. En rentrant jâai rangĂ© le vĂ©lo dans le aprĂšs-midi mâavait bien fatiguĂ© et remuĂ©. Aussi je me suis allongĂ©e en rentrant, jâai mĂȘme dormi un peu. Avec mon vĂ©lo jâavais retrouvĂ© mon autonomie. JâĂ©tais Ă 45 minutes de la ville et certainement 30 minutes de lâhĂŽpital qui Ă©tait juste Ă lâentrĂ©e de la ville, Ă lâ le diner jâai rangĂ© ma boite et ma piĂšce dans le placard de lâentrĂ©e car je nâaurais le jonc que la semaine prochaine. Mardi 17 mars 1992 â 11 Ăšme SĂANCE DE PSYCHOTHĂRAPIE SAMEDIJâai commencĂ© la sĂ©ance par mes achats de samedi. La psychothĂ©rapeute mâa fĂ©licitĂ© dâavoir surmontĂ© mes angoisses pour rĂ©aliser mes projets. Dâailleurs jâĂ©tais venue Ă son rendez-vous Ă vĂ©lo sans que JosĂ© ne soit lĂ Ă mâaccompagner et mâattendre. Enfin je retrouvais une vie dâ lui ai aussi rapportĂ© la conversation que jâavais eu avec papa dans la voiture au sujet de maman. La psychothĂ©rapeute a utilisĂ© une mĂ©taphore pour mâaider Ă comprendre ce qui se passait. Dans une relation on est deux et chacun tient un bout de la corde. Si lâun des deux envoie un mouvement dans la corde pour la faire onduler, lâautre ne peut rien faire pour lâempĂȘcher de bouger mĂȘme en la lĂąchant. Câest-Ă -dire que dans une thĂ©rapie les changements produits sur lâanalysĂ© ont aussi des rĂ©percussions sur les autres membres du groupe ou de la famille quâils le veuillent ou non. Câest aussi pour cela quâil y a des rĂ©sistances de tous les cĂŽtĂ©s. Lors de la premiĂšre thĂ©rapie jâavais eu Ă©normĂ©ment de pression pour lâarrĂȘter. Ma mĂšre nâapprĂ©ciait pas les changements qui sâopĂ©raient car cette thĂ©rapie Ă©tait en train de redonner Ă chacun sa place. En plus un objet qui devenait sujet devait crĂ©er la panique dans la famille. Aussi je devais mâattendre Ă des rĂ©actions trĂšs violentes. Mon pĂšre supportait-il bien la pression ? Ne risquait-il pas dâopĂ©rer un retournement si jamais elle sâaccentuait ? Je ne savais pas rĂ©pondre Ă ces deux derniĂšres questions. JâespĂ©rais que non mais mon pĂšre ne mâavait pas toujours protĂ©gĂ©. Un retour en arriĂšre Ă©tait possible de sa part. La psychothĂ©rapeute avait dĂ» se rendre compte quâelle mâavait dĂ©stabilisĂ©e. Elle sâest justifiĂ©e en me disant que lorsque les jeux allaient se rĂ©vĂ©ler je saurai me protĂ©ger. Comme lâangoisse montait jâai alors changĂ© de sujet. Jâai rĂ©flĂ©chi au rituel Ă©voquĂ© lors de la derniĂšre sĂ©ance. Et câĂ©tait aussi la raison de ma virĂ©e en ville. Cependant pour lâinstant je ne pouvais rien dire car je nâavais pas rĂ©uni toutes les conditions pour lâeffectuer. Mais promis Ă la prochaine sĂ©ance je pourrais lui raconter. Elle arrĂȘtĂ© la sĂ©ance sur cette phrase. Ce nâest pas la premiĂšre fois quâelle met fin Ă lâentretien quand une note positive ou dâespoir Ă©merge de nos Ă©changes. Tu as vu lâheure Jade ?â DĂ©jĂ 18 heures, nous nâavons pas vu le temps passer. On dirait que la pluie sâest arrĂȘtĂ©e aussi.â En revanche les transats sont trempĂ©s. Si on veut aller Ă la piscine, ce sera juste pour nager.â Jâai un autre programme Camille.â Ah oui ? Lequel ?â Jâaimerais bien retourner chez ma tante.â Mais pourquoi faire ?â RĂ©cupĂ©rer son vĂ©lo. MĂȘme si ce nâest pas celui de son journal, elle devait encore en avoir un.â Il nây a pas le brocanteur qui devait venir vider la maison ?â Si !â On y va maintenant et on avise ! »Il Ă©tait 18 h 30 et devant le pavillon un camion Ă©tait stationnĂ©. Un homme Ă©tait dans lâallĂ©e oĂč il ramassait des morceaux de cartons. Jade lâinterpella. Bonsoir monsieur, vous ĂȘtes le brocanteur ?â Oui.â Je suis la niĂšce de la dĂ©funte.â Ah bon ? rĂ©pondit-il dâun air mĂ©fiant.â Vous connaissiez bien ma tante ?â Oui, câĂ©tait une bonne cliente de la brocante avec son amie. Elles avaient chinĂ© une grande partie de leur bibliothĂšque chez moi. Vous voulez quoi car jâai fini ma journĂ©e jâaimerais rentrer ?â Je voulais rĂ©cupĂ©rer quelques objets.â Câest que jâavais nĂ©gociĂ© le prix du devis avec votre tante.â Vous devez dĂ©jĂ avoir rĂ©cupĂ©rĂ© aujourdâhui ce qui avait de la valeur non ?â Il en reste.â Mais vous voulez quoi exactement ?â Son vĂ©lo.â Je devais aussi le rĂ©cupĂ©rer.â Pour le revendre ?â Oui câest mon mĂ©tier.â Alors mettez-le manque Ă gagner sur la facture que vous enverrez au notaire. Ce sera ça de moins sur la part de ma mĂšre qui est hĂ©ritiĂšre. Vous comprendrez que je veuille garder un souvenir de ma tante.â Au fait le carton dans les toilettes câest vous ?â Pourquoi ce serait nous ?â Parce quâil a disparu et jâavais des consignes.â Lesquelles ?â Le remettre Ă JosĂ© et Pilar.â Ils ont dĂ» le prendre sans doute.â Sans doute. Pour le vĂ©lo il est dans le garage, vous le prenez tout de suite ou vous revenez demain ?â On le prend tout de suite ! »Elles laissĂšrent partir lâhomme et remirent le vĂ©lo dans le garage. Le vĂ©lo Ă©tait en tout point identique Ă la description du journal. Delphine avait un faible pour ce modĂšle. Elles repartirent Ă la villa dĂ©poser les vĂ©los pour revenir en voiture. Jade dĂ©posa le vĂ©lo dans le coffre quâelle laissa ouvert le temps du rentrant elles se douchĂšrent puis dinĂšrent. Elles reprendraient la lecture demain. AprĂšs le repas elles montĂšrent dans la chambre de Jade oĂč elles firent lâamour. Elles sâendormirent comme la veille dans les bras lâune de lâautre, repues et apaisĂ©es. Secrets de famille chapitre 28 Bien dormi Jade ?â Oui et toi ?â Aussi.â On finit la lecture aujourdâhui ou bien tu veux profiter de ces vacances Camille.â Lâhistoire de Delphine me prend aux tripes Jade. Je lâadmire car je ne sais pas comment elle a pu supporter toutes ces souffrances. Câest ta tante mais pour moi câest avant tout une jeune femme de notre Ăąge. Cela pourrait ĂȘtre toi ou moi.â Je suis comme toi, câest Delphine aussi pour moi. Hier le brocanteur a parlĂ© de son amie. Pourtant la maison est vide et on nâa pas vu de trace dâune autre femme.â Un mystĂšre de plus. Il faudrait quâon discute avec JosĂ© et Pilar pour en savoir plus. A condition quâils acceptent de rĂ©pondre Ă nos questions.â Jâadore le nous Camille.â Je tâaime Jade.â Camille je tâaime aussi et je suis heureuse de partager cette expĂ©rience avec toi.â Merci de ce cadeau Jade. Ce journal me bouleverse Ă un point tu nâas pas idĂ©e. Delphine est morte jeune, la vie ne lui aura rien Ă©pargnĂ© et pourtant elle nous dit Ă chaque ligne combien elle lâaime.â Câest cela la force de son journal. Câest un hymne Ă la vie. »Mercredi 18 mars 1992 â LAURENCEAlors quâhabituellement elle appelle pour me prĂ©venir de sa visite, Laurence a dĂ©barquĂ© par surprise. La sĂ©ance de la veille mâavait Ă©puisĂ©e. Aussi jâĂ©tais dans un sommeil de fuite quand elle a sonnĂ© Ă ma voulait me parler car samedi son mari mâavait aperçue en ville lorsque jâĂ©tais sortie de la bijouterie qui se trouvait non loin de sa librairie. A quel jeu je jouais avec mon alliance ? Alors celle-lĂ elle Ă©tait bonne ! Comment Ă©tait-elle au courant ? Laurence avait menĂ© son enquĂȘte et elle connaissait bien la vendeuse qui mâavait vendu la bague. De quel droit Laurence mâespionnait-elle ? JâĂ©tais libre dâacheter une bague mĂȘme une alliance sans lui rendre de nâavait aucune intention de divorcer. Les choses devaient ĂȘtre claires entre nous. La relation nâirait pas au-delĂ de la bagatelle. Son fils avait autant besoin de sa mĂšre que de son pĂšre. La lesbienne câĂ©tait moi pas elle. Je nâai pas voulu lâinterrompre. CâĂ©tait trop jouissif de la voir rĂ©pĂ©ter le mĂȘme schĂ©ma. Tellement prĂ©visible Laurence. Ensuite comme si de rien nâĂ©tait et quâelle Ă©tait dĂ©jĂ passĂ©e Ă autre chose elle a voulu faire lâ acceptĂ© mais Ă mes conditions. Elle a paru surprise. Cependant comme elle Ă©tait trĂšs excitĂ©e elle nâa pas cherchĂ© Ă discuter. Je suis restĂ©e habillĂ©e et je lui ai demandĂ© de se mettre nue. Je lâai embrassĂ©e et caressĂ©e partout sauf sur le sexe alors quâelle me le rĂ©clamait. Puis quand jâai senti quâelle nâen pouvait plus, je lâai pĂ©nĂ©trĂ©e de deux doigts pendant que le pouce lui caressait le clitoris. Je savais quâelle adorait jouir quand je la prenais ainsi. Jây ai mis toute la douceur et la passion dont jâĂ©tais a eu un orgasme vaginal violent, jâai senti les muscles de son pĂ©rinĂ©e se contracter. Puis je lâai embrassĂ©e longuement. Profite de cet orgasme Laurence car câest le dernier que je te donne. Quâil te hante jusquâĂ la fin de tes jours ! Câest fini entre nous ! »Jâai quittĂ© la chambre et je lâai entendu pleurer. Elle sâest rhabillĂ©e et est partie. Nous nous sommes quittĂ©es sans nous dire au 20 mars 1992 â ENTRETIEN AVEC LA PSYCHIATREJe nâavais pas vu la psychiatre depuis 15 jours. Je lui ai racontĂ© le vĂ©lo et la rupture avec Laurence. Elle nâen est pas revenue du changement. Elle mâavait quittĂ©e sale et dĂ©primĂ©e et elle me retrouve active et dĂ©terminĂ©e. Cependant elle mâa mise en garde, cette amĂ©lioration ne devait pas me faire oublier que la dynamique familiale Ă©tait en plein remaniement. Quâelle ne sâinquiĂšte pas jâallais profiter de cette embellie pour penser Ă mon projet professionnel. Maintenant que jâavais mon vĂ©lo ce serait plus facile aussi pour me dĂ©placer et dĂ©marcher. CâĂ©tait une bonne nouvelle. Jây avais un peu rĂ©flĂ©chi. Je souhaitais rester ingĂ©nieur, câĂ©tait Ă ma portĂ©e. A moi de trouver une nouvelle direction Ă ma vie. La psychiatre mâa demandĂ© quel avait Ă©tĂ© mon cursus. Classe prĂ©pa et grande Ă©cole. Elle lâignorait et jâai senti quâelle en Ă©tait remuĂ©e. Nous appartenions au mĂȘme milieu social, lâidentification nâen Ă©tait que plus forte. Elle devait nĂ©anmoins continuer Ă maintenir une barriĂšre. Notre gĂ©nĂ©ration de femmes Ă©tait aussi la premiĂšre Ă accĂ©der en nombres Ă des postes habituellement tenus par des hommes. Pour se rĂ©cupĂ©rer elle me fit remarquer que la dĂ©pression frappait dans tous les milieux mais quâon en guĂ©rissait. Que ma formation de base devrait me faciliter ma rĂ©insertion. Elle me faisait confiance pour le gĂ©rer au avions mis le temps Ă nous apprivoiser. Sans doute quâelle sâest dĂ©fendue de quelque chose avec moi qui a expliquĂ© notre mauvais dĂ©part. En tout cas jâai senti que la glace Ă©tait dĂ©finitivement 24 mars 1992 â 12 Ăšme SĂANCE DE PSYCHOTHĂRAPIE LAURENCE SUITE ET FINCe matin la vendeuse de la bijouterie mâavait appelĂ©e, je pouvais venir retirer la bague. Jâai eu le temps avant ma sĂ©ance de la rĂ©cupĂ©rer. Jâavais aussi pris la boite et la piĂšce que jâavais rangĂ©es dans un sac. Je suis donc arrivĂ©e en sĂ©ance avec mon sac. Bien Ă©videmment jâai commencĂ© en racontant ma rupture avec Laurence. La psychothĂ©rapeute mâa demandĂ© comment je me sentais ? Pour lâinstant je ne ressentais aucun bienfait car câĂ©tait trop frais. Câest alors que jâai sorti mes objets du sac. Est-ce quâelle voulait bien accepter de partager ce moment avec moi ? CâĂ©tait lâenterrement symbolique de ma relation avec Laurence. La bague avec la date de notre rencontre, la piĂšce en souvenir du jour de son appel et la boite qui serait le cercueil. Jâai mis la bague et la piĂšce dans la boite que jâai fermĂ©e Ă clĂ©. La psychothĂ©rapeute mâa demandĂ© si je voulais dire quelque chose. Non tout avait Ă©tĂ© dit. Nous Ă©tions lĂ pour dire au revoir Ă cet amour qui nâest plus. Puis jâai pleurĂ©. LonguementâŠJâai remerciĂ© la psychothĂ©rapeute de ne pas mâavoir laissĂ© seule face Ă mon chagrin, jâavais pu le partager. Câest aussi le sens des rites, pleurer ensemble et accompagner le dĂ©funt dans sa derniĂšre demeure. En cĂ©lĂ©brant les morts, on cĂ©lĂšbre avant tout la vie. Elle mâa fĂ©licitĂ© pour ce travail symbolique qui ne pouvait que mâaider Ă aller mieux. La page Laurence Ă©tait tournĂ©e, je pouvais passer Ă autre chose. Et qui sait aimer Ă nouveau ? Sans surprise la thĂ©rapeute a arrĂȘtĂ© la sĂ©ance sur ces mots. La semaine prochaine elle Ă©tait en congĂ©s je le revois dans 15 27 mars 1992 â ENTRETIEN AVEC LA PSYCHIATRELa psychiatre mâa trouvĂ© plutĂŽt en forme. Physiquement le changement Ă©tait perceptible. Il faut dire quâĂ pĂ©daler sous le soleil de mars je commence Ă prendre des couleurs qui me donnent bonne mine. En plus je mange mieux, jâai repris un peu de poids ça me va mieux que la voulait savoir si Laurence avait repris contact avec moi. Non. Je lui ai parlĂ© du rituel que jâavais organisĂ©. Elle a fait semblant dâĂȘtre surprise mais jâai bien senti que ma psychothĂ©rapeute lui en avait parlĂ© mĂȘme si elle mâa assurĂ© du contraire. Sans doute que je ne dois pas les laisser indiffĂ©rentes. La psychiatre mâa demandĂ© Ă quoi je pensais. Câest alors que je lui ai dit que ma mĂšre mâavait tellement habituĂ© Ă sa froideur que ça me bouleversait quâon puisse me porter le moindre intĂ©rĂȘt. Câest sĂ»r que jâavais connu de grosses carences affectives et la thĂ©rapie ne comblera pas tous les manques. Elle mâa alors souhaitĂ© de trouver une compagne qui mâapporterait cet la premiĂšre fois que je ne me sentais pas mâagressĂ©e quand elle me parlait de mon homosexualitĂ©. Jâai reconnu que jâĂ©tais une Ă©corchĂ©e vive et que parfois jâinterprĂ©tĂ© Ă tort des propos qui se voulaient neutres ou bienveillants. Nous avons alors abordĂ© mon homosexualitĂ© autrement que sous le prisme purement sexuel. Quel type de femmes mâattiraient ? Jâallais tellement mal jusque lĂ que je nâavais pas pu faire autrement que dâĂȘtre attirĂ©e par des femmes qui ressemblaient Ă ma mĂšre. Comme cela je pourrais rĂ©pĂ©ter une relation connue. CâĂ©tait plus rassurant que lâinconnu mĂȘme si ça me avouĂ© que je rĂȘvais de rencontrer une femme aussi amante que maternelle, avoir avec elle une relation charnelle qui me comble. Je fondais littĂ©ralement de plaisir contre les seins de mes amantes aprĂšs lâ Ă ma portĂ©e. En allant de mieux en mieux je serais rĂ©ceptive Ă ces femmes car Ă prĂ©sent je nâavais pas pu les voir. Je me suis alors remise Ă espĂ©rer que je mâen sortirai. Secrets de famille chapitre 29 Vendredi 3 avril 1992 â ENTRETIEN AVEC LA PSYCHIATREJe commençais Ă me sentir mieux depuis quelques jours. Toutes ces ouvertures sur le champ du possible mâavaient encouragĂ© Ă moins ruminer. Petit Ă petit la vie reprenait ses droits, je me sentais envahie dâune nouvelle Ă©nergie. Contrairement Ă dâhabitude oĂč lâĂ©vocation du moindre projet me paraissait insurmontable, jâĂ©tais capable dâenvisager une sortie de la jâavais encore des bas mais moins profonds. La psychiatre mâa demandĂ© si jâavais des envies. De lecture. Câest ce qui me manquait le plus. Mais la seule librairie de la ville Ă©tant tenue par le mari de Laurence, je me voyais mal y passer du avons Ă©voquĂ© le plaisir de feuilleter les livres, nos goĂ»ts littĂ©raires. La psychiatre mâa appris que la plus grande librairie de France câĂ©tait EmmaĂŒs. Elle-mĂȘme dâailleurs Ă©tait adepte de ces lieux car non seulement les livres Ă©taient en bon Ă©tat mais en plus on y trouvait des pĂ©pites. Je lâai remerciĂ©e de cette information. Effectivement câĂ©tait une bonne alternative. Dimanche 5 avril 1992 â LES COMPAGNONS DâEMMAĂSJâavais trouvĂ© dans les pages de lâannuaire lâadresse de la communautĂ© dâEmmaĂŒs. Avec le beau temps je mây suis rendue Ă vĂ©lo. En fait je nâimaginais pas du tout ça comme ça. La psychiatre avait raison, question livres il y en avait pour tous les goĂ»ts Ă des tarifs dĂ©risoires. 1 franc le livre de poche. Il y avait mĂȘme des livres de collection comme ceux de la PlĂ©iade en trĂšs bon Ă©tat. Un compagnon mâa abordĂ© pour mâexpliquer le fonctionnement et la philosophie de la fondation de lâAbbĂ© Pierre. Il mâa racontĂ© un peu sa vie et jâai pris conscience que la mienne Ă cĂŽtĂ© Ă©tait malgrĂ© tout meilleure. Nos souffrances nous ont rapprochĂ© le temps de cet Ă©change. Ces livres en grande partie Ă©taient des dons, des enfants qui se dĂ©barrassaient dâun hĂ©ritage encombrant. Je pouvais aussi me meubler si je voulais. Dans un hangar Ă perte de vue jâai pu voir des lits, des tables, des armoires, des jâĂ©tais Ă vĂ©lo, jâai achetĂ© seulement quelques livres. Des bandes dessinĂ©es car avec mes problĂšmes de concentration je ne pouvais pas prĂ©tendre Ă autre chose. JâĂ©tais heureuse de me relancer doucement dans lâexistence. Cette journĂ©e Ă©tait la premiĂšre depuis ma tentative de suicide oĂč lâenvie de vivre prenait le dessus sur lâenvie de 7 avril 1992 â 13 Ăšme SĂANCE DE PSYCHOTHĂRAPIE ENVIE DE VIVREJe me sentais mieux de jours en jours car jâavais rĂ©ussi Ă poser les cadres dâune vie de convalescente. VĂ©lo, lecture et repas normaux Ă©taient mon quotidien. En apparence ça pouvait paraitre trĂšs ennuyeux mais pour moi câĂ©tait un fantastique prenais conscience que jâavais encore bien du chemin Ă parcourir mais je mâĂ©tais mise en mouvement et je nâavais pas peur du changement Ă abordĂ© mon projet professionnel car jây avais rĂ©flĂ©chi. Impensable de reprendre mon ancien poste ni mĂȘme de rester dans cette entreprise. Aussi le licenciement Ă©tait inĂ©vitable. Ensuite jâavais envie de rester dans la rĂ©gion car je rĂ©apprenais Ă vivre mĂȘme si le passĂ© ici Ă©tait douloureux. Mon suivi devenait important Ă mes yeux, sans ces bĂ©quilles quâĂ©taient le traitement et la psychothĂ©rapie, je ne pourrais pas me le stress ? En effet jâĂ©tais devenue vulnĂ©rable au stress et mĂȘme si je reprenais une activitĂ© professionnelle je devrais dans un premier temps continuer Ă prendre un traitement. Ma profession Ă©tait assez indissociable de la pression, rechuter nâĂ©tait pas lâobjectif. Cet aspect Ă©tait le frein de mon projet, jâen avais bien conscience. Quand jâĂ©tais en formation il y avait les ingĂ©nieurs qui se destinaient au privĂ© avec les carriĂšres et les salaires qui allaient avec. Et les autres, ceux qui choisissaient la fonction publique plus compatible avec des vies de famille. En revanche les salaires Ă©taient divisĂ©s par 2 ou par 10 câĂ©tait selon. Mais je ne mâappelais pas Laurence, je ne pouvais pas exiger le beurre et lâargent du beurre. CâĂ©tait une sage dĂ©cision. Encore fallait-il que je trouve dans la rĂ©gion un poste dâingĂ©nieur dans la fonction publique. Jâavais encore quelques rĂ©seaux parmi les anciens Ă©lĂšves, câĂ©tait Ă ma portĂ©e. Papa avait aussi ses relations Ă la chambre de commerce. Ce nâĂ©tait pas un avons arrĂȘtĂ© lâentretien sur cette derniĂšre 10 avril 1992 â ENTRETIEN AVEC LA PSYCHIATREElle Ă©tait trĂšs contente de mon projet. Tout Ă fait rĂ©alisable, Ă condition de bien le prĂ©parer. En principe un traitement anti-dĂ©presseur câĂ©tait 6 mois minimum. Je nâai rien compris Ă sa classification du DSM IV, la seule chose que jâai retenue câest quâelle comptait me laisser 18 mois sous traitement. Dâune part pour Ă©viter la rechute, dâautre part parce que ma dĂ©pression Ă©tait juin, nous en serons Ă 6 mois. Raisonnablement on pourra commencer Ă diminuer les doses ce qui signifiait que pour septembre je pouvais envisager une reprise Ă mi-temps thĂ©rapeutique. Câest alors que je lui ai demandĂ© quel employeur mây prendrait dâemblĂ©e, cette solution aurait envisageable si jâavais gardĂ© mon emploi. Effectivement câĂ©tait un Ă©cueil. Cependant ce qui comptait câĂ©tait la dynamique qui sâinstallait. Comme jâĂ©tais payĂ©e en longue maladie, cela me permettrait de terminer mon traitement mĂ©dicamenteux et de bien avancer en psychothĂ©rapie. Ainsi je reprendrais dans de bonnes 12 avril 1992 â BROCANTE DE LA FERMECâest tout Ă fait par hasard que jâai dĂ©couvert la brocante de la ferme. Elle Ă©tait sur la dĂ©partementale, Ă la sortie du village, dans les terres. CâĂ©tait pour moi un trajet inhabituel car jâavais plutĂŽt sillonnĂ© les routes dans la direction opposĂ©e. En urbaine jâĂ©tais attirĂ©e par la ville, je nâavais pas eu envie dâexplorer la campagne profonde. Ma prĂ©cĂ©dente visite chez les compagnons dâEmmaĂŒs mâavait ouvert sur un monde inconnu. Dans la cour de la ferme, un bric-Ă -brac sur des tables Ă©tait exposĂ©. De la vaisselle principalement mais aussi des objets hĂ©tĂ©roclites. Des outils de bricolage, des jouets anciens, des boites⊠Une femme entre deux Ăąges mâa accueillie. Son mari Ă©tait absent pour le moment mais je pouvais entrer dans la ferme, jâĂ©tais la bienvenue. Sur le fronton de la grange Ă©tait inscrit Brocante de la ferme depuis 1936, de pĂšre en fils ». Les locaux Ă©taient bien moins imposants mais aussi moins bien ordonnĂ©s et rangĂ©s que chez les compagnons dâ il y avait une cohĂ©rence dans les piĂšces. Les meubles, dâun cĂŽtĂ©, les vĂȘtements de lâautre, les bijoux, les livres. En revanche il ne fallait pas hĂ©siter Ă fouiller car rien nâĂ©tait classĂ©. Jâai rapidement repĂ©rĂ© des livres de poche. Il y avait le comte de Monte Cristo de Dumas. Que de souvenirs quand adolescente jâavais dĂ©vorĂ© cette Ćuvre durant des vacances dâĂ©tĂ© ! Une bouffĂ©e de nostalgie sâest alors emparĂ©e de moi. Typiquement lâachat donc pris la sĂ©rie et je lâai complĂ©tĂ©e de deux romans de Zola, Germinal et Nana. Ensuite jâai vaguement regardĂ© le reste des objets mais lâĂ©motion mâavait fatiguĂ©e. En revenant sur mes pas, un homme dâune trentaine dâannĂ©es est venu Ă ma rencontre. CâĂ©tait le fils du mâa expliquĂ© quâil avait encore des livres non dĂ©ballĂ©s car il venait de terminer de vider une maison avec son pĂšre. La population est ĂągĂ©e ici, il ne manquait pas de travail. Est-ce que je cherchais quelque chose de prĂ©cis ? Il mâa conseillĂ© de repasser rĂ©guliĂšrement. Nous avons ainsi bavardĂ© un peu. Il Ă©tait le petit-fils du fondateur, la troisiĂšme gĂ©nĂ©ration de brocanteur. Il mâa demandĂ© dâoĂč je venais. Evidemment il connaissait mâa touchĂ© quâil mâoffre les tomes de Dumas, aprĂšs tout il nâĂ©tait pas obligĂ©. Il espĂ©rait bien me revoir. Ces paroles ont Ă©tĂ© dites sur un ton appuyĂ©. Me draguait-il ? Il avait pris soin de me prĂ©ciser aussi quâil Ă©tait cĂ©libataire. Et que des jolies filles comme moi il nâen voyait pas tous les jours non plus, la clientĂšle Ă©tait plus 14 avril 1992 â 14 Ăšme SĂANCE DE PSYCHOTHĂRAPIE TOUS LES HOMMES NE SONT PAS DES SALAUDSJâavais commencĂ© Ă lire Dumas. Mes difficultĂ©s de concentration Ă©taient compensĂ©es par le souvenir intact que jâavais gardĂ© de cette histoire de envie de me venger ? La question mâa surprise car je nâavais pas du tout fait le lien dans ce choix inconscient de lecture. En mĂȘme temps me venger de quoi ou de qui ? Jâavais fait le choix dâapprendre Ă vivre douloureusement avec. En dehors de la dĂ©charge brute et archaĂŻque que tuer mon agresseur pourrait me procurer, je nâavais pas envie de finir en prison pour ce geste. Jây Ă©tais dĂ©jĂ et cette thĂ©rapie avait pour objectif de mâen faire sortir. Jâai Ă©galement parlĂ© du trouble que mâavaient procurĂ© les mots du brocanteur. De quel genre de trouble ? Je ne mâĂ©tais pas du tout sentie agressĂ©e par ses mots. Nous Ă©tions dans un Ă©change commercial, je nâavais pas Ă savoir quâil Ă©tait cĂ©libataire et quâil me trouvait jolie. JâĂ©tais lesbienne et pour moi tous les hommes Ă©taient des salauds. Tous les hommes ? Pour lâinstant elle nâen voyait quâun car papa et JosĂ© Ă©taient bienveillants Ă mon Ă©gard. Cette parole sur les hommes câĂ©tait la mienne ou je la tenais de quelquâun dâautre ? De ma mĂšre, elle nâavait eu de cesse de me la rĂ©pĂ©ter. De toute maniĂšre dans son entreprise de dĂ©molition tout avait Ă©tĂ© bon ou mauvais câest selon pour me barrer lâaccĂšs aux hommes par tous les moyens. Mais lĂ aujourdâhui dans mon trouble quâest-ce que je ressentais ? Ni peur ni dĂ©goĂ»t câĂ©tait sĂ»r. Alors quoi ? Le trouble dâĂȘtre dĂ©sirĂ©e par un que je pouvais envisager dâaller plus loin avec un homme que ce trouble ? Non, je ne supportais pas la pĂ©nĂ©tration et je me protĂ©geais aussi des rĂ©miniscences du viol. NĂ©anmoins je pouvais accepter sans angoisse quâil me les hommes ne sont pas des salauds. Ma mĂšre sâĂ©tait trompĂ©e. LĂ -dessus et sur bien dâautres choses mâa fait remarquer la psy puisque je savais maintenant que je pouvais ĂȘtre dĂ©sirĂ©e et alors senti que le poids Ă©norme que je portais en moi, comme une enclume entre les deux poumons venait de sâenvoler. Cette parole Ă©tait une parole de vĂ©ritĂ© et de libĂ©ration. Un pan entier de mon systĂšme de dĂ©fense venait de tomber grĂące au brocanteur. Oh la vache Camille. Tu crois que le brocanteur dont elle parle câest celui quâon a vu hier ?â Certaine Jade. Tu as vu la tĂȘte quâil a eu quand tu as voulu rĂ©cupĂ©rer le vĂ©lo. Il en savait bien plus quâil ne voulait le dire sur Delphine.â Ils se connaissaient depuis plus de 25 ans. Peut-ĂȘtre quâil a eu une histoire avec elle ?â Je ne me vois pas aller lui demander tu vois.â Jâaimerais bien aller lui reparler Camille.â Terminons le journal et si tu le veux bien on ira interroger ceux qui lâont connue. Il a Ă©tĂ© assez surpris hier le brocanteur de te voir mais il nâa pas remis en question ton existence. A mon avis ta tante lui avait parlĂ© de toi. Mais en quel terme ?â Continuons car on ne sait toujours pas pourquoi ma famille a organisĂ© une telle omerta. » Secrets de famille chapitre 30 Vendredi 17 avril 1992 â ENTRETIEN AVEC LA PSYCHIATREPapa avait beaucoup insister pour que je vienne dĂ©jeuner dimanche Ă la maison. En effet câĂ©tait le week-end de PĂąques et Anne et Pierre Marie Ă©taient lĂ pour trois jours. CâĂ©tait compliquĂ© pour moi de me retrouver face Ă Pierre Marie avec ce que je traversais en thĂ©rapie. Mais papa mâa dit de faire un effort, câĂ©tait juste un repas. Il subissait une forte pression et maman Ă©tait dans sa pĂ©riode tout le monde sâaime, on est une famille modĂšle. »JâĂ©tais Ă©cartelĂ©e entre mon envie de ne pas mettre papa dans une situation difficile et me protĂ©ger. Jâavais besoin quâelle mâaide pour prendre une dĂ©cision. La psychiatre aurait prĂ©fĂ©rĂ© que je nây aille pas. De toute maniĂšre cĂ©der nâaidera pas mon pĂšre car ma mĂšre aura juste gagnĂ© au chantage. A ses yeux elle en fera un faible. Quant Ă moi Ă part dĂ©compenser et rejouer les boucs Ă©missaires je perdais sur toute la loups se mangent entre eux. Si papa doit me lĂącher il me lĂąchera. Ma famille doit arrĂȘter de nier ce viol et de mâimposer sa loi. De toute maniĂšre quoi que je dĂ©cide je serais mal. Aussi autant que ça me lâai remerciĂ©e pour son Ă©clairage. CâĂ©tait aussi ce que je pensais. Câest la premiĂšre fois que je me sentais autant soutenue face Ă un groupe 19 avril 1992 â BROCANTE DE LA FERMEJe ne suis pas allĂ©e au repas dominical. En fait jâavais envie de revoir le brocanteur. Il mâattirait mĂȘme si je ne ressentais rien de sexuel pour lui. Sa gentillesse mâavait mâa tout de suite reconnu et sâest proposĂ© pour me faire visiter sa brocante. Je commençais Ă avoir des livres entassĂ©s Ă la maison. Aussi je me cherchais un meuble pour les ranger. Il avait tous les styles, toutes les tailles. Comme je ne savais pas trop ce que je voulais il sâest proposĂ© de venir chez moi. DĂ©jĂ voir la place et prendre des mesures. Demain câĂ©tait le lundi de PĂąques la brocante fermait Ă 18 heures. Je lui ai proposĂ© de passer il y avait affluence il a dĂ» ensuite me laisser. Mais avant de nous quitter il mâa offert les MisĂ©rables de Victor Hugo dans la version de luxe. Ce cadeau Ă©tait sans ambiguĂŻtĂ© sur les sentiments quâil Ă©prouvait pour 20 avril 1992 â LUCAS, LE BROCANTEURToute la journĂ©e cette visite mâa angoissĂ©. Et si jâĂ©tais en train de fantasmer sur cet homme alors quâil ne faisait que son mĂ©tier ? AprĂšs tout ces cadeaux pouvaient ĂȘtre un geste commercial pour mâattirer dans sa brocante. Il a Ă©tĂ© ponctuel. En deux temps trois mouvements il avait pris les mesures de la piĂšce et regardĂ© lâameublement existant. Il avait dans sa rĂ©serve une bibliothĂšque qui me conviendrait. Quand je lui ai parlĂ© du prix, il mâa dit quâelle nâĂ©tait pas chĂšre, je ne devais pas mâinquiĂ©ter Ă ce voyais quâil nâĂ©tait pas pressĂ© de partir. Ătant donnĂ© lâheure je lui ai proposĂ© un apĂ©ritif quâil a acceptĂ©. Alors que je revenais avec les verres, la bouteille de jus dâorange car il mâavait suivi sur la boisson et les cacahouĂštes, il mâa aidĂ© Ă les mettre sur la table. Puis il mâa prise par la taille et mâa embrassĂ©e. JâĂ©tais alors tĂ©tanisĂ©e par son a dĂ» le sentir car il a relĂąchĂ© son emprise. Je lui ai alors dit que jâĂ©tais lesbienne et que jâĂ©tais trĂšs mal Ă lâaise avec les hommes. NĂ©anmoins mon regard ne pouvait se dĂ©tacher de sa braguette. Je me suis approchĂ©e de lui et je lâai masturbĂ©. CâĂ©tait bizarre mais jâavais envie de donner du plaisir Ă cet homme qui me a grognĂ© et Ă©jaculĂ© sur mon chemisier. Il en Ă©tait dĂ©solĂ© et gĂȘnĂ©. Une angoisse profonde est montĂ©e et je lui ai demandĂ© de partir. Son regard Ă©tait doux et bon. Il a demandĂ© Ă me revoir. De toute maniĂšre je repasserai Ă la brocante car avant dâacheter la bibliothĂšque je voulais la voir. Il mâa embrassĂ© dans le cou avant de partir en souriant. Puis il mâa demandĂ© mon prĂ©nom et donnĂ© le sien, fois parti, je suis allĂ©e dans ma chambre oĂč je me suis masturbĂ©e en repensant Ă lui. Mais câĂ©tait pĂ©nible car je nâĂ©prouvais aucun plaisir. Jâai alors pensĂ© Ă un corps de femmes, Ă ses seins contre lesquelles reposer ma tĂȘte et jâai 21 avril 1992 â 15 Ăšme SĂANCE DE PSYCHOTHĂRAPIE MISE EN DANGER ?Jâai commencĂ© la sĂ©ance par mon affirmation par rapport Ă ma famille. Non seulement je lâai fait sans culpabilitĂ© mais cela ne mâa pas dĂ©truit. Ensuite jâai enchainĂ© sur psychothĂ©rapeute nâen revenait pas. Avais-je subi une violence quelconque ? Physique ou psychique ? Pas du tout, jâĂ©tais consentante. Comment je mâĂ©tais sentie ? Jâai avouĂ© que si câĂ©tait Ă refaire je ne le referais pas. JâĂ©tais assez mal Ă lâaise. Le point positif câest que je savais que jâĂ©tais lesbienne. Mais avais-je besoin de cette expĂ©rience pour le savoir ? Non. Alors pourquoi me forcer ? Comme pour mon rituel avec ma boite, ma piĂšce et ma bague. Une maniĂšre symbolique dâintĂ©grer que tous les hommes ne sont pas des salauds. La psychothĂ©rapeute nâa pas Ă©tĂ© convaincue par mon expĂ©rience. Je mâĂ©tais mise en danger avec un homme que je ne connaissais et qui aurait pu me violer face Ă ma rĂ©sistance. Jâai eu de la chance quâil sâen soit contentĂ©. Peut-ĂȘtre aussi que je sais maintenant me protĂ©ger et reconnaitre les agresseurs des types bien. Tous les hommes ne sont pas des argument ne lâa pas convaincue non plus. Comme beaucoup de victimes de viol jâai une image de mon corps trĂšs dĂ©gradĂ©e. Certaines le vendent, dâautres ont des rapports non protĂ©gĂ©s. Dâailleurs avais-je des prĂ©servatifs, en a-t-il parlĂ© ?Effectivement en prenant du recul jâavais sacrĂ©ment jouĂ© avec le feu. Tout dâun coup je me suis sentie idiote devant elle. De toute maniĂšre je nâavais pas prĂ©vu de rĂ©itĂ©rer lâexpĂ©rience qui ne mâavait pas avons arrĂȘtĂ© la sĂ©ance sur cette prise de conscience. Cela devait ĂȘtre ma fĂȘte car papa mâa appelĂ© pour me dire combien je lâavais déçu. Anne et maman ont passĂ© le week-end Ă me casser du sucre sur le dos. Elles en avaient plus quâassez de ma dĂ©pression dans laquelle je me complaisais. Les autres ne comptaient plus pour moi, jâĂ©tais une ingrate et une Ă©goĂŻste. Jâai voulu savoir pourquoi papa prenait une joie sadique Ă me rĂ©pĂ©ter ces propos dont jâavais cherchĂ© Ă mâextraire en ne venant pas. Il a bien Ă©tĂ© obligĂ© de me lĂącher la bombe. Anne et Pierre Marie essaient dâavoir un enfant et elle a menacĂ© papa et maman de ne plus les voir si papa continuait Ă me dĂ©fendre comme ça. Pour la famille jâĂ©tais devenue incontrĂŽlable avec ma thĂ©rapie, ce repas Ă©tait organisĂ© pour mâobliger Ă lâabandonner et rentrer dans le rang. Quand jâai annoncĂ© Ă papa que jâavais parlĂ© du viol Ă mes psys, il a eu lâair surpris que je ne protĂšge pas plus lâhonneur de la famille. Tu as fait une grosse connerie Delphine, tu vas tâen mordre les doigts, je ne vais plus pouvoir te protĂ©ger si tu ne mâaides pas un peu ! »CâĂ©tait un lĂąchage en bonne et due forme. Papa venait de changer de camp. Camille jâai Ă©tĂ© conçue Ă cette pĂ©riode, je suis nĂ©e en janvier 1993. Câest donc ma naissance qui a créé ce sĂ©isme familial.â Je vais reprendre les propos de Delphine. Pour toi aussi les carottes Ă©taient cuites avant ta naissance. Tu veux mon avis, ta tante serait allĂ©e Ă ce repas, ça nâaurait rien changĂ© Ă lâaffaire.â Ma mĂšre et mon pĂšre ont eu peur de Delphine pour lâĂ©jecter ainsi ?â Non ils ont activement cherchĂ© Ă lâanĂ©antir avec la complicitĂ© de tes grands-parents.â Je ne me sens pas bien, je vais vomir. »Et Jade nâeut pas le temps de finir sa phrase quâun jet puissant est venu sâĂ©craser sur le carrelage. Camille lui proposa de monter dans la chambre pendant quâelle nettoyait. Pour aujourdâhui finie la lecture. Elles allaient profiter de la piscine. Secrets de famille chapitre 31 Jade sâĂ©tait allongĂ©e sur le transat alors que Camille avait alignĂ© quelques longueurs. La chaleur Ă©crasante avait disparu, remplacĂ©e par un temps gris et chaud mais nĂ©anmoins lumineux. Aussi elles avaient dĂ©ployĂ© le parasol. Tu te sens comment Jade ?â NausĂ©euse. Je suis dĂ©solĂ©e Camille de tâavoir infligĂ© cette scĂšne.â Il y a plus romantique que de nettoyer du vomi mais câest aussi ça sâaimer. Ne tâen fais pas pour moi. En fait je mâinquiĂšte pour toi. Ce journal prend des proportions dans nos vies depuis 3 jours. Peut-ĂȘtre quâon devrait faire une pause et profiter de ces vacances.â Tu sais Camille, moi aussi je me sens mal depuis longtemps. Câest une angoisse diffuse. Je comprends mieux pourquoi maintenant. Mon inconscient nâĂ©tait pas dupe de leurs mensonges. Je ne sais dâailleurs pas ce qui est le pire. Savoir ce que mon pĂšre a commis ou leur grande comĂ©die ? Jâaurais tellement voulu connaitre Delphine, nous avons tellement en commun. Câest une femme libre. Jâadmire son courage, ce quâelle a endurĂ©.â Moi aussi jâaurais aimĂ© la connaitre. Imagine la tante et la niĂšce lesbienne. On aurait passĂ© des bons moments avec elle.â ⊠pleurs de Jadeâ Ma chĂ©rie quâest-ce que jâai dit qui te met dans cet Ă©tat ?â Je suis en colĂšre aprĂšs ma famille qui mâa privĂ© de sa prĂ©sence. Maintenant quâelle est morte je nâaurais Ă jamais de cette possibilitĂ©.â Jade, on va aller voir le brocanteur. Il a Ă©tĂ© amoureux dâelle et elle de lui, on le sait dorĂ©navant. Et JosĂ© et Pilar aussi peuvent nous en apprendre encore.â Merci Camille dâĂȘtre lĂ . »Cette nuit-lĂ elles ne firent pas lâamour. Elles avaient juste envie dâun moment de nuit avait eu raison de lâangoisse de Jade. Elles pourraient finir la lecture du deuxiĂšme journal dans la journĂ©e. Vendredi 24 avril 1992 â ENTRETIEN AVEC LA PSYCHIATRELa psychiatre ne se montra pas Ă©tonnĂ© de la rĂ©action familiale. Finalement jâavais Ă©tĂ© inspirĂ©e de refuser leur invitation. Le lynchage collectif avait commencĂ©. En revanche la position de mon pĂšre Ă©tait plus surprenante car il savait quâil me plantait un couteau dans le dos. Avais-je besoin de rappeler les effets dĂ©lĂ©tĂšres de la lĂąchetĂ© paternelle ? Sâil avait su rĂ©parer ses manquements, il restait au fond de lui trĂšs Ă©goĂŻste. CâĂ©tait dâailleurs leur principal reproche Ă mon Ă©gard. Mais les Ă©goĂŻstes dans cette affaire câĂ©taient eux. Je nâexistais que pour rĂ©pondre Ă leurs intĂ©rĂȘts. Pour ĂȘtre Ă©goĂŻste il aurait fallu ĂȘtre sujet. Et non objet. Leur chosification passait Ă la vitesse supĂ©rieure. La psychiatre mâa rappelĂ© que le centre dâaccueil et de crises pouvait me recevoir 24 heures sur 24 sans rendez-vous. Je ne devais surtout pas hĂ©siter. Surtout que le 1er et 8 mai Ă©tant fĂ©riĂ©s je ne la revoyais que le 15 mai, cela pouvait ĂȘtre long de rester sans suivi pendant 3 semaines. Il y avait toujours la jâai reparlĂ© de Lucas. Elle a eu un avis plus nuancĂ© que ma psychothĂ©rapeute. Certes il Ă©tait en Ă©rection mais il nâa rien tentĂ© pour me demander de le satisfaire. Il nâavait sans doute pas pu la contrĂŽler. Le dĂ©sir masculin est plus visible que le dĂ©sir fĂ©minin. Ce qui comptait câest que cette expĂ©rience nâait pas Ă©tĂ© traumatisante. Et rien ne mâinterdisait dâĂ©prouver un amour platonique pour un peu de douceur dans ce monde de bruts. Jâen avais besoin dans cette pĂ©riode qui annonçait la 26 avril 1992 â BROCANTE DE LA FERMEJe suis retournĂ©e Ă la brocante. Lucas mâattendait, il avait remarquĂ© que jâĂ©tais rĂ©guliĂšre dans mes horaires. Il mâa entrainĂ© tout de suite dans le corps de ferme oĂč une surprise mâattendait. Comme il est aussi bricoleur, il mâavait confectionnĂ© une bibliothĂšque sur mesure. A croire quâil avait lu dans mes pensĂ©es car câĂ©tait exactement le modĂšle qui me plaisait. Si jâĂ©tais libre demain il me la livrait. CâĂ©tait son jour de repos. Pour le prix il mâa demandĂ© 50 francs. Jâai alors su quâil me lâoffrait car elle valait 10 fois ce prix mĂȘme dans une 27 avril 1992 â LA BIBLIOTHĂQUELucas Ă©tait venu avec son pĂšre. Ils mâont installĂ© la bibliothĂšque. Lucas avait pris des livres quâil mâa offerts. Il voulait ainsi que je pense Ă lui. Mais comment ne pas penser Ă lui avec ce meuble imposant. Son pĂšre est reparti avec le camion en lui laissant son vĂ©lo pour rentrer. Lucas mâa avouĂ© que depuis quâil mâavait vu il nâen dormait plus, le coup de foudre a Ă©tĂ© immĂ©diat. Je ne voulais pas le blesser. Aussi je lui ai redit que jâĂ©tais lesbienne. Cependant Ă ma maniĂšre je lâaime. Je peux mĂȘme dire que si je ne devais aimer quâun homme ce serait lui. Il a voulu mâembrasser. Lucas me bouleverse je ne peux pas le nier. Je lui ai alors dit que jâavais Ă©tĂ© violĂ©e et depuis je ne peux plus avoir de rapports avec un homme. Il mâa pris dans ses bras et mâa serrĂ© tendrement. VoilĂ pourquoi tu es si triste. Si je pouvais casser la gueule Ă celui qui tâa fait ça ! »Je lui ai proposĂ© de diner avec moi et il a acceptĂ©. Il mâa racontĂ© sa vie. Câest un homme simple qui a les pieds sur terre. La nuit est tombĂ©e il se levait tĂŽt. Il mâa repris dans ses bras pour me dire au revoir. Il Ă©tait en Ă©rection. Je lâai pris par la main et entrainĂ© dans la chambre. On sâest embrassĂ© puis on sâest dĂ©shabillĂ©. Il est venu sâallonger sur moi aprĂšs avoir enfilĂ© un prĂ©servatif. Puis il sâest frottĂ© contre mon pubis sans me pĂ©nĂ©trer. Son sexe venait exciter mon clitoris. MĂȘme si jâĂ©tais crispĂ©e jâai eu beaucoup de plaisir. Nous avons joui tous les rien Ă voir avec une femme. Lucas est venu me rĂ©parer. Pierre Marie a pris ma virginitĂ© mais Lucas mâa donnĂ© son amour. Cette nuit jâĂ©tais redevenue femme dans ses 28 avril 1992 â 16 Ăšme SĂANCE DE PSYCHOTHĂRAPIE LUCASJâai dâabord parlĂ© de ma famille. De cette alliance mortifĂšre pour mâabattre. Un rouleau compresseur qui sâĂ©tait mis en marche allait me rĂ©duire en morceaux. Est-ce que je lâavais vu arriver ? En fait câĂ©tait leur fonctionnement habituel, je nâĂ©tais pas tombĂ©e de ma chaise. En revanche jâĂ©tais déçue par mon pĂšre qui Ă©tait redevenu leur alliĂ©. Cette thĂ©rapie les effrayait. Me voir aller bien leur Ă©tait insupportable car ils me prĂ©fĂ©raient dĂ©pressive. Pourquoi ? Parce quâavec une Ă©tiquette de folle ma parole Ă©tait peu crĂ©dible. Cependant si jâallais bien elle aurait une portĂ©e. Dâailleurs câĂ©tait bien pour cela quâils me jugeaient ingĂ©rables. Câest aussi parce quâils avaient compris quâils ne pourraient plus me manipuler comme avant. Ni me faire taire. Le groupe se protĂ©geait psychothĂ©rapeute est revenue sur le secret de famille. Il existait deux sortes de secrets. Le secret partagĂ© qui soudait et le secret imposĂ© qui dĂ©truisait. Vraisemblablement il y aurait des deux dans ma famille. Le premier Ă©tait dĂ©jĂ levĂ©. Il sâagissait de mon viol. Secret partagĂ© par le groupe qui les soudait. En revanche il y avait un secret imposĂ© qui dĂ©truisait. Mais lequel ? Tant que je nây aurais pas accĂšs je serais en mon pĂšre qui dĂ©tenait la clĂ©. Mais son changement de camp nâaugurait rien de bon pour moi. Il allait laisser le secret me dĂ©truire. Ou bien jâessayais de le savoir par lui ou bien nous essayions de le retrouver par la thĂ©rapie. Mais câĂ©tait sans garantie de rĂ©ussite. Jâallais essayer dâinterroger mon pĂšre car le contact nâĂ©tait pas encore coupĂ© avec lui. Ensuite jâai reparlĂ© de Lucas. Je ne voulais pas quâelle se sente agressĂ©e car je savais que cette relation ne lui plaisait pas. Mais contre toute attente elle mâa exprimĂ© son Ă©motion. Elle nâen revenait pas que jâai pu surmonter mes blocages. Lucas avait certainement perçu ma faille dĂšs le dĂ©part et câest elle qui lâavait touchĂ©. Elle nâavait rien Ă ajouter Ă mon analyse concernant la rĂ©paration. Mon corps avait parlĂ© de lui-mĂȘme avec cet orgasme. Et Lucas Ă©tait un amant respectueux, câĂ©tait tout lâinverse de ma famille. Elle a reconnu quâelle sâĂ©tait inquiĂ©tĂ©e car ma fragilitĂ© pouvait aussi attirer des hommes peu scrupuleux. Cela signifiait aussi que je commençais Ă bĂątir un systĂšme de dĂ©fense plus sain. Cependant mon orientation sexuelle Ă©tait dĂ©finie depuis lâadolescence, jâĂ©tais profondĂ©ment lesbienne. Il y avait peu de chance que cela bouge. Nous avons alors abordĂ© le sujet de la maternitĂ©. A travers Lucas, est-ce que je nâinterrogeais pas ce dĂ©sir ? Jâavais lâĂąge dâĂȘtre mĂšre et ma sĆur Ă©tait en train dâavoir un enfant. MĂȘme pas. Si le deuil de ma relation avec Laurence avait Ă©tĂ© long et laborieux, mon avortement avait Ă©tĂ© plus traumatisant encore que le viol. Dâailleurs je nâavais mĂȘme pas abordĂ© le sujet dans la premiĂšre thĂ©rapie. Et lĂ câĂ©tait au-dessus de mes forces. La psychothĂ©rapeute est nĂ©anmoins revenue Ă la charge. Certes mon esprit Ă©tait traumatisĂ© mais mon corps Ă©tait biologiquement apte Ă une grossesse. MĂȘme si avec Lucas il nây avait pas pĂ©nĂ©tration une grossesse Ă©tait possible. Si jâenvisageais de continuer Ă avoir des rapports avec lui une contraception Ă©tait indiquĂ©e. Je lâai remerciĂ©e de son conseil car ma mĂšre nâavait jamais vraiment fait mon Ă©ducation sexuelle, jâavais dĂ» me dĂ©brouiller seule. Une carence de plus Ă son actif. Avant de nous quitter la psy mâa demandĂ© de rĂ©flĂ©chir Ă la relation avec Lucas. Quâest-ce que jâen attendais ? Nâallait-il pas souffrir avec moi si je ne pouvais lui apporter ce quâil Ă©tait en droit dâattendre ? En effet ils Ă©taient brocanteurs de pĂšre en fils. Il ne contenterait pas Ă©ternellement de ce flirt poussĂ©. La maternitĂ© serait un facteur de rupture si avoir un enfant Ă©tait inconcevable pour moi. Pourrais-je le supporter ?Par amour jâĂ©tais prĂȘte Ă surmonter bien des choses. HĂ©las non car la thĂ©rapie nâallait pas de me rĂ©parer de tout mais seulement apprendre Ă vivre moins douloureusement avec les traumas anciens. Je nâavais pas fait le deuil dâun enfant irreprĂ©sentable, il nây avait actuellement psychiquement aucune place pour une autre reprĂ©sentation. Avais-je Ă©galement envie de faire ce travail ?La consĂ©quence la plus dramatique de mon viol Ă©tait lĂ . Et la naissance future dâun neveu ou dâune niĂšce aurait inĂ©vitablement des effets sur mon Ă©tat psychique. Elle a dĂ» interrompre la sĂ©ance car lâheure Ă©tait Ă©coulĂ©e. Cependant elle a insistĂ© pour quâon reprenne ce sujet la prochaine fois. Secrets de famille chapitre 32 Dimanche 3 mai 1992 â BROCANTE DE LA FERMEMaintenant que jâavais une nouvelle bibliothĂšque je pouvais la remplir. Aussi comme tous les dimanches je me suis rendue Ă vĂ©lo Ă la brocante de la ferme. Lucas mâattendait car il avait eu un nouvel arrivage. En particulier il y avait toute une collection de la PlĂ©iade dans un Ă©tat neuf. Un cadeau reçu jamais lu commenta-t-il. Je nâavais pas les moyens. En effet je ne voulais pas dĂ©pendre de papa car Anne avec sa jalousie maladive saurait lui reprocher. Jâanticipais aussi ma baisse de salaire et je gĂ©rais avec parcimonie mes indemnitĂ©s journaliĂšres. La premiĂšre psychothĂ©rapie mâavait totalement dĂ©stabilisĂ©e avec lâargent. En plus de mâaccorder peu de valeur, jâavais perdu le contrĂŽle de ma vie avec cet argent jetĂ© par les fenĂȘtres. Aussi je regardais Ă deux fois avant la dĂ©pense. A quoi bon des livres chers ?Lucas voulut me les offrir mais jâai refusĂ©. Je ne pourrais pas lui rendre la pareille et il vivait avec sa famille de ces ventes. Rien nâĂ©tait trop beau pour la femme quâil aimait. Comme le lieu nâĂ©tait pas propice Ă une discussion intime je lui ai demandĂ© de passer chez moi le lendemain sur son jour de repos. Nous pourrions dĂ©jeuner ensemble. Il ne sâest pas fait de partir il a glissĂ© dans mon panier un livre de poche de poĂšmes dâAragon. Il avait marquĂ© la page. Il nây a pas dâamour heureux. »Lundi 4 mai 1992 â LUCASLucas Ă©tait venu avec la collection de la PlĂ©iade. CâĂ©tait plus fort que lui, il mâaimait. CâĂ©taient des auteurs classiques grecs anciens mais pas seulement. Habituellement il avait un circuit de ventes pour ces livres car elles nâĂ©taient pas en direct avec des particuliers. Son pĂšre avait donnĂ© son accord car sur ce dĂ©barras ils avaient eu pas mal de chance. Des bijoux, des piĂšces dâor. La personne chez qui ils Ă©taient allĂ©s dĂ©barrasser nâĂ©tait pas morte contrairement Ă dâhabitude. Mais elle Ă©tait ĂągĂ©e, sans hĂ©ritier. Et leur avait tout donnĂ© !Câest ainsi que tout naturellement nous avons abordĂ© le sujet des enfants. Lucas voudrait ĂȘtre pĂšre et transmettre la brocante Ă ses enfants. Il Ă©tait tombĂ© tout petit dedans et ne se voyait pas faire autre chose. Lucas ne se serait pas vu faire de longues Ă©tudes comme moi, ce nâĂ©tait pas un intellectuel non plus. Cependant il avait de la culture et une forte attache Ă certaines avait souhaitĂ© savoir si je voulais des enfants. Jâai hĂ©sitĂ© Ă lui briser le cĆur et puis jâai rĂ©pondu nĂ©gativement. Je lâai senti déçu par ma rĂ©ponse mais je nâallais pas lui mentir. Depuis la derniĂšre fois il avait beaucoup pensĂ© Ă moi. Et il se projetait mĂȘme dans une relation. Je lui ai alors redit que jâĂ©tais lesbienne et que mĂȘme si je lâaimais ça ne changerait pas. Pour lui ce nâĂ©tait pas un problĂšme si jâaimais les femmes tant quâil Ă©tait lâunique homme. Il voyait en moi une mĂšre formidable et aimante. Et mĂȘme si sexuellement on ne dĂ©passait pas le stade de la derniĂšre fois il sâen contenterait aussi. JâĂ©tais une femme rare et prĂ©cieuse quâil avait envie de chĂ©rir. Le choix du livre dâAragon non plus nâĂ©tait pas gratuit. Aragon homosexuel amoureux dâElsa Ă qui ces vers Ă©taient destinĂ©s. Couple ambigu, amour ne mâavait jamais fait une telle dĂ©claration dâamour. MĂȘme pas Laurence dans sa jeunesse. Son naturel mâa bouleversĂ©. Je lui ai demandĂ© de me lire le poĂšme dâAragon. Lorsquâil prononça le vers Mon bel amour mon cher amour ma dĂ©chirure » jâai fondu en larmes. Il mâa alors pris dans ses bras et jâai senti son dĂ©sir pour ne mĂ©ritait pas que je sois cruelle avec lui en lâentretenant dans de faux espoirs. Nous devions nous sĂ©parer maintenant avant de nous attacher. Rien ne nous empĂȘchait de rester amis. Il mâa embrassĂ© et a pleurĂ© Ă son de nous quitter je lui ai demandĂ© sâil voulait refaire lâamour une derniĂšre fois. Il a voulu savoir si jâen avais envie ou bien si câĂ©tait par pitiĂ©. Je lui ai rĂ©pondu que câĂ©tait par amour car malgrĂ© mes difficultĂ©s Ă ĂȘtre mĂšre, en tant que femme je lâ ne voulait pas me blesser lui non plus et comprenait que jâavais Ă©tĂ© bien dĂ©molie par mon agresseur. Il pleurait autant de rage que de chagrin. Nous sommes allĂ©s dans ma chambre et nous nous sommes dĂ©shabillĂ©s. Je voulais quâil me fasse lâamour comme si câĂ©tait la premiĂšre fois, quâil me prenne comme un homme prend une femme. Il a dâabord Ă©tĂ© rĂ©ticent, je ne devais pas me forcer. En fait jâen avais vraiment envie. Mon sexe Ă©tait trempĂ©, je lui ai pris la main pour quâil le constate par lui-mĂȘme. Jâai alors vu son sexe se dresser davantage. Il est venu sur moi et mâa pĂ©nĂ©trĂ©. Jâai eu mal, trĂšs mal mais je nâai rien dit. Je lâai laissĂ© Ă son plaisir et jâai simulĂ© le mien. Il sâen est vite rendu est sorti. Puis nous sommes restĂ©s dans les bras lâun de lâautre sans rien dire. Ma douleur sâĂ©tait estompĂ©e car il sâĂ©tait inquiĂ©tĂ© de savoir comment jâallais. Je lui ai dit que jâavais envie de lui comme la derniĂšre fois. Il mâa demandĂ© un peu de temps car pour lâinstant il ne pouvait son Ă©rection a Ă©tĂ© de nouveau possible nous avons fait lâamour et nous avons joui promis que je continuerai de venir le voir Ă la brocante car sa prĂ©sence mâĂ©tait indispensable. De ma vie je ne mâĂ©tais jamais sentie aussi bien avec quelquâun. Lucas Ă©tait un type bien, loin des salauds dĂ©crits par ma il est parti jâai pleurĂ© toutes les larmes de mon corps. Les mĂȘmes larmes que le jour de ma tentative de suicide. Jâai mesurĂ© le gĂąchis quâĂ©tait ma vie. Combien jâĂ©tais amputĂ©e dâune partie de moi-mĂȘme, de ma fĂ©minitĂ©. JâĂ©tais aimĂ©e et dĂ©sirĂ©e et pourtant Ă cet instant lâenvie de mourir est revenue. En plus de mâavoir barrĂ© lâaccĂšs aux hommes ma mĂšre mâavait barrĂ© lâaccĂšs Ă la 5 mai 1992 â 18 Ăšme SĂANCE DE PSYCHOTHĂRAPIE ENVIE DE MOURIRJe luttais depuis la veille contre mes pulsions suicidaires. Elles Ă©taient revenues au galop. Y avait-il eu un Ă©lĂ©ment dĂ©clencheur ? Jâai alors parlĂ© de ma rupture avec Lucas, de mon rapport sexuel douloureux. La psychothĂ©rapeute mâa Ă©coutĂ© attentivement. Tout avait Ă©tĂ© beaucoup trop vite. Elle regrettait dâavoir abordĂ© le sujet de la maternitĂ© en fin de sĂ©ance et de ne pas avoir pu me fixer un autre rendez-vous le lendemain. Une semaine avec un psychisme Ă ciel ouvert ça avait Ă©tĂ© trop quâil y avait des retours dans le rĂ©el de la thĂ©rapie, en particulier des remaniements psychiques qui dĂ©passaient mes ressources internes. Aussi Ă©tant donnĂ© ma nouvelle dĂ©compensation elle prĂ©fĂ©rait quâon sâen arrĂȘte lĂ pour aujourdâhui. Et comme ma psychiatre ne pouvait pas me recevoir ce vendredi, elle aimerait quâelle organise une hospitalisation aujourdâhui au centre. Je suis allĂ©e dans la salle dâattente pendant quâelle lui tĂ©lĂ©phonait. Puis elle est venue me voir, je devais attendre la psychiatre qui allait me recevoir. Lâentrevue a Ă©tĂ© trĂšs brĂšve. Elle ne voulait pas que je reste seule cette nuit. Aussi elle me laissait le temps dâaller chercher quelques affaires et on mâattendait. Elle me verrait plus longuement dans la soirĂ©e aprĂšs ses consultations. Je suis donc rentrĂ©e Ă vĂ©lo. Jâai aussitĂŽt appelĂ© papa pour le prĂ©venir sans entrer dans les dĂ©tails du motif de cette hospitalisation. JosĂ© mâaccompagnerait car avec mes bagages, le vĂ©lo lui paraissait peu indiquĂ©. Je lâai remerciĂ©. Lâespace dâun instant jâavais retrouvĂ© ma complicitĂ© avec lui. Jâai donc prĂ©parĂ© mon sac en consĂ©quence, je savais quâon le fouillerait. Lors de mon arrivĂ©e au centre, jâĂ©tais attendue par une infirmiĂšre et un mĂ©decin. Comme jâavais des idĂ©es suicidaires, je serais enfermĂ©e Ă clĂ© dans ma chambre oĂč on viendrait me voir rĂ©guliĂšrement. En attendant un neuroleptique mâavait Ă©tĂ© prescrit pour prĂ©venir la crise dâangoisse. Jâai dĂ» lâavaler devant lâinfirmiĂšre. Puis comme la fois prĂ©cĂ©dente jâai eu le droit Ă une fouille de mes demandĂ© Ă aller aux toilettes avant que ça ne commence car le stress mâavait rempli la vessie. LâinfirmiĂšre mâa demandĂ© de laisser la porte ouverte. Jâai rĂ©pondu que ça me bloquait. Entrouverte câĂ©tait possible. Jâai donc urinĂ© et au moment de fermer ma ceinture, dans un raptus anxieux je lâai retirĂ©e des passants de mon pantalon sans rĂ©flĂ©chir. Je lâai passĂ©e autour de ma gorge, coincĂ© la boucle sur la poignĂ©e de porte et me suis laissĂ© tomber brutalement pour mâasphyxier. La suite mâa Ă©tĂ© racontĂ© le soir par la psychiatre. Le bruit de la chute a alertĂ© lâinfirmiĂšre qui sâest prĂ©cipitĂ©e. Mais je bloquais la porte avec mon corps. Ils se sont mis Ă plusieurs pour lâenfoncer et mâont retrouvĂ© inanimĂ© derriĂšre. Câest leur rapiditĂ© qui mâa sauvĂ© in extremis. Je ne pouvais pas rester au centre. Je serais transfĂ©rĂ©e demain en hĂŽpital psychiatrique le temps que la crise passe, je devais bien compter quinze jours trois semaines. Elle allait rĂ©adapter le traitement et mieux soulager mon angoisse. Elle suspendait aussi la psychothĂ©rapie durant cette hospitalisation. Enfin avant de me quitter elle mâa demandĂ© ce qui mâavait poussĂ© Ă un tel geste. CâĂ©tait un ensemble. Une thĂ©rapie câĂ©tait bien mais ça remuait tellement de choses et les prises de conscience Ă©taient bien plus douloureuses que les plaies originelles. Pour autant je souhaitais la continuer. Elle mâa Ă©galement informĂ© quâelle appellerait mon pĂšre car il devait savoir ce qui sâĂ©tait passĂ©. Quant aux visites elles seraient interdites. MalgrĂ© les cachets qui mâassommaient jâai trouvĂ© la force de lui demander de prĂ©venir Lucas car je ne voulais pas quâil sâinquiĂšte. ForcĂ©ment il se sentirait coupable de mon geste me dit-elle. Pourquoi ? Ce nâĂ©tait pas lui qui mâavait du 5 mai au 1er juin 1992 â HOSPITALISATION EN PSYCHIATRIELa tenue de mon journal sâen est trouvĂ© nĂ©gligĂ© car jâavais une malheureuse cartouche Ă encre dans mon stylo. De plus jâĂ©tais tellement tassĂ©e » câest leur expression avec leurs mĂ©dicaments que je nâai ni vu le temps passer ni eu envie dâ psychiatre est venue me voir rĂ©guliĂšrement. Elle avait prĂ©venu Lucas sans trahir le secret mĂ©dical. Jâai su par les infirmiĂšres quâil avait appelĂ© rĂ©guliĂšrement pour avoir de mes nouvelles. Mon pĂšre Ă©galement. Cette hospitalisation mâavait apaisĂ© intĂ©rieurement. Je ressentais moins la douleur morale. Et puis surtout jâavais repris du poids. Presque 5 kilos. Jâallais retrouver le plaisir de mon ancienne garde-robe. Je revoyais le 2 juin ma thĂ©rapeute. Secrets de famille chapitre 33 Mardi 2 juin 1992 â 19 Ăšme SĂANCE DE PSYCHOTHĂRAPIE HOSPITALISATIONCâĂ©tait juste une reprise de contact aprĂšs ce petit mois dâhospitalisation. Elle mâa trouvĂ© mieux que la prĂ©cĂ©dente sĂ©ance. Le retour chez moi a Ă©tĂ© difficile car le cadre de lâhĂŽpital contenait aussi mes angoisses. Mais je me connaissais dans quelques jours ça irait mieux. Lâajout dâun neuroleptique mâavait bien rĂ©ussi, jâĂ©tais beaucoup moins avons fini la sĂ©ance sur Lucas. Avais-je eu de ses nouvelles ? Il avait pris des miennes mais je ne lâavais pas eu directement. Avais-je lâintention de le revoir ? Oui. Mais pas de le faire souffrir car il ne le mĂ©ritait pas. Au retour papa mâa appelĂ© car il voulait passer un peu de temps avec moi demain soir. Jâai 3 juin 1992 â SECRET DE FAMILLEPapa est venu diner Ă la maison. Il voulait me parler seul Ă seul. Ma psychiatre lui avait racontĂ© la tentative de suicide. Elle lui a expliquĂ© quâil dĂ©tenait un secret qui me dĂ©truisait. Nous avions eu de la chance mais la prochaine fois serait la bonne. Il a promis de le faire quand je serais sortie. Aussi il mâa racontĂ© ce qui depuis des annĂ©es le hantait. Si je connaissais une partie de mon histoire familiale une autre avait Ă©tĂ© tue. Le mariage de ses parents avait Ă©tĂ© un mariage arrangĂ© juste aprĂšs la premiĂšre guerre mondiale. Son pĂšre fils unique sâĂ©tait uni Ă ma mĂšre de 10 ans sa cadette, fille unique Ă©galement pour avoir des hĂ©ritiers mais aussi pour rĂ©unir les terres de deux familles de cultivateurs. Bref une histoire de sous comme on en a beaucoup dans nos campagnes. Son pĂšre, poilu dans les tranchĂ©es avait Ă©tĂ© gazĂ©. De santĂ© fragile, câĂ©tait sa femme qui portait la culotte mĂȘme si elle Ă©tait plus jeune. Une fille est nĂ©e de cette union alors que sa mĂšre avait 16 ans. Ainsi jâavais une tante et je lâignorais. Durant 19 ans elle a Ă©tĂ© leur unique enfant et elle aurait dĂ» reprendre la ferme Mais câĂ©tait sans compter sur la naissance inattendue et tardive de ce garçon aprĂšs de nombreuses fausses-couches. Entre temps avec les dĂ©cĂšs des grands-parents paternels et maternels cette exploitation Ă©tait devenue une des plus importantes de la rĂ©gion. Sa sĆur ainĂ©e, avec laquelle il nâa pas grandi, Ă©tait ainsi relĂ©guĂ©e Ă un rĂŽle ingrat. Aussi elle a prĂ©fĂ©rĂ© partir et se faire employer comme femme de chambre en ville chez de trĂšs riches bourgeois. Elle ne revenait que trĂšs rarement Ă lâoccasion de fĂȘtes de famille. Ses patrons avaient une fille et sa sĆur avait Ă©tĂ© affectĂ©e Ă son service. Et lâimpensable sâest produit, les deux femmes ont eu une histoire dâamour. Ce fut tellement scandaleux, que la fille de bonne famille a quittĂ© la maison familiale. Et elles se sont installĂ©es ensemble. La fortune de cette famille Ă©tait colossale Ă la sortie de la guerre. Sa sĆur avait totalement changĂ© de milieu avec son amante. Il se souvenait dâune grande bourgeoise qui lui rendait visite pour NoĂ«l. En particulier il Ă©tait fascinĂ© par ses bijoux et ses vĂȘtements. Elle Ă©tait trĂšs affectueuse avec lui car au fond sa naissance avait Ă©tĂ© une chance pour elle. Sa vie Ă©tait moins bien laborieuse le drame est arrivĂ©. A NoĂ«l 1948, il avait 10 ans, sa sĆur est venue passer les fĂȘtes Ă lâexploitation. Des garçons du village lâont violĂ© dans la grange pour la punir » de son homosexualitĂ©. Quand elle sâest rendue compte quelques semaines plus tard quâelle Ă©tait enceinte elle est revenue Ă lâexploitation et elle sâest pendue dans la lui qui lâa dĂ©couverte. Câest pourquoi dĂšs quâil a hĂ©ritĂ© de lâexploitation il lâa revendue pour crĂ©er son usine. Trop de malheur. Sa mĂšre durcie par le chagrin lui en voulait aussi dâĂȘtre nĂ© car elle lâaccusait inconsciemment de la mort de sa fille non-dit le rongeait depuis des dĂ©cennies. Il aurait pu en parler avant mais il nâen avait jamais trouvĂ© lâoccasion. Ensuite il Ă©tait trop tard. Quand lâhistoire sâest rĂ©pĂ©tĂ©e avec moi, il a fui. Il a laissĂ© ma mĂšre gĂ©rer. Pour lui lâavortement avait cassĂ© la malĂ©diction et cela ne mâavait pas empĂȘchĂ© de faire de bonnes Ă©tudes. Il me trouvait plus forte que sa sĆur. Jusquâau moment oĂč jâai fait cette tentative de suicide. Il a alors voulu se rattraper avec moi, rĂ©parer ses erreurs et me protĂ©ger. Il pensait que se taire mâaiderait Ă mâen sortir car il craignait que ça me plonge encore plus dans la remerciĂ© papa. Entendre cette histoire de sa bouche donnait enfin du sens Ă ce qui nâen avait pas. Câest alors que je lui ai posĂ© la question qui me dĂ©mangeait depuis des annĂ©es. Pourquoi ne mâavait-il pas protĂ©gĂ© enfant de la dĂ©pression de ma mĂšre et de son entreprise de dĂ©molition ? Parce que cette grossesse non dĂ©sirĂ©e il en Ă©tait Ă lâorigine, il ne sâĂ©tait pas retirĂ© Ă temps. Et quâelle avait plongĂ© ma mĂšre dans le dĂ©sarroi comme sa sĆur avant elle. Mais surtout ce qui mâa sidĂ©rĂ© câest quâil mâa avouĂ© câest que si au dĂ©but il lâa soutenue et a cherchĂ© Ă lâaider quand elle est devenue ingĂ©rable il mâa volontairement laissĂ© dans ses griffes par Ă©goĂŻsme. Cependant il reconnaissait quâil nâavait pas mesurĂ© les consĂ©quences. Si lui ne la supportait plus comment moi enfant je le pouvais quâil mâavait confiĂ© son secret, allait-il le confier Ă Anne ? Non car il mâa annoncĂ© quâAnne Ă©tait enceinte, lâaccouchement Ă©tait prĂ©vu pour mi-janvier. Pas question de lui gĂącher sa grossesse, dĂ©jĂ quâelle ne me supportait plus. Se rendait-il compte que la honte que maman et Anne avaient pour moi, elles lâauraient eu pour sa sĆur ? Oui câest pour cela quâil souhaitait que ce secret imposĂ© devienne un secret partagĂ© entre lui et avait discutĂ© de cette option avec la psychiatre. Couper avec Anne, maman et Pierre Marie mâaiderait Ă mâen sortir. Sinon on allait rejouer ad vitam aeternam le scĂ©nario ni avec toi ni sans toi. Ensuite câĂ©tait de la responsabilitĂ© dâAnne de dĂ©cider de parler de moi ou pas Ă son Ă papa, je le verrai seul Ă seul chez moi ou en ville. De toute maniĂšre il y a bien longtemps quâil ne rendait plus de comptes Ă maman sur ses absences. Enfin avant de partir papa me fit un cadeau inouĂŻ. Les bijoux de sa sĆur que la mienne convoitaient depuis des annĂ©es. CâĂ©taient des bijoux de famille » qui revenait en principe Ă la fille ainĂ©e. Mais mon pĂšre en avait dĂ©cidĂ© autrement. Il savait aussi que quand Anne le saurait il en entendrait sortit dâune pochette trois bagues en or, une broche et un bracelet sertis des pierres en diamants. Ils avaient Ă©tĂ© offerts Ă ma mĂšre par son amante. Avant de se pendre elle les avait rangĂ©s dans la poche de sa robe. Nous avons alors pleurĂ© dans les bras lâun de lâautre. Je nâavais jamais vu mon pĂšre pleurer. Il mâa demandĂ© pardon pour le mal quâil mâavait fait avec son silence et sa lĂąchetĂ©. Il Ă©tait tellement fier de moi car malgrĂ© lâadversitĂ© jâavais transformĂ© ma souffrance et ma colĂšre en une Ă©nergie vitale. Quand papa est parti jâai ressenti un sentiment inconnu jusque-lĂ . Celui dâavoir sauvĂ© sa peau dâune catastrophe. Jâai alors pensĂ© Ă cet enfant Ă venir. Si câĂ©tait une fille, le poids quâelle avait dĂ©jĂ sur ses Ă©paules Ă©tait encore plus lourd que le mien. A la gĂ©nĂ©ration de mon pĂšre câĂ©tait un non-dit, Ă la mienne un secret de famille, Ă la sienne un impensĂ©. Vendredi 5 juin 1992 â ENTRETIEN AVEC LA PSYCHIATREJâai remerciĂ© la psychiatre dâavoir Ă©tĂ© si convaincante avec papa. Elle nâa rien voulu me confier de lâentretien quâelle avait eu avec lui mais elle mâa dit que si mon pĂšre ne me lâexprimait pas il mâaimait. Il Ă©tait bien dâailleurs le seul dans cette famille ai-je fait pĂšre avait surtout un problĂšme de distance Ă©motionnelle, en partageant ce secret nous serions Ă la bonne. Ni trop prĂšs, ni trop loin. Nous avons rigolĂ© car papa mâavait dit que câĂ©tait ni avec toi ni sans toi avec les autres membres de la famille. On allait me surnommer devrais commencer Ă me sentir mieux avec la levĂ©e de ce secret. Je lui ai dit que jâallais ĂȘtre tante. Elle a souri sachant que la rĂ©pĂ©tition de lâhistoire Ă©tait en marche. Comment jâavais pris la nouvelle ? Bien. JâĂ©tais mĂȘme heureuse et je le serai plus si câĂ©tait une fille. Je ne la connaitrais sans doute jamais mais je lâaimais dĂ©jĂ . Je comptais sur papa pour me donner de ses nouvelles, me parler dâelle et me montrer des photos. Si câĂ©tait un garçon en revanche il mâintĂ©ressera moins car il sera du cĂŽtĂ© des Ă©clata en sanglots. Camille la prit dans ses bras. Comment la consoler dâun tel chagrin ? Secrets de famille chapitre 34 Mardi 9 juin 1992 â 20 Ăšme SĂANCE DE PSYCHOTHĂRAPIE LA LEVĂE DU SECRETJâai racontĂ© dâune traite le rĂ©cit familial que la psychothĂ©rapeute a Ă©coutĂ© avec beaucoup dâ premiĂšre question fut de savoir comment je me sentais. Mieux mĂȘme si cette rĂ©vĂ©lation ne rĂ©glait pas tous mes problĂšmes. Mais ce qui me troublait le plus câĂ©tait lâĂąge de ma tante au moment de son suicide. 28 ans, câĂ©tait mon Ăąge au mien. Je ne devais pas mâidentifier trop Ă elle. Nos histoires si elles avaient beaucoup de similitudes contenaient aussi des diffĂ©rences. LâhomosexualitĂ© fĂ©minine nâĂ©tait plus un tabou comme durant cette Ă©poque. Et les causes de nos viols nâavaient pas non plus la mĂȘme origine. Dans le cas de ma tante elle avait Ă©tĂ© dĂ©truite parce que lesbienne. Dans le mien parce que ma sĆur avait poussĂ© Ă bout Pierre Marie qui nâavait pas su contrĂŽler sa colĂšre. En revanche les grossesses avaient Ă©tĂ© la source de la souffrance morale qui nous avaient poussĂ© au secrets Ă©taient liĂ©s aux contextes. En plus dâĂȘtre lesbienne ma tante aurait dĂ» assumer le statut de fille mĂšre sans doute bien pire pour elle. Sans compter la rĂ©action de son amante dont on ne sait rien. Quant Ă moi, jâavais mes Ă©tudes qui mâattendaient, ma mĂšre et ma sĆur que ce mariage avec le fils du notaire arrangeait. Que ça me dĂ©truise nâĂ©tait pas leur prĂ©occupation tant elles Ă©taient certaines quâelles agissaient pour mon bien et celui des deux familles. DerriĂšre ce secret le dĂ©nominateur commun Ă©tait sans doute la peur du scandale. Ma tante nâavait pas dĂ» avoir du soutien. Et les agresseurs devaient ĂȘtre connus aussi. Habituellement dans les campagnes les hommes rĂ©paraient ce type de faute avec un mariage. En plus mes grands-parents Ă©taient riches, ils avaient certainement de lâinfluence. Pourquoi ne pas avoir protĂ©gĂ© leur fille du scandale Ă venir avec un mariage blanc ? Mon pĂšre avait parlĂ© de sa mĂšre durcie par la douleur ». La douleur de la perte de son enfant ? Jâavais le souvenir dâune maitresse femme qui me terrorisait, avec lâĂąge on aurait pu la prendre pour un homme. Ătait-elle lesbienne elle aussi ? CâĂ©tait refoulĂ© alors. Mais cââest sĂ»r que ma tante lâavait prise en modĂšle de femme libre et grand-pĂšre ressemblait Ă un bourdon dans cette constellation familiale. La naissance de mon pĂšre lâavait un revirilisĂ©. Mais comme il Ă©tait affaibli par ses sĂ©quelles de guerre, il Ă©tait fort possible que ce fĂ»t la raison pour laquelle ma tante sâĂ©tait retrouvĂ©e dans ce dĂ©sarroi. Dâailleurs le lieu du suicide nâĂ©tait pas neutre. Dans la grange familiale, certainement le lieu du viol. Chez ses parents sĂ©ance Ă©tait pleine de suppositions mais malgrĂ© tout, les questions soulevĂ©es avaient des dĂ©buts de Ă mon pĂšre il avait vĂ©cu un traumatisme effroyable lui aussi qui expliquait son silence. Ce secret ne lâavait pas dĂ©truit car il lâavait partagĂ© avec sa famille. Une façon de rendre son honneur Ă sa sĆur ? Ce sera Ă travailler. Il devait y avoir encore des tĂ©moins de cette Ă©poque je pourrais avons terminĂ© la sĂ©ance sur les bijoux que mon pĂšre mâa offert. Pourquoi ce cadeau sachant que ma sĆur les convoitait ? Parce que mon pĂšre en me les offrant me donnait aussi ma place dans cette lignĂ©e de femmes fortes. Contrairement Ă ma mĂšre et Ă ma sĆur il nâavait pas honte de moi et le leur faisait savoir. Il se dĂ©solidarisait aussi de leur haine qui avait tuĂ© sa sĆur. Il leur signifiait quâil me protĂ©geait. La psychothĂ©rapeute mâa fait remarquer que ces bijoux Ă©taient ceux offerts par son amante. Peut-ĂȘtre que tout simplement mon pĂšre mâaimait et me souhaitait aussi de connaitre le mĂȘme amour heureux que ma tante. Deux femmes dâorigine sociale aussi diffĂ©rentes qui transgressaient les rĂšgles pour vivre ensemble ne pouvaient que sâaimer Ă cette Ă©poque. Jâai laissĂ© un long silence aprĂšs cette phrase. La thĂ©rapeute mâa demandĂ© Ă quoi je pensais. Je mâĂ©tais Ă©garĂ©e du cĂŽtĂ© des hommes pour me rĂ©parer. Cependant jâĂ©tais au plus profond de mon ĂȘtre lesbienne. Jâaimais les femmes parce quâelles Ă©taient femmes. Je nâĂ©tais pas lesbienne parce que je haĂŻssais les hommes. Finalement la phrase de ma mĂšre tous les hommes sont des salauds » portait la trace de ce secret de famille. Tout se savait au village et le suicide nâavait pas pu ĂȘtre dissimulĂ© car elle ma tante avait dĂ» ĂȘtre enterrĂ©e au cimetiĂšre avons terminĂ© la sĂ©ance sur cette considĂ©ration. En sortant de ma sĂ©ance je me suis rendue au cimetiĂšre. Câest en cherchant ma tante que jâai rĂ©alisĂ© que je ne connaissais mĂȘme pas son prĂ©nom et que je ne lâavais pas demandĂ© Ă mon pĂšre. Pour ĂȘtre allĂ©e avec mon pĂšre au cimetiĂšre mettre des chrysanthĂšmes sur la tombe de ses parents, je me suis rendue dans ce carrĂ©. Et câest lĂ , Ă quatre tombes de lĂ que jâai dĂ©couvert sa sĂ©pulture. Une simple gravure sur la dalle. 1920 â 1948. Delphine Marie Jeanne et le nom de famille. Ce fut un immense choc. Jâai appelĂ© papa le soir pour en savoir plus sur le choix de mon prĂ©nom. Comme ma mĂšre ne dĂ©sirait pas cette grossesse et quâen plus elle avait Ă©tĂ© trĂšs déçue dâavoir encore une fille, elle lui avait laissĂ© cette tĂąche que de me prĂ©nommer. Delphine sâĂ©tait alors imposĂ©e Ă lui. Comme une trace encore. Et une envie de la garder deuxiĂšme journal de Delphine sâarrĂȘtait sur ces et Camille, Ă©mues par ces rĂ©vĂ©lations restĂšrent plongĂ©es un long moment dans le silence. Depuis leur arrivĂ©e Ă la villa, leur vie entiĂšre tournait autour de cette tante dĂ©funte et pourtant si vivante en cet instant. 27 annĂ©es les sĂ©paraient de ces derniers mots Ă©crits, que sâĂ©tait-il passĂ© ensuite ? Un mĂ©lange de curiositĂ© et de frustrations les sidĂ©rait. Il leur restait encore quelques documents Ă cartes postales de vacances avec un cachet de la poste 1996. Et un prĂ©nom Eulalie. Les quelques lignes Ă©taient sans Ă©quivoque. CâĂ©taient celles dâune femme amoureuse dâune femme. Deux autres lettres aussi dans la mĂȘme une enveloppe non cachetĂ©e, une lettre manuscrite pliĂ©e. CâĂ©tait lâĂ©criture maintenant devenue familiĂšre de Delphine. Jade demanda Ă Camille de la sortir car elle tremblait trop sous le coup de lâĂ©motion. Sa tante avait vraiment tout prĂ©vu et tout organisĂ©. La lettre Ă©tait datĂ©e du 15 juin 2019, quelques jours avant son chĂšre Jade,Si tu lis cette lettre câest parce que tu auras eu ce journal. Jâai chargĂ© Lucas de le remettre Ă JosĂ© quand le notaire lui aura remis les clĂ©s de ma maison. NĂ©anmoins je connais Anne aussi. Je lâai appelĂ©e hier pour lâinformer de mon Ă©tat de santĂ©. Depuis la mort de papa nous avions repris un contact distant. Elle mâa appris son voyage au Japon et ta venue Ă la tâattirer chez moi, jâai indiquĂ© Ă ta mĂšre oĂč Ă©taient les bijoux et la clĂ©. Ils lui reviennent maintenant avant de te revenir Ă toi plus tard. Au cas oĂč tu nâaurais pas fouillĂ© au-delĂ de la pharmacie je mâĂ©tais assurĂ©e que tu lâaurais quand ne nous connaissons pas. Encore que maintenant tu en sais plus sur moi que moi sur toi. Papa depuis ta naissance me parle de toi. Ainsi je tâai vu grandir et devenir femme sur les photos. Notre ressemblance physique est tellement frappante sur certains clichĂ©s que papa avait parfois du mal Ă garder le secret avec toi. Pour Pierre Marie la ressemblance a dĂ» ĂȘtre plus difficile Ă supporterâŠJe ne sais pas quelle femme tu es devenue depuis que papa nâest plus lĂ . Si tu aimes les hommes ou les femmes. Ou les deux Ă la fois. En revanche, tu es dans la lignĂ©e de ces femmes fortes, la troisiĂšme gĂ©nĂ©ration, celle de lâimpensĂ©. Ce secret de famille a dĂ©truit ma vie en grande partie mĂȘme si je me suis reconstruite ensuite. Dâailleurs Lucas a lâensemble de mes journaux si cela tâintĂ©resse de connaitre la suite de la thĂ©rapie. Nous ne nous connaissons pas te disais-je mais je tâaime assez pour ne pas vouloir quâĂ ton tour ce secret te brise. Tu vas bientĂŽt avoir 28 ans, câest lâĂąge oĂč avant toi ta tante et ta grand-tante ont tentĂ© de se suicider. Câest lourd Ă porter pour toi je mâen rends compte mais ce serait pire pour toi de ne pas te dĂ©livrer de ce bien conscience aussi que ce journal contient des secrets inavouĂ©s et inavouables. Pierre Marie est ton pĂšre. Câest ce secret lĂ qui peut te dĂ©truire. Tu ne pourras plus le regarder pareil. Mais tu sais aussi que tu peux te faire peux te demander pourquoi cette dĂ©marche ? Une envie de vengeance posthume pour ne pas avoir parlĂ© de mon vivant ? Une forme dâexhibitionnisme perverse Ă Ă©taler ma sexualitĂ© devant ma niĂšce ? Ni lâun ni lâautre. Le nini familial que tu connais maintenant. Nous ne nous connaissons pas te disais-je mais je pense que tu vas mal toi aussi. De quelle maniĂšre je ne sais pas mais forcĂ©ment tu ne peux pas aller bien. Jâai pu commencer Ă aller mieux quâĂ la levĂ©e du secret. Il mâa fallu encore deux ans aprĂšs pour me sortir de ma dĂ©pression et terminer ma thĂ©rapie. MĂȘme si jâai gardĂ© des fragilitĂ©s, jâai pu reprendre le cours dâune vie la fin de mon congĂ© de longue maladie, jâai Ă©tĂ© licenciĂ©e sans reprendre mon poste. En effet nous Ă©tions dans ces pĂ©riodes de licenciements boursiers oĂč des entreprises qui engrangeaient des bĂ©nĂ©fices monstres dĂ©graissaient leur masse salariale pour augmenter leur cours en bourses. Avec mes indemnitĂ©s de dĂ©part et mon chĂŽmage je me suis reconvertie dans lâinformatique car jâavais senti que câĂ©tait le secteur en pointe Ă cette ainsi que jâai dĂ©crochĂ© un poste Ă la mairie de la ville dâingĂ©nieur. Tout Ă©tait Ă bĂątir. Les rĂ©seaux, lâinformatisation des donnĂ©esâŠPuis jâai rencontrĂ© Eulalie qui Ă©tait responsable culturelle Ă la mairie. Elle a Ă©tĂ© mon unique compagne depuis. Nous vivions chacune chez nous car quand je traversais des grands moments dâinsomnie ou de mĂ©lancolie je prĂ©fĂ©rais ĂȘtre seule. Eulalie mâa aimĂ© dâun amour inconditionnel et maternel, elle mâa soutenue et comprise au-delĂ des mots. Elle a pansĂ© mes blessures et comblĂ© mes carences affectives. La tendresse avec le temps a remplacĂ© lâamour elle qui a dĂ©couvert cette boule dans le sein. Jâavais alors 46 ans. Elle a Ă©tĂ© trĂšs prĂ©sente durant mon suivi. Lâoncologue mâa toujours dit que ce cancer nâavait aucune origine psychologique. Belle ironie du sort tout de mĂȘme dâĂȘtre frappĂ© sur lâorgane symbolique de la maternitĂ©. Je me suis battue pour rester en vie. LĂ encore belle ironie du sort. Quelle joie quand on mâa appris ma rĂ©mission. HĂ©las elle a Ă©tĂ© de courte durĂ©e car des douleurs terribles dans le dos et le bassin ont Ă©tĂ© les premiers symptĂŽmes de son tâĂ©cris cette lettre un 15 juin. Il y a 28 ans jour pour jour jâai pris la dĂ©cision de commencer une thĂ©rapie. Aujourdâhui jâen prends une autre tout aussi dĂ©cisive. Celle dâorganiser mon grand dĂ©part. Jâai dĂ©jĂ commencĂ©. Tu pourras poser toutes les questions que tu veux Ă JosĂ© et Pilar qui te raconteront ce quâils savent sur moi. Lucas aussi a reçu des indications si tu veux rencontrer Eulalie. Lucas a Ă©tĂ© avec Eulalie les deux grands amours de ma vie chacun Ă leur maniĂšre. Ils se connaissent et sâ fais don de mon corps Ă la science car je ne veux pas que Pierre Marie ou Anne sâoccupent de mon enterrement. Je dirai au revoir autrement Ă ceux qui mâ parce que je suis sujet et actrice de ma vie, jâai choisi aussi le jour de ma mort, jâai suffisamment de morphine pour partir dans de bonnes conditions⊠Ma chĂšre Jade, jâespĂšre que tu ne mâen voudras pas de tâavoir infligĂ© tout cela. Sache que ta naissance mâa aussi accrochĂ© Ă la vie, tu as fait partie comme Lucas et Eulalie de ce que jâai eu de plus beau. Je terminerai cette lettre en ayant un mot et une pensĂ©e Ă©mue pour papa. Nos pĂšres ont sans doute Ă©tĂ© dĂ©faillants Ă un moment donnĂ© mais ils ont su rĂ©parer leurs erreurs. Je ne doute pas que Pierre Marie a Ă©tĂ© un bon pĂšre pour toi. Avec tout mon amour et mon affectionTa tante DelphineJade et Camille fondirent en larmes dans les bras lâune de lâautre. Secrets de famille chapitre 35 Elles finirent par retrouver un semblant de calme intĂ©rieur. Il nâĂ©tait pas loin de midi mais aucune des deux nâavait vraiment faim. Jade ça te dirait quâon retourne chez Delphine. Avec un peu de chance Lucas y sera. On profitera ainsi de sa pause dĂ©jeuner pour lui parler.â Je me sens incapable de faire autre chose pour lâinstant. Aussi bonne idĂ©e Camille ! »Le camion Ă©tait stationnĂ© le long de la haie, la porte du pavillon grande ouverte. Elles poussĂšrent la grille de lâentrĂ©e et frappĂšrent Ă la porte. Lucas Ă©tait assis Ă la table de cuisine, il triait des documents. Il Ă©tait seul dans la piĂšce entiĂšrement vidĂ©e. Bonjour, vous me reconnaissez ? demanda Jade.â Oui, dit Lucas dâun air renfrognĂ©.â Je peux vous parler ?â De quoi ? Vous voyez bien que je suis occupĂ©.â De Delphine. Nous venons de finir de lire son journal. Dâailleurs je dois ĂȘtre affreuse Ă regarder, jâai les yeux rouges, on dirait un lapin russe tant jâai pleurĂ© Ă le lire.â âŠâ On dirait que vous ne mâaimez pas beaucoup.â Ce nâest pas ça.â Câest quoi alors ?â Vous devez maintenant savoir ce qui sâest passĂ© entre Delphine et moi.â Oui. Et donc ?â Câest dur de ne pas avoir pu aller Ă son enterrement. Tout ça Ă cause de votre famille.â Attendez, je nây suis pour rien dans tout ça.â Je ne connais pas tous les dĂ©tails mais je sais que votre sĆur et son mari lâont rejetĂ©e.â Câest plus compliquĂ© que ça. Je peux vous appeler Lucas ?â Si vous voulez.â Lucas, Delphine a laissĂ© chez elle son journal. Vous auriez pu tomber dessus avant moi. Elle savait donc que vous auriez pu le lire. Vous avez aussi les autres.â Aussi.â Vous voulez le lire ?â Oui, dit-il en retenant ses sanglots. De ma vie je nâai aimĂ© avec une telle passion une femme.â Je le sais. Et elle Ă©galement. »Tout le monde se mit Ă pleurer. La mort de Delphine les bouleversait. Quand les sanglots cessĂšrent Jade reprit. Passez Ă la villa ce soir quand vous aurez fini, câest sur votre chemin. Je vous les remettrai.â Merci. »JosĂ© et Pilar habitaient non loin de la villa. Jade et Camille continuĂšrent leur tournĂ©e. Les deux retraitĂ©s Ă©taient devant leur tĂ©lĂ©vision, Ă©coutant la fin du journal tĂ©lĂ©visĂ©. Ils sâattendaient Ă la visite de Jade. Ils offrirent un cafĂ© et des gĂąteaux secs aux deux jeunes filles. Nous avons lu le journal de Delphine ainsi que sa lettre oĂč elle mâa dit que je pouvais vous poser des questions.â Tu as dĂ©jĂ beaucoup pleurĂ© Jade, dit JosĂ©. Tu me rappelles Delphine quand je lâemmenais voir ses psys. Elle en a usĂ© des mouchoirs dans la voiture aprĂšs ses sĂ©ances.â Justement, jâaimerais savoir des choses.â Quoi ?â Au sujet de ma grand-tante, la tante de Delphine. Est-ce quâelle en a appris plus ensuite ?â Oui. Mes parents Ă©taient Ă la ferme quand câest arrivĂ©, ça a Ă©tĂ© un drame pour ton grand-pĂšre qui lâa retrouvĂ©.â On sait qui a fait ça ?â CâĂ©taient des gars du village. Parmi eux il y avait eu son ancien prĂ©tendant. Tes arriĂšres-grands parents avaient arrangĂ© le mariage entre lui et leur fille. Toujours cette obsession de faire grossir leurs exploitations. Mais avec la naissance de ton grand-pĂšre, elle y a Ă©chappĂ©. De toute maniĂšre personne ne lâaimait car câĂ©tait un type brutal, un alcoolique. Il a mal fini dâailleurs, un coup de surin dans une bagarre, il sâest vidĂ© de son sang et en est mort. Bien fait pour lui.â Mais pourquoi elle sâest suicidĂ©e ?â Elle Ă©tait enceinte et la femme avec laquelle elle vivait ne voulait pas de cet enfant. Ta grand-tante pour ne pas la perdre est revenue au village se faire avorter. Elle avait des bijoux pour la payer. CâĂ©tait la sage-femme du village, elle Ă©tait aussi faiseuse dâanges pour aider les femmes qui nâen pouvaient plus dâenchainer les grossesses. Mais ta grand-tante a dĂ» changer dâavis car elle avait les bijoux sur elle quand on lâa retrouvĂ©e morte. Et la matrone a dit plus tard Ă ton arriĂšre-grand-mĂšre quâelle lâavait attendue, elle nâĂ©tait jamais venue.â Un raptus anxieux aurait dit ta tante, commenta Camille.â Sans doute mais on ne le saura jamais.â Câest difficile de comprendre les gens car leur histoire se situe aussi dans une Ă©poque et un contexte. Lâavortement Ă©tait passible de la peine de mort Ă cette Ă©poque, complĂ©ta Jade.â Et pour ma tante, qui Ă©tait au courant de son viol ?â Le secret a Ă©tĂ© mieux gardĂ© car on Ă©tait entre notables. En revanche ton pĂšre savait pour ta grand-tante.â Et vous comment vous avez su pour Delphine ?â Ton grand-pĂšre quand il a vendu lâexploitation a repris les ouvriers agricoles qui nâavaient pas voulu rester avec le nouveau patron. MĂȘme si jâĂ©tais plus jeune que lui, on a grandi ensemble. En plus je le voyais comme un grand frĂšre car il nâavait pas avec moi la distance des fils de patrons. Et puis il avait Ă©tĂ© marquĂ© par le suicide de sa sĆur. Mes parents lui ont Ă©galement donnĂ© lâaffection que ses parents ne lui donnaient plus car ils lui en voulaient de cette mort. CâĂ©tait en fait un garçon trĂšs malheureux. Quand il mâa proposĂ© ce travail dâhomme Ă tout faire et Ă Pilar ma femme de faire des mĂ©nages chez eux on a tout de suite acceptĂ©. CâĂ©tait moins dur que la ferme et mieux payĂ©.â Vous nâavez pas rĂ©pondu Ă ma question.â Je lâai su parce quâavec ton grand-pĂšre on avait une trĂšs grande complicitĂ©. En effet je le couvrais pour les femmes quâil voyait, jâĂ©tais souvent avec lui dans la voiture oĂč il me parlait. Je ne lâai vu pleurer quâune fois. Câest quand Delphine ta tante a fait sa premiĂšre tentative de suicide. Comme il sâen voulait de ne pas avoir su voir quâelle allait si mal. Câest lĂ quâil mâa aussi parlĂ© du viol car avant le secret avait Ă©tĂ© bien gardĂ©.â Il vous a dit quoi sur mon pĂšre ?â CâĂ©tait son gendre. Il ne lâaimait pas particuliĂšrement mais il Ă©tait aussi le futur pĂšre de ses petits-enfants et le mari dâAnne. Il faisait avec comme il me le rĂ©pĂ©tait. Ton grand-pĂšre a toujours eu un faible pour Delphine car elle Ă©tait intelligente, sensible. Pas comme ta mĂšre matĂ©rialiste et froide. Surtout il a Ă©tĂ© trĂšs fier quand elle a eu son diplĂŽme dâingĂ©nieur. Dâailleurs il montrait la photocopie de son diplĂŽme Ă tout le monde. A lâusine les filles savaient lui demander de la voir pour bien se faire voir de lui. Ou mĂȘme pour le sĂ©duire car il attirait les filles comme des aimants.â JâĂ©changerais bien mes parents ! dit Jade dans un Ă©lan de sincĂ©ritĂ©. Jâaurais prĂ©fĂ©rĂ© avoir ma tante comme mĂšre. Elle aurait Ă©tĂ© plus Ă lâĂ©coute que la mienne.â Ce fut le plus grand regret de ton grand-pĂšre. Que Delphine nâait pas dâenfants. Il a espĂ©rĂ© longtemps quâEulalie et elle en aient mais ça ne sâest pas fait. Ce dâautant quâil aimait beaucoup sa compagne car elle avait su lâapaiser. Il sâest fait moins de souci quand elle est entrĂ©e dans sa vie.â Pourquoi il a espĂ©rĂ© ? Elles en avaient parlĂ©.â Parce que Delphine a aimĂ© un homme.â Lucas, je lâai rencontrĂ©.â Delphine mâa parlĂ© de lui quand je lâai accompagnĂ©e Ă lâhĂŽpital, au moment de sa deuxiĂšme tentative de suicide. Elle voulait que jâaille le voir Ă sa brocante pour lâavertir et lui laisser un message.â Vous ĂȘtes en train de me dire quâelle savait quâelle allait se suicider.â Avec le recul oui.â Et câĂ©tait quoi le message ?â Je tâaime et je voulais que tu le saches ! »â Et vous y ĂȘtes allĂ© ?â Oui. Quand je lui dis que Delphine Ă©tait Ă lâhĂŽpital, il mâa dit que câĂ©tait sa faute. Quâil nâaurait dĂ» pas faire lâamour avec elle car elle nâĂ©tait pas prĂȘte. Vous vous en doutez, je lâai rĂ©pĂ©tĂ© Ă votre grand-pĂšre.â Merci JosĂ©, vous mâĂ©clairez. Camille tu voulais aussi savoir quelque chose ?â Non.â Jade ? demanda JosĂ©.â Oui.â Camille et toi ?â Camille et moi câest comme Delphine et Eulalie.â Tu aurais plu Ă Delphine Jade. »Et une fois encore elles se mirent Ă pleurer ainsi que JosĂ© et rentrant, elles grignotĂšrent car elles nâavaient pas envie dâun repas. Elles se sentaient dĂ©sĆuvrĂ©es. Puis toutes ses larmes les avaient vidĂ©es intĂ©rieurement dĂ©cidĂšrent dâaller sâallonger un peu. Mais avant de dormir un peu elles firent lâamour tendrement. Secrets de famille chapitre 36 Lucas passa comme promis Ă la fin de sa journĂ©e de travail. Jade lui proposa Ă boire et le fit entrer. Je suis dĂ©solĂ© de vous avoir mal parlĂ© Jade. Mais la mort de Delphine mâa retournĂ©.â Ne soyez pas dĂ©solĂ©, câest dĂ©jĂ oubliĂ©.â En fait je ne veux pas lire les journaux dans leur intĂ©gralitĂ©. Je prĂ©fĂšre respecter lâintimitĂ© de Delphine, câĂ©tait son histoire et ce quâelle mâen a dit me suffit. En revanche je voudrais juste lire ce quâelle a Ă©crit de notre rencontre et sur son suicide. Je vis dans la culpabilitĂ© permanente car je suis certain que câest Ă cause de moi. Elle mâa pourtant jurĂ© le contraire.â Je vous prĂȘte le journal en question et vous me le rendrez quand vous aurez fini.â Cela vous embĂȘte si je le lis ici ? Parce que je suis mariĂ©. Et je ne supporterais pas que ma femme me pose des questions sur Delphine.â Installez-vous dans le canapĂ©. »Elles restĂšrent dans la cuisine car elles avaient dĂ©cidĂ© de cuisiner un peu. Il faut dire quâelle nâavait rien avalĂ© de la journĂ©e ou presque. Elles entendirent Lucas sangloter. Quand il eut fini sa lecture, il est venu les remercier. Lui aussi se sentait allĂ©gĂ© du poids dâun fardeau trop lourd Ă porter pour lui depuis des annĂ©es. Elles prirent alors conscience des dĂ©gĂąts collatĂ©raux du viol sur les partenaires des de les quitter, il leur demanda de passer Ă la brocante samedi car ensuite elle fermait un mois pour les congĂ©s dâĂ©tĂ©. Il voulait remettre quelque chose Ă Jade. Puis il sortit de sa poche un papier sur lequel il avait notĂ© un numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone portable et une adresse en ville. CâĂ©tait Eulalie qui les attendait toutes les deux chez elle dimanche midi. Si elles ne voulaient pas la rencontrer elle comprendrait aussi. Que Jade lui envoie un sms pour confirmer ou reste de la semaine passa tranquillement entre piscine, balade Ă vĂ©lo et autres moments de dĂ©tente bien connus des vacanciers. Elles apprenaient Ă©galement Ă mieux se connaitre. Et en amour elles firent des progrĂšs considĂ©rables. Elles exploraient leurs corps Ă la recherche de nouveaux plaisirs, elles vivaient des instants aussi dĂ©licieux quâ samedi elles se rendirent Ă la brocante. Lucas sous lâĆil de sa femme qui le surveillait de prĂšs leur remit le livre dâAragon. Il leur glissa Ă©galement que dans la maison il avait laissĂ© un carton avec les journaux et des albums de photos ainsi que dâautres affaires pour lesquelles il leur laissait la surprise. En revanche il faudrait les rĂ©cupĂ©rer en voiture. Avant de les quitter il leur serra chaleureusement la main. Depuis quâil avait lu le journal de Delphine il se sentait beaucoup mieux. Il pouvait commencer Ă faire le travail de deuil. En tout cas il serait heureux de les revoir Ă lâoccasion dans sa avait confirmĂ© leur venue chez Eulalie qui demeurait Ă lâentrĂ©e de la ville dans un quartier calme et pavillonnaire. Elle les attendait avec une certaine excitation et frĂ©nĂ©sie. CâĂ©tait une rencontre aussi inattendue quâimprobable. En leur ouvrant la porte Eulalie eut un cri de surprise et recula en manquant de dĂ©faillir. La ressemblance avec Delphine au mĂȘme Ăąge Ă©tait tel quâelle crut voir son fois lâĂ©motion passĂ©e elles sâembrassĂšrent. Eulalie portait bien la soixantaine, les cheveux blancs et ne cherchait pas Ă dissimuler ses quelques rondeurs et rides qui correspondaient bien Ă son cĂŽtĂ© chaleureux. Elle les mit tout de suite trĂšs Ă lâaise en les tutoyant et en exigeant de mĂȘme. AprĂšs tout câĂ©tait aussi sa tante. Ainsi elles apprirent quâEulalie Ă©tait mariĂ©e Ă Delphine depuis cinq ans. Câest Anne qui allait dĂ©chanter car elle avait fait dâEulalie sa lĂ©gatrice Delphine nâavait pas rĂ©vĂ©lĂ© tous ses secrets commenta Jade. Eulalie leur proposa une boisson fraiche. Elle avait prĂ©vu de dĂ©jeuner sur la terrasse, sous la treille. Le soleil allait bientĂŽt tourner et lâombre projetĂ©e les protĂ©gerait des rayons. CâĂ©tait Ă la bonne avait rencontrĂ© Delphine sur son lieu de travail, Ă la sortie dâune rĂ©union houleuse. Delphine pestait toute seule aprĂšs un directeur technique plus pistonnĂ© que compĂ©tent en attendant que son cafĂ© coule au distributeur. Pour la dĂ©tendre Eulalie lui avait rappelĂ© la cĂ©lĂšbre phrase de Françoise Giroud La femme serait vraiment lâĂ©gale de lâhomme le jour oĂč, Ă un poste important, on dĂ©signerait une femme incompĂ©tente. » De fil en aiguille elles en sont venues Ă parler dâelles. En tant que lesbiennes assumĂ©es elles sâĂ©taient reconnues. Avec son poste de responsable culturelle, elle proposa Ă Delphine de lâaccompagner aux vernissages, projections et autres invitations. Delphine se reconstruisait lentement. Aussi Eulalie ne la bouscula pas et attendit quâelle soit prĂȘte pour aller plus si Delphine avait fini par venir sâinstaller chez Eulalie, elle avait nĂ©anmoins gardĂ© sa maison quand les bas Ă©taient trop bas car elle ne voulait pas les lui imposer. Eulalie avait appris Ă respecter cet isolement. Elle savait aussi que Lucas nâĂ©tait pas loin car Delphine avait continuĂ© Ă le frĂ©quenter. Eulalie nâĂ©tait pas jalouse de leur amour platonique car elle aussi Ă©tĂ© passĂ©e par la case hĂ©tĂ©ro. Câest parfois une nĂ©cessitĂ© pour une lesbienne que dâen faire lâexpĂ©rience. Entre Lucas et Delphine il nây avait eu plus rien de sexuel. Elle cherchait chez les hommes de son entourage une protection quâelle ne pouvait sâ soutenue par Eulalie Ă©tait allĂ©e jusquâau bout sa dĂ©marche pour percer le mystĂšre du suicide de sa tante. GrĂące aux tĂ©moignages recueillis dâici delĂ elle avait retrouvĂ© Alice lâamante fortunĂ©e. Elle habitait toujours en ville dans un immeuble contrairement Ă ce qui avait Ă©tĂ© racontĂ© avait acceptĂ© la grossesse de Delphine. Mais cette derniĂšre terrorisĂ©e Ă lâidĂ©e de mourir en couches voulut se faire avorter ce qui Ă©tait encore plus dangereux pour sa santĂ©. Alice tenta de la dissuader, lâenfant aurait Ă©tĂ© donnĂ© en adoption si elle nâen voulait fallait replacer la grossesse dans son Ă©poque. Delphine, la tante de Jade Ă©tait la premiĂšre gĂ©nĂ©ration de femmes dans lâhumanitĂ© Ă ne pas subir de grossesse. Jusque-lĂ les femmes subissaient le patriarcat. Entre les mariages arrangĂ©s ou forcĂ©s, des rapports sexuels qui sâapparentaient Ă de la roulette russe, les femmes vivaient sous la domination masculine. Ătre lesbienne Ă©tait non seulement subversif mais les femmes jouissaient sans crainte dâĂȘtre dâAlice nâavait pas supportĂ© dâĂȘtre ramenĂ©e Ă sa condition fĂ©minine alors quâelle Ă©tait une femme libre. Son dĂ©sarroi lâavait plongĂ© dans une profonde dĂ©pression. Alice croyant bien faire lâincita Ă avorter. Câest ainsi quâelle la laissa aller Ă la ferme. Câest une discussion avec sa mĂšre qui a dĂ©clenchĂ© le geste fatal. Toujours obsĂ©dĂ©e par son exploitation elle lui parla dâarranger le mariage avec son ancien prĂ©tendant qui Ă©tait dâaccord. Les filles Ă©tant mineures selon la loi, Delphine ne pouvait sây opposer. Câest pourquoi elle prĂ©fĂ©ra la mort Ă cette prison qui lâaurait de toute maniĂšre sĂ©parĂ©e de son rencontre permit Ă Delphine de prendre du recul avec son histoire et de la mettre en perspective. MĂȘme si câĂ©tait sa mĂšre qui avait dĂ©cidĂ© de lâavortement, elle nâavait pas gĂąchĂ© plus sa vie. Sans lâexcuser pour autant elle avait aussi compris ce que sa mĂšre avait pu traverser pour sa propre naissance. Elle avait ainsi donnĂ© du sens Ă ses son apaisement fut de courte durĂ©e, Ă peine dix ans. Les dix autres annĂ©es ont Ă©tĂ© un long parcours du combattant dans la maladie. Eulalie avait admirĂ© Delphine car malgrĂ© lâadversitĂ© elle nâa jamais Ă©tĂ© aigrie ni ne sâest plainte de son existence. Elle lâa vĂ©cue et lâa aimĂ©e car elle se lâĂ©tait Delphine sentit que la fin Ă©tait proche elle organisa sa succession. Jade de tout temps avait Ă©tĂ© au cĆur de ses prĂ©occupations. Delphine Ă©tait partagĂ©e entre briser le secret avec les consĂ©quences que ça avait sur lâimage de son pĂšre, et se taire au risque que Jade finisse par ĂȘtre dĂ©truite quand mĂȘme. Le journal sâĂ©tait ainsi imposĂ© car mĂȘme si Jade lâavait en sa possession, rien ne lâobligeait Ă le lire ou mĂȘme continuer aprĂšs les premiĂšres nombreux autres sujets furent Ă©voquĂ©s lors de cette rencontre mais lâaprĂšs-midi et la soirĂ©e ne suffirent pas Ă tous les Ă©puiser. Quid de la maison de Delphine par exemple ? Avant de se quitter elles promirent de se leur sĂ©jour, Jade et Camille rĂ©cupĂšrent les cartons laissĂ©s par Lucas. Bien Ă©videmment il y avait le reste des journaux. Mais Ă©galement des albums de photos. Lâun avec Delphine et Anne enfants et adolescentes, les photos expurgĂ©es de lâalbum officiel. Et un autre sur Jade avec les commentaires de Delphine. MalgrĂ© lâabsence le lien Ă©tait lĂ . Lucas avait aussi laissĂ© quelques livres annotĂ©s de Delphine sur la psycho gĂ©nĂ©alogie. Et enfin des objets personnels de Delphine. Une magnifique montre, des stylos de luxe et son ordinateur avec le code de sĂ©curitĂ©. Il contenait photos et mois de vacances passa Ă toute vitesse. Elles rentrĂšrent Ă Paris oĂč elles continuĂšrent de se voir Ă la fois pour travailler mais aussi pour sâaimer et poursuivre la lecture du journal de Delphine. Elles avaient aussi pris lâhabitude une fois par semaine de discuter sur un logiciel de vidĂ©o confĂ©rence avec Eulalie pour laquelle elles avaient beaucoup dâ le plus difficile pour Jade fut de revoir ses parents lors du retour du Japon afin de leur remettre les bijoux. Ils comprirent quâelle savait quelque chose quand elle leur annonça que Delphine avait lĂ©guĂ© ses biens Ă son Ă©pouse. Ce dĂ©tail Delphine sâĂ©tait bien gardĂ© de le confier Ă sa septembre Jade et Camille intĂ©grĂšrent leur pĂ©piniĂšre de start-up. Câest Ă ce moment quâelles dĂ©cidĂšrent de sâinstaller ensemble. Elles louĂšrent un appartement pas trop loin de leur lieu de travail. Et dans un coin de la bibliothĂšque, posĂ© sur un chevalet, un cadre avec une photo de Delphine souriante, sans laquelle leur amour ne serait pas aussi fort. Biarritz Buenos Aires Bi sâabstenir Bonne Ă rien, nulle en tout Bonus Caddy Girl Chaud bouillant Choix de vie Coeur brisĂ© Comme une boule de flipper CondamnĂ©e par amour Cure thermale DĂ©confinĂ©s, la dĂ©confiture Elle court, elle court la rumeur Envie Faites vos jeux, rien ne va plus !!! Faits divers Fantasme ou rĂ©alitĂ© FidĂ©litĂ© Garde du corps garde du coeur Histoires dâamour Il nây a pas de voyageur sans bagage Indicible amour Insaisissable Insatisfaite permanente Ironie du sort Lâaccident La kinĂ© La manipulatrice La premiĂšre fois Lâascenseur La sirĂšne irlandaise Le capteur de rĂȘves Le crime Ă©tait plus que parfait Le grand hĂŽtel Le petit cahier vert Le pont aux cadenas Les mots que lâon ne dit pas Les sept chats bleus Les vraies valeurs LâĂźle du bonheur Le tĂ©lĂ©phone portable Ma jolie VRP Partir un jour ? PrĂȘte Ă tout RĂ©sidence secondaire SacrĂ© mariage Sans jamais se voir Telle Ă©prise qui croyait prendre Tout droit Ă lâĂ©chec Ulysse Un coach particulier Un fantĂŽme du passĂ© Une passion infinie Urgence pĂ©diatrique Une valse Ă deux temps Vers le chemin de son coeur Vivons heureux, vivons cachĂ©s ? 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CoincĂ©Dans Une SoirĂ©e Pyjama Avec Mes Faux Amis Veuillez aimer et vous abonner Ă notre page pour voir les derniĂšres vidĂ©os #histoirescourtes. Aller vers. Sections de cette Page. Aide accessibilitĂ© . Facebook. Adresse e-mail ou mobile: Mot de passe: Informations de compte oubliĂ©es ? Sâinscrire. CoincĂ© Dans Une SoirĂ©e Pyjama Avec Mes Faux Amis. Histories
Vous Ă©tiez un personnage d'Histoire ou de lĂ©gende, le SuprĂȘme EnfoirĂ© vous impose une nouvelle vie. Tout le monde va devoir cohabiter ou pas. Broken Mirror Qui es-tu ? A chaque pion sa place Liens Partagez AuteurMessageEmily KirkĂ©AdminCapacitĂ©s Niveau 2.Niveau 3.Niveau 4. Age physique 29 ansMĂ©tier Vendeuse en animalerie / Mannequin occasionnelle Double-compte Ariane / Une fĂ©e drag / Un daddyAvatar Allison HarvardPseudonyme Thalia BubbleCrĂ©dits Thalia BubbleMessages 138Date d'inscription 22/06/2018Sujet Mes amis, mes amours, mes animaux Ven 24 Avr - 1716 Emily KirkĂ©CircĂ©29 ansMagicienneViergeCĂ©libataireDivinitĂ©Dans ma tĂȘte Douce â RĂȘveuse â Timide â Peur des hommes â Adore les animaux â Joyeuse â Bonne amie â NaĂŻve â Parfois mĂ©lancolique â Story of my life Fille de Helios le Soleil â Soeur de PasiphaĂ© â A toujours vĂ©cu sur une Ăźle â Aime Ă changer les hommes en animaux â Est toujours vierge â N'a rien de la mĂ©chante ou lubrique sorciĂšre de l'OdyssĂ©e â d'ailleurs, Ulysse ne l'a jamais touchĂ© â a perdu un amant il y a longtemps â DĂ©teste son beau-frĂšre Minosâ Essaie de se mĂȘler aux autres â mais elle reste trĂšs timide â Elle est mannequin Ă ses heures â mais prĂ©fĂšre son travail Ă l'animalerie â Pleure la disparition de sa petite amie, MaĂ«llis âall i want is youMĂ©tamorphosĂ©s â â Vous avez Ă©tĂ© changĂ© en bĂȘte par CircĂ© et ça crĂ©e des liens, plein d'affection ou de rancoeurFaire battre mon coeur â â Une personne pour redonner le goĂ»t de l'amour Ă celle qui ne l'a vĂ©cu que furtivement, par deux DU LIEN â / â â description du lien recherchĂ© avec plein de dĂ©tails vachement and let's talkJe suis actuellement libre pour d'Ă©ventuels RP. Je ne prends que 2 RP en cours en mĂȘme temps. Je fais en moyenne 500 Ă 800 mots par action! [url=LIEN]www.[/url] TITRE avec NOM â DESCRIPTON[url=LIEN]www.[/url] TITRE avec NOM â DESCRIPTONpreviously on...www. Event. Music of the fight avec d'autres â Une Ă©trange Ă©toile filante s'Ă©crase au pied de la montagne et nombreux sont ceux qui s'y rendent en quĂȘte d'un Malice de matou avec Chester Jester â Un certain patron de boite de nuit au sourire trop large et anciennement Ă la fourrure colorĂ©e dĂ©cide de mettre le bazar dans l'animalerie. Peut-ĂȘtre que cette farce aura d'heureuses consĂ©quences. www. Pendaison de crĂ©mailliĂšre avec Alexi, Alessandro et Aurora â Le nouveau voisin organise une fĂȘte pour rencontrer tout le monde et c'est l'occasion de saluer certains, de crĂ©er du lien. EspĂ©rons que tout se passe bien. www. Girls only avec MaĂ«llis Laophis â Une soirĂ©e pyjama, une expĂ©rience nouvelle avec une amie qui va devenir plus Paradoxe intriguant avec SilĂšne Millepertuis â Il y a longtemps, la magicienne qui changeait les hommes en animaux rencontra un ĂȘtre Ă©trange et surprenant, Ă mi-chemin entre deux Ă©tats un satyre, le grand Le ver de trop avec Diego Isaac Octavius â RP roulette dans le dĂ©sert, en bunny face Ă un ver titre du rp avec Pseudo â Description du RP, passages importants pour l'Ă©volution du personnage et du lien, ce genre de choses, quoi. code by sceaudelaine; avatar by thaliabubble J'accepte les rps sms_________________Freedom c RogersPrĂ©sentation - LienDerniĂšre Ă©dition par Emily KirkĂ© le Dim 29 Nov - 1550, Ă©ditĂ© 3 fois Emily KirkĂ©AdminCapacitĂ©s Niveau 2.Niveau 3.Niveau 4. Age physique 29 ansMĂ©tier Vendeuse en animalerie / Mannequin occasionnelle Double-compte Ariane / Une fĂ©e drag / Un daddyAvatar Allison HarvardPseudonyme Thalia BubbleCrĂ©dits Thalia BubbleMessages 138Date d'inscription 22/06/2018Sujet Re Mes amis, mes amours, mes animaux Dim 24 Mai - 1137 Comment vous oublier ?code by sceaudelaineArwen EvohĂ©NiĂšce Ma niĂšce que je n'ai jamais eu le plaisir de rencontrer. J'ai entendu parler d'elle, de sa bontĂ©, de l'aide qu'elle a apportĂ© Ă ThĂ©sĂ©e et de la façon dont il l'a remerciĂ©. Heureusement, elle a su rebondir. Peut-ĂȘtre que je pourrais la saluer, Ă l'occasion. Mathilde EcatĂšdĂ©liosNiĂšceMĂ©dĂ©e...autre niĂšce, autre terrible trahison de la part d'un homme. Je ne saurais dire si je soutiens sa furie sanguinaire mais c'Ă©tait une Ă©poque complexe pour les femmes et je peux comprendre qu'elle ait eu soif de vengeance. Je me demande si j'aurai la chance de me lier Ă elle car, mĂȘme si je suis son aĂźnĂ©e, je l'admire beaucoup. Aurora H. BlackhowlClienteMiss Blackhowl a adoptĂ© l'un des pensionnaires de ma boutique alors nous sommes, quelque part, liĂ©es. Comme la ville est petite, il nous arrive de discuter de choses et d'autres, j'en profite pour m'assurer que tout va bien. Par ailleurs, son fiancĂ© possĂšde un haras et j'adore admirer les chevaux qu'il possĂšde. HĂ©lios CaradjaCollĂšgueCertains visages marquent les esprits, d'autres sont destinĂ©s Ă orner les murs et les couvertures de magazine. HĂ©lios est un collĂšgue, un excellent mannequin et comme nous sommes tous les deux d'une nature renfermĂ©e, nos rapports sont cordiaux sans ĂȘtre trop intimes. En tant qu'homme, il m'inquiĂšte Ă©videmment mais peut-ĂȘtre que lui parler serait un bon exercice dans ce nouveau monde. Il n'a rien de mĂ©chant et peut-ĂȘtre que nous venons de la mĂȘme Ă©poque. A vrai dire, ça n'a pas grande importance, nous travaillons bien et c'est l'essentiel, pour le moment. MaĂ«llis LaophisAmie chĂšre D'elle, je ne sais que peu de choses si ce n'est qu'elle travaille Ă l'aquarium de la ville et qu'auparavant, je l'avais perçue au cafĂ©. En revanche, c'est une jeune femme trĂšs agrĂ©able et elle a de jolis yeux. Dans le cadre d'un shooting sous-marin, elle m'a donnĂ© des conseils pour retenir ma respiration et Ă©viter de dĂ©ranger les poissons multicolores qui Ă©voluaient autour de moi. J'ai apprĂ©ciĂ© sa prĂ©sence discrĂšte, surtout coincĂ©e en robe longue dans un bassin. Nous sommes devenues amies et maintenant, je ressens une grande joie en pensant Ă elle...vraiment trĂšs grande. Edit. Nous Ă©tions si heureuses, je l'aimais et je crois qu'elle m'aimait aussi. Mais elle n'est plus lĂ , elle est partie, sans un mot, sans un indice. Erkan KamossisAmiDans le monde de la nuit et des apparences, il est Ă la fois le roi et le pourvoyeur de boissons. Patron du club le plus sĂ©lectif de Mirapolis, Erkan n'est pourtant pas un ĂȘtre inaccessible et en tant que mannequin, j'ai eu l'occasion de le rencontrer lorsqu'il a créé son univers. MalgrĂ© son rĂŽle de chef de cĂ©rĂ©monie et mon habituel malaise vis Ă vis de la gente masculine, nous nous entendons bien et je pense mĂȘme pouvoir dire que nous sommes bons amisChester JesterFĂ©lin malicieuxqui dĂ©cida un jour de franchir la porte de mon animalerie pour dĂ©clencher une Ă©meute, j'ai rapidement dĂ©couvert quelle secrĂšte apparence se dissimulait sous la chair d'homme. Tu es un chat, plus aucun doute n'est possible et si nos dĂ©buts furent particuliers, j'aime Ă penser que tu me laisseras gratouiller ta tĂȘte un jour prochain. Dans ce monde Ă©trange, tu n'as que l'aspect d'un homme et tu ne m'inquiĂšte pas, quelque part, tu es dĂ©jĂ mon ami, mon C'est une histoire plutĂŽt Ă©trange mais assez amusante. Orion Ă©tait au dĂ©part un Reflet venu rĂ©parer un petit souci de plomberie dans ma cuisine. Il s'est montrĂ© trop entreprenant et je me suis enfermĂ©e dans la salle de bain le temps d'appeler quelqu'un pour m'aider. Mais il n'y a pas eu besoin puisque le Reflet a bu le contenu d'une de mes fioles il faut vraiment que je les range mieux et il s'est changĂ© en tamarin lion dorĂ©. Il est plutĂŽt mignon et gentil maintenant, quoiqu'il adore se rĂ©fugier entre mes MillepertuisAmi de longue dateLa premiĂšre fois que j'ai rencontrĂ© Pan, c'Ă©tait il y a des siĂšcles sur mon Ăźle. J'ai Ă©tĂ© alors intriguĂ©e par sa physionomie, Ă mi-chemin entre l'homme et l'animal. Bien qu'Ă©trange par certains cĂŽtĂ©s, il est aussi trĂšs gentil, drĂŽle et c'est un ami, probablement le seul de mon ancienne vie qui ait conservĂ© l'usage de la parole. C'est un ĂȘtre particulier mais fascinant. Chin-Ho ParkAmi et collĂšgueSon oeil jamais ne déçoit et j'aime Ă ĂȘtre photographiĂ©e par Chin-Ho car je ne me sens pas mal Ă l'aise. Chin-Ho a une façon particuliĂšre de parler aux mannequins, de les conseiller sur leurs poses et il m'arrive de discuter un peu en partageant un cafĂ© en sa compagnie. Parfois, son regard devienne plus vague, comme beaucoup, l'as de la photo cache de lourds secrets, des blessures Ă l'Ăąme. J'espĂšre pouvoir l'aider de mon mieux. En attendant, c'est une personne que j' LupinMeilleur amiCertaines personnes n'ont pas besoin d'ĂȘtre connues depuis longtemps pour prendre une grande place dans nos coeurs. Arkasis est un jeune homme que je qualifierais d'assez particulier, Ă©trange mĂȘme, tenant parfois plus de l'animal craintif que de l'humain et c'est probablement pour ça que nous nous entendons si bien. Nul besoin de mots, sa prĂ©sence me convient tout Ă fait et je pense pouvoir affirmer qu'il est devenu mon meilleur ami, je ne pourrais rĂȘver meilleur compagnon, surtout alors que je pleure encore la disparition de ma chĂšre LazuliEmmerdeurCeux qui me connaissent savent que je n'emploie pas ce mot souvent mais il n'y a pas d'autre façon de prĂ©senter M. Lazuli dans mon entourage. Cet homme ne sait pas faire autre chose que de mettre le bazar, de provoquer des incidents dans l'animalerie ou ailleurs. Si l'on ajoute Ă cela qu'il est...et bien, un homme et que je ne suis pas de bonne humeur ces derniers temps, on ne peut pas dire que je porte Ambre dans mon coeur. Il ne suffit de rester loin de lui je suppose, en espĂ©rant que nos routes ne se croiseront pas trop I. OctaviusCasse-piedsPourtant, j'insulte rarement mais cet petit Ă©nergumĂšne semble avoir le don de mettre hors de lui n'importe qui. Il faut dire qu'ĂȘtre perdue dans le dĂ©sert n'aide pas Ă garder le moral mais qu'il ait eu le culot de lancer un ver des sables sur moi pour qu'il me mange, c'est tout Ă fait grossier ! Je n'apprĂ©cie que peu les hommes mais lui, c'est un autre genre. AstĂ©rion TaurusNeveuJen 'ai pas eu la chance de le rencontrer encore, ni dans cette vie ni dans la prĂ©cĂ©dente mais je pressens qu'il est un ĂȘtre riche, intĂ©rieurement. Ma soeur enfantant d'un hybride, voilĂ une nouvelle qui m'a longtemps occupĂ© l'esprit et il est certain que mon neveu m'intrigue. Peut-ĂȘtre...pourrais-je me montrer de quelque rĂ©confort. Ce n'est pas certain mais il est de mon sang, de ma BotteroCliente Ă©trangeJe suis habituĂ©e aux demandes d'animaux exotiques, de mĂȘme qu'Ă ceux qui veulent l'animal le plus cĂąlin mais Miss Bottero ne voulait ni l'un ni l'autre. Elle m'a demandĂ© "quelque chose de petit qui peut se faufiler partout", ce qui est assez peu commun. Cependant, je n'ai pas cherchĂ© Ă en savoir plus nous sommes Ă Mirapolis aprĂšs tout et elle est donc ressortie de la boutique avec un adorable furet. Puis elle est revenue aprĂšs quelques semaines pour me demander un bĂ©bĂ© crocodile, tout de suite plus extravagant. Elle me donne de leurs nouvelles de temps Ă autre et en profite pour me poser des questions sur la BarriĂšre et mon envie d'aller au dehors. Cette femme semble chercher les problĂšmes et l'action, je prĂ©fĂšre observer tout cela de loin. Pseudotitre du lienSaepissime igitur mihi de amicitia cogitanti maxime illud considerandum videri solet, utrum propter imbecillitatem atque inopiam desiderata sit amicitia, ut dandis recipiendisque meritis quod quisque minus per se ipse posset, id acciperet ab alio vicissimque redderet, an esset hoc quidem proprium amicitiae, sed antiquior et pulchrior et magis a natura ipsa profecta alia causa. Amor enim, ex quo amicitia nominata est, princeps est ad benevolentiam coniungendam. Nam utilitates quidem etiam ab iis percipiuntur saepe qui simulatione amicitiae coluntur et observantur temporis causa, in amicitia autem nihil fictum est, nihil simulatum et, quidquid est, id est verum et trium sententiarum nulli prorsus assentior. Nec enim illa prima vera est, ut, quem ad modum in se quisque sit, sic in amicum sit animatus. Quam multa enim, quae nostra causa numquam faceremus, facimus causa amicorum! precari ab indigno, supplicare, tum acerbius in aliquem invehi insectarique vehementius, quae in nostris rebus non satis honeste, in amicorum fiunt honestissime; multaeque res sunt in quibus de suis commodis viri boni multa detrahunt detrahique patiuntur, ut iis amici potius quam ipsi est super his, ut homines quidam ignoti, vilitate ipsa parum cavendi ad colligendos rumores per Antiochiae latera cuncta destinarentur relaturi quae audirent. hi peragranter et dissimulanter honoratorum circulis adsistendo pervadendoque divites domus egentium habitu quicquid noscere poterant vel audire latenter intromissi per posticas in regiam nuntiabant, id observantes conspiratione concordi, ut fingerent quaedam et cognita duplicarent in peius, laudes vero supprimerent Caesaris, quas invitis conpluribus formido malorum inpendentium DESCRIPTION DESCRIPTIONPseudotitre du lienSaepissime igitur mihi de amicitia cogitanti maxime illud considerandum videri solet, utrum propter imbecillitatem atque inopiam desiderata sit amicitia, ut dandis recipiendisque meritis quod quisque minus per se ipse posset, id acciperet ab alio vicissimque redderet, an esset hoc quidem proprium amicitiae, sed antiquior et pulchrior et magis a natura ipsa profecta alia causa. Amor enim, ex quo amicitia nominata est, princeps est ad benevolentiam coniungendam. Nam utilitates quidem etiam ab iis percipiuntur saepe qui simulatione amicitiae coluntur et observantur temporis causa, in amicitia autem nihil fictum est, nihil simulatum et, quidquid est, id est verum et trium sententiarum nulli prorsus assentior. Nec enim illa prima vera est, ut, quem ad modum in se quisque sit, sic in amicum sit animatus. Quam multa enim, quae nostra causa numquam faceremus, facimus causa amicorum! precari ab indigno, supplicare, tum acerbius in aliquem invehi insectarique vehementius, quae in nostris rebus non satis honeste, in amicorum fiunt honestissime; multaeque res sunt in quibus de suis commodis viri boni multa detrahunt detrahique patiuntur, ut iis amici potius quam ipsi est super his, ut homines quidam ignoti, vilitate ipsa parum cavendi ad colligendos rumores per Antiochiae latera cuncta destinarentur relaturi quae audirent. hi peragranter et dissimulanter honoratorum circulis adsistendo pervadendoque divites domus egentium habitu quicquid noscere poterant vel audire latenter intromissi per posticas in regiam nuntiabant, id observantes conspiratione concordi, ut fingerent quaedam et cognita duplicarent in peius, laudes vero supprimerent Caesaris, quas invitis conpluribus formido malorum inpendentium du lienSaepissime igitur mihi de amicitia cogitanti maxime illud considerandum videri solet, utrum propter imbecillitatem atque inopiam desiderata sit amicitia, ut dandis recipiendisque meritis quod quisque minus per se ipse posset, id acciperet ab alio vicissimque redderet, an esset hoc quidem proprium amicitiae, sed antiquior et pulchrior et magis a natura ipsa profecta alia causa. Amor enim, ex quo amicitia nominata est, princeps est ad benevolentiam coniungendam. Nam utilitates quidem etiam ab iis percipiuntur saepe qui simulatione amicitiae coluntur et observantur temporis causa, in amicitia autem nihil fictum est, nihil simulatum et, quidquid est, id est verum et trium sententiarum nulli prorsus assentior. Nec enim illa prima vera est, ut, quem ad modum in se quisque sit, sic in amicum sit animatus. Quam multa enim, quae nostra causa numquam faceremus, facimus causa amicorum! precari ab indigno, supplicare, tum acerbius in aliquem invehi insectarique vehementius, quae in nostris rebus non satis honeste, in amicorum fiunt honestissime; multaeque res sunt in quibus de suis commodis viri boni multa detrahunt detrahique patiuntur, ut iis amici potius quam ipsi est super his, ut homines quidam ignoti, vilitate ipsa parum cavendi ad colligendos rumores per Antiochiae latera cuncta destinarentur relaturi quae audirent. hi peragranter et dissimulanter honoratorum circulis adsistendo pervadendoque divites domus egentium habitu quicquid noscere poterant vel audire latenter intromissi per posticas in regiam nuntiabant, id observantes conspiratione concordi, ut fingerent quaedam et cognita duplicarent in peius, laudes vero supprimerent Caesaris, quas invitis conpluribus formido malorum inpendentium du lienSaepissime igitur mihi de amicitia cogitanti maxime illud considerandum videri solet, utrum propter imbecillitatem atque inopiam desiderata sit amicitia, ut dandis recipiendisque meritis quod quisque minus per se ipse posset, id acciperet ab alio vicissimque redderet, an esset hoc quidem proprium amicitiae, sed antiquior et pulchrior et magis a natura ipsa profecta alia causa. Amor enim, ex quo amicitia nominata est, princeps est ad benevolentiam coniungendam. Nam utilitates quidem etiam ab iis percipiuntur saepe qui simulatione amicitiae coluntur et observantur temporis causa, in amicitia autem nihil fictum est, nihil simulatum et, quidquid est, id est verum et trium sententiarum nulli prorsus assentior. Nec enim illa prima vera est, ut, quem ad modum in se quisque sit, sic in amicum sit animatus. Quam multa enim, quae nostra causa numquam faceremus, facimus causa amicorum! precari ab indigno, supplicare, tum acerbius in aliquem invehi insectarique vehementius, quae in nostris rebus non satis honeste, in amicorum fiunt honestissime; multaeque res sunt in quibus de suis commodis viri boni multa detrahunt detrahique patiuntur, ut iis amici potius quam ipsi est super his, ut homines quidam ignoti, vilitate ipsa parum cavendi ad colligendos rumores per Antiochiae latera cuncta destinarentur relaturi quae audirent. hi peragranter et dissimulanter honoratorum circulis adsistendo pervadendoque divites domus egentium habitu quicquid noscere poterant vel audire latenter intromissi per posticas in regiam nuntiabant, id observantes conspiratione concordi, ut fingerent quaedam et cognita duplicarent in peius, laudes vero supprimerent Caesaris, quas invitis conpluribus formido malorum inpendentium c RogersPrĂ©sentation - LienDerniĂšre Ă©dition par Emily KirkĂ© le Lun 30 Mai - 1042, Ă©ditĂ© 1 fois Camille BotteroCapacitĂ©s Niveau 4 Passe d'un monde Ă l'autre juste en claquant des talons trois foisAge physique 26 ans MĂ©tier Barmaid au WonderlandAvatar Chloe BennetPseudonyme GrindyCrĂ©dits GhanyMessages 26Date d'inscription 16/04/2022Sujet Re Mes amis, mes amours, mes animaux Dim 8 Mai - 1538 Tu es du genre Ă aller dans les bars ? Ou alors je pourrais adopter un animal chez toi. _________________Is you a good witchor just a bad bitchANAPHORE Emily KirkĂ©AdminCapacitĂ©s Niveau 2.Niveau 3.Niveau 4. Age physique 29 ansMĂ©tier Vendeuse en animalerie / Mannequin occasionnelle Double-compte Ariane / Une fĂ©e drag / Un daddyAvatar Allison HarvardPseudonyme Thalia BubbleCrĂ©dits Thalia BubbleMessages 138Date d'inscription 22/06/2018Sujet Re Mes amis, mes amours, mes animaux Lun 30 Mai - 1035 Tout a Ă©tĂ© rĂ©glĂ© via messages au final, je te note sous c RogersPrĂ©sentation - Lien Contenu sponsorisĂ©Sujet Re Mes amis, mes amours, mes animaux Mes amis, mes amours, mes animaux Page 1 sur 1 Sujets similaires» Arkasis - Les amis, les amours, les emmerdes...» Il Ă©tait un Dieu... et ses amis Anubis, pour vous servirPermission de ce forumVous ne pouvez pas rĂ©pondre aux sujets dans ce forumBroken Mirror Qui es-tu ? A chaque pion sa place Liens
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